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françois di dio

  • STANISLAS RODANSKI ❘ BIBLIOGRAPHIE

    La Victoire à l'ombre des ailes précédé de Lettre au Soleil noir, Lancelo et la chimère suivi de Le Sanglant symbole. Préface de Julien Gracq. Illustration de Jacques Monory. Le Soleil Noir, Collection de littérature et d'art dirigée par François Di Dio, novembre 1975.

    La Victoire à l'ombre des ailes suivi de Lancelo et la chimère, Lettre au Soleil noir, Le Sanglant symbole. Préface de Julien Gracq. Texte établi et annoté par François Di Dio. Illustration de couverture de Jacques Monory. Christian Bourgois éditeur, janvier 1989.

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    Des Proies aux chimères. Préface de Jean-Michel Goutier. Illustrations de Jacques Hérold. Editions Plasma, collection En Dehors, 1983.

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    Spectr'Acteur. Frontispice de Jacques Hérold. Editions Deleatur, collection Première Personne, décembre 1983.

    Dernier journal tenu par Arnold. 2 mai - 7 juin 1948. Présentation par Jacques Veuillet. Editions Deleatur, collection Première Personne, février 1986.

    Horizon Perdu, Lettres, Rêves, Poèmes & Récits. Préface de Bernard Cadoux. Editions Comp'Act, collection Morari, janvier 1987.

    Journal 1944-1948 suivi de Stan par Jacques Borgé. Présentation de Jacques-Elisée Veuillet et François-René Simon. Editions Deleatur, collection Première Personne, octobre 1991.

    La Montgolfière du Déluge. Poèmes précédés d'une Lettre à l'astrologue suivis de A cela près. Avant-Propos de Jacques-Elisée Veuillet. Editions Deleatur, collection Première Personne, décembre 1991.

    La Nostalgie sexuelle suivi de Le Chant de la nostalgie sexuelle. Frontispice de Béatrice de la Sablière. Editions L'Arachnide.

    EN REVUES :

    CEE, revue trimestrielle. N° 2/3. Dossier Stanislas Rodanski. Contributions de Alain Jouffroy, F. J. Ossang, Jean-Christophe Bailly, Luc-Olivier d'Algange, Jean-Michel Goutier, André Velter. Entretien : Jacques Hérold parle de son ami Stanislas Rodanski. Inédits : Les Prisons, Le Spectre du belvédère, Le Surêtant non être, Désir profond. La couverture et les sept dessins sont de Jacques Hérold. CEE, 54 ruePargaminières 31000 Toulouse. Directeur de la publication : Guy Layrolle. Novembre 1977.

    CONTRE TOUTE ATTENTE. N° 5/6. Dossier Stanislas Rodanski. Biographie fantôme Rodanski par Bernard Cadoux. Inédit : Les Cycles de l'Héllade. Editions F. P. LOBIES. Responsable de la rédaction : Alain Coulange. Contre toute attente, 8-10 place de la Mairie 89330 St-Julien-du-Sault. Directeur de la publication : François-Pierre Lobies. Avril 1982.

  • STANISLAS RODANSKI ❘ L'AVENTURE INTERIEURE

    Rebelle dopé au stupéfiant pureté, Stanislas Rodanski (1927-1981) se défendait de publier. Ses productions (lettres-fleuve, nouvelles, poésies, fragments, bribes...) destinées aux amis (Alain Jouffroy, Claude Tarnaud, Julien Gracq), ont fini par sortir du petit cercle qu'elles n'auraient jamais dû quitter. Ce délit d'initiés plus ou moins pratiqué avec la complicité de l'auteur ne déchaînera pas la vindicte. La Victoire à l'ombre des ailes, livre paru aux éditions du Soleil Noir (l'enseigne de François Di Dio), connut une réédition chez Christian Bourgois en 1989. Mais un mur de silence semble s'être refermé autour de cet actionniste du rêve.

    Individu fréquentatif, selon sa propre définition, Rodanski semble d'un abord flou. Julien Gracq qui le rencontre à Montparnasse alors qu'il habite impasse de l'Enfant-Jésus évoque une distanciation atone. Il étonne autant par le vague qui est son état, où il cherche à s'atteindre.

    "Je vois mon âme en cette absence. Loin."

    Il paraît ne s'être jamais raccommodé à la réalité rugueuse suite à un film vu avec ses parents, Lost Horizon de Frank Capra. Ce film qui montre l'échouage d'un avion sur les sommets himalayens, décrit la rencontre des survivants avec Shangri-là, la ville des horizons perdus, surgie au coeur de la montagne. Effet de choc, Shangri-là revient à la mémoire de Rodanski comme "la cité sans fin" où il a vécu autrefois. Depuis cet instant, Stan, ainsi que le surnomment ses amis, a la conviction de souvenirs qui préexistent à l'existence. Il relate cette expérience de descente au fond de sa propre histoire millénaire dans un long poème justement nommé Horizon perdu.

    Il n'est pas pour Rodanski de meilleur interlocuteur que Jacques Vaché à qui il s'identifie. Même goût du jeu, de l'aventure dangereuse, de l'humour sans h qui est d'après l'auteur des Lettres de guerre, "un sens de l'inutilité théâtrale (et sans joie) de tout." Humour, pureté, révolte se comprennent par analogie. Dans la Lettre au Soleil Noir adressée à François Di Dio en réponse à une enquête sur La Révolte en question, Rodanski écrit : "Le révolté, toujours disponible pour la résolution des problèmes humains, généreux mais rigoureux, réaliste que rien de ce qui vaut ne rebute, lucide jusqu'à l'exemple, le révolté trouve dans l'humour, néanmoins, sa valeur d'élection. Comme la révolte, dont elle est le sort, dans la minorité opprimée, l'humour est le salut." Son mot d'ordre, mais plutôt de désordre, d'insurrection, est inscrit en lettres capitales dans cette épître jointe à La Victoire à l'ombre des ailes (Christian Bourgois éditeur) : "umore, précieux, ubique." L'ubiquité pour quelqu'un qui a, comme lui, accès à ses plusieurs vies antérieures prend les noms de Lancelo (orthographié sans t) et de Tristan. Rodanski est par ailleurs le pseudonyme de Glucksmann.

    L'homme qui se fait appeler Stan refuse résolument de se placer dans une trajectoire littéraire. Sa vie est d'aller vers l'action, de confronter le risque. Il envisage de faire le tour du monde en qualité de soutier sur un paquebot. Il revêt même l'habit de parachutiste. Mais l'aventurier demeure un velléitaire qui se revendique finalement du double titre de "guérillero de l'amour" et de "romancero d'espionnage". En octobre 1953, il adresse à Claude Tarnaud ces mots amers : "En effet, j'ai raté ma vie. Né pour l'action, je m'ennuie à mourir des suites de mon expérience poétique. Tout ce qui m'est arrivé de risqué, les dangers (bombardements, parachutisme) a l'irréalité du songe."

    Le songe à quoi Rodanski semble spécialement disposé prend la forme d'un récit fantasmatiquement autobiographique, La Victoire à l'ombre des ailes, loufoque histoire d'une livraison à un agent secret, sur un atoll du Pacifique, de deux tonnes de gaz torture par une escadrille de desperados. Le récit, comme un tour de voltige, pique sur un bar où se réunissent "les enfants terribles, les casse-cous, les coeurs brisés, les ratés de l'aventure, les pilotes perdus", et une petite assemblée d'éclopés. C'est dans ce caboulot d'escadrille, en pleine mer de corail, que le narrateur a la vision fatale d'une femme prénommée Rita, Hayworth devine-t-on, qui connaît la magie des baisers-cinéma et le programme des caresses d'évasion. Eclaboussée de couleurs pétard qui évoquent les peintures de Malaval, de Sam Francis, montée comme un cut-up sentimental, un roman-photo de désespoir, La Victoire à l'ombre des ailes mérite qu'on lui reconnaisse sa place, inégalable, parce qu'on ne peut lui trouver que des comparaisons extrinsèques : picturales, cinématographiques (Nicholas Ray, Joseph Lewis, Wim Wenders, Jean-Luc Godard) et musicales (Tom Waits, Albert Ayler, Captain Beefheart, Daniel Johnston).

    La trajectoire de Rodanski, ponctuée par le surréalisme dont il fut exclu en 1948 pour travail fractionnel et la création de la revue NEON (N'être rien Etre tout Ouvrir l'être Néant) qu'il fonda avec Sarane Alexandrian, Henri Heisler, Véra Hérold, Claude Tarnaud, sera une première fois stoppée par un internement volontaire à l'âge de vingt-sept ans, à la Maison de Santé Saint-Jean-de-Dieu à Lyon, avant de s'arrêter définitivement, vingt-sept ans plus tard, à cette toute fin de tout dont ne saura jamais avec Stan si elle équivaut à une fin ou à un commencement. Guy Darol