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ZAPPA PLAYS ZAPPA ❘ LUNDI 5 JUIN 2006 ❘ ZENITH PORTE DE PANTIN ❘ COMPTE RENDU

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Il était prévu que l’on se retrouve autour de la Fontaine aux lions. Il était là, sous le soleil exactement, exact au rendez-vous.  Frédéric Goaty, en personne et sans bodyguard. J’avais pris la précaution de me faire accompagner, venant comme vous le savez peut-être du chemin creux où les malveillants ont plutôt l’aspect du renard et de la belette. Hervé Grimaud, l’ami du Lycée Voltaire, avait finalement décidé de joindre ses pas aux miens pour la grande soirée. Sans billet. Très vite, il lui en fut vendu un. A la criée, comme il se doit. Hervé avait déjà vu Zappa (Frank) à Bercy. Bon souvenir. Avec Frédéric Goaty (rédacteur en chef de Muziq et de Jazz Magazine), nous sommes placés en première ligne, face aux empilements soniques qui ne tarderont pas  à dépoter, au grand dam de mes fragiles petites esgourdes si souvent frottées au rock abrasif des concerts hurlants. Il est 20h30 et nous avons déjà fait nos emplettes au rayon merchandising. Un écran de fond de scène réverbère Frank dans ses œuvres. Film rare et de longtemps promis en version DVD. Chef d’œuvre attendu par tous ceux qui possèdent la patience des femmes de marins qui guettent en rade de Brest le retour du mari humide. Car, voyez vous,  faut pas pousser pépère. Et d’ailleurs, il n’est pas dit qu’after show, backstage oui da, nous ne poussions une circonstancielle gueulante. Et une de plus.
Le film a la couleur du Roxy, période unissant George Duke, les frères Fowler, Ruth Underwood. Excellent line-up, mirifique sequencing. Avec des variantes (à dresser les poils les plus mal placés) de « Montana » et d’ « Andy ». Dingue, comme on dit de nos jours. Voire ingde ou nideg.

La scène est coiffée de nombreux instruments. Surtout à percussions. On devine les rafales à venir.


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Dweezil arrive. Dweezil est là. Le bon fils ému. Emouvant. Chemise blanche, pantalons à motifs staïle boucles d’ADN.  Célébration en mosaïque avec une longue exergue de Napoleon Murphy Brock qui souffle possédé d'une jouvencelle vigueur. Mais le show commence vraiment avec un premier track explicite. Et c’est la première pièce du premier album. « Hungry Freaks Daddy », Freak Out !, 1966. Suit, « Let’s Make The Water Turn Black » (We’re Only In It For The Money, 1968).

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Dweezil parle, shy, très shy : « Bonsoir ! Thank you so much everybody ». L’ambiance est bouillante. Un couple de jeunes freaks chante et danse aux pieds du digne fils.

Sur « Florentine Pogen » (One Size Fits All, 1975), Napoleon Murphy Brock use de sa voix flambe tout en offrant une chorégraphie loufoque. A ce stade du concert, il est à l’intersection de tous les regards.  Le spectacle repose sur ses épaules peu vermoulues. A plusieurs reprises, on observera que Napo possède le don de  pasticher les volatiles. Après une citation guitaristique de Rouget de la Marseillaise de Lille, le band nous invite à explorer l’univers tant aimé d’Over-nite Sensation. Retour sur We’re Only In It For The Money pour une interprétation qui se doit d’être touchante : « The Idiot Bastard Son ». Tel est le cas. Touché !

Sans Apostrophe (‘) et Uncle Meat, cette évocation aurait passé sur le dédale géochronique de la continuité conceptuelle et fait fi du thème de la matrice à produire sans fin. Voici donc Apostrophe (‘) (1974) et une allusion au caniche conceptuel (Fido) aussitôt avalé par « King Kong » (Uncle Meat, 1969) en une version servant de motif pour l’exercice de la gestuelle zappaïenne. Dweezil montre (toutefois sans se conformer vraiment à la symbolique paternelle) comment il est possible de diriger un orchestre au doigt et à l’œil.

« Don’t Eat The Yellow Snow » (Apostrophe (‘)) est le morceau suivant et l’occasion pour Napoleon Murphy Brock de faire le pingouin sur ces mots :  « Watch out where the huskies go… » Tandis que sur « St Alphonso’s Pancake Breakfast », Brock joue le funky Alfonso dans la peau d’un automate délinéant l'angle droit. Le track s’achève sur une battle drums/percus. Rencontre du  percusionniste rêvant d’être un peu, ce soir, Ruth Underwood et du batteur Joe Travers.

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La salle s’ébroue, se lève, vagues d’enthousiasme. Dweezil lance en pétales de rose un « Thank you Paris ! » qui stimule des envies de voir l’affiche sur scène. Nous attendons Terry Bozzio,  Steve Vai. Et dans la salle, ce sont des noms que l’on entend glapir de plus en plus distinctement. Mais, patience.
« Inca Roads » (One Size Fits All, 1975), morceau de bravoure, permet à Dweezil d’exprimer ses talents guitaristiques sur le fameux solo, tandis que Napoleon Murphy Brook expose le flûtiste,  impressionnant dans « Dupree’s Paradise ». Relecture du thème au clavier avec un ostinato frénétique en coda.
Bien que l’orchestre se résume à huit instrumentistes, nous espérons une entrée dans le vocabulaire du Grand Wazoo. « Eat That Question » récompense nos fantasmes avec un solo admirable de Scheila Gonzales au saxo et un long solo véloce de Dweezil avec un coda tout à fait hendrixien.
22 heures à nos montres. C’est le moment de l’entracte (nichons et bières) qui dure moins de vingt minutes.
Dweezil : « Ladies and gentlemen, please welcome Terry Bozzio ».

Il est 22h16 et la batterie nue d’avant-scène s’anime (brutalement) du jeu plus que rapide de celui qui se présenta un jour chez Frank Zappa, venant du groupe Azteca. Zappa lui demande : « Joue Black Page ! ». Terry le fait. Terry rejoint la grande odyssée. Nous sommes en 1975.

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En 2006, le batteur véloce bat les fûts et cymbales tout en chantant « I'm So Cute/Tryin' To Grow A Chin» (Sheik Yerbouti, 1979), spécialité vraiment Bozzio.
Sur « City Of Tiny Lites » (Sheik Yerbouti), sa ferveur est si énorme qu’il explose la grosse caisse. Obligé de rejoindre au centre, le dispositif de Joe Travers. Dès lors, évidemment, il joue beaucoup moins fort. Quoi ? Mais une pièce d’anthologie. Laquelle ? « Punky’s Whips » (Zappa In New York, 1978). Dweezil y prend un solo aussi frénétique que l’expression drumistique du bon Terry. Car l’homme est vraiment bon. Je le constaterai backstage. N’est-ce pas Fred ?
Dweezil donne la parole à la salle qui réclame « The Black Page ».
Imaginez la voix du Zénith. Clameur impérieuse.

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Terry livre son drum solo.

And now, ladies and gentlemen here is Steve Vai.

En personne et en chair.

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Savoir que l’étudiant de Berklee persuada Zappa en lui apportant une transcription de « Black Page » et une cassette de son groupe Morning Thunder. L’enthousiasme immédiat de Zappa se traduit par un engagement audible sur orgia, palatino;">Tinseltown Rebellion, 1981.
En plein Zénith, il interprète l’œil émerillonné, complice, cherchant la fraternelle approbation, une version « Peaches IV » de « Peaches En Regalia » (Hot Rats, 1969).
Après ce vaste moment de générosité empathique. Hot Rats n’est-il pas l’album le plus acheté en France ?, retour sur l’album Over-nite Sensation avec une très peu cavalière version de « Montana ». C’est beau.
« Village Of The Sun » (Roxy & Elsewhere, 1974) est ce « sentimental lyric » (selon les mots de Frank) supposé transporter tout un chacun, méthode Proust, dans ce village où Frank Zappa jouait des classiques du rhythm’n’blues avec les Black Outs, fin des années 1950. La chanson, portée par la voix souple de Napoleon Murphy Brock est un concentré d’émotion vive.
« Zomby Woof » (Over-Nite Sensation) lancée par Brock qui ne peut hélas pas atteindre les sommets gagnés par Ricky Lancelotti sur l’album est pur nanan. D’ailleurs, au passage, ne voyez vous pas comme une ressemblance certaine entre Ricky Lancelotti et Larry « Wild Man » Fischer ? Dites moi, ô s’il vous plaît, dites-moi.
La salle clappe à battoirs que veux-tu.
Le band revient avec « Camarillo Brillo » (Over-Nite Sensation), « Trouble Everyday » (Freak Out !) et "Sofa 2" (One Size Fits All, 1975). J’aurais tant aimé, pour finir « Muffin Man » (Bongo Fury, 1975), souvent joué par Frank Zappa en fin de concert dans la deuxième moitié des années 1970, comme j’ai pu tympaniquement le constater. De visu itou d’ailleurs.
A présent une mise au point (et je ne parlerai pas de Gail Zappa, de Terry Bozzio, de Steve Vai qu’avec Frédéric Goaty nous avons choucardement approché after  show), ceux qui disent pas de miracle, rien à voir avec Franky, appartiennent à la confrérie des raconteurs d’histoires de Tauto. Tautologie, vous connaissez ? Car  c’est sûr ô gentils nicodèmes, sans Frank, ça ne peut pas être pareil, ça ne saurait être semblable. Mais comme le souligna, bien justement, Frédéric Goaty (pour mes seules oreilles que je vous prête), Dweezil assure ici la transmission… accomplie.
C’était vraiment le tribute à ne pas rater. Guy Darol

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Commentaires

  • Guy,
    Ta vision pourrait être mienne et j'abonde dans ton sens à la vision de ce très télévisuel reportage.
    J'ajouterais bien un mot, moi qui ai eu la chance de voir le moustachu en chair et en os plus d'une fois sur scène, avec à chaque fois le sentiment d'être parfaitement sous-dimensionné pour encaisser tant de si bonne musique en si peu de temps...
    l'époque ou on se rendait au concert de FZ comme d'autres à l'église le dimanche matin (ou tout autre lieu de culte), impressionné comme une rosière traversant son premier restaurant, et l'échine parcourue de grandes vagues frissonesques dès la première note du maître.
    Ben c'était pareil, lundi soir, cette ambiance lourde sûrement pleine d'un éternel et dévot respect, épaisse à couper au sabre japonais, même 13 ans après la disparition du Guide, mon coeur s'est serré plus d'une fois et mes yeux ont choppé l'humidité du marin aussi.
    La grosse moustache a plané sous la tente et l'hommage était sincère.
    ça fait chier de perdre des mecs comme ça.

  • Couccou, un petit bonjour en passant! viens jeter un coup d'oeil sur mon blog! Quoi de neuf?

  • L'ADN YA Qu'ça d'Vrai !

    au chiotte la presse, merci guy pour ce reportage, ressentit

    bye

  • Je suis bien d'accord avec ce commentaire enthousiaste !
    Deux précisions: ce n'est pas "teenage prostitute" mais "i'm so cute" qui a été joué / chanté par Bozzio, enfin le dernier morceau fut "sofa" et point "strictly genteel"... mais peut importe.

  • Personnellement j'aurai aimé de la part de notre "agitateur-conseil" en parrllèle d'un compte rendu plus qu'élogieux, que fusse évoqué l'abscence de commentaires de la ZFT à propos de l'abscence de commercialisation du Roxy DVD promi il y a 6 ans déjà au moment même où une pétition est lancée sur internet par des fans impatients et irrités par tant de retard . A l'heure où le fiston se permet de passer des extraits en ouverture des concert européens, quid de cette promesse ?. Gageons que les bénéfices dégagés par cette tournée serviront à la production de ce dernier plutôt qu'à la promotion du dernier album du fan de Van Halen. J'aurai aimé lire également quelque part les raisons réelles du report de la tournée en 2005: c'était l'occasion rèvée de le demander à la maitresse de l'Utility Research Kitchen vu sa présence à Paris ce 5 juin dernier.
    Quid de l'abscence promise d'Ahmet qui selon les déclarations de cette dernière possède la moitié des gènes de son père et sans qui nous avons eu droit qu'à la moitié de l'esprit de Zappa?
    Quid de la disparition de MARK VOLMAN & HOWARD KAYLAN pressentis pour l'édition 2005 ?. On peut se demander ce qu'aurait donné ce Tour de Frank sans la présence de Napoléon Murphy Brock et de Terry Bozzio débarqués au dernier moment: ... une pâle resssuscée de Zappa Universe, au pire un concert, excellent au demeurant, d'un très bon groupe de covers comme l'europe en recéle depuis longtemps déjà et qu'il ne faudrait pas oublier dans l'affaire. Dweezil semble s'attribuer l'unique filiation de l'oeuvre de son père comme il vient de le déclarer à la presse hongroise la semaine dernière. Il n'est pas le premier à le faire, la fille de Nat Cole, le fils de Lennon, la liste est longue en la matière... Reste que ces déclarations dans la presse hongroise en ont chagriné plus d'un, reprenant à son compte l'attitude d'une Gail Zappa qui fustige les tentatives de tribute depuis plusieurs décénnies maintenant. Et distribue les accréditations au compte goutte ce qui attriste beaucoup de musiciens de part le monde. Que serait la mémoire de la musique de Frank sans les GrandMothers, Bogus Pomp et le Project Object, Mike Keneally, le Zapping Buzz Band, le Muffin Men Ensemble etc... et plus près de nous notre NRO national. J'aurai aimé dans l'absolu que grâce leur soit rendue ou tout du moins que l'on déclare pas que ces groupes ne sont pas à même d'interpréter correctement l'oeuvre de Zappa puisque n'ayant pas une filiation directe avec la famille. Le talent, on le sait ne nait pas des gènes et pour moi, bien que réjouis de ce nouvel intérêt du fils de Zappa pour la musique de son père, que cela ne ressemble qu'à une tentative de révisionnisme, voir un "tirage de couverture à soi" un poil tardif je dirais. Car les nouvelles générations n'ont pas attendu après lui pour célébrer le talent de son défunt géniteur.
    Et puis il serait peut-être temps que Dweezil aille enfin faire un tour du côté du festival zappanale et enterre définitivement la hache de guerre: mais ca ca risque d'être une autre paire de manches comme on dit.

    un agitateur tautologue

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