"La grande majorité de ce qui est vendu
s'inscrit dans un réseau d'exploitation,
d'humiliation et de souffrance", DKelvin
Les deux dernières livraisons du Quetton, revue underground (sans failles dans le sous-sol), fondée en juin 1967 par J.F. R. Yaset, viennent de paraître. Vous n'imaginez pas trouver cette publication dans les kiosques et vous avez entièrement raison. Voici un fanzine conséquent, bien en phase avec l'intitulé de son féroce et légitime dossier : Le commerce voilà l'ennemi !
Le Quetton se recherche comme un explosif rare. Le Quetton se trouve, il suffit de le commander. Adresse en bas de page.
Cet organe souterrain destiné "au bonheur des scélérats, des esthètes, des lecteurs paranormaux" nous vient d'un temps où le rêve ne se discutait pas puisque l'on ne voulait pas d'une vie soumise à la platitude des jours. En 1967, la jeunesse était exigeante. Elle demandait l'inversion des valeurs. Le faible serait fort ; le pouvoir serait un fantasme de cour de récréation arrosé d'urine ; les marchés financiers seraient inexistants puisque l'argent était un concept à l'opposé de la vraie vie, une connerie destinée à accumuler de l'objet. En 1967, la jeunesse avait compris l'essentiel. On est sur Terre pour se marrer parce que le bout du parcours n'est vraiment pas drôle.
Seulement, une grande partie de cette jeunesse radieuse est devenue vieille à une vitesse plus rapide que la fuite naturelle du temps. Le pouvoir aux barbus. Il fallait être crédible, jouer dans la cour des emmerdeurs, faire fi d'une société d'amis vraiment joyeuse. On était à l'aube de la récupération et du marché mondial. L'argent triomphant nous montre ce qu'il sait faire : mettre à genoux l'espérance ; transformer toute liesse en abdication. Le Kapital a fini par l'emporter (mais dans quel état !) parce qu'il avait prévu que l'humanité, pour se marrer, devrait cracher au bassinet. Cela a marché un certain temps, ça risque de boitiller encore longtemps. Avec l'aide de Dieu (et je ne sors pas ces mots en rafale par hasard), ça peut fonctionner clopin-clopant. Dieu étant la dernière carte des marchands d'illusions.
Tout cela pour dire que Le Quetton n'est pas mou. Il continue sur sa lancée à salves que veux-tu. C'est un redoutable canard qui sait pointer le bazar en berne. Il faut le soutenir. L'air nous manque mais on dirait, cette fois, que le Kapital (en crise, ce qui est sa nature évidemment méphitique) pourrait bien avoir raison de ce fleuron (salué par Jean-François Bizot ; par moi-même, s'il vous plaît, dans les colonnes de Libération avant que je ne me fasse mettre au coin par Daniel Rondeau, aujourd'hui prétendant à l'Acadéfraise ; désigné comme exemple (risque ?) majeur dans la mirifique thèse de Steven Jezo-Vannier intitulée Presse Parallèle, La contre-culture en France dans les années soixante-dix et publiée aux éditions Le Mot et le Reste) de l'Underground Total car ici pas d'arabesques graphiques, pas de tape-aux-quinquets ni de maquette aux ordres du papier glacé. L'essentiel. L'urgent. Paroles et images. Coups de sang mais en noir et blanc.
Avec Julien Blaine (voix debout!), Léon Cobra (qui avec son Tréponème Bleu Pâle ardent incarne le feu inextinguible de l'Underground littéraire), Michel Embareck, Christopher Lear (car Le Quetton est mappemondial), Christian Livache, Bruno Sourdin, Christophe Rouil, Dominique Delaunay,Thierry Tillier (le collagiste radical), Gérard Larnac (ses chroniques sont des machines de guerre !), d'autres encore, hérétiques, rétifs, rebelles, insoumis, insubmersibles, inexpugnables, corrosifs, vivants, drôles, durs, sévères, gouapes et toujours saisissants. On choisira son mot insolent préféré.
Un journal pour les compisseurs d'esbroufe. QUETTON LARTOTAL !
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