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  • GONG ❘ CAMEMBERT ELECTRIQUE ❘ 1971

     

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    Les murs du lycée Voltaire suintaient l'ennui. L'enthousiasme, nous l'éprouvions bouche bée à l'écoute de Roland Brunet et de Serge Koster, deux professeurs d'élite qui avaient misé sur le plaisir pour enseigner philosophie et littérature. Pour le reste, c'est au sommeil qu'il fallait résister ou à certaines démangeaisons de chahut. En ce temps-là, on s'éclipsait souvent dans les cafés environnants pour y pratiquer le babyfoot et la conversation sur un monde que nous envisagions de raser. Pour échapper à l'ennui et aux filles que nous ne parvenions jamais à approcher, on allait les uns chez les autres. Séances Teppaz. Des matinées entières, on faisait tourner une galette, toujours la même. Dans un contexte strictement scolaire, cette application aurait été récompensée. On étudiait en quelque sorte. En 1971, l'étude portait sur la dernière livraison de Gong : Camembert Electrique.

    Je conserve précieusement (disons-le, dans mon cœur), ces images de matin frais où j'arpentais la rue de Belleville pour rejoindre Patrick Mabire, le complice des cours séchés. Fragrances de tabac blond. La salle à manger où nous décortiquions sagement les sonorités galactiques sentait le tabac de pipe que fumait son père. Un onguent nécessaire pour accéder aux subtilités psychépop de la Planète Gong.  L'univers de Daevid Allen était habité de Pot Head Pixies et traversé par des théières volantes. Totalement fou. Mais doux. Bien moins spooky que les envolées lysergiques d'Hawkwind. Il régnait là une atmosphère souriante marquée surtout par l'influence des fairy tales et de Lewis Carroll. L'opus donnait envie de chanter et de sautiller sur les quais de métro. Ce à quoi l'on s'exerça longtemps lançant à pleine voix une sous la lune ou encore dynamite (avec l'accent de Glastonbury) à la station Châtelet sans craindre jamais de se faire épingler par la police du sous-sol. C'était vraiment délicieux.

    Inutile de préciser la qualité de cet album (qu'il faut bien dire culte) marouflé dans le château d'Hérouville, propriété de Michel Magne, produit par Pierre Lattès et enregistré par Gilles Salle. Objet sonore sans contour fixe, Camembert électrique associe les noms de Christian Tritsch, de Didier Malherbe et d'Eddy Louiss et c'est cela (avec la voix intersidérale de Gilli Smith) qui fait la différence.

    Reprises par The Orb, 808 State, Global, The Shamen, les pièces de cette inoubliable galette ne cessent de remuer les souvenirs et de nourrir l'inspiration. Jusque dans les contrées les plus inattendues. Five Fifteen, groupe finnois hard rock'n'roll, a récemment mis son horloge à l'heure de Gong en déclinant un singulier Six Dimensions Of The Electric Camembert. Guy Darol

    GONG CAMEMBERT ELECTRIQUE SPALAX/LA BALEINE, 1971.

     

     

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