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ROBERT LE MAGNIFIQUE

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Ce n’est pas parce qu’il se fait appeler Robert le Magnifique qu’on doit lui prêter des tournées de grand duc. L’homme est beau mais sans grandiloquence. Munificent bassiste : tout est dans la musique. Un son de rogomme et d’elfe d’où émane le souvenir de Morphine et de Mark Sandman, band leader naufragé à Rome.
Magnifique, comme Saint-Pol-Roux écrivant « la musique est une greffe », le grand Robert nous donne Kinky Attractive Muse, son deuxième album. Le titre est à lui seul un palimpseste. C’est de l’eau de roche. Clair qu'il annonce la couleur pop. D’abord les Kinks et l’on veut y voir le meilleur : The Village Green Preservation Society ou encore Arthur Or The Decline And Fall Of The British Empire, ce chef d’œuvre vraiment inégalé.
Si le coloris rappelle le moiré hypnotique des peintures pailletées de Malaval (autre Robert), la forme emprunte à la jungle sonorielle. Mélange est le substantif idoine pour qualifier la galette. Bassiste, allié de DJ Vadim et d’Abstrackt Keal Agram, le Magnifique avoue deux faiblesses : Erik Truffaz et Led Zeppelin. C’est en marchant sur ce fil conducteur qu’il convient d’écouter le swing déviant du compositeur imbibé des exercices acrobatiques de Primus et de son voltigeur Les Claypool.

Kinky Attractive Muse est une galerie de sons et de miroirs où s’irisent des reflets de bubblegum et d’acid rock, de kosmische music et de hip-hop envoûtant. La jaquette émet des signes qui ne trompent pas. Une matriochka augure l’emboîtement citationnel. Ce signifiant nous dit que tout sera dans tout. A la manière d’Alfred Jarry, géniteur de la pataphysique et d’Ubu, la matriochka nous renvoie, du plus grand au plus petit, du plus proche au plus loin, à l’idée d’une traversée des frontières et des genres.
Ce second album, moins typé que le précédent (Idwet, 2001), a sans doute plus de contenu. Chamarrant élégies évanescentes à la Hawkwind, space rock à la Richard Pinhas et psychéjazz à la Nils Petter Molvaer, il se démarque du vrac ambiant, étonne par ses subtilités mélodiques dignes de colossaux tels que Brian Wilson, Syd Barrett ou encore Burt Bacharach. Ce dernier apparaît spectralement sur « Dech’val » avec l’introduction du très onctueux « This (Girl’s) In Love With You ».
Avec cet album en double teinte (suave et âpre), Robert le Magnifique promet beaucoup. L’élégance qui caractérise ce bel objet sonore dévoile un maousse talent. Il semble, malgré son blason, que Robert le … ne soit pas tout à fait au courant du jus qu’il envoie. Je le dis : c’est bon, c’est grand, c’est magnifique ! Guy Darol

 


Kinky Attractive Muse, Idwet/La Baleine
http://www.idwet.com

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