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STANISLAS RODANSKI

  • HOMMAGE A STANISLAS RODANSKI ❘ LYON 24 AVRIL-30 AOUT 2012

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    L'Association Stanislas-Rodanski organise de multiples manifestations autour du poète à partir du 24 avril : exposition (tableaux, manuscrits, livres, photographies, films, installations vidéo), colloque, publication d'une anthologie.

    Du 24 avril au 20 août 2012

    Bibliothèque Municipale de Lyon Part-Dieu

    Exposition :

    Les horizons perdus de Stanislas Rodanski

    Direction artistique : Jean-Paul Lebesson

    Avec le concours de Bernard Cadoux et François-René Simon


    Jeudi 26 avril

    Auditorium du Musée des Beaux Arts de Lyon

    Colloque :

    Stanislas Rodanski : Rupture(s) de style/Style(s) de la rupture

    Avec : Anne Brouan, Benoît Delaune, Patrick Laupin, Thomas Guillemin, Jacques Monory, Dominique Rabourdin, François-René Simon, Vincent Teixeira…

    Textes de Rodanski lus par André Marcon

    Coordination Bernard Cadoux et Jean-Paul Lebesson

    ENTREE LIBRE

    (dans la mesure des places disponibles)

    Du 27 avril au 11 mai 2012

    Chapelle de l’Hôpital Saint-Jean-de-Dieu – 290 route de Vienne

    Cinéma :

    HP(S) :film et installation sonore

    En librairie dès avril 2012

    Publication :

    Stanislas Rodanski, éclats d’une vie

    Fragments biographiques par Bernard Cadoux

    Textes inédits de Stanislas Rodanski

    Iconographie recueillie par Jean-Paul Lebesson

    Fage Editions 


    Autres publications annoncées :

    Les Ratés de l’aventure, texte inédit au Renard Pâle Editions

    Substance 13, texte inédit aux Éditions des Cendres (en octobre).

     

    Un événement conçu et produit par l’Association Stanislas Rodanski

    58 rue du pdt Edouard-Herriot - 69002 Lyon

    stanislas.rodanski@gmail.com

    Pour plus d’infirmations consulter :

    http://stanislas-rodanski.blogspot.com/


     

     


     

     

     

  • SARANE ALEXANDRIAN ❘ 1927-2009

     

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    Le poète Sarane Alexandrian vient de mourir. Il est l'une des grandes figures du surréalisme et de ses tensions. Proche d'André Breton et de Victor Brauner, il rencontre l'évasif Stanislas Rodanski avec lequel il fonde, en 1948,  la revue NEON (N'Etre Rien Etre tout Ouvrir l'être Neant) ralliée par Alain Jouffroy et Claude Tarnaud.

    Sarane Alexandrian dira au sujet de NEON dont Rodanski souffla le titre: « Nous adoptâmes aussitôt avec enthousiasme ce titre, qui symbolisait la lumière de la modernité. Il revient donc à Rodanski le mérite d'avoir donné son nom au premier organe surréaliste d'après-guerre, NEON, dont l'apparition souleva quelques polémiques à l'époque, parce qu'il opposait le mythe à la réalité quotidienne, la magie à la politique, l'érotisme à la religion, et le mystère de la vie à l'épaisse grossièreté du monde ».

    Romancier, essayiste, historien d'art, journaliste, Sarane Alexandrian avait créé, en 1995, la revue Supérieur Inconnu.

    Proche du peintre Jacques Hérold, il avait publié en 1980, Les Terres Fortunées du Songe (Editions Galilée), un texte illustré par son ami.

    Parmi d'autres écrits, on retiendra :

    Le Surréalisme et le rêve, Editions Gallimard, 1974

    Histoire de la philosophie occulte, Editions Seghers, 1983

    Histoire de la littérature érotique, Editions Seghers, 1989

    L'aventure en soi, Editions Mercure de France, 1990

    Pour le mieux connaître, lire :

    Christophe Dauphin, Sarane Alexandrian ou le grand défi de l'imaginaire, Bibliothèque Mélusine, Editions L'Age d'Homme, 2006.

    Avec la mort de Sarane Alexandrian disparaît une certaine conception de la littérature comme opération de l'esprit. Guy Darol

    CONSULTER

    LIBRAIRIE-GALERIE RACINE

    VOIR

    CONFERENCE DE SARANE ALEXANDRIAN SUR LA MAGIE SEXUELLE


     

  • STANISLAS RODANSKI ❘ HORIZON PERDU

     

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    Jeudi 9 avril 2009 à 20 h, hommage à Stanislas Rodanki à la mairie du 10è arrondissement de Paris.

    Projection de HORIZON PERDU, réalisé par Jean-Paul Lebesson d’après un bris-collage de Bernard Cadoux et Jean-Paul Lebesson sur une fabulation de STANISLAS RODANSKI.

    "Légende magnétique, mémoire par défaut d’une fabulation panique. Un espace, vide que la perte d’horizon plonge dans une réfraction infinie. Un personnage hante ce décor gigogne et cherche à dire ses guerres intestines. La vallée disparue de Shangri-là, les camps de la mort lente : double face de cette folie qui l’emporte. Ravissement et Terreur. Mais la fiction ne prend pas et la représentation impossible de son drame intérieur le livre à la répétition sans fin. La tragédie n’a pas eu lieu, faute de lieu. Horizon Perdu, ou la scène introuvable."

    Le film sera suivi d’une rencontre animée par les auteurs avec la participation de Sarane Alexandrian, Christophe Dauphin, Marc Kober et Anastassia Politi (Cie Erinna)

     

    Mairie du 10e

    72, rue du Fauboug Saint-Martin

    Salle des fêtes

    2e étage

    Entrée libre

     

     

  • STANISLAS RODANSKI ❘ REQUIEM FOR ME



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    Tant attendu et pointilleusement présenté par François-René Simon, voici Requiem for me, nouveaux écrits de Stanislas Rodanski suivis de deux lettres adressées à Jacques Veuillet, l'ami de jeunesse.

    "Les intimes (m')appellent Stan, les familiers Bernard, les indifférents Rodanski et les flics Glücksmann", ainsi se découvre l'écrivain qu'il convient de rapprocher d'Antonin Artaud, de Jacques Vaché pour le mystère d'être. Ainsi se déploie les étiquettes du nom qui font ce héros de roman que fut Rodanski, absolument. Lumineusement, François-René Simon questionne le multiple je : "Je est un autre jeu, un jeu social, un jeu de dupes."

    Beaucoup d'éléments apportés à la connaissance de l'oeuvre, à la connaissance de l'homme. Ce livre ne vient pas s'ajouter aux autres pour faire du volume. Il rend Rodanski plus précis. Il donne à ceux qui lisent intensément le "romancier détective" matière à des éblouissements.

    REQUIEM FOR ME

    Stanislas Rodanski

    Editions des Cendres

    141 pages, 18 €

    _____________

    Editions des Cendres

    8 rue des Cendriers 75020 Paris

    Tel 01 43 49 31 80

  • DERNIERES NOUVELLES DE STANISLAS RODANSKI

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    Stanislas Rodanski

    L'ami François-René Simon, journaliste à Jazz Magazine et à Muziq, me communique ces précieuses informations au sujet de l'actualité posthume de Stanislas Rodanski.

    Dans le n°10 des Cahiers de L'Umbo, deux inédits de Stanislas Rodanski accompagnent une conférence de François-René Simon prononcée en juin 2007 : Artaud/Rodanski : la folie à l'œuvre, l'œuvre à la folie.

    Cette revue est diffusée à 120 exemplaires par correspondance :

    Jean-Pierre PARAGGIO
    33 avenue Jules-Ferry
    74100 ANNEMASSE


    D'autre part, le n°23/24 de la revue Les Hommes sans épaules a également publié un petit dossier Stanislas Rodanski (9 pages mais deux inédits seulement dont un texte de Sarane Alexandrian qui figurait déjà dans l'important n° 23 d'Actuels, 1983).

    LES HOMMES SANS EPAULES
    23 rue Racine
    75006 PARIS
  • STANISLAS RODANSKI ❘ BIBLIOGRAPHIE

    La Victoire à l'ombre des ailes précédé de Lettre au Soleil noir, Lancelo et la chimère suivi de Le Sanglant symbole. Préface de Julien Gracq. Illustration de Jacques Monory. Le Soleil Noir, Collection de littérature et d'art dirigée par François Di Dio, novembre 1975.

    La Victoire à l'ombre des ailes suivi de Lancelo et la chimère, Lettre au Soleil noir, Le Sanglant symbole. Préface de Julien Gracq. Texte établi et annoté par François Di Dio. Illustration de couverture de Jacques Monory. Christian Bourgois éditeur, janvier 1989.

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    Des Proies aux chimères. Préface de Jean-Michel Goutier. Illustrations de Jacques Hérold. Editions Plasma, collection En Dehors, 1983.

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    Spectr'Acteur. Frontispice de Jacques Hérold. Editions Deleatur, collection Première Personne, décembre 1983.

    Dernier journal tenu par Arnold. 2 mai - 7 juin 1948. Présentation par Jacques Veuillet. Editions Deleatur, collection Première Personne, février 1986.

    Horizon Perdu, Lettres, Rêves, Poèmes & Récits. Préface de Bernard Cadoux. Editions Comp'Act, collection Morari, janvier 1987.

    Journal 1944-1948 suivi de Stan par Jacques Borgé. Présentation de Jacques-Elisée Veuillet et François-René Simon. Editions Deleatur, collection Première Personne, octobre 1991.

    La Montgolfière du Déluge. Poèmes précédés d'une Lettre à l'astrologue suivis de A cela près. Avant-Propos de Jacques-Elisée Veuillet. Editions Deleatur, collection Première Personne, décembre 1991.

    La Nostalgie sexuelle suivi de Le Chant de la nostalgie sexuelle. Frontispice de Béatrice de la Sablière. Editions L'Arachnide.

    EN REVUES :

    CEE, revue trimestrielle. N° 2/3. Dossier Stanislas Rodanski. Contributions de Alain Jouffroy, F. J. Ossang, Jean-Christophe Bailly, Luc-Olivier d'Algange, Jean-Michel Goutier, André Velter. Entretien : Jacques Hérold parle de son ami Stanislas Rodanski. Inédits : Les Prisons, Le Spectre du belvédère, Le Surêtant non être, Désir profond. La couverture et les sept dessins sont de Jacques Hérold. CEE, 54 ruePargaminières 31000 Toulouse. Directeur de la publication : Guy Layrolle. Novembre 1977.

    CONTRE TOUTE ATTENTE. N° 5/6. Dossier Stanislas Rodanski. Biographie fantôme Rodanski par Bernard Cadoux. Inédit : Les Cycles de l'Héllade. Editions F. P. LOBIES. Responsable de la rédaction : Alain Coulange. Contre toute attente, 8-10 place de la Mairie 89330 St-Julien-du-Sault. Directeur de la publication : François-Pierre Lobies. Avril 1982.

  • L'EPOPEE RODANSKI

    "Mon départ s'appelle toujours, tous les jours et tous les instants du grand jour."

    Stanislas Rodanski

    Il est une aventure qui place l'ailleurs hors de toute mappemonde. Elle se situe loin des cartes recensées et dans un temps évanescent. Ses héros sont sans courage pour le monde actuel. Personnages de passage, sans identité fixe, ils recherchent l'inconnu, la terra incognita enfouie dans leur millénaire mémoire. L'action qui les remue a le mobile des quêtes de Jason ou de Lancelot. Et pourtant, ils ne paraissent pas s'agiter. On ne les voit jamais courir. Jamais ils ne sont à l'affût d'une nef ou d'un cheval. Ils sont simplement immobiles. Les traits creusés, le cheveu en broussaille, la peau étrangement hâlée, ils ont la mine du voyageur. Leur silence est rude. Il les défend contre les curieux. Ce type d'aventurier a le regard de l'éclair. Il perce les corps et les murs.

    Stanislas Rodanski fut ce héros sans foi envers le maintenant et l'ici. Ecrivain d'une vie dépourvue d'épique, il s'inventa des rôles de Tristan, de Lancelot. Préférant la fiction au réel, il s'incarna en êtres de celluloïd pour affronter tous les dangers. A Honolulu, il est un pilote suicide chargé de livrer à un agent deux tonnes de gaz torture en boîtes de conserve. Sur un atoll, il couvre Rita Hayworth de baisers-cinéma. Il fume des cigarettes de séries B avec la moue du gigolo. Une fois sa mission achevée, il abandonne dédaigneusement son costume de mahousse. Surgissent alors de nouveaux décors, des architectures gênantes comme Shangri-là, la citadelle infinie aperçue dans un souvenir. Il croit en des images qui préexistent à l'existence. Il se rappelle avoir vécu à Shangri-là, auprès d'une éternelle jeunesse. A présent, il a le sentiment aigu, térébrant, d'être appelé vers elle, la ville disparue, la ville des horizons perdus où réside l'Hamour avec un grand H.

    Ses yeux sont comme des pistolets braqués sur l'horizon chimérique. "Y aller, pense-t-il, est une illusion." Il sait cependant qu'elle est tangiblement, tout de même que sont les fabuleuses civilisations du Timée de Platon. En une autre époque il y fut. Il s'en rappelle la rutilance.

    Loin derrière le voile, demeure l'Absolu, la Cité du Bonheur. Le temps, là-bas, est aboli. Ce qui dure est l'amour. A Shangri-là, il habite chaque geste. Stanislas Rodanski signe Lancelo. En esprit, il pénètre jusqu'aux confins de l'Autre Monde. Il a des aventures prophétiques. Dans cet univers où l'impossible peut survenir à tout moment, il a la vision de l'originaire. Il dit : "L'être a les rêves de ses origines s'il en est." Il dit : "Je vais de siècle en millénaire." Il dit que l'Inde est sa seule naissance et que c'est le pays du karma.

    Stanislas Rodanski consultait volontiers le valet de trèfle, sa carte d'avenir ; il contemplait l'horizon à la recherche du Point Secret, spectre du monde possible, celui que Théodore sondait dans la Théodicée de Leibniz. Dans cette quête errante d'un ailleurs, l'esprit de Stan a basculé. Le "romancero d'espionnage" en proie aux illusions de la Mâyâ "a cessé de jouer le rôle de sa vie". Il a tombé le cinémasque et s'est enveloppé de silence. L'épopée Rodanski se fige dans un hôpital psychiatrique.

    Né en 1927, Stanislas Glucksmann, "envoûté par l'image d'une personne existant par-delà la séparation", se fait appeler Rodanski puis Lancelo. Avec Sarane Alexandrian, Henri Heisler, Véra Hérold, Claude Tarnaud, il fonde la revue Néon (N'être rien Etre tout Ouvrir l'être Néant). Il est adoubé par André Breton puis exclu du groupe pour travail fractionnel. Il dit vouloir découvrir l'Indochine et s'engage dans l'armée. Un jour, il se présente en habit de para chez  Jacques Hérold. Devant la grimace du peintre, il jette l'uniforme à la rue. Stan envisage alors de faire le tour du monde en qualité de soutier. En 1952, dans une lettre à Claude Tarnaud, il propose de créer le club (très select) des Ratés de l'Aventure. Il écrit : "C'est beau comme une image la vie d'un desperado." En 1954, il se tait. Il entre volontairement à l'hôpital Saint-Jean-de-Dieu de Lyon, le "monde intermédiaire" qu'il ne quittera plus. Vingt-sept ans plus tard il meurt, il prend la fuite.

    L'oeuvre de Rodanski, arrachée à son indifférence, comprend peu de volumes. Passée sous un quasi-silence, elle connaît avec la publication de La Victoire à l'ombre des ailes, préfacée par Julien Gracq, un bref instant de gloire. On voudrait partager le goût de cette littérature sans majuscules qui fut une "expérience poétique" au sens où l'écriture est un brûlage et une renaissance. Comme Antonin Artaud, Stanislas Rodanski a parcouru la "géométrie sans espaces" et il est allé jusqu'au plus loin. Refusant toute limite, il a traversé les décors miragineux qui maintiennent l'homme dans sa gangue de certitudes. Ses livres sont une flèche qui mène "au creux de la mystérieuse aventure". Guy Darol

     

    in Roman, revue trimestrielle, n°22, mars 1988

     

  • STANISLAS RODANSKI ❘ L'AVENTURE INTERIEURE

    Rebelle dopé au stupéfiant pureté, Stanislas Rodanski (1927-1981) se défendait de publier. Ses productions (lettres-fleuve, nouvelles, poésies, fragments, bribes...) destinées aux amis (Alain Jouffroy, Claude Tarnaud, Julien Gracq), ont fini par sortir du petit cercle qu'elles n'auraient jamais dû quitter. Ce délit d'initiés plus ou moins pratiqué avec la complicité de l'auteur ne déchaînera pas la vindicte. La Victoire à l'ombre des ailes, livre paru aux éditions du Soleil Noir (l'enseigne de François Di Dio), connut une réédition chez Christian Bourgois en 1989. Mais un mur de silence semble s'être refermé autour de cet actionniste du rêve.

    Individu fréquentatif, selon sa propre définition, Rodanski semble d'un abord flou. Julien Gracq qui le rencontre à Montparnasse alors qu'il habite impasse de l'Enfant-Jésus évoque une distanciation atone. Il étonne autant par le vague qui est son état, où il cherche à s'atteindre.

    "Je vois mon âme en cette absence. Loin."

    Il paraît ne s'être jamais raccommodé à la réalité rugueuse suite à un film vu avec ses parents, Lost Horizon de Frank Capra. Ce film qui montre l'échouage d'un avion sur les sommets himalayens, décrit la rencontre des survivants avec Shangri-là, la ville des horizons perdus, surgie au coeur de la montagne. Effet de choc, Shangri-là revient à la mémoire de Rodanski comme "la cité sans fin" où il a vécu autrefois. Depuis cet instant, Stan, ainsi que le surnomment ses amis, a la conviction de souvenirs qui préexistent à l'existence. Il relate cette expérience de descente au fond de sa propre histoire millénaire dans un long poème justement nommé Horizon perdu.

    Il n'est pas pour Rodanski de meilleur interlocuteur que Jacques Vaché à qui il s'identifie. Même goût du jeu, de l'aventure dangereuse, de l'humour sans h qui est d'après l'auteur des Lettres de guerre, "un sens de l'inutilité théâtrale (et sans joie) de tout." Humour, pureté, révolte se comprennent par analogie. Dans la Lettre au Soleil Noir adressée à François Di Dio en réponse à une enquête sur La Révolte en question, Rodanski écrit : "Le révolté, toujours disponible pour la résolution des problèmes humains, généreux mais rigoureux, réaliste que rien de ce qui vaut ne rebute, lucide jusqu'à l'exemple, le révolté trouve dans l'humour, néanmoins, sa valeur d'élection. Comme la révolte, dont elle est le sort, dans la minorité opprimée, l'humour est le salut." Son mot d'ordre, mais plutôt de désordre, d'insurrection, est inscrit en lettres capitales dans cette épître jointe à La Victoire à l'ombre des ailes (Christian Bourgois éditeur) : "umore, précieux, ubique." L'ubiquité pour quelqu'un qui a, comme lui, accès à ses plusieurs vies antérieures prend les noms de Lancelo (orthographié sans t) et de Tristan. Rodanski est par ailleurs le pseudonyme de Glucksmann.

    L'homme qui se fait appeler Stan refuse résolument de se placer dans une trajectoire littéraire. Sa vie est d'aller vers l'action, de confronter le risque. Il envisage de faire le tour du monde en qualité de soutier sur un paquebot. Il revêt même l'habit de parachutiste. Mais l'aventurier demeure un velléitaire qui se revendique finalement du double titre de "guérillero de l'amour" et de "romancero d'espionnage". En octobre 1953, il adresse à Claude Tarnaud ces mots amers : "En effet, j'ai raté ma vie. Né pour l'action, je m'ennuie à mourir des suites de mon expérience poétique. Tout ce qui m'est arrivé de risqué, les dangers (bombardements, parachutisme) a l'irréalité du songe."

    Le songe à quoi Rodanski semble spécialement disposé prend la forme d'un récit fantasmatiquement autobiographique, La Victoire à l'ombre des ailes, loufoque histoire d'une livraison à un agent secret, sur un atoll du Pacifique, de deux tonnes de gaz torture par une escadrille de desperados. Le récit, comme un tour de voltige, pique sur un bar où se réunissent "les enfants terribles, les casse-cous, les coeurs brisés, les ratés de l'aventure, les pilotes perdus", et une petite assemblée d'éclopés. C'est dans ce caboulot d'escadrille, en pleine mer de corail, que le narrateur a la vision fatale d'une femme prénommée Rita, Hayworth devine-t-on, qui connaît la magie des baisers-cinéma et le programme des caresses d'évasion. Eclaboussée de couleurs pétard qui évoquent les peintures de Malaval, de Sam Francis, montée comme un cut-up sentimental, un roman-photo de désespoir, La Victoire à l'ombre des ailes mérite qu'on lui reconnaisse sa place, inégalable, parce qu'on ne peut lui trouver que des comparaisons extrinsèques : picturales, cinématographiques (Nicholas Ray, Joseph Lewis, Wim Wenders, Jean-Luc Godard) et musicales (Tom Waits, Albert Ayler, Captain Beefheart, Daniel Johnston).

    La trajectoire de Rodanski, ponctuée par le surréalisme dont il fut exclu en 1948 pour travail fractionnel et la création de la revue NEON (N'être rien Etre tout Ouvrir l'être Néant) qu'il fonda avec Sarane Alexandrian, Henri Heisler, Véra Hérold, Claude Tarnaud, sera une première fois stoppée par un internement volontaire à l'âge de vingt-sept ans, à la Maison de Santé Saint-Jean-de-Dieu à Lyon, avant de s'arrêter définitivement, vingt-sept ans plus tard, à cette toute fin de tout dont ne saura jamais avec Stan si elle équivaut à une fin ou à un commencement. Guy Darol