Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Revue Change

  • GENEVIEVE CLANCY

    97398957178ce15ad300c9dc49deddf3.jpg
    Geneviève Clancy❘Philippe Tancelin❘Jean-Pierre Faye
    Stéphanette Vendeville

    "Ce qui s'annonce alors deviendrait mouvement du change des formes. Et ce qui entrait dans ce devenir sera l'annonce d'une narration nouvelle. A laquelle Mitsou Ronat va donner le nom paradoxal et provisoire de "l'épique abstrait". Non pas l'emboîtement du récit dans le récit, chose faite dès Apulée, mais l'action du récit sur le récit. La production des six livres de L'Hexagramme au même moment se projette tout entière sur la parution du sixième, achevé dès février 68, Les Troyens, qui apparaît en 1971 sous le signe Change. Auparavant il est souhaitable à mes yeux de publier au plus tôt les autres livres, les livres des autres. Je voulais voir paraître Le Carnaval de Montel et Dire de Danielle Collobert. Le premier sera publié en 70. Le livre signé Collobert paraîtra en même temps que Fête couchée de Geneviève Clancy. Deux écritures de femmes ouvrent l'année 72, retardés indéfiniment au Seuil et libérés après la crise névralgique de l'année 71. Avec les deux livres de femmes, Change a un corps. Viendra celui d'Agnès Rouzier, dont Deleuze écrira : "Vous n'écrivez pas sur le sexe, vous écrivez seulement." La pensée de Mitsou Ronat sera la vigile, là où battent les voiles, dans presque tous les numéros de Change."

    Ainsi parle Jean-Pierre Faye dans cette livraison de la revue Faire Part qui nous rappelle que le mot Change fut donné par Maurice Roche. Ainsi parle Jean-Pierre Faye et aussitôt mon coeur s'agite au souvenir de Geneviève Clancy disparue en octobre 2005 et qui livre avec Fête couchée une estocade définitive contre les partisans de la connaissance illuminative. Avec elle désormais la conscience sera émeutière et le langage une prison libérée.

    Avec Dire de Danielle Collobert, Fête couchée inaugure la forme changée au service de la transformation immédiate, sans attendre, des formes de vie.

    J'ai lu Geneviève Clancy (et Philippe Tancelin, deux noms qui réalisent ensemble le duo en un) et je l'ai rencontré. Souvent. Jamais dans les salons, il va de soi. Geneviève Clancy ne se montrait que dans les lieux où le terrain glisse. Là où il faut faire vite. Agir et dire sans atermoyer. Locaux prolétaires, foyers, salles aménagées en espaces de confrontations. Autour d'elle : l'humanité désignée par la vindicte des puissants.

    Elle n'est plus là aujourd'hui que l'on se défenestre pour échapper aux forces de guerre. Son dire, ses mots heurtés contre le heurt des armes, ne sont plus auprès de l'humanité fragile. Auprès de nous.

    Souvent on se donnait rendez-vous au coin de la rue Soufflot, dans un café d'angle aujourd'hui disparu. De littérature nous parlions. Si peu. Plutôt de l'horreur quotidienne. L'horreur du malheur constant. La peur de vivre quand l'on ne peut être jamais chez soi. Quand il est illégal d'être simplement humain.

    Son exigence poétique, l'ignition du regard doux, la sororité fraternelle et la possibilbilité que la littérature peut, de tout cela il est question à travers ces vidéos qui nous demandent de ne pas mollir.

    Voir la vidéoconférence de Geneviève Clancy

    Voir l'hommage à Geneviève Clancy

    Se souvenir de Geneviève Clancy

     

  • COLLECTIF CHANGE ❘ FAIRE PART

     

    88a03870277e7f393986a83f1e11957f.jpg

    Mon coeur bat à l'évocation de certains mots : La Délirante de Fouad El-Etr. Exit de Patrice Delbourg, Jean-Marie Gibbal, Olivier Kaeppelin. L’Humidité de Jean-François Bory. Le Nouveau Commerce d’André Dalmas et Marcelle Fonfreide. Phantomas du chimiste Théodore  Koenig. TXT de Christian Prigent et Jean-Luc Steinmetz. L’Énergumène de Gérard-Julien Salvy. Minuit de Mathieu Lindon. Tel Quel. Change.

    Ce sont les mots du souvenir d'une rue. La librairie Tschann par exemple. Celle qui voisinait autrefois avec la rue du Montparnasse. Ses éventaires à même le trottoir étaient une promesse de révolution. Les revues que l'on consultait entraînaient la roue du changement. Un changement profond. Celui de la forme et du fond.

    Là que je découvris la blanche couverture de Change marquée de rouge. Là que je pris conscience des rapports entre la langue et le décor, les mots et la réalité. J'aperçus que la forme de l'écrit pouvait transformer l'aspect de nos vies. Les années 1970 permettaient ce type de passerelle. Il était évident que l'écriture avait à voir avec chaque chose. La littérature était alors un mot sérieux, une alarme, un geste susceptible de renverser l'infernale fixité du désastre. Toujours actuel.

    Renverser la langue conduisait à retourner le pouvoir des flics de la pensée.

    On pouvait en déplaçant la convention du récit nuire dangereusement aux assises du pouvoir.

    L'écriture pesait d'un poids qu'il est impossible de concevoir de nos jours.

    Des individus s'engageaient en poésie comme on s'engage en politique.

    C'était tout comme.

    La revue Change me persuada qu'il existait vraiment un lien entre l'état des choses et la possibilité d'une transformation. Jean-Pierre Faye et son collectif agissait afin de mettre sens dessus dessous la langue, le pouvoir, la domination synonyme de misère.

    Seulement il est très difficile de se procurer aujourd'hui la collection complète de cette revue initialement publiée aux éditions du Seuil puis reprise par Seghers/Laffont.

    Pour se faire une idée de ce que fut Change, il est utile de se procurer Ce que Change a fait, un numéro spécial de la revue Faire Part qui réunit de nombreuses analyses et points de vue dont ceux de Jean-Pierre Faye, Henri Deluy, Philippe Boyer (que j'interrogeai dans le numéro 5/6 de la revue Dérive), Geneviève Clancy, Christian Rosset, Didier Pemerle, Alain Helissen, Alain Jouffroy, Yves Buin, Jerome Rothenberg, Jean-Claude Montel, Paul Louis Rossi, Saul Yurkevich et Maurice Roche.

    FAIRE PART

    CE QUE CHANGE A FAIT

    8, chemin des Teinturiers 07160 Le Cheylard

    a.b.chaneac@wanadoo.fr

    Visiter la revue FAIRE PART

    e7b93c5cda391813687eec60d08da472.jpg
    Jean-Claude Montel/Philippe Boyer/Marie-Odile Faye/Léon Robel/Jacques Roubaud/ Jean Paris/Mitsou Ronat/ Jean-Pierre Faye