Excellente nouvelle! Hardellet fut pour moi une rencontre énorme. Je l'ai classé dans mes auteurs favoris, dès les premières lignes lues... Coïncidence : alors que je suis dans le Parc des Archers actuellement, voilà que dans la bibliothèque où j'officie (où, au passage, vient Hubert Haddad en 2009), il se trouve justement qu'arrive un don samedi dernier : plusieurs Hardellet, dont les Chasseurs I en édition originale! Trop vieux pour l'établissement, mais sans âge pour la besace de bibi! Grand bonheur! Hasard objectif! J'ai entendu parler d'un bon livre d'une madame Lefèvre sur André Miller... Mais, tout comme pour le vôtre, le salut ne passe plus que par les bouquinistes! Les éditions de la Licorne, je rêve éveillé : je me suis toujours dit que si je gagnais le gros lot, je créérais une maison d'édition, et La Licorne était une de mes idées de blason... Et quand je vois leur catalogue, c'est complètement ma galaxie! De Roux, Vialatte, Le Grand Jeu... Excusez mon délire, et bien à vous.

Le butin (recevoir une édition originale des Chasseurs 1, lire Le Parc des Archers), André Hardellet nous en livre le cheminement dans Lady Long Solo. Et, plus techniquement, dans Donnez-moi le temps (ouvrage précieux pour saisir sa méthode !). Car ce que vous décrivez relève des "coïncidences significatives" commentées par Hardellet. Il y a des jours où le hasard se manifeste avec force ! Vous me parlez d'un livr d'une madame Lefèvre sur André Miller. Peut-être évoquez-vous Les Larmes d'André Hardellet (Editions du Rocher) ou Consigne des Minutes Heureuses (Edition du Rocher). Mon livre sur AH, publié aux éditions des Presses de la Renaissance (1990) est épuisé depuis longtemps. Mais il a été réédité aux éditions Le Castor Astral, en 1998, et est tout à fait disponible. Merci pour votre enthousiasme. Sachez que nous lisons simultanément Le Parc des Archers. Les coïncidences ne meurent jamais.

Merci pour les références. Une fois terminé Le Parc des archers et Lady long Solo, je plongerai dans Donnez moi le temps, dont l'introduction m'a aujourd'hui alléché(car la bibliothèque possède les 2 premeirs tomes de l'édition intégrale chez L'Arpenteur)! Je suis hypersensible à ce que vous dîtes sur les "coïncidences significatives" (qui sont sans doutes le gibier des "chasseurs"), il se trouve même qu'il y a belle lurette - ;) - que je complote (le brouillon existe dans mes archives bloguesques) d'ouvrir une nouvelle catégorie sur le blog, une sorte précisément de "Carnet de coïncidences", le moment est peut-être venu... En tout cas, j'apprécie déjà celui de notre lecture simultanée! Bien à vous.

Hardellet. La lecture des "Chasseurs" I et II, le n°5000 du Livre de Poche a été pour moi dans les années 70 une révélation.
Le "Poésie Gallimard" (qui propose 3 recueils parus chez Seghers) a confirmé le charme, la séduction, la beauté de cette oeuvre marginale d'un poète hors des sentiers battus, ami de Doisneau, des faubourgs, des banlieues...
Je tiens "Chasseurs" pour le plus beau recueil de nouvelles et poèmes jamais paru : étrangeté, vrai mystère, souci d'une langue sûre et imaginative...
Tout y est splendide : "Par cette lucarne, la seule dans la ville, on assiste aux travaux secrets de la nuit".
Merveilleux auteur, à redécouvrir comme il faut redécouvrir Carco, Fargue, Arland, Cabanis, Louis Chadourne, Boylesve...

Merci Philippe pour votre enthousiasme et les pistes de lecture que vous indiquez. Au plaisir de vous retrouver. Nous aurons beaucoup à y gagner.

Hardellet, le magicien
"La pluie ambrée" d'un vin, le "vous me lirez un jour avec courtoisie", l'humilité d'un prosateur hors-pair, le temps incertain qu'il nous adonné à lire et qui est la métaphore sans doute du contrat de lecture qu'il a instauré avec nous depuis ses premiers textes, HARDELLET, l'art des lettres. Jamais un homme de lettres ne le fut aussi vrai que lui. Pas de componction. Pas de m'as-tu-vuisme (comme on le déplore aujourd'hui). Rien que le sens de ce quidoit être dit, après avoir senbti, perçu dans le corps, les sens. Et quels sens, grands dieux de la poésie.
Ses mirettes lui font voir ce qu'un arrière de confessionnal, d'arrière-boutique, de coin reculé, de porte poussée illicite, recèlent de magique, d'étrange, de cette étrangeté absolue.
Oui, on te lira longtemps avec courtoisie, cher André, car on ne peut oublier tes ruelles, tes passages secrets, "tes lavoirs en ruine", "ces maisons éventrées" entre Fargue et Doisneau, dans l'aire minutieuse des dimanches rangés, pourrais-je dire.
Par sa "lucarne", j'ai vu repasser à allure lente toute mon enfance, ses linges, avant Quignard, ce fut Hardellet, le plus apte à m'affranchir de cette dépossession si triste des territoires de l'enfance. Le magicien Hardellet, l'art de rien, l'air de tout, me l'a restaurée, restituée!
Et c'est pas rien que de humer ces terroirs de sens, ces tiroirs d'essence précieuse, sans jamais l'être.
Hardellet? Aux cent métiers invcenteurs : "semeur de bruit", toucheur d'espace, rêveur de sens, faucheur de mort...que sais-je?
Saint-Hardellet, priez pour tous les poètes. Dites leur d'être simple et bon comme vous le fûtes avec les mots. Simple et profond à l'instar de Cadou, de Saba, d'Armand Guibert, de Jaccottet...