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JEAN-PIERRE GEORGE ❘ METAPHYSIQUE DU STRIP-TEASE

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En marge des méthodes actuelles qui recommandent de surproduire pour exister un peu, Jean-Pierre George est un écrivain du compte-gouttes. Il publie peu mais  qu’il écrit bien !
L’illusion tragique illustrée, son premier livre, fut édité en 1965. Ce compagnon discret des Situationnistes avait été contacté par Guy Debord pour participer de l’aventure mais Jean-Pierre George lui préféra la dérive des passions qui brûlent. L’auteur de La Société du spectacle dont on ne peut nier l’humeur sélective jurait cependant que L’illusion tragique illustrée était un ouvrage majeur.
Le Diable et la Licorne vérifie, d’une certaine manière, ce que les Situationnistes exigeaient de la vie : qu’elle soit inspirée par les chauds principes de Charles Fourier, qu’elle suive les vicinales de l’amour vrai plutôt que l’autoroute des vanités.
C’est au cours d’une soirée chez Henri Lefebvre – marxiste éminent dont l’œuvre réflexive décrit les rapports entre langage et marchandise – que Jean-Pierre George s’éprend de L.M. (Lady Madonna), reine du strip-tease aux grandes heures du Crazy Horse Saloon. Rita Lenoir transcende le jeu de la mariée mise à nu en se vouant à ce type de théâtre que fit germer Antonin Artaud. Dès lors, elle intéresse Marcel Maréchal, Antoine Bourseiller et tous ceux qui voient en elle l’incarnation combinée des masques de Georges Bataille et de Paul Delvaux.
Ses performances déplacent Jean-Paul Sartre, Léonor Fini , Jack Nicholson, Lucia Bose. Elle est la femme hantée par excellence, celle dont la nudité révèle les fantômes.
Promis à une carrière d’écrivain officiel, Jean-Pierre George s’épanouit à la lumière de L.M. Plus exactement, il grandit et souffre dans son ombre. Car il est inutile de dire que Jean-Pierre George disparaît à l’instant où apparaît sa Madone. Il n’est plus rien que dévouement absolu, adoration infinie, pur amour. Cependant, l’illusion tragique se dresse entre son idole et sa passion, quelque chose comme cette abrupte vérité égale de la mort : une fin de partie.
Jean-Pierre George s’enferme alors dans l’attente, entre des murs qu’il peint en noir. Sa vie tout à fait privée de lueur se recrée au sein même de ce livre dont la portée est supérieure à celle d’un simple témoignage. Le Diable et la Licorne, grand œuvre assurément, où résonnent les sonorités hyperdéliques de Peter Hammill (Van Der Graaf Generator), des Beatles et des Doors, fait écho à la vertigineuse poésie des damnés que furent Jean-Pierre Duprey et Stanislas Rodanski. D’ailleurs, L.M. (Rita Lenoir) n’est pas sans rappeler la Rita de La Victoire à l’ombre des ailes, l’héroïne en celluloid du roman sans comparaison de Rodanski.
Quant à ce troisième ouvrage de Jean-Pierre George, prosateur aux paupières de jupes, il est écrit comme un cristal. A travers lui s’exprime toute cette période aventureuse (la décennie soixante) qui  hésita entre révolution et éclipse, errance et étreinte.
Certaines de ses pages auraient pu prendre place dans l’Anthologie de l’humour noir d’André Breton, cette antithèse du mensonge que Guy Debord confia un jour à Jean-Pierre George sans se douter – mais Debord n’était-il pas voyant ? – qu’il allait être lu par un grand écrivain post-punk. Au demeurant, Le Diable et la Licorne peut être honnêtement considéré comme un ultime traité de l’amour fou. Guy Darol


Le Diable et la Licorne, Métaphysique du strip-tease

Jean-Pierre George.

La Table Ronde, 16 €.

Pascal Comelade dans ses Ecrits Monophoniques Submergés (Editions Camion Blanc, 1999) :

"Rita Lenoir, la plus fameuse strip-teaseuse du monde, a participé à la pièce de Picasso Le Désir attrapé par la queue, représentée en 1967 à Saint-Tropez, avec un accompagnement musical de Soft Machine, en chair et en os et en personne."


Commentaires

  • Cher Guy Darol, trouvez ici mes meilleurs remerciement. Jpg

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