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  • FESTIVAL PRESENCES ❘ RADIO FRANCE ❘ HOMMAGE A FRANK ZAPPA

     

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    Le deuxième week-end du festival Présences 2009-2010 aura lieu à Paris du 13 au 15 novembre. La promesse en est simple : Peter Êötvös rend hommage à un trublion nommé Frank Zappa. Ouverture des festivités le 13 à 20h, salle Olivier Messiaen, avec la participation, notamment, du Choeur et de l'Orchestre Philharmonique de Radio France.

    Frank Zappa (1940-1993), compositeur et guitariste américain, reste seize ans après sa mort une figure unique, ambiguë, adulée. Né à Baltimore, mort à Los Angeles, et bien qu'étant lui-même un marginal dans le monde du rock, Zappa fait figure de mythe : son public est formé d'inconditionnels absolus, exclusivement.

    Au fait, comment s'est-il fait connaître ? Par le biais des Mothers of Invention, dans les années 60, avant de mener par la suite des projets parallèles. Expérimentation et dérision sont les clefs de son œuvre. En inventant et réinventant le jazz-rock et en y amenant des influences hétéroclites improbables, Zappa, même si le grand public est passé à côté de la plupart de ses créations, fait partie du cercle fermé des créateurs qui ont marqué la musique du XXe siècle.

    Et puis, il y eut ce concert du 9 janvier 1984, au Théâtre de la Ville à Paris, au cours duquel Pierre Boulez et son Ensemble Intercontemporain donnèrent en création mondiale trois œuvres de Zappa. Ce surprenant rapprochement entre la carpe et le lapin eut un retentissement certain dans les deux milieux concernés : les réactions des adorateurs du maître de l'Ircam se croisant avec celles des aficionados du rocker marteau sont à mettre au panthéon de l'incompréhension qui règne généralement à propos de ce genre de tentative. La stature des deux protagonistes donna toutefois à ce projet une ampleur hors du commun.


    The Perfect Stranger - Dupree's Paradise

    Un mot, par Zappa lui-même, sur les deux oeuvres qui seront jouées le 13 décembre.

    «Dans The Perfect Stranger, un représentant de commerce fait du porte-à-porte, accompagné de son fidèle aspirateur industriel de type mutant-gitan, et caracole de manière licencieuse avec une ménagère débraillée.
    Nous entendons la sonnette de la porte d'entrée. Les sourcils de la dame se lèvent tandis qu'elle aperçoit, à travers les rideaux défraîchis, le bout de l'appareil ménager. Puis c'est le sac à poussière de démonstration qui est éparpillé sur le tapis et on nous assène un assortiment de réflexions très exagérées concernant la valeur spirituelle du chrome, du caoutchouc, de l'électricité et du bon ordre domestique. Toute la transaction est observée à bonne distance par Patricia, la chienne, assise sur une chaise de bébé.

    «Dupree's Paradise est un bar situé sur Avalon Boulevard à Watts. Il est six heures du matin, un certain dimanche de 1964. La jam-session matinale est en cours. Pendant sept minutes environ, les habitués (ivrognes, musiciens, dégénérés et policiers) font justement les choses qui en font des marginaux.»


    Pourquoi Peter Eötvös ?

    Compositeur sérieux, auteur des opéras Trois soeurs, Le Balcon et Angels in America, Peter Eötvös éprouve une passion de toujours pour Zappa, qui ne s'explique pas. Ou plutôt qui pourrait s'expliquer, mais qui résiste malgré tout à toute tentative d'épuisement par la raison. Ce qui nous vaut, après la mémorable intégrale Varèse, les 3 et 4 octobre, un festival Zappa en trois concerts, le temps de ce deuxième week-end Présences.

    Le 13 novembre, Peter Eötvös fera entendre deux de ses propres partitions, Seven et Ima, données en création française et juxtaposées aux deux oeuvres de Zappa précitées. Il nous parle ici lui-même de son concerto pour violon Seven.


    Seven (Memorial for the Columbia Astronauts)

    «La catastrophe de la navette spatiale Columbia, le 1er février 2003, fut un événement dramatique qui m'a beaucoup affecté. L'image d'un casque d'astronaute vide et intact qui faisait partie des débris trouvés au sol a symbolisé pour moi cette tragédie dans laquelle sept personnes ont trouvé la mort peu de temps avant le retour de la navette sur Terre.

    «J'avais le projet d'écrire un concerto pour violon depuis longtemps. Etant donné les événements tragiques de la 28e Space Shuttle Mission, j'ai repris cette idée ; le concerto pour violon comme dialogue entre soliste et orchestre me paraissait particulièrement approprié pour donner une forme musicale à la mémoire des astronautes tués. 
    Chacun des sept astronautes a reçu sa cadence dédicatoire personnelle. La composition même reflète la représentation de leurs personnalités, par exemple par des réminiscences des cultures musicales de Kalpana Chawla, l'astronaute américaine née en Inde, et d'Ilan Ramon, le premier Israélien dans l'univers. 
    Le nombre 7 définit la structure musicale et rythmique de l'œuvre, et décrit en même temps le principe fondamental de la composition : 49 musiciens sont divisés en 7 groupes. Outre le violon soliste, il y a 6 autres violons qui se dispersent dans la salle. Ils ressemblent sept satellites ou âmes sonnant et planant dans l'espace.

    «Le concerto pour violon Seven est un monologue très personnel et l'expression musicale de ma compassion pour les sept astronautes qui ont laissé leur vie pour l'exploration de l'univers et la concrétisation d'un rêve humain.»


    IMA, prière pour un continent disparu

    IMA est le second volet d'un dyptique commencé avec Atlantis. La première œuvre se concentrait sur la civilisation développée du huitième continent mystérieux qui fut détruit par un tremblement de terre. Avec IMA, Peter Eötvös s'en rapproche de nouveau, mais avec une autre perspective, à savoir d'un point de vue d'aujourd'hui. Le chœur qui, selon Eötvös, «est identique à nous» regarde l'Atlantide disparue du haut du présent... Le mot hongrois IMAsignifie «prière».

    Dans ce contexte, IMA non seulement commente la fin de l'île mais témoigne d'un nouveau départ.

    Utilisant une langue phonétique, Eötvös adhère à l'hypothèse selon laquelle les habitants de l'Atlantide n'ont vraisemblablement pas communiqué entre eux sous une forme grammaticale logique, mais sous une forme magique animiste.
    Un chaos primitif devrait toucher tous les gens au fond de leurs âmes : IMA nous fait sentir les fondations de la civilisation humaine.

    F. P.

    13 Novembre 2009 à 20H00
    Présences
    Maison de Radio France /Paris
    Salle Olivier Messiaen

    Le concert du 13 novembre sera diffusé en différé sur France Musique.

    Source : RADIO FRANCE