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FRANK ZAPPA ❘ KENT NAGANO

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© Solange Guéry

Dans la liste des créateurs les plus originaux avec qui Kent Nagano a collaboré, un nom saute aux yeux: le regretté Frank Zappa, rocker iconoclaste, guitariste virtuose, satiriste mordant, provocateur de métier et compositeur de musique dite sérieuse à ses heures.

«Comme compositeur, je le classe parmi les grands maîtres du 20e siècle», a dit Nagano après avoir dirigé l'Orchestre symphonique de Londres dans des enregistrements d'oeuvres de Zappa il y a une vingtaine d'années.

Même si le fondateur des Mothers of Invention n'était pas exactement un inconnu, Nagano ne le connaissait que de nom quand il l'a rencontré pour la première fois au début des années 80. Il venait d'apercevoir le nom de Zappa sur la liste de commandes qu'allait diriger Pierre Boulez («l'un de mes professeurs les plus importants»). Intrigué, Nagano a fait confirmer l'information par les assistants de Boulez puis il a téléphoné au bureau de Zappa pour savoir s'il écrivait aussi des oeuvres orchestrales.

Zappa a communiqué avec Nagano et lui a envoyé toutes ses partitions. La légende veut qu'avant de les lui remettre, Zappa ait demandé à Nagano : «Es-tu sûr que tu peux jouer cette musique?»

«Ça a résulté en une amitié assez spéciale, se souvient Nagano. Je suis resté souvent chez lui et on a eu plusieurs discussions importantes. Il m'a choisi pour diriger l'Orchestre symphonique de Londres (du 11 au 14 janvier 1983). Il n'était pas satisfait des performances qu'il avait entendues, il a donc choisi un chef et un orchestre en qui il avait confiance. C'est la première fois que j'ai travaillé avec le London Symphony et notre relation continue encore à ce jour.»
Plusieurs articles ont mentionné que Zappa n'était pas satisfait de ces enregistrements, qu'il avait critiqué les musiciens de l'Orchestre symphonique de Londres. Pour en avoir discuté avec le principal intéressé, Nagano n'en croit rien.

«Au contraire, il était profondément touché par ces séances d'enregistrement, corrige le chef d'orchestre. C'était des séances extrêmement difficiles. Évidemment, tout le monde était étonné. Zappa ne savait pas à quoi s'attendre, l'orchestre pensait «ah... de la musique légère», tout le monde était vraiment hors contexte. Mais on avait trop peu de temps pour un projet aussi énorme. Le but était de viser la perfection. Tout le monde s'est engagé avec un bel enthousiasme. Je me souviens, à la fin, l'orchestre s'est levé et a donné une ovation à Zappa. Frank avait les larmes aux yeux. C'était vraiment un moment de partage et Frank était... hum... touché.

«C'est vrai que Frank était toujours un peu provocateur. Mais ses paroles ont été citées hors contexte. Il disait que c'était vraiment dommage qu'un compositeur doive faire avec le manque de répétitions, le manque de temps dans un système où il faut vendre des billets. Il réfléchissait à cette difficulté, mais aussi (RIRES) il se disait que c'était toujours comme ça puisque Mozart se plaignait de la même chose!

«Pour bien jouer sa musique, ça prenait énormément de répétitions. Il faut dire aussi que les orchestres et les chefs ont évolué depuis les années 1980. Ce qui était difficile à l'époque est normal aujourd'hui.»

Alain de Repentigny, La Presse, San Francisco

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