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GASTON CRIEL

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En lisant l’excellente biographie de Serge Sanchez sur François Augiéras (François Augiéras, Le dernier primitif, Éditions Grasset, 2006), j’ai de nouveau rencontré le nom de Gaston Criel. Et cela a soufflé sur moi, comme ce vent d’enfance parfumé de goémon alors que la mer se déroule au-delà des sens.

Gaston Criel, secrétaire d’André Gide et locataire de Jean-Paul Sartre (moyennant un paquet de Gauloises), assistant de Jean Cocteau sur le tournage de la Belle et la Bête, fut celui qui négocia auprès de Jérôme Lindon la publication du Vieillard et l’Enfant aux Éditions de Minuit.

Ce poète et romancier du Paris rebelle et artiste (tautologie, n’est-ce pas ?)  connaissait le meilleur des mondes, celui qui s’insurge en fête sans jamais se lasser de remettre l’utopie sur le tapis. Autre temps, dirait-on.

Il faillit obtenir le Prix Goncourt pour La Grande Foutaise (un titre qui en dit long sur la cosmogonie de Gaston)  et reçut, ce qui est beaucoup mieux, les louanges bien sincères d’Henry Miller, spécialiste en littérature égale de la vie.

Gaston Criel est l’auteur d’une œuvre importante (qu’il conviendra un jour de rendre à son public) et d’un livre époustouflant : Swing. Samuel Tastet qui fut son ami s’est toujours démené pour faire tinter le nom de Criel (cri et ciel) aux oreilles de ceux qui aiment vraiment la littérature. Pour la troisième fois, il publie Swing (avec préface de Jean Cocteau et témoignage de Charles Delaunay) par amitié et conviction.

Ce livre est en effet une quintessence de haute écriture et, son nom l’indique, l’une des meilleures introductions au jazz.

J’eus le bonheur de connaître et de fréquenter Gaston Criel qui partageait des plages d’oisiveté avec Duke Ellington, Charlie Parker, Earl Hines et Mezz Mezzrow sans que l’auteur de Sexaga et de L’Os quotidien ne me fasse sentir comme un décalage d’envergure. Il était demeuré un enfant sans ego, puissamment vivant, joyeusement négligent devant la question du succès qui vient, ne vient pas, tant mieux, tant pis. Admirable Gaston. Celui qui avait été, je l’ai dit, l’ami de Sartre et de Cocteau, me demandait mon avis sur les textes qu’il venait d’écrire. Histoire de bœufs tirés par la charrue.

Alors que je collaborais à Libération et que Samuel Tastet faisait paraître, une première fois, son hymne au jazz salué par Francis Picabia, Boris Vian, Frank Ténot…, j’écrivis un éloge de Swing rehaussé de son portrait en aigle bienveillant. Nous étions en juin 1982 et Gaston m’invita sur une terrasse de l’Avenue Foch pour me remercier de mon travail.

Nous bûmes et déconnâmes en évoquant Pink Floyd, Frank Zappa et les Stones dont il était un auditeur intense. Voici un événement dont je me rappelle sans une tache d’ombre.

Car c’est ainsi que la littérature m’a toujours parlé.

Ceux qui écrivent en excellence sont excellents.

Autrement dit, joyeux et bons.

Tel était Gaston.

Tel est Swing. Livre et dancefloor tout à la fois. Guy Darol

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EST - Samuel Tastet Editeur
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PETITE BIBLIOGRAPHIE DE GASTON CRIEL


Poésie

Etincelles, Denoël
Perspectives, Debresse
Gris, La Hune
Blues, La Tour de Feu
Poèmes manifestes - Frontispice de Braque, Au Plomb qui fond
Amours, La Hune
K.G., Seghers
Règlements d'infanterie, Périples
Hygiène, La Presse à bras
Popoème, Millas-Martin
Le poète et ses poèmes - Frontispice d'Oscar Dominguez, Jacques Brémond
Où va le nuage, et autres, Plis
A tout va, Polder
Quatre Poèmes, Dada
La fausse quête, Jacques Brémond

Romans
La Grande foutaise, Fasquelle puis Plasma
Sexaga, Plasma
Phantasma, Plasma
Circus, Vrac puis EST
L'Os quotidien, EST
Jojo Odyssée, inédit

Essais
Swing, préface de Jean Cocteau, Editions Universitaires de France puis Vrac, puis EST
Lapidation de la ville, Fagne


SUR GASTON CRIEL


Le Grand Hors-Jeu ! n°65, septembre 1991
DOSSIER GASTON CRIEL comprenant des témoignages de Pierre Descamps, Frédérick Tristan, Samuel Tastet, Jean Rousselot, José Millas-Martin, Bernard Abdiche et deux inédits : La mort du psychanalyste suivi de L'Age mûr.


Nord' n°24
DOSSIER GASTON CRIEL. Etudes réunies par Janine Hache. Contributions de Jean-Marie Sourgens, Pierre Descamps, Gérard Delomez, Guy Ferdinande, Paul Renard, Georges Dottin, Xavier Prévost, Jean-Marie Paris et un inédit : J'ai peur de l'ombre.


Gaston Criel, du Surréalisme à l'Underground par Jean-François Roger.
Editions L'Harmattan, 1998

Commentaires

  • ... la voix de Gaston : http://youtu.be/dn2XzIUcAyE. Cordialement.

    Guy F.

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