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vincennes

  • LA BOITE ❘ ANDRE HARDELLET

     

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    Encore une fois, je fais coulisser une vitre de ma bibliothèque, celle qui renferme les oeuvres d'André Hardellet. Je sais qu'en agissant ainsi, je vais glisser dans une veine du temps. D'ailleurs mon coeur bat. L'émotion est une chaleur dans ma poitrine. Ce que je ressens est semblable probablement à ce que j'éprouverais si je sautais dans le vide. Un saut sans risque, évidemment.

    Mes doigts s'attardent sur la tranche des Chasseurs, Livre de Poche, numéro 5000. Je sors le volume; la pulsation augmente. En regardant la couverture (René Magritte), je songe à la première fois. J'habitais Vincennes, rue Joseph-Gaillard, une perpendiculaire de la rue de Fontenay où naquit André Hardellet le 13 février 1911.

    Maintes fois je fis ce geste. A Vincennes, à Montreuil, à Nogent-sur-Marne, à Neuilly-Plaisance et c'est maintenant, en ouvrant le recueil que j'ai conscience du temps traversé. Mais c'est aujourd'hui que l'émotion est la plus forte.

    Car je ressens plus vivement le vertige à l'approche de la boîte à biscuits. C'est que la distance est plus grande, toujours plus grande, celle qui me sépare de l'enfance et de mes placards. J'ai atteint l'âge où la lecture des Chasseurs est plus éprouvante qu'un thriller. Car le temps de La boîte est celui du continent perdu, vraiment. Chaque jour désormais, selon la méthode définie par André Hardellet, j'escalade des étages et je suis les couloirs qui mènent à la porte. Chaque jour, la porte s'ouvre. Chaque jour, je me faufile dans un décor intact. Tout s'y trouve, à l'identique, sons et objets. Mais le père n'est plus et la mère trop âgée ne se souvient plus avec moi.

    Je me faufile seul, comme le narrateur de La boîte qui "éprouve l'impression de se noyer dans un tourbillon du temps", en constatant que "les biscuits au goût magique sont bien là". Guy Darol

    Les Chasseurs par André Hardellet

    La boîte, page34

    Le Livre de poche, 1977

     

  • LE CENTRE EXPERIMENTAL DE VINCENNES ❘ ROUTE DE LA TOURELLE ❘ 1969-1980

     

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    Dans cette Brocéliande des dimanches qu'est le bois de Vincennes, certains d'entre vous ont arpenté le rêve surgit de terre à l'hiver 1968. Ce rêve d'abord appelé Centre Universitaire Expérimental de Vincennes fut désigné sous le nom de Paris 8 avant d'être rapidement détruit en juillet 1980. Comme vous, je m'y trouvais, souvent le soir. Là, s'exerçait la conjugaison des flux, des lignes, des courbes ; l'entretressement de tous les savoirs offert à tous les âges de la vie, aux étudiants et aux non-étudiants. Cette expérience était dangereuse et renversante. Cela ne pouvait pas durer que l'on puisse aussi librement que possible apprendre et interagir avec Gilles Deleuze, François Châtelet, Jean-François Lyotard, Hélène Cixous, Henri Laborit, Michel Foucault, Jean-Pierre Richard, Michel Butor, Michel Serres... Apprendre en empruntant les chemins de traverses qui défient les pratiques insulaires, les théories étanches. Un livre est paru cette année qui retrace l'aventure, commentée par ses acteurs, fort illustrée (insuffisamment à mon goût) et dans lequel,  Philippe Tancelin, poète, étudiant à Vincennes puis professeur à Paris 8, résume en un texte magnifique ce que fut « l'éternité au cœur même de l'éphémère ». Guy Darol

    VINCENNES, UNE AVENTURE DE LA PENSEE CRITIQUE

    Sous la direction de Jean-Michel Djian

    Flammarion, mars 2009

    45 €

     

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