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LIRE LA MUSIQUE 15

Entre 2009 et 2012, Lire la musique, ma chronique (transverse) fut publiée dansLe Magazine des Livres aujourd'hui disparu. En voici le feuilleton complet.


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PACÔME THIELLEMENT, OCCULTE ET CULTE

 

Les doubles, la pensée inverse, la transmigration, la communication soustractive, la science des ruptures, le détournement sont les pas japonais qu’il convient de suivre pour entendre l’univers de Pacôme Thiellement. Ce chercheur, selon le sens que ce mot pouvait avoir pour Rolland de Renéville sondant Rimbaud ou Artaud contactant Van Gogh, élabore depuis plusieurs années une singulière et très personnelle heuristique. Les apparences d’une vie ne suffisent pas à sa compréhension des œuvres des Beatles, des Residents ou de Frank Zappa.

 

Pacôme Thiellement est un pop critic qui a besoin de recul pour approcher son sujet. Il lui faut le saisir simultanément par tous les points, toutes les lignes, tous les angles. Ainsi de La main gauche de David Lynch (PUF, 2010), ouvrage dans lequel il connecte Walter Benjamin, jazzmen et mystiques iraniens. Ce n’est pas l’arbre qui l’intéresse mais la forêt et tout ce qui se cache dessous : terriers, rhizomes, spectres. Lorsqu’il décide de nous parler de Led Zeppelin, qu’on ne s’attende pas à une météorologie des déluges de guitares, à un effeuillage des frasques du groupe, il refuse toute comptabilité. Son seul souci est de nous faire approcher le Nombre, de nous expliquer les racines secrètes de l’Album Sans Nom, quatrième du quatuor. Pour cela, il éclaire de rares couloirs : le Zohar, Hermès Trismégiste, Giordano Bruno, Éliphas Lévi et bien sûr Aleister Crowley. Aleister Crowley (1875-1947), explorateur de la magie énochienne, est une figure contemplée de près par Jimmy Page qui acheta le manoir de Boleskine où s’était installé en 1898 l’auteur des Libri. Aleister Crowley, et à travers lui la Gnose, cette matière à vibrations et à secousses, est la direction que choisit Pacôme Thiellement pour nous démontrer que « Led Zeppelin n’est pas un groupe de hard rock ; son style distinctif, son invention musicale, c’est le chiaroscuro. » Autrement dit, « la musique de la tête ».

 

Cabala, Led Zeppelin occulte est un livre de travers. Il ne respecte pas la loi du genre qui consiste à compiler en une dentelle de citations la parole des héros. Mais c’est un livre qui mène plus loin que les biographies musicales si nombreuses en ce temps de manque. Appliqué à déchiffrer l’Album Sans Nom (pochette, lyrics, symboles), Pacôme Thiellement rend au rock ce qui lui appartient mais que bien peu sont en mesure de détecter, à savoir un moyen de connaissance en grande force, une énergie pour mieux voir l’invisible.


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Qu’un tel ouvrage paraisse appelle évidemment d’autres miracles, comme la publication de Judas ou le Vampire surréaliste d’Ernest de Gengenbach (1903-1973), récit autobiographique d’un poète portant soutane et étoile du surréalisme au front. Cet amateur de femmes à l’excès aimant se remplumer chez les moines, rencontre sur sa route, à Montparnasse, l’occultiste Crowley « qui l’invite à partager des cérémonies sataniques dans la forêt de Clamart ». C’est Arnaud Gonzague qui le dit dans sa préface sapide et savante. Croyons l’incroyable. Guy Darol

 

CABALA, LED ZEPPELIN OCCULTE, Pacôme Thiellement, Éditions Hoëbeke, 176 p., 23 €

JUDAS OU LE VAMPIRE SURRÉALISTE, Ernest de Gengenbach, Éditions Cartouche, 174 p., 17 €


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