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1981

  • BRIAN ENO - DAVID BYRNE ❘ MY LIFE IN THE BUSH OF GHOSTS ❘ 1981

     

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    Au début des années 1980, je chroniquais l'underground pour les pages Livres de Libération. Des militants de la prose très rare trempaient leur chemise pour faire paraître des revues faites main. Le home studio de l'imprimé était né. J'avais reçu Solution H, fanzine rouennais voué à améliorer nos connaissances sur Jean-Pierre Duprey et Jacques Rigaut, deux surréalistes de l'extrême. Derrière ce journal agrafé, il y avait Sylvain Goudemare, aujourd'hui spécialiste patenté de Marcel Schwob. On se vit. Nous marchâmes, buvâmes et achetâmes plein de disques. Il me fit connaître le magasin New Rose, rue Pierre Sarrasin, Paris 6ème, qui devint ma centrale d'achat. C'est là, patient lecteur, que je me procurai My Life In The Bush Of Ghosts de Brian Eno - David Byrne. A ne pas confondre (mais comment oseriez-vous !) avec My Life In A Hole In The Ground d'African Head Charge. La galette tourne toujours sur ma platine, 28 ans après sa sortie chez Warner. Nul n'avait entendu cela ou peut-être ceux qui étaient tombés, en 1968, sur Canaxis, l'album collagiste d'Holger Czukay. Il y a là, comme dans Movies du même bassiste, les prémisses de ce que d'aucuns appellent l'ethno-funk. C'est vraiment un album incroyable car toute l'electronica des loops et bleeps est contenu sur ces dix pièces. DJ Spooky, génie des samples cultivés, doit énormément à cet équipage qui rassemble une dizaine de musiciens dont Bill Laswell et Robert Fripp. L'album échantillonne des voix de fanatiques politiciens et religieux, celle d'un muezzin inoubliable, les chants de Dunya Yusin et Samira Tewfik. David Toop, exégète infaillible de l'ambient, risquera dans Ocean Of Sound ces mots prudents : « My Life In The Bush Of Ghosts était un disque intéressant, quoique ses improvisations décousues, souvent basées sur un seul accord et clairement influencées par Fela Kuti, n'aient pas vieilli aussi bien avec le temps, que les œuvres ambient de Brian ». C'était oublier, malgré tout le respect que l'on porte au fin penseur qu'est David Toop, que David Byrne est de la partie. Et avec, lui la voix des Talking Heads. Autrement dit, Fear Of Music (1979), diamant noir où brille « I Zimbra » et le génie de l'afro-dadaïste Hugo Ball. Guy Darol

    BRIAN ENO - DAVID BYRNE

    My Life In The Bush Of Ghosts

    Warner

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    BUSHOFGHOSTS

    LYRICS

     

  • MARQUIS DE SADE ❘ RUE DE SIAM ❘ 1981

     

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    A la grande stupéfaction de ma copine du moment qui me connaissait des affinités indiscutables avec Captain Beefheart, Robert Wyatt et Frank Zappa, j'aimais faire tourner sur la platine les galettes des Stinky Toys, de Taxi Girl et de Marie et les Garçons. L'expressionnisme fut mis à l'honneur et des expositions des œuvres d'Egon Schiele et d'Oscar Kokoschka se relayaient confirmant que le corps en ce début des années 1980 n'était plus celui des désirs mielleux mais de la présence convulsive. Avec Joy Division et les Cure, il y avait du froid dans l'air. Le temps n'était plus aux étreintes qui tenaient lieu de langage mais à l'expressivité dramatique, à l'outrance gothique, à un certain climat d'orage comme l'avaient rêvé Antonin Artaud ou Frank Wedekind. Rue de Siam venait de paraître et la griffe du Marquis de Sade situait l'album dans une perspective sinon lettrée du moins frénétique. Le titre était une allusion au Brest de Pierre Mac Orlan et de Jean Genet, un bout du monde où la désolation des cœurs cherche l'embellie rapide. Magnifiques de rigueur sonore, d'exactitude de l'âme, les morceaux enchaînaient la splendeur : « Cancer And Drug », « Iwo Jima Song », « Back To Cruelty », « Final Fog (Brouillard Définitif) ». Frottés aux ténébreuses scansions de Lou Reed, à l'échappée belle des Stranglers, Frank Darcel, Christian Dargelos et Philippe Pascal, inaugurent un style voisin de celui de Schiele en peinture, expression préparée par un Dantzig Twist à la pochette façon bois gravé. La facture sonore est d'une densité rare. Mais la production est dûe à Steve Nye, un habitué du grand son. Collaborateur de Bryan Ferry, de David Sylvian et de Frank Zappa, on lui doit la série des Joe's Garage et des Shut Up...Enregistré en cinq semaines au Studio Ramsès, Steve Nye déplorera les limites guitaristiques de Frank Darcel devenu producteur et aujourd'hui romancier (Le dériveur, Editions Flammarion, 2005) tandis que Philippe Pascal fait tourner Blue Chain Choir, combo fidèle au blues de Big Joe Williams. Rue de Siam est un chef d'œuvre et Marquis de Sade un groupe phare dont on peut sentir l'influence sur Noir Désir, La Tordue, Casse-Pipe ou encore Red Cardell. Guy Darol

    MARQUIS DE SADE

    Rue de Siam

    Cobalt/Barclay

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    MARQUIS DE SADE