Alors qu’il demeure, à Berlin, chez l’écrivain Carl Einstein, Clément Pansaers (1885 – 1922) rejoint le mouvement Dada. Il conçoit pour Ça ira !, la revue de Paul Neuhuys, un numéro philippique intitulé : Dada, sa naissance, sa vie, sa mort et édité à Anvers en novembre 1921.
D’un duel oratoire avec André Breton, Pansaers fait un mot en forme de boulette puante. Il le qualifie de pape « gonflé au pourpre violet de l’excommunication ».
Dadaïste belge aussi misérablement connu que Walter Serner, Pansaers est cependant l’auteur de coups de feu tels que Le Pan-Pan au cul du nu nègre et Bar Nicanor, écrits en un style qui méprise les manières univoques, la lisibilité gnangnan, la pulsation papa-maman.
Il cherchera, en vain, un acquiescement à ses polyfolies auprès des dadaïstes parisiens mais se moque bien vite de leurs « petites choses amusantes » sans radicalité flamme.
Le moins propagandé des dadaïstes est le plus libertaire des poètes belges.
Dans L’Apologie de la paresse, il invite en mélopées, à s’étendre sur une grève ensoleillée. Car c’est ainsi vraiment que se pratique la grève !
Il dit :
« … Tout ce qui vit cagnarde
L’homme seul reste forçat.
Entends-tu la joie diaphane
des grands libertaires ? ».
Passé inaperçu de son vivant, il connaîtra durant sa mort l’insistant appui de Louis Aragon qui l’évoquera dans Projet d’histoire littéraire contemporaine puis Je n’ai jamais appris à écrire ou les incipit.
Ainsi les éditions Champ Libre publieront ses œuvres complètes en 1986.
Aujourd’hui, les éditions Allia pointent les fumigènes sur cette littérature enragée.
À (re)découvrir toutes affaires cessantes si l’on veut employer l’été utilement en broutant « des bruits bruts ».
Lire mêmement Archives Dada/Chronique, Marc Dachy. Éditions Hazan, octobre 2005. Guy Darol
Aux Editions Allia
16, rue Charlemagne
75004 Paris
Clément Pansaers, Bar Nicanor. 45 pages, 6, 10 €
Clément Pansaers, Le Pan-Pan au cul du nu nègre. 47 pages, 6, 10 €
Clément Pansaers, L'Apologie de la paresse. 61 pages, 6, 10 €
Commentaires
Joli sélection musicale à gauche, sympa la note.
Moi.
a la mi temps d'un grand match
en pleine poèmie
je tenais à éternuer mon nuage
hommageux à vous guy
pour toutes ces pistes montées
dans la plus vénéneuse des humilités
Si vous vous intéressez à Pansaers, je vous conseille la réédition de sa "pièce" "Les Saltimbanques" paru en 2009 chez un éditeur inconnu, Chemins & Ruines; on y trouve une énorme préface qui est comme une introduction aux oeuvres complètes, ainsi qu'une lecture qui extrait la substance erbelle de ce texte, qualifié d'exorcisme, et qui fut, selon les auteurs anonymes, une source d'inspiration directe de Michaux. Ces textes ont le mérite d'être fidèles à l'esprit de révolte, plutôt qu'à une démarche d'historien froid, tout en étant finement renseignés. Ils disent deux trois vérités quant à Dada et à ses commentateurs.
Bien à vous.
Herbert