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abstrackt keal agram

  • PSYKICK LYRIKAH ❘ DES LUMIERES SOUS LA PLUIE ❘ 2004

     

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    Disciples du rap combat, le duo Psykick Lyrikah rejette avec fermeté l'étiquette hip-hop électro et plus généralement toute tentative de mise sous scellés de leur style. Après une street-tape persuasive, Arm et Mr Teddybear, respectivement rappeur et compositeur, caressent un projet au cordeau. Des lumières sous la ville est un concept-album qui jette sur le mot urbain clartés et clameurs. « Il faudrait pouvoir écrire des cris », lançait Léon Bloy dans son Journal. Fine plume, doué slammeur, Arm réalise ce souhait. Ses textes sont du reste placés sous le signe de Dostoïevski. Poésie urbaine, rap rugueux : on est à des années-lumières du hip-hop champagne et plutôt dans le voisinage d'Aesop Rock. Psykick Lyrikah comme son nom le laisse deviner nourrit un lyrisme sans ménagement pour les cœurs mièvres. Lorsque Antonin Artaud cherchait le lyrisme dans la vie, il voyait « un sang d'images ». Les onze pièces de ce premier album composent une harmonie de teintes crues, éblouissantes. La ville que l'on traverse penche et se dérobe, comme les décors expressionnistes des films de Robert Wiene  et de Murnau. Les scratches de Robert le Magnifique et l'électronique arrière d'Abstrackt Keal Agram contribuent à faire de cet album un monument d'authenticité dans un univers rap de plus en plus gominé.  Guy Darol



    PSYKICK LYRIKAH

    Des lumières sous la pluie

    Idwet/La Baleine

    CONSULTER

    PSYKICK LYRIKAH

     

  • DIGITAL AUDIO TEPR

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    Si le rap est un pandemonium, Tanguy Destable alias Tepr figure parmi les dieux de l’Hadès. Après le sombre, très sombre, The Deadly Master Of Rappers From Hell, il livre une suite enflammée. Côte Ouest est une invitation à remuer sur les braises du hip-hop le plus chaud du moment. Moitié d’Abstrackt Keal Agram, un duo actif dans le renouvellement d’un genre ciselé par Dr. Dre, Timbaland et les Neptunes, Tepr fait partie de ces têtes de proue qui ont modifié l’esthétique du hip-hop à la suite de DJ Shadow.
    Difficile d’inclure ce maître du laptop dans une mosaïque. Il défend une culture très mixte où le rock bilieux de Chokebore tolère l’électronica elliptique de Clouddead. Mais il semble que l’intérêt qu’il porta longtemps aux raffinements plaintifs de Boards Of Canada aient buté sur un retour de flammes. Sans tourner le dos au style cérébral et tourmenté de son premier album, Tepr glorifie désormais l’union des corps en mouvement et la dialectique gyrovague des dancefloors. Après avoir sévèrement électrisé le Festival Astropolis, il s’explique sur sa démarche que l’on qualifiera, vous l’avez compris, de sautillante. Tepr n’aime pas (mais alors du tout) se faire agrafer. Son prochain opus, assurément, trouera le filet des pêcheurs de gros.


    Qu’est-ce que Tepr ? Un hip-hop mutant post-sérialiste ou une nouvelle aube pour la house ?


    Ni l’un ni l’autre. C’est mon envie de travailler seul à l’élaboration de ma musique, qu’elle soit électronique ou non. Bon, là, il se trouve que ce que je fais est électronique.


    La nonchalante mélancolie qui traversait votre précédent opus évoquait le minimalisme de Philip Glass, le cinémagisme de Ryuichi Sakamoto ou encore les micropolyphonies de György Ligeti, auriez-vous bradé ces nobles références contre des petites frappes de la musique populaire et quelles en sont les icônes ?


    Ce sont des influences que je revendique toujours mais en ce moment, j’ai besoin de sentiments directs, d’où mon respect pour beaucoup de producteurs actuels qui arrivent en une boucle à te faire rentrer une chanson dans la tête pour les trois mois à venir. Quelqu’un comme Jacques LuCont (Les Rythmes Digitales) est très fort pour ça ainsi que Feadz d’une certaine manière. Mais plein d’artistes m’ont marqué ces dernières années, M Oizo, Jackson, Diplo, Timbaland, Errorsmith … ces mecs cherchent vraiment à faire avancer les choses. Mais les anciens sont toujours d’actualité. Et j’ai toujours envie de courir les bras en l’air quand j’écoute « Kids In America » de Kim Wilde.


    Côte Ouest est plutôt secouant. La musique y joue vite. Les rythmes sont saccadés. Faut-il conclure que vous ne vous adressez plus aux mélomanes studieux avachis dans un sofa pourpre ?


    A travers ma musique, je m’adresse essentiellement aux filles. Après les avoir fait pleurer dans leur chambre avec The Deadly Master, le but de Côte Ouest est de faire surgir des cascades de sentiments digitaux dans leurs cœurs et surtout de les faire danser.


    A l’exemple de Paul D. Miller alias DJ Spooky, docteur ès lettres que vous avez fréquenté, vous êtes diplômé des Beaux-Arts, qu’est-ce que ça injecte dans votre musique ?


    Au départ, un côté un peu « intello-bleep-expérimental-chiant » mais j’en suis revenu et je ne regrette pas du tout cette période. J’ai fait cinq ans de Beaux-Arts, c’était cool, ça me laissait le temps de faire mes concerts et j’avais des bourses. La belle vie.


    À propos de fréquentation, vous avez accompagné Alain Bashung, Rodolphe Burger, The Herbaliser, qu’est-ce qu’un rappeur de l’enfer a à voir avec ce beau linge ?


    Burger, Bashung, The Herbaliser, même si je ne suis pas fan de tout (mis à part Bashung), il faut reconnaître que ces artistes aiment créer des rencontres musicales et c’est tout l’intérêt de la démarche « créatrice » : aller chercher la confrontation pour mieux avancer. Mais The Herbaliser ne sont définitivement pas mes amis.


    Après avoir travaillé avec David Gauchard, metteur en scène d’un Hamlet très electronica, avez-vous des projets multimedia d’envergure ou des envies complètement folles ?


    Je dis stop à l’overdose d’images. On ne peut plus voir un live sans se taper des vidéos avec des pixels ou des images de bâtiments en super 8. Quand je viens voir un mec jouer en live, je suis pas au cinéma. J’ai vu tellement peu de trucs qui m’ont plu que mon jugement est assez dur à ce sujet. Il faut arrêter de nous vendre ce concept comme LE FUTUR. Il n’y a rien de plus fait et refait que de coller une image sur de la musique. C’est heureusement en train de changer avec des mecs comme Gangpol und Mit, Pfadfindedrei & Modselektor …


    ECOUTER :


    « The Deadly Master Of Rappers From Hell » (Idwet/La Baleine)

    « Hamlet » (Idwet/La Baleine)

    « Côte Ouest » (Idwet/La Baleine)

    SEE :

    www.myspace.com/tepr

    http://tepr.free.fr

    www.idwet.com

    www.chez.com/wart

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  • M 83 ❘ BEFORE THE DAWN HEALS US

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    L’aventure immobile actualisée par Xavier de Maistre dans son Voyage autour de ma chambre (1794) a produit en littérature de célèbres émules tels que Blaise Cendrars ou encore Pierre Mac Orlan. La musique connaît depuis quelque temps d’exceptionnelles odyssées hors les routes. Anthony Gonzales, explorateur de sphères sonores inaperçues, témoigne de possibilités qui peuvent se passer avantageusement des gros moyens de transport. A la pliure du nouveau millénaire, il lance avec Nicolas Fromageau M83, un module electro lo-fi qui confirme aujourd’hui l’exactitude de sa trajectoire. M83 est le nom d’une galaxie spirale dans la constellation de l’Hydre femelle.
    Depuis sa chambre de jeune fox à Antibes, Anthony Gonzales prépare, à l’aide d’un synthé, d’un sampleur et d’un magnétophone 8 pistes numérique, une rare expédition qui fera événement. Un premier album éponyme sort en 2001 chez Gooom, label avant-gardiste qui fait connaître les désormais incontournables Abstrackt Keal Agram, Cyann & Ben et Mils. Ne dit-on pas que le label de Jean-Philippe Talaga est devenu le concurrent qualitatif de Warp, découvreur d’Aphex Twin et de Squarepusher ?
    Quatre ans ont passé, l’aventure d’Anthony Gonzales a franchi les murs de sa carrée Antiboise. M83 est une référence terraquée et un module toujours en mouvement. L’adolescent électrisé par les jaillissements volcaniques de Sonic Youth et les lévitations bruitistes d’Ashra Tempel et d’Edgar Frœse se reconnaît à présent dans les variations délicates et éthérées d’Isan et de Clouddead. Before The Dawn Heals Us marque un pas dans l’assomption d’une certaine musique hypnotique initiée par Klaus Schulze et Manuel Göttsching, vulgarisée par Pink Floyd. Ce dernier album est d’une puissance irrégulière offrant des pièces incroyables comme « Moonchild » ou « Teen Angst » à côté de tracks moelleux dignes des liturgies de Procol Harum (« Farewell/Goodbye ») dans le pire des cas et de Michel Polnareff (« Can’t Stop ») dans le meilleur. Avec ses chœurs de voix étirés et ses nappes de synthés infinies, l’album est plutôt plaisant. Sans doute, une étape. Peut-être une errance dans la nuit des étoiles. Guy Darol

     


    Ø BEFORE THE DAWN HEALS US (Gooom/Labels)

    Ø www.gooom.com

    Guy Darol