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CLAUDE TARNAUD ❘ STANISLAS RODANSKI

Cher Monsieur,
Je viens de lire vos articles concernant Stanislas Rodanski et vais tâcher de débusquer une édition de "La victoire à l'ombre des ailes" (peut-être l'édition Christian Bourgois est-elle encore disponible).
Permettez-moi d'évoquer un auteur que je viens de découvrir par hasard et que vous citez à propos de Rodanski, à savoir Claude Tarnaud. En recherchant quelques informations le concernant sur internet, ce qui m'a conduit à votre site, je n'ai guère trouvé de traces bibliographiques et biographiques (exception miraculeuse : une photographie sur un site consacré à Jacques Rigaut). Quant aux recherches en bibliothèque, elles m'ont permis de découvrir qu'un dossier lui avait été consacré dans le premier numéro de la revue "Supérieur Inconnu" (où l'on retrouve la fameuse photo "Souvenir de Genève").
Finalement, fort peu de choses concernant cet auteur, mais peut-être pourrez-vous m'expliquer ce silence, injuste si j'en crois "L'Aventure de la Marie-Jeanne" et "De ou Le bout du Monde", deux ouvrages enthousiasmants qui ont été réédités par un petit éditeur en 2000 et 2003. Il y aurait pourtant matière à dérives autour de cette figure et j'espère que d'ici peu un passionné nous en fera profiter.
Sans aucun doute connaissez vous l'"Aventure de la Marie-Jeanne" où apparaissent des lettres signées Stan Lancelo. Tout un réseau de "coïncidences" envoûtantes se développe au long du récit et la lutte avec la murène dans les eaux claires de l'Océan Indien m'ont immédiatement évoqué la scène de la Dame de Shangaï  où les deux amants, Rita et Orson, se réfugient dans les salles d'un Aquarium d'où surgissent les monstres marins parmi lesquels une énorme murène.
Je ne sais si Stanislas Rodanski a évoqué ce film de 1948 dans ses écrits, mais il y a fort à parier qu'il l'a vu et qu'il a été subjugué par la "blonde" Rita Hayworth. Mais sans doute en savez-vous plus sur ce point de même que sur la très mystérieuse Béatrice de La Sablière...
En espérant ne pas vous importuner, l'actualité nous rappelant à la dure réalité.
Très cordialement.
-align: justify;">Michel Frémon
medium_rodanski_stanislas.jpg
"Il y aurait matière à dérives autour de cette figure", écrit Michel Frémon.
Claude Tarnaud ne m'est connu que par le rapprochement de son nom avec celui de Stanislas Rodanski (photo) et je sais toute la reconnaissance que lui doivent Bernard Cadoux et Eugène Durif, émérites exégètes de l'oeuvre méconnue de Lancelo.
J'ai sous les yeux le numéro spécial publié par la revue Actuels en avril 1983. Dans cette publication dirigée par Henri Poncet figuraient, en hommage à Rodanski, une lettre de Claude Tarnaud et un extrait de L'Aventure de la Marie-Jeanne (1948). En incipit ceci : "L'acte le plus scandaleux est de se taire."
Je suis dans l'incapacité d'éclairer plus avant ce remarquable lecteur. Je voudrais que ma sapience s'augmente au sujet de Claude Tarnaud. Mais il serait scandaleux de se taire au prétexte de l'impuissance. Il y a tant de ressources. Et parmi elles, les nombreux visiteurs de ce blog qui souvent m'en apprennent. Et comment !
C'est à vous que je fais appel pour que nous tissions ensemble un oriflamme portant le nom de Claude Tarnaud. Et ce serait notre cadeau à Michel Frémon. Un cadeau au bout de la dérive !

Commentaires

  • Cher Monsieur Frémon,
    Si vous cherchez quelques documents concernant Claude Tarnaud, je puis vous indiquer le dossier Postscriptum n° 3 réalisé en 2002 à l'initiative de notre regretté ami François Di Dio, éditeur du Soleil Noir et ami de Tarnaud. Vous pourrez y trouver un essai " Traversées sur les traces de Claude Tarnaud" de Cédric Demangeot, un texte de Ghérasim Luca écrit en 1954 pour servir de prière d'insérer à "La Forme réfléchie", quelques repères biographiques et une bibliographie complète. Je ne sais si les dossiers Postscriptum sont encore disponibles aujourd'hui. Depuis la disparition de François Di Dio, je n'ai plus de contacts avec les autres Amis du Soleil Noir. Peut-être pourriez-vous vous adresser à Michael Kopp dont voici les coordonnées : rue St Pierre, 84400 Auribeau, tél/fax: 04 90 75 12 33 / e-mail : Postscriptum@Auribeau.com
    Bien amicalement à vous.

  • Dominique Carlat, in Gherasim Luca l'intempestif (José Corti, 1998, p.35) :
    "Les revues dirigées par Edouard Jaguer dans la décennie 1950 participent notamment à la diffusion de plusieurs de ses poèmes. De cette collaboration naît l'amitié avec Claude Tarnaud, ancien fondateur avec Yves Bonnefoy du Groupe La Révolution la nuit."
    J'allais conseiller de contacter Edouard Jaguer, fondateur de la revue et du mouvement Phases, mais j'apprends qu'il est mort en mai dernier...
    Dans le même essai, à la notice bibliographique consacrée à l'ouvrage collectif Les inspirés et leurs demeures (photographies de G. Ehrmann, textes de B. Péret, G.Luca et C.Tarnaud), publié sans date de parution, D. Carlat indique que "la collaboration de Gherasim Luca avec Claude Tarnaud permet de donner un "terminus ad quem" à la publication de cet ouvrage : 1960". J'aimerais comprendre pourquoi (fin d'une amitié, exil, quoi ?).
    Petre Raileanu, dans sa biographie de G.Luca, n'évoque qu'une fois C.Tarnaud (orthographié Tarnot) à propos de la rédaction d'un questionnaire, en 1947, par A.Breton, Y.Bonnefoy, C.Tarnaud et S.Alexandrian.

  • Par un hasard hasardeux (les meilleurs), je me suis aperçu que Bartlebooth avait extirpé de l’anthologie des Belges Aelberts et Auquier des fragments de Tarnaud le 20 dernier. Il y reprend la notice biographie établie par les deux Belges, je ne vous la recopie donc pas.
    Pour ma part, voici ce dont je dispose :
    Claude Tarnaud a fait partie de la bande du Soleil Noir, autour de François Di Dio, comme Stanislas Rodanski, mais vous vous en doutiez, je suppose.
    Ce que ne précise pas Bartlebooth : Tarnaud a dû occuper, peut-être un temps, un poste de fonctionnaire international, ou quelque chose d'approchant, puisqu’il travaille à l’étranger, et notamment en Somalie, pour l’Unesco.
    Autre information intéressante : son nom manque au Dictionnaire du surréalisme (Le Seuil) de Jean-Clarence Lambert, qui vit lui aussi en Provence.
    A ma connaissance, Tarnaud a collaboré aux revues suivantes : La Tortue-Lièvre, Les Quatre vents, La Révolution la nuit, Edda, Néon, Phases, Artère (en 1984 au moins pour cette dernière). Cette liste est, évidemment, très lacunaire.
    Pour le reste, à sa poésie je préfère de loin son Whiteclad Gambler, livre inclassable, comme sont inclassables les livres de Eric de Haulleville, certains livres de PABirot, le Tenderenda le fantasque d'Hugo Ball, bref de la génération dada s’essayant à la refonte du roman (W. Serner, etc.). Ce livre-ci, que j’ai ici, quelque part, est une aventure mentale, dont les personnages ont tous la figure du protagoniste, si je me souviens bien. Le sous-titre en est : Le joueur blancvêtu ou Les Ecrits et les gestes de H de Salignac, poème épique.
    Dans mon esprit, ce texte se confond un peu avec le Voyage en kaléidoscope d'Irène Hillel-Erlanger, je crains qu’une relecture des deux soit nécessaire...
    (...) Voici le livre extirpé de mes profondes : imprimé le 30 octobre 1952, à Genève, imprimerie La Sirène. Probablement un compte d’auteur. Illustrations dans le goût surréaliste d’Henriette de Champrel (la compagne de l’auteur ?). Voyez que ma moisson est maigre, mais dans mon souvenir le dossier de Supérieur inconnu est au poil car conçu par des témoins, et non par des mastiqueurs de seconde main qui recrache ce qu'ils ont lu. A suivre donc.

  • Dans mon souvenir apparaît l'information suivante : il me semble que le grand commandeur de La Main de Singe a participé de près à certaines éditions Rodanski-Tarnaud, ou Rodanski seul, je ne sais plus...

  • Quelques données concernant Claude Tarnaud (mais la référence déjà donnée de Mike Kopp aidera les plus passionnés): il a fait partie du groupe surréaliste après la 2e guerre, et en fut exclu parmi le groupe Brauner (Rodanski, Jouffroy, Alexandrian,...) en 1947. Par la suite, il est resté en relation avec Edouard Jaguer, collaborant à Phases, voire avec Breton, pour l'organisation de l'exposition surréaliste à New York (1961, je crois). A très peu édité, souvent à compte d'auteurs. Il a travaillé en Somalie, à New York et Genève comme traducteur de l'ONU, puis à Apt.

    Avant de sombrer, les éditions "L'écart absolu " de Sébastien Petibon avaient l'intention de publier les quatre livres formant un tout: "La forme réfléchie" (déjà éditée par François Di Dio), "La Marie-Jeanne", "The Whiteclad Gambler", publiés auparavant à compte d'auteur, et "De", jamais édité. Seul "The Whiteclad Gambler n'a pas été réédité.

    Henriette de Champrel est bien la compagne de Claude Tarnaud et a illustré plusieurs de ses livres.

    S'il est si peu connu, c'est d'être resté à l'écart de la "vie littéraire", bien qu'en relation avec de nombreux artistes et poètes (Outre Luca, dont l'amitié passionnée s'acheva sur une rupture toute aussi radicale, et Rodanski, on peut nommer Julio Cortazar et Jacques Lacomblez (Edda) ). En partie par son éloignement dû à son travail de traducteur, mais surtout par l'incarnation de la distance absolue dont témoignent le personnage de H de Salignac, présent dans ses trois premiers livres, et son estime de personnages tels que Vaché, Rigaut ou Rodanski.

  • Cher Monsieur,

    Retour de week-end et joie de voir sur votre site une porte grande ouverte à Claude Tarnaud et à tous les aventureux. Nul doute que cette brèche permettra à cette figure de sortir de l'ombre.
    Merci à Alain Jégou pour son précieux commentaire (peut-être Michael Kopp accepterait-il de fournir à ce site la bibliographie et les repères biographiques contenus dans le dossier Postscriptum N° 3) ainsi qu'à Bartlebooth qui offre sur son site un extrait de "La rose et la cétoine, La nacre et le noir"(1959) précédé d'une notice biographique signée Petr Kral.
    "Et c'est la lourde porte circulaire
    qui donne sur le toboggan aux miroirs
    (...) puisqu'enfin nous voici, noirs prédateurs,(...)"

    "Mais le 11 juin suivant, le supplément magazine qui fait partie de l'édition dominicale du New York Times publiait sous le titre UN Cats Dig Jazz une série de photographies prises pendant le concert donné aux Nations Unies. Sur l'une d'entre elles, apparaissait très distinctement mon visage effaré et ravi. Cela ne m'aurait pas ému outre mesure si, dans le même numéro du magazine, n'avait figuré un groupe de photographies de l'aquarium de Coney Island, dans lesquelles se pavanaient en gros plan mes acteurs préférés des cours de madrépores bariolés englouties au large de Mogadiscio : le dangereux ptéroïs aux longues rémiges en guise de nageoires, les poissons-anémones qui vivent à l'abri des beaux et cruels tentacules de l'actinie, le poisson-pierre, doué d'invisibilité et de venin mortel, et une murène bleu ardoise, la gueule béante."
    (extrait de L'Aventure de la Marie-Jeanne, page 128 de l'ouvrage publié en février 2000 aux Editions de l'Ecart Absolu, 25 rue de l'Echaudé, Paris VIe, la collection étant dirigée par M. Sébastien Petibon et l'ouvrage accompagné de dessins de Jorge Camacho).

    Tiens, sur les colonnes Maurice, je viens de découvrir l'affiche d'un spectacle à venir retraçant le parcours d'Orson Welles, drapé de noir : The blackclad Gambler ?

    Merci à vous, Guy Darol, et j'espère à bientôt.

  • De mon côté, merci à vous tous de m'avoir fait découvrir Claude Tarnaud ; j'espère maintenant pouvoir trouver quelques-uns de ses ouvrages. Lu aujourd'hui le Postscriptum 3 qui, outre un beau texte de Cédric Demangeot, contient effectivement des repères biographiques et une bibliographie qui tendent à l'exhaustivité. Et qui répondent à certaints points évoqués ici, en vrac:
    - C.Tarnaud fut très ami avec G.Luca, d'une amitié tumultueuse qui finit brusquement aux environs de 1960.
    - il fut effectivement, comme le souligne Envers, traducteur : je me demandais, en rencontrant cette info sur le net, si c'était bien le même, ce Tarnaud traducteur de l'essai de Harry Levin sur James Joyce ; il y aurait donc fort à parier que oui.
    - en plus des revues citées par Le Préfet, il y a la revue Les Deux Soeurs de Christian Dotremont.
    Pour le reste, Envers résume très bien, & se reporter aux précisions de Postcriptum 3.

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