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cd - Page 4

  • JARBOE

    THE MEN ALBUM

    ATAVISTIC/ORKHÊSTRA

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    Égérie du groupe Swans (emblème du New York noise avec Sonic Youth et Live Skull), Jarboe est une voix exceptionnelle. Cette diva de l’art-rock aux allures pharaoniques est par ailleurs une performeuse inoubliable. En dépit de ses nombreux talents, Jarboe ne rencontre pas le succès qu’elle mérite. Si l’on prononce les noms de PJ Harvey, de Patti Smith et de Kate Bush, on comprendra que cette héroïne de l’underground satanique n’est pas à sa place dans les cryptes morticoles de la Batcave. The Men Album, immédiatement sorti après The Conduit, est une compilation des œuvres de la singer-songwriter permettant de revenir sur neuf de ses albums. Le livret qui accompagne ce double CD parle mieux qu’une longue exégèse. Il présente un éblouissant featuring. Alan Sparthawk (Low), Blixa Bargeld (Einstürzende Neubauten), Steve Von Till (Neurosis), Chris Connelly (Ministry), David J (Bauhaus), Edward Kaspel (Legendary Pink Dots), David Torn (David Sylvian) ne signalent qu’un échantillon du line-up. Lilith ayant  étudié le kick boxing et le bouddhisme, l’artiste sait autant cadrer des ambiances lourdes (servies par la basse ténébreuse de Paz Lenchantin) que des impressions pastorales (le guitariste Nic Le Ban excelle en légèreté). La voix, souvent passée aux filtres de l’électronique, oscille entre la couleur punk et une aquatinte folk. Tout cela fait un mélange unique qu’il convient de sortir de l’ombre. Guy Darol

  • LOKA

    FIRE SHEPHERDS

    (Ninja Tune/PIAS)

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    Il existe une histoire septentrionale de l’electrojazz. Légende froide. Celle-ci retient les noms de Nils Peter Molvaer, de Wibutee, de Bugge Wesseltoft. De cette source jaillit la rencontre des rythmiques latines et du jazz expérimental. On y entend les ostinatos électroniques mêlés aux vents (évidemment froids) de trompettes soufflées à la manière de Miles Davis. Cette légende nordique n’est pas étrangère à la survenue de Loka, duo liverpudlien qui se fit connaître sur Xen Cuts, une compilation Ninja Tune, il y a tout juste six ans. Depuis, un single est né. Puis un album de forte densité qui évoque successivement l’esthétique jazz-rock de Soft Machine, le groovy funk de Homelife, le nouveau jazz d’Erik Truffaz. Douceur apparemment passée de mode en ces temps où l’excitation est de mise. Y compris un certain rock’n’roll des prétendues origines. Loka ne se soucie guère des tonalités énervées du moment et propose un alliage de nuances entre electronica groovy et swing fidèle aux instruments de la vieille école. Cela donne sept titres inoubliables. Splendeur exigeante dont on ne peut plus se passer. Ça c’est énervant. Guy Darol

     

  • BAUCHKLANG

    Many People

    (Klein Records/Nocturne)

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    La tradition du human beat box est à chercher loin, du côté de l’incompréhensible et de son phrasé-grenouille préconisé par Jean-Pierre Brisset. Il faut se familiariser avec Valère Novarina pour saisir les portées de la voix, les possibilités du verbe cru, a capella. Bien sûr, dans le domaine du chant pastichant l’instrumentarium, il y eut Bobby Mc Ferrin (« Don’t worry be happy ») et les vocalises chatoyantes de Pow Wow. Puis vint Bauchklang (« son du ventre » en allemand) et cela mit un frein à l’amusement. Les six viennois mettaient la voix en couronne. Ils la plaçaient au-dessus de tout. Des virtuosités guitaristiques, du drumming le plus époustouflant. À petits coups de luettes et de replis musculo-membraneux, ils parvenaient à acculer les plus nobles prouesses instrumentales du côté de l’insignifiant. Bauchklang inventa la voix dépassant la chose. Avec Jamzero (2001), ils accomplissaient un exploit remarqué, celui de concurrencer les prestations électroniques. On croyait cet effort sans lendemain. On pensa que Bauchklang avait jeté toute sa science vocale dans ce seul artefact. C’était méconnaître l’opiniâtreté du vocal group project. Nos autrichiens ont plus de cordes à leur arc que toute une armada de compositeurs numériques. Ils savent faire à voix nue ce que l’ordinateur peine à bruire. Au-delà d’une expérimentation vocale plus que sidérante, ils effectuent avec Many People un voyage en 17 stations à travers dub, drum’n’bass, ragga et hip-hop. Nasarde à la technologie, Bauchklang témoigne une fois de plus des avancées de la chair sur l’outil. Guy Darol

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