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  • KID LOCO ❘ OUMUPO 4 ❘ 2005

     

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    Premier d'une interminable série d'ouvroirs, l'OuLiPo (Ouvroir de Littérature Potentielle) fut créé en 1960 par le mathématicien François Le Lionnais et l'écrivain Raymond Queneau. Il s'agissait d'inventer des contraintes fécondes afin de requinquer la chose écrite. On se souvient que Georges Perec, oulipien chevronné, avait publié La Disparition, roman marqué par l'élision systématique de la lettre e. Après l'OuTraPo, l'OuGraPo, l'OuDaPo, l'OuPeinPo et même l'OuLiPoPo, voici l'OuMuPo (Ouvroir de Musique Potentielle) au service du renouvellement de la forme musicale. Quatrième volume d'une collection soumise à une charte stricte, cet album d'une seule pièce de 42 minutes a été confié à Kid Loco, lecteur fute-fute et explorateur de styles. Jean-Yves Prieur (de son vrai nom) est un enfant du punk. Il créa le label Bondage (Bérurier Noir, Sergent Garcia, Satellites...) avant de tourner hip-hop puis d'embrasser la cause spleenétique du downtempo sous l'influence impérieuse de DJ Shadow. On lui doit A Grand Love Story (1998), chef d'œuvre cinématique stupidement étiqueté lounge. Ce tambour-chef de la French Touch reprend ici la quasi-totalité du catalogue Ici d'ailleurs. Une féerie. Terme faible. L'album est un assemblage sans coutures qui offre l'occasion délicieuse de réentendre l'exceptionnel Matt Elliott, le merveilleux Micro : Mega et la voix arquante de Delphine Seyrig. L'OuBaPo étant dans le coup, le visuel très ébouriffant est assuré par Jean-Claude Menu, maître du packaging de cette indispensable aventure. Guy Darol


    KID LOCO

    OuMuPo 4

    Ici d'ailleurs

    Produit et remixé par Kid Loco au Studio Flor

     

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    OUMUPO

    KID LOCO

    ICI D'AILLEURS

     

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  • MOONDOG ❘ H'ART SONGS ❘ 1978

     

     

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    Homère voyant, Merlin voyou, Louis Hardin alias Moondog (1916-1999) est un personnage dont la clé ouvre sur le coin d'une rue de Broadway où coiffé d'un galure de Viking fossile il entonne des chaconnes, tisse le madrigal sans plus d'équipement qu'une voix tombée des nuées et qu'un attirail percussif spagyriquement bricolé. Il tient son inspiration de Jean-Sébastien Bach et des chants ethniques Arapahos. Dans les années 1950, le clochard mystique en impose par sa science de l'ostinato et sa culture de la ritournelle timbrée dans la flanelle des sons au point qu'il est sensé de dire qu'il est le père de Philip Glass, de Steve Reich et de Robert Wyatt. Il n'est pas moins ahurissant de souligner que son génie en épata plus d'un : Toscanini, Stravinsky, Mingus, Zappa jusqu'à Brian Eno et Mr Scruff. Milieu des années 1970, Moondog lâche les trottoirs de Manhattan et déboule à Francfort où il met sens dessus dessous une étudiante en géologie qui persuade ses parents d'héberger le grand homme. H'Art Songs est façonné dans cette période d'exil heureux. Album au piano (celui de Fritz Storfinger) et à la voix (Moondog), tambouriné de guipures, impressionné de silences et de profondeurs, H'Art Songs est une collection de pièces pop à tailler des hits sur les radios grandes ondes. Le compositeur du célébrissime Bird's Lament (ode à Charlie Parker qui souhaitait ardemment faire œuvre commune avec Moondog mais la camarde le priva de ce dernier vœu) dispense dix chansons absolument inoubliables, toutes sculptées dans l'argile des mots qui s'engendrent les uns les autres, formant un univers en perpétuel mouvement, sorte de balancier hypnotique dont émergera un nouveau langage pauvrement épinglé par la trop collante étiquette minimaliste. Guy Darol


     

    MOONDOG

    H'ART SONGS

    ROOF MUSIC/KOPF RECORDS,1978

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    THE VIKING OF 6TH AVENUE

     

  • BRIAN ENO - DAVID BYRNE ❘ MY LIFE IN THE BUSH OF GHOSTS ❘ 1981

     

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    Au début des années 1980, je chroniquais l'underground pour les pages Livres de Libération. Des militants de la prose très rare trempaient leur chemise pour faire paraître des revues faites main. Le home studio de l'imprimé était né. J'avais reçu Solution H, fanzine rouennais voué à améliorer nos connaissances sur Jean-Pierre Duprey et Jacques Rigaut, deux surréalistes de l'extrême. Derrière ce journal agrafé, il y avait Sylvain Goudemare, aujourd'hui spécialiste patenté de Marcel Schwob. On se vit. Nous marchâmes, buvâmes et achetâmes plein de disques. Il me fit connaître le magasin New Rose, rue Pierre Sarrasin, Paris 6ème, qui devint ma centrale d'achat. C'est là, patient lecteur, que je me procurai My Life In The Bush Of Ghosts de Brian Eno - David Byrne. A ne pas confondre (mais comment oseriez-vous !) avec My Life In A Hole In The Ground d'African Head Charge. La galette tourne toujours sur ma platine, 28 ans après sa sortie chez Warner. Nul n'avait entendu cela ou peut-être ceux qui étaient tombés, en 1968, sur Canaxis, l'album collagiste d'Holger Czukay. Il y a là, comme dans Movies du même bassiste, les prémisses de ce que d'aucuns appellent l'ethno-funk. C'est vraiment un album incroyable car toute l'electronica des loops et bleeps est contenu sur ces dix pièces. DJ Spooky, génie des samples cultivés, doit énormément à cet équipage qui rassemble une dizaine de musiciens dont Bill Laswell et Robert Fripp. L'album échantillonne des voix de fanatiques politiciens et religieux, celle d'un muezzin inoubliable, les chants de Dunya Yusin et Samira Tewfik. David Toop, exégète infaillible de l'ambient, risquera dans Ocean Of Sound ces mots prudents : « My Life In The Bush Of Ghosts était un disque intéressant, quoique ses improvisations décousues, souvent basées sur un seul accord et clairement influencées par Fela Kuti, n'aient pas vieilli aussi bien avec le temps, que les œuvres ambient de Brian ». C'était oublier, malgré tout le respect que l'on porte au fin penseur qu'est David Toop, que David Byrne est de la partie. Et avec, lui la voix des Talking Heads. Autrement dit, Fear Of Music (1979), diamant noir où brille « I Zimbra » et le génie de l'afro-dadaïste Hugo Ball. Guy Darol

    BRIAN ENO - DAVID BYRNE

    My Life In The Bush Of Ghosts

    Warner

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    BUSHOFGHOSTS

    LYRICS

     

  • MARQUIS DE SADE ❘ RUE DE SIAM ❘ 1981

     

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    A la grande stupéfaction de ma copine du moment qui me connaissait des affinités indiscutables avec Captain Beefheart, Robert Wyatt et Frank Zappa, j'aimais faire tourner sur la platine les galettes des Stinky Toys, de Taxi Girl et de Marie et les Garçons. L'expressionnisme fut mis à l'honneur et des expositions des œuvres d'Egon Schiele et d'Oscar Kokoschka se relayaient confirmant que le corps en ce début des années 1980 n'était plus celui des désirs mielleux mais de la présence convulsive. Avec Joy Division et les Cure, il y avait du froid dans l'air. Le temps n'était plus aux étreintes qui tenaient lieu de langage mais à l'expressivité dramatique, à l'outrance gothique, à un certain climat d'orage comme l'avaient rêvé Antonin Artaud ou Frank Wedekind. Rue de Siam venait de paraître et la griffe du Marquis de Sade situait l'album dans une perspective sinon lettrée du moins frénétique. Le titre était une allusion au Brest de Pierre Mac Orlan et de Jean Genet, un bout du monde où la désolation des cœurs cherche l'embellie rapide. Magnifiques de rigueur sonore, d'exactitude de l'âme, les morceaux enchaînaient la splendeur : « Cancer And Drug », « Iwo Jima Song », « Back To Cruelty », « Final Fog (Brouillard Définitif) ». Frottés aux ténébreuses scansions de Lou Reed, à l'échappée belle des Stranglers, Frank Darcel, Christian Dargelos et Philippe Pascal, inaugurent un style voisin de celui de Schiele en peinture, expression préparée par un Dantzig Twist à la pochette façon bois gravé. La facture sonore est d'une densité rare. Mais la production est dûe à Steve Nye, un habitué du grand son. Collaborateur de Bryan Ferry, de David Sylvian et de Frank Zappa, on lui doit la série des Joe's Garage et des Shut Up...Enregistré en cinq semaines au Studio Ramsès, Steve Nye déplorera les limites guitaristiques de Frank Darcel devenu producteur et aujourd'hui romancier (Le dériveur, Editions Flammarion, 2005) tandis que Philippe Pascal fait tourner Blue Chain Choir, combo fidèle au blues de Big Joe Williams. Rue de Siam est un chef d'œuvre et Marquis de Sade un groupe phare dont on peut sentir l'influence sur Noir Désir, La Tordue, Casse-Pipe ou encore Red Cardell. Guy Darol

    MARQUIS DE SADE

    Rue de Siam

    Cobalt/Barclay

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    MARQUIS DE SADE

     

     

     

     

  • GONG ❘ CAMEMBERT ELECTRIQUE ❘ 1971

     

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    Les murs du lycée Voltaire suintaient l'ennui. L'enthousiasme, nous l'éprouvions bouche bée à l'écoute de Roland Brunet et de Serge Koster, deux professeurs d'élite qui avaient misé sur le plaisir pour enseigner philosophie et littérature. Pour le reste, c'est au sommeil qu'il fallait résister ou à certaines démangeaisons de chahut. En ce temps-là, on s'éclipsait souvent dans les cafés environnants pour y pratiquer le babyfoot et la conversation sur un monde que nous envisagions de raser. Pour échapper à l'ennui et aux filles que nous ne parvenions jamais à approcher, on allait les uns chez les autres. Séances Teppaz. Des matinées entières, on faisait tourner une galette, toujours la même. Dans un contexte strictement scolaire, cette application aurait été récompensée. On étudiait en quelque sorte. En 1971, l'étude portait sur la dernière livraison de Gong : Camembert Electrique.

    Je conserve précieusement (disons-le, dans mon cœur), ces images de matin frais où j'arpentais la rue de Belleville pour rejoindre Patrick Mabire, le complice des cours séchés. Fragrances de tabac blond. La salle à manger où nous décortiquions sagement les sonorités galactiques sentait le tabac de pipe que fumait son père. Un onguent nécessaire pour accéder aux subtilités psychépop de la Planète Gong.  L'univers de Daevid Allen était habité de Pot Head Pixies et traversé par des théières volantes. Totalement fou. Mais doux. Bien moins spooky que les envolées lysergiques d'Hawkwind. Il régnait là une atmosphère souriante marquée surtout par l'influence des fairy tales et de Lewis Carroll. L'opus donnait envie de chanter et de sautiller sur les quais de métro. Ce à quoi l'on s'exerça longtemps lançant à pleine voix une sous la lune ou encore dynamite (avec l'accent de Glastonbury) à la station Châtelet sans craindre jamais de se faire épingler par la police du sous-sol. C'était vraiment délicieux.

    Inutile de préciser la qualité de cet album (qu'il faut bien dire culte) marouflé dans le château d'Hérouville, propriété de Michel Magne, produit par Pierre Lattès et enregistré par Gilles Salle. Objet sonore sans contour fixe, Camembert électrique associe les noms de Christian Tritsch, de Didier Malherbe et d'Eddy Louiss et c'est cela (avec la voix intersidérale de Gilli Smith) qui fait la différence.

    Reprises par The Orb, 808 State, Global, The Shamen, les pièces de cette inoubliable galette ne cessent de remuer les souvenirs et de nourrir l'inspiration. Jusque dans les contrées les plus inattendues. Five Fifteen, groupe finnois hard rock'n'roll, a récemment mis son horloge à l'heure de Gong en déclinant un singulier Six Dimensions Of The Electric Camembert. Guy Darol

    GONG CAMEMBERT ELECTRIQUE SPALAX/LA BALEINE, 1971.

     

     

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    CAMEMBERT ELECTRIQUE

    PLANET GONG


     

     

  • SAGE FRANCIS ❘ A HEALTHY DISTRUST ❘ 2005

     

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    Issu de l'Université de Rhode Island d'où il décroche un diplôme de journalisme, Sage Francis envisage de commenter la réalité sans la farder de fausse suie. Il veut la dire à hauteur des faits vrais, comme il l'a connu, môminard des rues pauvres. Rappeur blanc, il part perdant. Pas sûr, car ce pur et dur de la cause hip-hop affirme qu'il n'a jamais dégoiser son flow sans savoir. A l'opposé du rap business où l'exhibition des carrosses d'or et des filles irréelles fait office de discours, le kid barbu cisèle une langue parfaite sur un mode ténébreux mais avec l'énergie d'un fidèle. A Healthy Distrust (Une saine méfiance) rappelle que Sage Francis prit le parti d'Anticon, pour Personal Journals, label voué à la critique sociale et placé sous l'égide situationniste de Sole. Après un Hope signé Non Prophets (Lex Records, 2003), le maître du spoken word qui taille des costards à la nuisance revient avec un poignant album. Authentique (quoique ce mot ait été bien sali), cet album consacre la branche historique du hip-hop avec  beats et basse fuligineux. Maître absolu des freestyle battle, Sage Francis parvient à combiner politique et poésie sans jamais être gonflos. Tout petit devant Neil Young qu'il vénère, il offre dans un style roman (c'est-à-dire bigrement épuré) un hommage définitif à Johnny Cash avec un « Jah Didn't Kill Johnny » qui grave à jamais sa dette dans les sillons de nos cœurs. Guy Darol

     

    SAGE FRANCIS

    A Healthy Distrust

    Epitaph/Pias

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    SAGE FRANCIS

     

     

  • WIBUTEE ❘ PLAYMACHINE ❘ 2004

     

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    Sacré « pays de l'électro-jazz » par l'exégète Ariel Kyrou, la Norvège compte, il est vrai, quelques innovateurs susceptibles d'activer la venimeuse envie. Que l'on cite seulement Jan Garbarek, Nils Peter Molvaer ou Sidsel Endresen, ces trois noms sont un résumé d'excellence. Wibutee est d'essence parfaite. Cette formation quadrilatère est redevable à Bugge Wesseltoft qui travaille au sein de son label Jazzland à « une nouvelle conception du jazz ». Playmachine est un troisième album dans lequel irradie le compositeur de boucles Rune Brøndo aka Sterklang. La mécanique Wibutee qui repose sur le principe d'une broderie instrumentale autour de motifs électroniques réalise ici un ouvrage d'art digne du meilleur John Surman, surtout lorsque ce dernier est obsessionnellement spiroïde. Balancier idéal entre jack tracks vifs et plaintes élégiaques, basse haletante (Per Zanussi) et sax languide (Håkon Kornstad), Playmachine indique l'heure exacte. Avec son mood plânant, cette petite musique d'hivernage convient à ceux qui rêvent d'une cheminée où grésille un bon feu. Tranquille et imaginatif. Guy Darol

    WIBUTEE

    Playmachine

    Jazzland/Universal

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    WIBUTEE

    MYSPACE WIBUTEE

     

     

  • WHY ? ❘ ELEPHANT EYELASH ❘ 2005

     

     

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    Avec sa voix fluette et mélancolique, Yoni Wolf module une pop moelleuse très enviable. Frontman du quartet Why ?, son nom accompagne les épisodes discographiques de cLOUDDEAD et Reaching Quiet. D'autre part, Yoni n'hésite pas à prêter main forte auprès de déménageurs musicaux tels que Boom Bip, DJ Krush ou Sole. Attention, ce petit homme est en vue des grands de ce monde. Le style Why ? fait l'admiration de Boards Of Canada et de TV On The Radio. Formation d'élite, si l'on en juge par les salamalecs de Mùm et Stereolab. Vu ! Yoni Wolf emmène le groupe du moment dans un domaine auquel les mots manquent. Même si quelques maîtres en vivisection prétendent le ranger dans la case folk-hop. Présents sur le terrain depuis 1998, nos quatre Oaklandais ont poli leurs instruments dans le be-bop et le hip-hop. Elephant Eyelash assimile incontestablement tous les sédiments. Mais tandis que la plupart des groupes à guitares font entendre (encore et encore) les derniers échos du rock, Why ? réhabilite une acoustique ouatée. Les douze chansons du dernier album peuvent obtenir assurément l'adhésion de Ray Davies et de Brian Wilson. Nous les comparons volontiers aux pépites de Pet Sounds et à ces petites pierres d'alchimie qui composent Arthur des Kinks. On passera en boucle, sans jamais se lasser, « Waterfalls » et ses entrelacs chantés qui évoquent les madrigaux de Moondog. Ou, absolu chef d'œuvre, « Sanddollars» (pièce-titre du EP édité en mai), une énivrante chanson-gigogne qui rappelle nostalgiquement les élégies de Ian Dury et la voix cimetièreuse de Phelym Byrne. Mais qu'est devenu Day One ? Amateurs de suaves sérénades-révoltes, ne passez pas à côté de ça ! Guy Darol

    WHY ?

    Elephant Eyelash

    Anticon/Southern

    WHY? - Rubber Traits

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    WHY ?

  • PSYKICK LYRIKAH ❘ DES LUMIERES SOUS LA PLUIE ❘ 2004

     

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    Disciples du rap combat, le duo Psykick Lyrikah rejette avec fermeté l'étiquette hip-hop électro et plus généralement toute tentative de mise sous scellés de leur style. Après une street-tape persuasive, Arm et Mr Teddybear, respectivement rappeur et compositeur, caressent un projet au cordeau. Des lumières sous la ville est un concept-album qui jette sur le mot urbain clartés et clameurs. « Il faudrait pouvoir écrire des cris », lançait Léon Bloy dans son Journal. Fine plume, doué slammeur, Arm réalise ce souhait. Ses textes sont du reste placés sous le signe de Dostoïevski. Poésie urbaine, rap rugueux : on est à des années-lumières du hip-hop champagne et plutôt dans le voisinage d'Aesop Rock. Psykick Lyrikah comme son nom le laisse deviner nourrit un lyrisme sans ménagement pour les cœurs mièvres. Lorsque Antonin Artaud cherchait le lyrisme dans la vie, il voyait « un sang d'images ». Les onze pièces de ce premier album composent une harmonie de teintes crues, éblouissantes. La ville que l'on traverse penche et se dérobe, comme les décors expressionnistes des films de Robert Wiene  et de Murnau. Les scratches de Robert le Magnifique et l'électronique arrière d'Abstrackt Keal Agram contribuent à faire de cet album un monument d'authenticité dans un univers rap de plus en plus gominé.  Guy Darol



    PSYKICK LYRIKAH

    Des lumières sous la pluie

    Idwet/La Baleine

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    PSYKICK LYRIKAH

     

  • READYMADE FC ❘ BABILONIA ❘ 2005

     

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    Il faut impérativement écouter Babilonia, petite perle pop-electronica de Jean-Philippe Verdin alias Readymade FC. Pourquoi cette injonction d'emblée ? Parce qu'il est rare de découvrir (en ces temps pléthoriques) un album sans ratés, somptueux jusque dans ses microfissures. Après Bold qui révélait un style où se tenaient en équilibre le dub, la techno et une electronica archi-mélodieuse, l'univers de Jean-Philippe Verdin (par ailleurs compositeur, arrangeur, producteur pour Luz Casal, Etienne Daho, Dani et Michel Delpech) vient de s'élargir à toutes les possibilités offertes par les machines et l'instrumentarium acoustique pop. Et c'est pur bonheur. Imaginez cette réunion, celle de Beth Gibbons et de Neil Hannon ou encore de Bob Dylan et de Brian Wilson. Le Jardin d'Eden est tout proche, n'est-ce pas ? Cette sensation de paradis existe tout au long des 13 titres de ce Babilonia aussi universel que son nom l'indique. « Barefeet », voici un air vraiment ineffaçable. « Snow Lion », nuageuse mélodie interprétée par Feist chassera tous vos démons. « Slide » chanté par Yael Naïm vous précipitera dans une douceur sans précédent. Quant à la présence de David Sylvian et de ses boîtes à musique sur « A Fire In Forest », elle s'apparente à un éblouissement dans une journée massacrée par l'ennui. Petite perle, ai-je dit. Guy Darol

     

    READYMADE FC

    Babilonia

    Bleepmachine/Peacefrog

     

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    READYMADE FC