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andré hardellet

  • LA BOITE ❘ ANDRE HARDELLET

     

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    Encore une fois, je fais coulisser une vitre de ma bibliothèque, celle qui renferme les oeuvres d'André Hardellet. Je sais qu'en agissant ainsi, je vais glisser dans une veine du temps. D'ailleurs mon coeur bat. L'émotion est une chaleur dans ma poitrine. Ce que je ressens est semblable probablement à ce que j'éprouverais si je sautais dans le vide. Un saut sans risque, évidemment.

    Mes doigts s'attardent sur la tranche des Chasseurs, Livre de Poche, numéro 5000. Je sors le volume; la pulsation augmente. En regardant la couverture (René Magritte), je songe à la première fois. J'habitais Vincennes, rue Joseph-Gaillard, une perpendiculaire de la rue de Fontenay où naquit André Hardellet le 13 février 1911.

    Maintes fois je fis ce geste. A Vincennes, à Montreuil, à Nogent-sur-Marne, à Neuilly-Plaisance et c'est maintenant, en ouvrant le recueil que j'ai conscience du temps traversé. Mais c'est aujourd'hui que l'émotion est la plus forte.

    Car je ressens plus vivement le vertige à l'approche de la boîte à biscuits. C'est que la distance est plus grande, toujours plus grande, celle qui me sépare de l'enfance et de mes placards. J'ai atteint l'âge où la lecture des Chasseurs est plus éprouvante qu'un thriller. Car le temps de La boîte est celui du continent perdu, vraiment. Chaque jour désormais, selon la méthode définie par André Hardellet, j'escalade des étages et je suis les couloirs qui mènent à la porte. Chaque jour, la porte s'ouvre. Chaque jour, je me faufile dans un décor intact. Tout s'y trouve, à l'identique, sons et objets. Mais le père n'est plus et la mère trop âgée ne se souvient plus avec moi.

    Je me faufile seul, comme le narrateur de La boîte qui "éprouve l'impression de se noyer dans un tourbillon du temps", en constatant que "les biscuits au goût magique sont bien là". Guy Darol

    Les Chasseurs par André Hardellet

    La boîte, page34

    Le Livre de poche, 1977

     

  • LOUIS NUCERA EST L'AMI

     

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    Louis Nucera est l’ami. Celui qui accompagne l’homme de la rue mais aussi le trimardeur des chemins d’errance. Il peut échanger,  sans changer d’apparence, avec Alphonse Boudard et avec Cioran. Il ne fait pas de distinction entre le passant ordinaire et une figure de l’espèce notoire. Il est pareil à ceux qui nient l’arrogance du grade, l’insondable néant des podiums. Louis Nucera n’est plus. Un automobiliste hâtif a pris pour cible le flâneur bicycliste. C’était le mercredi 9août 2000.

    medium_Numeriser0039.jpgJ’eus le bonheur de le rencontrer sur le sentier qui va à André Hardellet. Son témoignage m’était précieux. Il avait connu l’auteur de Lady Long Solo et je préparais, pour la revue Jungle, un numéro d’hommage. J’étais ému de converser avec l’éditeur de Julien Blanc et d’Albert Paraz, le journaliste qui signait des articles effusifs dans le Magazine Littéraire et Le Monde. Je n’avais pas lu le romancier, une négligence réparée depuis notre première rencontre datant de 1986. Je possède désormais l’œuvre complète d’un écrivain qui occupe dans mon cœur la place où se côtoient Henri Calet, Antoine Blondin, Jean-Pierre Énard, Clément Lépidis, fragiles et fraternels.

    Si j’évoque aujourd’hui Louis Nucera, c’est qu’une histoire d’amitié m’en donne l’occasion. Lorsqu’il me reçut rue Caulaincourt, dans son belvédère qui contemple Paris, l’auteur de Mes ports d’attache énuméra les noms qui comptaient pour lui. Il citait Jef (Joseph Kessel), Henry Miller, Jean Cocteau, Michel Ohl mais ses yeux s’éclairaient différemment quand il prononçait celui d’André Asséo.

    André Asséo fut le producteur de l’émission Cinéfilms diffusée sur France Inter. Il créa le festival du cinéma italien à Nice et publia des ouvrages sur Jean-Louis Trintignant, Claude Chabrol et Joseph Kessel. Avec Louis Nucera, il écrivit la matière du film Jeanne, Marie et les autres. Tous deux se fréquentaient depuis que l’auteur de Chemin de la Lanterne (prix Interallié, 1981) pigeait bénévolement au Patriote, le quotidien communiste de Nice. C’était en 1956.

    Avec Louis Nucera, l’homme-passion, André Asséo compose un hymne à l’amitié. La couverture indique le mot biographie. Mais il s’agit plutôt d’une évocation sentimentale. L’approche ne rassemble pas tous les détails d’une vie qu’un volume de 167 pages ne saurait réunir. Tout Nucera s’y trouve mais assemblé comme les éclats d’un prisme cordial, quintessencié en quelque sorte et finalement illuminé par les lueurs de l’empathie. Le parcours est retracé avec les balises au bord de la route : Joseph Kessel, Raymond Moretti, Arthur Koestler, Vladimir Nabokov , Alphonse Boudard et Suzanne, la femme-fée. La passion du vélo (René Vietto, Fausto Coppi) est généreusement abordée. André Asséo montre surtout les constantes interactions entre la vie et l’œuvre.

    En 2001 paraissait aux éditions Le Castor Astral, Louis Nucera, achevé d’imprimer, un ouvrage mêmement enthousiaste. Bernard Morlino, biographe d’Emmanuel Berl et de Philippe Soupault, célébrait le « pessimiste hilare ». Le livre venait après le brusque choc et il en résultait un ton de fièvre (colère et amour mêlés). Ce sont deux volumes à découvrir car ils nous renseignent sur la principale vocation de Louis Nucera. Celle de l’attachement.

    Je suis heureux que ces livres existent perpétuant à leurs manières la vie d’un écrivain bien rare. Il était accessible. Il répondait présent. Guy Darol

    Ø LOUIS NUCERA, L’HOMME-PASSION

    Ø André Asséo

    Ø Éditions du Rocher, septembre 2006

    Ø 167 pages, 18 €

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    > LOUIS NUCERA, ACHEVÉ D’IMPRIMER

    > Bernard Morlino

    > Le Castor Astral éditeur, mars 2001

    > 247 pages, 14, 48 €

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  • JOSEPH BIALOT

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    Les rues de Paris (je devrais dire, comme Jacques Réda, les ruines de Paris) ont leurs observateurs plus ou moins touchants. Il y en a d’éminents, à commencer par Léon-Paul Fargue qui met de la poésie sur tout ce qu’il touche. D’autres, et en quelque sorte à la suite, ont fait parler le trottoir avec la voix de l’enfance. Ceux-là me sont très chers (Henri Calet, André Hardellet, Yves Martin…) et je cherche dans la littérature d’aujourd’hui, si difficile à débusquer, le murmure obstiné contre l’impérialisme de la maturité.

    On sait qu’il n’y a pas d’âge pour donner la parole au petit primitif. Je constate cependant que c’est bien souvent sur le tard, à la lisière du crépuscule, que l’enfant s’exprime le mieux. Comme s’il fallait passer par le labyrinthe du temps, le déroulement des décennies, pour atteindre le but qui est de retrouver les impressions premières, cette vertigineuse sensation de la vie sans fin.

    La littérature que l’on vend (promotion en batterie fanfare du toujours même chapelet de noms) met l’accent, faussement tonique, sur la jeunesse à belle gueule latex taillée dans la glace des magazines. Il faut être beau et jeune (le mythe du Rimbaud warrior) pour mériter publication. Comme tout le reste, la littérature a vu s’imposer les mains du marketing, la règle du consommé-jetable. Elle est devenue un secteur où la concurrence joue (si l’on peut dire) à plein régime. Je l’ai connue au temps de la zone et de ses malandrins.

    medium_Numeriser0013.3.jpgJoseph Bialot (comme Maurice Fourré, vous connaissez ?) a débuté en littérature après cinquante ans. Dès lors, il avait tout à dire et je crois qu’il a eu raison de se retenir pendant plus d’un demi siècle. Sa bibliographie compte une vingtaine de livres. À vrai dire, je ne l’aurais sans doute jamais lu sans le conseil mirobolifique de Christophe Daniel, mon libraire. Il vit et travaille à Morlaix (Finistère) et nous avons beaucoup à échanger sur Paris, vingtième arrondissement. Comme moi, il y a ses racines.

    Je ne l’aurais jamais lu Joseph Bialot parce qu’il évolue dans une zone où je ne traîne jamais, celle du roman noir, du thriller, de la littérature dite policière. Ces estampilles ne m’ont jamais intéressé et c’est à tort, probablement. Je devine qu’il se trouve dans ces tiroirs étiquetés de très grands écrivains. Et je pense, en particulier, à Marc Villard que je lis avec intensité, surtout depuis qu’il s’est dépris d’un genre, dont il est, paraît-il, le plus beau porte-plume.

    medium_Numeriser0014.3.jpgLe livre s’intitule Belleville Blues et ceux qui suivent ici mes dérives parisiennes ont compris que ce titre va à mes préférences. Joseph Bialot se souvient de son arrivée, presque triomphale, boulevard de Belleville, après un voyage de deux nuits et un jour dans l’express Varsovie-Paris. Voici donc un récit d’immigré. Qui évoque un quartier disparu, des falaises d’immeubles aujourd’hui effondrées. Nous sommes en 1930. Il rappelle, par exemple, qu’au sommet de la rue Oberkampf, là où s’arrête le 96, il attendait le bus au front duquel paradait la lettre Q. Joseph Bialot se remémore la plaisanterie qui courait alors. Le jeu « consistait à demander à un passant choisi au hasard : « Pardon, m’sieur, savez-vous où se trouve l’arrêt du « Q » ? » C’est ainsi que l’on riait au temps que la musique retentissait au Boléro, à la Java, et que sortir au cinéma (le Templia, le Cocorico, le Floréal, le Phénix, l’Impérator) durait toute une après-midi.

    Joseph Bialot ressuscite La Vielleuse, la maison des Saints-Simoniens, la Halle aux Chapeaux, bois et charbons, bistros innombrables (La Chope, La Lumière de Belleville, Le Métro), rues envolées : l’allée des Faucheurs (au nom prédestiné), la rue Vincent, le passage Kuzner. Et c’est une ville qui se réveille, le peuple et le cœur d’une ville. Milliers de visages effacés que la littérature (tel est son art) anime, sans concurrence possible. Seuls les mots, quand ils sont magiquement mariés, peuvent tromper la mort. Qu’il vive longtemps Joseph Bialot !

    >Belleville Blues, Joseph Bialot. Autrement, 2005. 99 pages, 10 €.

    >www.autrement.com

    >BIBLIOGRAPHIE AUX ÉDITIONS GALLIMARD

    BABEL-VILLE [1979] , 192 pages sous couv. ill., 108 x 178 mm. Collection Série Noire (No 1745), Gallimard -rom. ISBN 2070487458.
    Le même ouvrage , 224 pages sous couv. ill., 108 x 178 mm. Collection Folio policier (No 270) (2002), Gallimard -rom. ISBN 2070425282.

    LES BAGAGES D'ICARE [1991] , 224 pages sous couv. ill., 108 x 178 mm. Collection Série Noire (No 2259), Gallimard -rom. ISBN 2070492591.

    LE MANTEAU DE SAINT MARTIN [1985] , 192 pages sous couv. ill., 108 x 178 mm. Collection Série Noire (No 1994), Gallimard -rom. ISBN 2070489949.


    LA NUIT DU SOUVENIR [1990] , 224 pages sous couv. ill., 108 x 178 mm. Collection Série Noire (No 2215), Gallimard -rom. ISBN 207049215X.


    ROUTE STORY [1998] , 256 pages, 117 x 180 mm. Collection Série Noire (No 2503), Gallimard -rom. ISBN 2070496996.

    LE ROYAL-BOUGNAT [1990] , 192 pages sous couv. ill., 108 x 178 mm. Collection Série Noire (No 2239), Gallimard -rom. ISBN 2070492397.

    RUE DU CHAT CREVÉ [1983] , 192 pages sous couv. ill., 108 x 178 mm. Collection Série Noire (No 1903), Gallimard -rom. ISBN 2070489035.


    LE SALON DU PRÊT-À-SAIGNER [1978] , 256 pages sous couv. ill., 108 x 178 mm. Collection Super Noire (No 110), Gallimard -rom. ISBN 2070461106.
    Le même ouvrage , 256 pages sous couv. ill., 108 x 178 mm. Collection Carré Noir (No 548) (1985), Gallimard -rom. ISBN 2070435482.
    Le même ouvrage , 224 pages sous couv. ill., 108 x 178 mm. Collection Folio (No 2204) (1990), Gallimard -rom. ISBN 207038294X.
    Le même ouvrage , 224 pages, 117 x 180 mm. Collection Série Noire (No 1749) (1996), Gallimard -rom. ISBN 2070496139.
    Le même ouvrage , 224 pages sous couv. ill., 108 x 178 mm. Collection Folio policier (No 114) (2000), Gallimard -rom. ISBN 2070410307.

    UN VIOLON POUR MOZART [1989] , 192 pages sous couv. ill., 108 x 178 mm. Collection Série Noire (No 2184), Gallimard -rom. ISBN 2070491846.

    VOUS PRENDREZ BIEN UNE BIÈRE ? [1997] , 224 pages, 117 x 180 mm. Collection Série Noire (No 2443), Gallimard -rom. ISBN 2070496600.

  • HENRI RACZYMOW

    « Parce que chez eux, rue Bisson, faut dire, c’était pas brillant. C’était même franchement moche. Elle existe plus, aujourd’hui, la rue Bisson de ce temps-là, non plus que la rue Vilin ni la rue Dénoyez, à peine la rue Ramponeau, la rue Lesage, la rue Julien-Lacroix ni de Tourtille ni de Pali Kao ni du Sénégal. Vachement exotique par là, tu voyageais les doigts dans le nez et pour pas un rond. Ou même si elles existent encore ces saletés de rues, c’est plus les mêmes, plus du tout les mêmes.» Henri Raczymow

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    En traçant les contours de ma géographie sentimentale, je m’étais arrêté sur la rue du Pressoir, espérant compléter le puzzle avec les pièces que me tendraient mes visiteurs. Tout mon savoir sur cette rue (dont le nom subsiste, onomastique fantôme désignant un fragment de Paris converti en ghetto après le passage des bulldozers) reposant entièrement sur mes souvenirs, ceux de ma mère, j’en appelai (Robinson du temps enfui) aux témoins des années 1950-1960. Je citai, dans ce billet à la ressemblance d’un avion de papier, quelques écrivains ayant vécu dans ces parages (Georges Perec, Clément Lepidis, Louis Chevalier) et vous me fîtes cadeau de Raymond Queneau, de Jacques Réda, de Jacques Yonnet. Ceux-là témoignaient du changement voire de la destruction sans pour autant évoquer ma rue du Pressoir. Je continue à chercher sans désespérer de trouver d’autres voix, d’autres signes. J’ai relu Joseph Bialot (Belleville Blues, Autrement, 2005) puis Henri Raczymow.

    S’ils ont marché, c’est évident, sur mon trottoir, ils ne disent rien du café André, de l’épicerie de Madame Gilles. Leurs livres prononcent  le nom de la rue des Couronnes mais ne s’arrêtent pas sur le Café Tabac, avec belle terrasse, qu’il suffisait de tourner pour pénétrer mon domaine. medium_Numeriser0010.2.jpgHenri Raczymow est né en 1948. Ses parents habitaient au « 71, rue de la Mare deuxième étage au fond du couloir à droite ». Ce tendre évocateur de Belleville (Avant le déluge, Phileas Fogg, 2005), il me plaît de songer qu’il a enjambé mes exploits, lorsque sur le boulingrin de bitume, je poussais les billes d’argile, seul, toujours seul. Et à croupetons. Il avait douze ans Henri Raczymow. Je le vois bien exactement, ses culottes courtes à revers, le cheveu bref et calamistré. Je le vois bien exactement tenant son frère Alain, d’une main d’aîné. Je suis accroupi à l’endroit où le macadam est beaucoup fissuré. Mes billes ne risquent pas de se perdre dans le caniveau où coule une eau rapide. Ses souvenirs me ressemblent avec de grandes secousses en plus, horreurs d’exil et de déportation. Mais le quartier qu’il décrit (Belleville années 1950 est donné en sous-titre) me conforte en chaleur. Chaleur génésique du pêle-mêle. La vie pluriethnique et le babel des langues. Ce livre imagé où l’on peut se glisser rue Vilin, rue Bisson, rue Fessart, dans une cour de la rue Julien-Lacroix, a la puissance du grand œuvre. Henri Raczymow est en quelque sorte le Calet du vingtième arrondissement de Paris. Mais il possède un pneuma qui ne ressemble à rien. Sauf, à certains endroits, au souffle d’un promeneur à reculons. Je pense souvent à André Hardellet en le lisant. Celui de La Promenade imaginaire et de Donnez-moi le temps. Ceci, dans Reliques (Gallimard, 2005) : « Alors, elle est où, la vie, en vérité ? Vous l’avez vue, vous ? Vous l’avez vue passer par ici et repasser par là ? De quel manteau était-elle vêtue ? Ah bon, elle était toute nue ? Et alors, elle est dans le temps ou pas dans le temps ? »

    Et tout le reste qu’il faudrait mettre en exergue, et pas seulement à propos de Belleville, mais aussi de ce combat permanent que l’on mène, bien obligé, contre les bulldozers (toutes formes) qui écrabouillent le souvenir, puis le cœur et finalement nos pauvres petits squelettes. Guy Darol

  • MARCHER, UNE PHILOSOPHIE ❘ FREDERIC GROS

     

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    Frédéric Gros pouvait s'attacher aux pas d'André Hardellet qui fut un promeneur calibré pour figurer dans son essai respirant le grand air. André Hardellet, l'auteur de La Promenade imaginaire, de Donnez-moi le temps insista suffisamment (mais d'une voix semble-t-il trop sourde) en faveur de la marche, plus particulièrement de la flânerie, pour qu'on le place en exergue d'un ouvrage qui médite sur les coordinations de la promenade et de la pensée. C'est qu'en effet, Hardellet allait et, allant, écrivait ce qu'il n'avait plus ensuite qu'à copier.

    C'est tout le coeur palpitant du livre de Frédéric Gros, passionnant, haletant (je l'ai lu puis aussitôt relu) qui met ensemble dans Marcher, une philosophie, tous les actes vraiment rafraîchissants qui résultent de la marche à pied par monts et vaux, par rues et routes plus ou moins rectlignes.

    Ainsi est-il question de Nietzsche, de Rimbaud, de Thoreau, de Nerval, de Kant, de Gandhi et toujours des bénéfices de la promenade sur l'exercice de la pensée. Ceci dans un style d'arpenteur qui préfère la pente à la plaine.

    "En marchant, on échappe à l'idée même d'identité, à la tentation d'être quelqu'un, d'avoir un nom et une histoire. Etre quelqu'un, c'est bon pour les soirées mondaines ou chacun se raconte, c'est bon pour les cabinets de psychologues", Frédéric Gros.

    MARCHER, UNE PHILOSOPHIE

    Frédéric Gros

    Editions Carnets Nord

    302 p., 17 €

    www.carnetsnord.fr

     

    Frédéric Gros

    Frédéric Gros

    Frédéric Gros est professeur de philosophie à l’université Paris-XII. Il a travaillé sur l’histoire de la psychiatrie (Création et folie, PUF), la philosophie de la peine (Et ce sera justice, Odile Jacob) et la pensée occidentale de la guerre (Etats de violence, Gallimard). Il a édité les derniers cours de Foucault au Collège de France.

     

  • ROBERT GIRAUD ❘ OLIVIER BAILLY

     

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    Lorsque je rencontrai Robert Doisneau à Montrouge pour préparer un dossier André Hardellet (revue Jungle d'abord ; puis André Hardellet ou le Don de double vie, Le Castor Astral éditeur), les souvenirs coulaient comme rivière où l'on pêche. Robert Doisneau avait beaucoup à dire sur André Hardellet (qu'il photographia le verre à la main) mais chaque fois qu'il reprenait son souffle, c'est le nom de Robert Giraud qui lui venait aux lèvres. Robert Giraud était la liaison d'alacrité, la virgule du sourire, le remember radieux.

    Robert Giraud brille dans le magnifique livre qu'Olivier Bailly vient de lui consacrer. Un livre de voyage en littérature. De rade en rade, comme il se doit. Où l'on côtoie, dans une sorte de vraie chaleur, Antoine Blondin, Jean-Paul Clébert, Jacques Yonnet, Albert Vidalie, André Vers, Alphonse Boudard, Fréhel ... Une gouleyante biographie qui étanche la soif de lire. Guy Darol

    MONSIEUR BOB

    Olivier Bailly

    Editions Stock, Collection Ecrivins

    183 pages, 14,50 €

    Une homérique fiesta n'arrivant jamais seule, Le Vin des rues de Robert Giraud (édité en 1955) vient de reparaître chez le même éditeur, même collection, avec préface de Philippe Claudel.

     

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    LE BLOG D'OLIVIER BAILLY

     

  • POUR ANDRE HARDELLET

     

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    Il fut long à réaliser. Il est l'oeuvre de Pascal Sigoda et d'Olivier Houbert. Cet hommage à André Hardellet est désormais en vente Au Signe de la Licorne, 36 avenue Carnot 63000 Clermont-Ferrand.


    En voici le sommaire :


    I - La promenade imaginaire


    Patrick Cloux : Les effets secondaires

    Hervé Carn : La grammaire des émotions

    Georges-Olivier Châteaureynaud : Le seuil du jardin

    André Vers : Le temps du Vecchio

    John Taylor : Neuf petites proses

    Louis Nucera : L'enchanteur

    Guy Darol : Tête en l'air

    II - Lectures


    Alexis Constant : Marge et périphérie

    Olivier Houbert : Le grand stupéfiant

    Eleonore Real : L'Ecriture du secret

    Michel Lamart : Le fantastique d'André Hardellet : un réalisme poétique ?

    Françoise Demougin : Enfances de l'écriture

    John Taylor : Traces des jours disparus

    Philippe Claudel : vers l'Ile au trésor

    Joël Vernet : En marchant entre les pages d'Hardellet

    Guy Dupré : Le rêveur éveillé


    III – Dossier


    Françoise Demougin : Florilège critique -

    Françoise Demougin : Bibliographie

    Olivier Houbert : Notice biographique

    Notices biographiques des auteurs

    Renseignements :
    Au Signe de la Licorne
    36 avenue Carnot 63000 Clermont-Ferrand 
    Téléphone : 04 73 90 15 46 

    Courriel : ausignedelalicorne@yahoo.fr
    Site internet : www.ausignedelalicorne.com

    Tirage : 300 exemplaires (ne sera pas réimprimé)

  • PRESENCE D'ANDRE HARDELLET

     

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    En préparation depuis plusieurs années, cet hommage à André Hardellet est publié Au Signe de la Licorne, enseigne dirigée par Pascal Sigoda.

    Présence d'André Hardellet sera présent dans quelques librairies. Tiré à 300 exemplaires, le volume ne sera pas réimprimé. Il est prudent par conséquent d'en passer commande dès maintenant.

    André Hardellet (1911-1974) a été il y a trente cinq ans, sous Raymond Marcellin, l'objet d'une condamnation pour outrages aux bonnes mœurs par la 17ème Chambre correctionnelle de Paris. L'auteur du Bal chez Temporel, salué par André Breton et Julien Gracq avait en effet écrit un beau livre érotique, Lourdes, lentes…, un des rares qui soit lisible dans cette catégorie…

    Au Signe de la Licorne a décidé de le saluer par un ouvrage collectif et une importante bibliographie.

     

    SORTIE DECEMBRE 2008

    BULLETIN DE SOUSCRIPTION

    Je soussigné(e) Nom-Prénom :……………………………………………………………

    Désire recevoir : Présence d'André Hardellet (I.S.B.N. :978-2-913034-10-5), 268 pages
    …………………….exemplaires à 27 €
    Total : ……………..€uros

    Ci-joint mon chèque à l'ordre d'Au Signe de la Licorne

    L'envoi doit parvenir à l'adresse suivante :

    ……………………………………………………………………………………………….
    ……………………………………………………………………………………………….

    J'envoie cette commande et mon règlement à :

    Au Signe de la Licorne

    36 avenue Carnot 63000 Clermont-Ferrand

    Téléphone : 04 73 90 15 46

    courriel : ausignedelalicorne@yahoo.fr

    Site internet : www.ausignedelalicorne.com

     

     

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    AU SOMMAIRE

    La Promenade imaginaire :

    Patrick Cloux : Les effets secondaires

    Hervé Carn : La grammaire des émotions

    Georges-Olivier Châteaureynaud : Le seuil du jardin

    André Vers : Le temps du Vecchio

    John Taylor : Neuf petites proses

    Louis Nucera : L'enchanteur

    Guy Darol : Tête en l'air

    Lectures :

    Alexis Constant : Marge et périphérie

    Olivier Houbert : Le grand stupéfiant

    Eleonore Real : L'Ecriture du secret

    Michel Lamart : Le fantastique d'André Hardellet : un réalisme poétique ?

    Françoise Demougin : Enfances de l'écriture

    John Taylor : Traces des jours disparus

    Philippe Claudel : Vers l'Ile au trésor

    Joël Vernet : En marchant entre les pages d'Hardellet

    Guy Dupré : Le rêveur éveillé

    Dossier :

    Françoise Demougin : Florilège critique

    Françoise Demougin : Bibliographie - Notice biographique

    Olivier Houbert - Notices biographiques des auteurs

     

     


     

  • FIESTA POUR L'OISIVETE

     

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    Les candidats à la présidentielle font corps autour d’une même valeur, le travail. Jamais nous n’avions entendu clamorer avec autant de vacarme les bienfaits du travail. Comme s’ils se doutaient que la valeur n’enchantait pas, certains plus que d’autres insistent sur ses vertus. Travailler plus, c’est gagner plus. Différemment martelée, l’équation croustilleuse joue l’écholalie. On dit alors gagnant gagnant ou encore donnant donnant. Formules que l’on croyait en usage seulement dans les cours de récréation, lors d’une querelle de galapiats. Donc, le travail est à l’ordre du jour, comme un « point d’or » (Joseph Delteil), comme un pont céleste. Et l’on sent bien qu’il n’est pas que la réponse (tautologique) à la question du chômage. On devine autre chose.

    Par exemple, on devine la captation des énergies lascives sur la voie de l’effort. Non pas l’effort anti-productif des ahanements du plaisir, du frisson eudémoniste. Plutôt l’effort utile, celui qui sied aux acteurs marchands. L’huile de coude opposée à la sudation des joies. Et l’on voit bien que l’intention est de régler le pas, de mettre en rang, d’imposer au sifflet la marche courbée. Il s’agit en somme de réorganiser sur un ton martial une société hostile. Bien inspirée, il faut dire, par l’injonction qui fit florès en d’autres temps : « Ne travaillez jamais ! » Cette inscription de Guy Debord sur un mur du Quartier Latin ayant ouvert des voies, on s’applique aujourd’hui, avec des mots d’équerre, à effacer son souvenir.

    L’éloge de la paresse serait-il un hymne au sommeil ? Je ne le crois pas. La paresse est l’antidote aux effets du travail. Rappelons-nous que le travail, pour ce qu’il entre dans l’équilibre machinique, la belle harmonie du commerce, est synonyme d’oubli de soi. Et l’on sait que l’oubli de soi est l’étage supérieur de l’abandon à toutes les crapuleries. Que faire, lorsqu’on a tout donné, toutes ses forces, les étincelles de son corps et de son esprit ? Rien, il ne nous reste rien, sinon la soumission au spectacle cathodique, ultime réflexe avant l’endormissement.

    Or, la valeur travail est une ruse gigogne. Elle absorbe toutes les nuances du plaisir. Elle nie la créativité, la puissance d’être soi, dans la pleine possession de sa pensée, en contrôle de son êtreté. La société qui se dessine, vorace de notre temps, est une machine à tuer l’oisiveté. Impétueuse soufflerie, elle n’a qu’un but. Emporter dans une tornade noire, les principes de la paresse : gratuité et jeu. Car il n’est de vraie vie sans l’éden du jeu et la rencontre gratuite, sans l’innocence et le rêve, sans l’art que nous possédons, seul bien commun.

    « Fay ce que vouldras », devise de l’abbaye de Thélème, indiquait le chemin de la liberté, celui que l’on suit en flânant dans l’observance d’un temps qui ignore l’impérative cavale des heures.

    André Hardellet, un allié rabelaisien, nota mirifiquement que  l’oisiveté est mère de tous les talents. Il ne parlait pas trop vite. Cet antinomiste (qui tombe à pic ces jours-ci) employa les minutes de sa vie à ralentir tandis que la vitesse battait son plein. En lisant La promenade imaginaire, Donnez-moi le temps, la méthode vous est donnée. Elle convient à ceux qui résistent à l’entourloupe de la séduction-travail.

    Herman Hesse rédigea un ensemble de billets qui estoquaient les tayloristes de l’existence. Son Art de l’oisiveté est un régime succulent qui rejoint pointilleusement les conseils pour faire halte d’André Hardellet.

    Une fois de plus, ne nous laissons pas abuser par le discours malin des affidés de l’économisme. En aucune manière, nous ne chanterons les laudes du travail, le dogme de la servitude, l’écrasement du rêve moteur de la réalité. Il est d’autres penseurs, désobligeants, qui refusent de se coucher aux ordres. Prenez le temps, avant qu’on vous le vole, de puiser dans leurs livres d’éveil, le suc roboratif. Lisez plutôt ou relisez, dans les entractes du labeur, aux toilettes (selon Louis Calaferte, selon Henry Miller), ces joyaux de la littérature qui invitent au relâchement : Paul Lafargue bien sûr, également Clément Pansaers (L’Apologie de la paresse), Bertrand Russel (Éloge de l’oisiveté), Kazimir Malevitch (La Paresse comme vérité effective de l’homme), Robert Louis Stevenson (Une apologie des oisifs) et toute chose relançant l’espoir que la vie n’appartient pas aux puissances d’argent. Guy Darol

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    « Je suis un rêveur, un ennemi de toute règle et de toute mesure. Je cours d’une pensée à l’autre, d’un pays à un autre pays, comme l’hirondelle qui laisse aux beaux jours le soin de diriger son vol », Ernest Cœurderoy.

  • CYNTHIA 3000

     

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    Saluons chaleureusement Grégory Haleux et Céline Brun-Picard qui viennent de donner naissance à une petite (deviendra grande) maison d'édition en ligne.

    Un premier ouvrage vient de paraître.

    medium_fe874c037c7e4c16e25f0bb1df77fcbe.jpegEtant donnés qui résulte de la dérive, suggère immédiatement les noms de Guy Debord, Restif de la Bretonne, André Hardellet, Gérard de Nerval. Celui de tous les flâneurs nocturnes, connus et anonymes. Livre duel, conjugaison des flux de l'image et du verbe.

    Signalons que Grégory Haleux est l'autre nom du blogonaute Bartlebooth.

    Cynthia 3000 : un nouveau pressing dans votre quartier ? l’événement du salon de l’auto ? la colocataire d’Ulla ? 1 pseudo tro grave ?
    Cynthia 3000 est une maison d’édition fondée dans l’intention que nos productions littéraires, diffusées en partie par internet sur nos blogs, connaissent une existence matérielle (d’autant plus que certaines de ces séries furent conçues dans l’objectif du livre). Pour ce faire et dans le souci de conserver une grande indépendance, il nous a paru évident de créer notre propre structure — par conséquent de fabriquer, diffuser et mettre en vente nous-mêmes nos ouvrages.
    Avec la première parution,
    Etant donnés , nous commençons donc par une auto-publication. Dans cette voie, cinq de nos textes sont déjà prévus pour l’année à venir : des écrits où l’intérêt pour la langue et l’expérimentation dominent, où le sens se trame plus qu’il ne s’énonce, préférant même se faire non-sens, une poésie jouant de l’instabilité, des bifurcations et dérapages…
    Nous projetons également d’éditer d’autres auteurs contemporains, se situant hors des modes et des compromis, ne se préoccupant ni de se faire bien voir du gratin poétique ni de tortiller bigotement du cut-up.

    Un autre volet des éditions Cynthia 3000 est consacré à la réédition d’œuvres insolites, méconnues et pour la plupart devenues introuvables, qui nous semblent mériter de rencontrer des lecteurs d’aujourd’hui.
    Ce site, extension des éditions, présente nos parutions, les auteurs, toutes informations concernant nos activités, et permet la commande en ligne de nos livres. Il est accompagné d’un blog où il sera question de nos lectures, de nos centres d’intérêt littéraires et artistiques, et où l’on trouvera des extraits de textes en cours et tout le tralala.
    Céline Brun-Picard & Grégory Haleux.

    CYNTHIA 2000

    43, avenue du Général Sarrail

    51000 Châlons-en-Champagne

    cynthiatroismille@yahoo.fr

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