Il y a comme une odeur de fulmicoton dans l'air. Dans moins de six mois on célébrera à coups de sérénades lacrymales (peut-être lacrymogènes) l'événement. Mai 1968 aura quarante printemps.
Laurent Chollet ouvre la salve avec un album robuste. Il est l'auteur de L'insurrection situationniste (Dagorno, 2000) et d'un 1968, une histoire collective (La Découverte) à paraître.
D'entrée, remercions-le de nous entraîner dans d'autres alcôves. Impossible d'éviter la Quatrième internationale, les bûlots situationnistes, une visite de la librairie La Vieille Taupe, un zoom sur la Mutualité. Laurent Chollet a compris que la sédition avait pris corps dans la chair à papier. Et c'est avec une joie sans grumeaux que l'on accomplit avec lui une marche à rebours à travers Satanik, Bizarre et Midi-Minuit Fantastique. Car Mai 68 n'aurait été que fumée sans feu si l'on avait écarté ces penseurs désobligeants que sont Jacques Sternberg, Jean Rollin, Michel Caen. On lui sait gré de nous montrer La Motocyclette de Jack Cardiff et de nous faire entendre le bruit de Maurice Lemaître. Ce sont ces signes assurément qui feront défaut dans le rappel des faits. Images succulentes. Mots croustilleux. Un livre durable.
LA REVOLTE EN IMAGES
MAI 1968
Laurent Chollet
Préface Michel Le Bris
Editions Hors Collection
111 pages, 21 euros