Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

JEAN-LUC MOREAU ❘ SIMONE DE BEAUVOIR

 

d7aa369362b40e993fd786d3fb091eac.jpg

Les célébrations tombent à verse sur le centenaire de la naissance de Simone de Beauvoir. Remémorations tabloïd et hertzienne vont bon train, soulignant (à juste titre) l'engagement pionnier, militance de toute une vie, cause des femmes. Quotidiens, hebdomadaires, radios, téloches nous le rappellent. Simone de Beauvoir se voulut femme indépendante. (« On ne naît pas femme : on le devient... C'est l'ensemble de la civilisation qui élabore ce produit intermédiaire entre le mâle et le castrat qu'on qualifie de féminin. » ) Quelques-uns de ses ouvrages sont cités qui renvoient le spectateur hâtif, avide d'images flash et de brèves expédiées, à une oeuvre qu'il ne lira peut-être jamais. Tout va si vite.

Hommages rapides. Hommages de circonstance. Le nom de Simone de Beauvoir nous reviendra en 2036, un demi-siècle après le trépas. Quelques livres cependant vont plus loin que l'oeillade. Peu cités par des médias qui ne semblent pas au courant. Ceux d'Huguette Bouchardeau, de Danielle Sallenave méritent lecture. Ce sont auteurs qui ont beaucoup à dire. Jean-Luc Moreau n'a pas cherché dans le calendrier des nécrologies fameuses pour cadrer un sujet qui ferait parler de lui. Le théoricien de La Nouvelle Fiction, meilleur exégète de l'oeuvre de Frédérick Tristan et contributeur de qualité aux revues La Presse Littéraire et La Soeur de l'Ange, possède un certain bagage qui l'autorise à écrire sur Simone de Beauvoir. Jean-Luc Moreau a publié Le Paris de Jean-Paul Sartre et de Simone de Beauvoir (Editions du Chêne, 2001) et Sartre, voyageur sans billet (Fayard, 2005), deux sommes incontournables.

Avec Simone de Beauvoir, Le goût d'une vie, Jean-Luc Moreau pose, d'une certaine façon, la dernière pierre d'un triptyque mis en chantier il y a sept ans. Mais il serait assez stupide de croire que cet écrivain (nouvelliste, essayiste, traducteur) s'est mis au goût du tandem Sartre/de Beauvoir à la lisière du nouveau siècle. Ancien professeur de philosophie, ce membre de l'ex-revue Roman est un lecteur complet, un connaisseur passionné, un passeur et, disons-le, un herméneute au style limpide.

Clair, son point de vue est clair. Tout est inclus dans le titre qui soutient cette évocation de Simone de Beauvoir : Le goût d'une vie. Son essai (un coup de maître !) consiste à exposer (livres et biographèmes à l'appui) l'ensemble des caractéristiques gustuelles  qui traversent une oeuvre, une vie. Nulle anecdote faquine, Jean-Luc Moreau écrit textes en mains. Ceux de Simone de Beauvoir évidemment, de Sartre bien sûr, de Nelson Algren, il va de soi. Autres encore. Il élabore autour du goût un tracé savant, sorte de spire entretressée, qui dit chez Simone de Beauvoir l'impulsion de vie. Depuis la colère en triomphe jusqu'au triomphe de la détresse.

Approche d'une vie, réflexion élucidante, Simone de Beauvoir, Le goût d'une vie est à mon sens l'ouvrage qu'il convient de posséder pour comprendre ce que signifie, pour un écrivain née femme en 1908, aimer  la littérature, admirer le geste d'écrire,  chercher le bonheur. D'une écriture alliée à la promenade, souple, chaleureuse, tactile, Jean-Luc Moreau convie chaque lecteur curieux de connaître (de connaître vraiment) le feuilleté de la vie de Simone de Beauvoir (ambiguïté, multiplicité), ses enthousiasmes, ses inquiétudes, ses terreurs. Et, comme après la lecture d'un grand livre, on en ressort un peu moins bête.

JEAN-LUC MOREAU

SIMONE DE BEAUVOIR, LE GOUT D'UNE VIE

ECRITURE

369 pages, 22 €

www.editionsarchipel.com

 

Les commentaires sont fermés.