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  • EVERYTHING IS POLITICAL ❘ 9. LES NOUVEAUX ITINERAIRES

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    Nous abordions l’étroite rue Visconti qui n’était pas encore livrée aux boutiquiers d’art lorsque Jean-Pierre Faye nous demanda le sens du titre que l’on avait choisi. Tout enragés que nous étions, il n’était pas facile de rétorquer au proche ami de Gilles Deleuze, à l’ennemi de Philippe Sollers. Surtout, on ne pouvait embrouiller l’auteur de Langages totalitaires*, somme inégalée sur la sémantique politique du nazisme. Trait rapide entre les rues Bonaparte et de Seine, la voie que nous empruntions avait l’habitude des célébrités. Elle avait hébergé Racine, Balzac, Prosper Mérimée et l’auteur de La société du spectacle. Un poids semblait peser sur elle qui lui conférait un air de gravité, des manières anciennes. Comment le dire autrement : la rue retenait son souffle, aux aguets de cette suite de mots qui viendraient blasonner ses façades. Il régnait un silence impeccable que nous n’allions pas tarder à gâcher.

    Les circonstances, aussi l’époque, appelaient un propos qualifié, minutieusement référencé. La cartographie se devait d’être exacte et les itinéraires hautement probables. Notre revue s’appelait Dérive pour se démarquer des continents sévères qui surplombaient le monde des idées, à savoir Marx et Freud. Et cela sentait comme une allusion discrète à Jean-François Lyotard** tandis que, manifestement, nous voulions faire sentir le musc de notre sympathie à Guy Debord et Raoul Vaneigem.

    L’explication parut satisfaire Jean-Pierre Faye qui nous lança – mais sans doute était-ce pour rire – sur la piste de Jacques Lacan qui s’était emparé du concept pour désigner le parcours en boucle de la pulsion. Cela ne nous rendait pas malheureux que notre revue puisse suggérer, suivant le jeu de miroir des signes, Lacan et sa dérive de la jouissance.

    Chacun de nous savait que Dérive ne renvoyait à aucun des noms qui pointaient à l’université ou dans les cercles de la textuation. La plupart des figures qui trônaient au-dessus du temps – gens de pouvoir supposés subversifs – nous indifféraient comme les courses de chevaux, Jean-Edern Hallier, le roman y compris nouveau, la Rolls-Royce Corniche, le décès du cardinal Daniélou ou la fête des fraises à Bièvres. Ceux que nous préférions n’étaient et ne seront jamais admis au rata des puissants. André Laude, Jacques Prevel, Francis Giauque, Bernard Réquichot, Stanislas Rodanski, Michel Vachey, vous connaissez ? Ce sont amers utiles pour les navigateurs des mers secouées. Camaros des incendies d’Artaud, ceux-là n’ont pas été repris. En fuite toujours. Et parfumés comme le fennec. Ils ne risquent pas d’être domptés par les bonnes gens de la lettre morte. Dérive est un mot clochard (Georges Perros), on peut l’associer au pire. Ne parle-t-on pas de dérive libertaire, de dérive langagière ? À l’underground de l’underground officiel que représentait Change, la revue ne connut que les honneurs du Monde et de ses notules. Désordre et incontrôlable, elle est contemporaine d’un moment : le passage du cri au dit. Guy Darol



    * Jean-Pierre Faye, Langages totalitaires, 1973.

    ** Jean-François Lyotard, Dérive à partir de Marx et Freud, 1973.

     

  • EVERYTHING IS POLITICAL ❘ 6. JEAN-PIERRE FAYE

     

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    Au cinéma, c’est Dirk Bogarde. En première page de Commencement d’une figure en mouvement *, le livre de conversation avec Philippe Boyer, un cliché noir et blanc prétend représenter Jean-Pierre Faye mais nous croyons voir le Portier de nuit de Liliana Cavani. Cette ressemblance ne nous quitte jamais. C’est pourquoi il m’est si difficile de lui parler sans bredouiller. Je ne dis rien, au téléphone, qui n’ait été préalablement rédigé. Toutes les fois que nous nous voyons, j’assiste à une sortie d’écran, je confronte le héros des films de Visconti ou de Resnais. Difficile d’être toujours concentré.

    C’est le plus souvent au café La Palette (43 rue de Seine) que nos discussions s’élancent. C’est là que nous écoutons l’instigateur, avec Jacques Roubaud, du Mouvement du change des formes, regroupement de pratiques transversales ouvert à nos dérives. Le collectif Change ne s’occupe pas seulement de mettre la langue à la renverse, il occupe simultanément le terrain des luttes anti-impérialistes. Solidarité avec les immigrés livrés à l’arbitraire policier. Solidarité avec le peuple chilien frappé au sang. Solidarité avec le pouvoir noir contre la Pig Nation.

    Le collectif Change propage les récits de tortures, dénonce les guerres coloniales américaines en publiant Bains de sang ** de Noam Chomsky – ouvrage censuré aux Etats-Unis – ou encore Melencolia *** de Jean-Claude Montel. Le livre renvoie à la guerre du Vietnam, aux vingt-cinq millions de trous emplis d’acier issus des raids aériens afin de bien faire comprendre ce qu’est le monde libre.

    L’insoumission aux idéologies et aux codifications qu’incarne Jean-Pierre Faye est lisible dans le choix de Chomsky, fondateur de la linguistique transformationnelle et militant de cette autre Amérique qui sans cesse dénonce le recours à la force. "Briser le ronronnement de la métrique héréditaire" tout en réfléchissant les "effets de langue sur le monde", cette voie semble mener plus loin que l’écriture poussée au néant.

    Dans les années 1970, les marchandises narratives sont bousculées par la narration agissante. Change rend possible les coulées de langue qui bloquent le marché. La sédition est alors à son comble qui ne sépare pas l’acte de sa forme, qui ne tranche pas entre la puissance de feu du verbe et le maniement d’un pistolet automatique. On dirait qu’aujourd’hui l’orientation est au faux fixe. Les livres ne valent que ce qu’ils rapportent, au détriment du sens dessus dessous. Quant à l’action… Guy Darol

     


    * Jean-Pierre Faye et Philippe Boyer, Commencement d’une figure en mouvement, 1980.

    ** Noam Chomsky, Bains de sang, 1975.

    *** Jean-Claude Montel, Melancolia, 1973.

     

  • EVERYTHING IS POLITICAL ❘ 5. LA RUPTURE, L'ECART

     

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    La révolution, nous n’avions pas abandonné ce mot, on la plaçait, comme un espoir, dans ce que Jean-Pierre Faye et son collectif appelaient alors l’archipel du change. Nous progressions, par conséquent, vers un plus grand changement ayant pour objet la langue, objet automultiplicatif.

    C’en était fini du dépiècement, de la mise en lambeaux de la langue jusqu’à cette aporie du non-sens même pas drôle, nous voulions plus de significations, plus de possibles, plus de troubles. En rajouter.

    La revue Dérive* voit le jour en 1975. Pour mise en place, ceci : "Dérive est donc le montre (inévitable monstre), la démonstration que la machine s’épuise". Espérance folle dans la force du dit qui patiemment et à l’usure ferait sauter l’interdit, cette publication souterraine double le change. Il s’agit pour une part de rompre le corset des langues ; pour une autre, la parole multipliée qui empruntera toutes les formes  sera la voix des empêchés de dire,  des exclus du plaisir, des réformés de la vie. Dérive est  l’organe du corps sans organes, un espace sans barrières où le culte de l’auteur est out comme autrefois le temple des genres.

    Des écrits se suivent qui ne se ressemblent pas donnant forme étrange, allure d’épouvante. Le titre se lit mal. L’argument auquel la couverture prétend (le corps malade le corps mutilé) génère des éléments de réponse déplacés. On y attend la vindicte éclairée au fait divers – le croustillant, l’ébouriffant -, il n’arrive que des célébrations de corps en lutte. Par exemple, l’annonce de la candidature d’un travailleur immigré aux élections présidentielles de 1974.  Il représente 4 millions d’immigrés mais son statut l’empêche d’accéder à la représentation nationale. Qui se souvient de Djellali Kamel ? Djellali, du prénom d’un enfant de 16 ans tué d’une balle dans la nuque, rue de la Goutte d’Or. Kamel, du nom d’un ouvrier arabe expulsé de France pour activisme.

    La riposte tient à quoi ? Serions-nous enragés et heureux ? Notre condition est celle des enfants du peuple. La colère est une molécule d’ADN. Elle se souvient des tourments, des peines. Ma mère traitée comme une sous-femme parce qu’elle entretient à la javel les couloirs en marbre des caciques. Mon père, domestique chez les pontes, lave les carreaux d’innombrables fenêtres qui donnent sur la Seine. Également la vaisselle des raouts et les parquets pollués par des semelles luxueuses. Il ne dit rien contre cela. C’est moi qui endosse les cicatrices sans le pansement. J’objecte en langue basse et biaise, sale  et parfois abstruse, faussement distinguée. "Je n’ai qu’une seule langue et ce n’est pas la mienne", écrit Jacques Derrida.

    En somme, nous désirions traverser l’écriture – vêtements, colifichets, chair – mais à la condition d’alerter au passage les militants d’un côté, les doctrinaires du texte et de la littérature littérale de l’autre. Souvenons-nous qu’à l’époque, deux courants trendy secouent l’espace littéraire. Le premier emmené par Philippe Sollers et Tel Quel, le deuxième par Change et Jean-Pierre Faye. L’écriture textuelle innervée d’histoire réelle face à la créativité qui transforme les règles. Guy Darol


    * Collectif d’intervention : Guy Darol, Christian Gattinoni, Philippe Lahaye

  • GENEVIEVE CLANCY

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    Geneviève Clancy❘Philippe Tancelin❘Jean-Pierre Faye
    Stéphanette Vendeville

    "Ce qui s'annonce alors deviendrait mouvement du change des formes. Et ce qui entrait dans ce devenir sera l'annonce d'une narration nouvelle. A laquelle Mitsou Ronat va donner le nom paradoxal et provisoire de "l'épique abstrait". Non pas l'emboîtement du récit dans le récit, chose faite dès Apulée, mais l'action du récit sur le récit. La production des six livres de L'Hexagramme au même moment se projette tout entière sur la parution du sixième, achevé dès février 68, Les Troyens, qui apparaît en 1971 sous le signe Change. Auparavant il est souhaitable à mes yeux de publier au plus tôt les autres livres, les livres des autres. Je voulais voir paraître Le Carnaval de Montel et Dire de Danielle Collobert. Le premier sera publié en 70. Le livre signé Collobert paraîtra en même temps que Fête couchée de Geneviève Clancy. Deux écritures de femmes ouvrent l'année 72, retardés indéfiniment au Seuil et libérés après la crise névralgique de l'année 71. Avec les deux livres de femmes, Change a un corps. Viendra celui d'Agnès Rouzier, dont Deleuze écrira : "Vous n'écrivez pas sur le sexe, vous écrivez seulement." La pensée de Mitsou Ronat sera la vigile, là où battent les voiles, dans presque tous les numéros de Change."

    Ainsi parle Jean-Pierre Faye dans cette livraison de la revue Faire Part qui nous rappelle que le mot Change fut donné par Maurice Roche. Ainsi parle Jean-Pierre Faye et aussitôt mon coeur s'agite au souvenir de Geneviève Clancy disparue en octobre 2005 et qui livre avec Fête couchée une estocade définitive contre les partisans de la connaissance illuminative. Avec elle désormais la conscience sera émeutière et le langage une prison libérée.

    Avec Dire de Danielle Collobert, Fête couchée inaugure la forme changée au service de la transformation immédiate, sans attendre, des formes de vie.

    J'ai lu Geneviève Clancy (et Philippe Tancelin, deux noms qui réalisent ensemble le duo en un) et je l'ai rencontré. Souvent. Jamais dans les salons, il va de soi. Geneviève Clancy ne se montrait que dans les lieux où le terrain glisse. Là où il faut faire vite. Agir et dire sans atermoyer. Locaux prolétaires, foyers, salles aménagées en espaces de confrontations. Autour d'elle : l'humanité désignée par la vindicte des puissants.

    Elle n'est plus là aujourd'hui que l'on se défenestre pour échapper aux forces de guerre. Son dire, ses mots heurtés contre le heurt des armes, ne sont plus auprès de l'humanité fragile. Auprès de nous.

    Souvent on se donnait rendez-vous au coin de la rue Soufflot, dans un café d'angle aujourd'hui disparu. De littérature nous parlions. Si peu. Plutôt de l'horreur quotidienne. L'horreur du malheur constant. La peur de vivre quand l'on ne peut être jamais chez soi. Quand il est illégal d'être simplement humain.

    Son exigence poétique, l'ignition du regard doux, la sororité fraternelle et la possibilbilité que la littérature peut, de tout cela il est question à travers ces vidéos qui nous demandent de ne pas mollir.

    Voir la vidéoconférence de Geneviève Clancy

    Voir l'hommage à Geneviève Clancy

    Se souvenir de Geneviève Clancy

     

  • COLLECTIF CHANGE ❘ FAIRE PART

     

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    Mon coeur bat à l'évocation de certains mots : La Délirante de Fouad El-Etr. Exit de Patrice Delbourg, Jean-Marie Gibbal, Olivier Kaeppelin. L’Humidité de Jean-François Bory. Le Nouveau Commerce d’André Dalmas et Marcelle Fonfreide. Phantomas du chimiste Théodore  Koenig. TXT de Christian Prigent et Jean-Luc Steinmetz. L’Énergumène de Gérard-Julien Salvy. Minuit de Mathieu Lindon. Tel Quel. Change.

    Ce sont les mots du souvenir d'une rue. La librairie Tschann par exemple. Celle qui voisinait autrefois avec la rue du Montparnasse. Ses éventaires à même le trottoir étaient une promesse de révolution. Les revues que l'on consultait entraînaient la roue du changement. Un changement profond. Celui de la forme et du fond.

    Là que je découvris la blanche couverture de Change marquée de rouge. Là que je pris conscience des rapports entre la langue et le décor, les mots et la réalité. J'aperçus que la forme de l'écrit pouvait transformer l'aspect de nos vies. Les années 1970 permettaient ce type de passerelle. Il était évident que l'écriture avait à voir avec chaque chose. La littérature était alors un mot sérieux, une alarme, un geste susceptible de renverser l'infernale fixité du désastre. Toujours actuel.

    Renverser la langue conduisait à retourner le pouvoir des flics de la pensée.

    On pouvait en déplaçant la convention du récit nuire dangereusement aux assises du pouvoir.

    L'écriture pesait d'un poids qu'il est impossible de concevoir de nos jours.

    Des individus s'engageaient en poésie comme on s'engage en politique.

    C'était tout comme.

    La revue Change me persuada qu'il existait vraiment un lien entre l'état des choses et la possibilité d'une transformation. Jean-Pierre Faye et son collectif agissait afin de mettre sens dessus dessous la langue, le pouvoir, la domination synonyme de misère.

    Seulement il est très difficile de se procurer aujourd'hui la collection complète de cette revue initialement publiée aux éditions du Seuil puis reprise par Seghers/Laffont.

    Pour se faire une idée de ce que fut Change, il est utile de se procurer Ce que Change a fait, un numéro spécial de la revue Faire Part qui réunit de nombreuses analyses et points de vue dont ceux de Jean-Pierre Faye, Henri Deluy, Philippe Boyer (que j'interrogeai dans le numéro 5/6 de la revue Dérive), Geneviève Clancy, Christian Rosset, Didier Pemerle, Alain Helissen, Alain Jouffroy, Yves Buin, Jerome Rothenberg, Jean-Claude Montel, Paul Louis Rossi, Saul Yurkevich et Maurice Roche.

    FAIRE PART

    CE QUE CHANGE A FAIT

    8, chemin des Teinturiers 07160 Le Cheylard

    a.b.chaneac@wanadoo.fr

    Visiter la revue FAIRE PART

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    Jean-Claude Montel/Philippe Boyer/Marie-Odile Faye/Léon Robel/Jacques Roubaud/ Jean Paris/Mitsou Ronat/ Jean-Pierre Faye

     

     

  • JEAN-PIERRE FAYE ❘ NICOLAS SARKOZY ❘ RENE VIENET

     

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    JEAN-PIERRE FAYE

    L'appropriation par Nicolas Sarkozy des figures de la grande révolte (Jean Jaurès, Victor Hugo, Emile Zola dreyfusard...) nous renseigne sur les capacités narratives du rhéteur dans l'exercice du détournement (procédé employé par Marcel Duchamp puis généralisé par René Viénet, l'un dadaïste, l'autre situationniste) et de la confusion des signes.

    Le détournement tel qu'il dérive partiellement des montages/brouillages inventés par William S. Burroughs (bien sûr Brion Gysin), notamment dans le manifesto Révolution Electronique, était, n'oublions pas, un moyen démuselant pour favoriser des actions étoupillantes. Il s'agissait d'émulsionner l'émeute.

    En détournant Jean Jaurès, Guy Môquet, Léon Blum (et non pas, comme le soulignait Michel Winock récemment, Maurice Barrès, Paul Déroulède, Charles Maurras, Albert de Mun), Nicolas Sarkozy retourne le processus de sédition. Il se place sur le terrain de l'insurrection et s'habille tout à la fois en dadaïste, situationniste, spécialiste de la tornade noire et de la pensée désobligeante.

    Nicolas Sarkozy pourrait également se dire anarchiste, s'il reprenait, par exemple, cette formule d'Elisée Reclus : "L'anarchie est la plus haute expression de l'ordre."

    Qu'il soit par ailleurs abjectionniste, abomuniste, acméiste, actionniste, agrarianiste, spartakiste, angry young men, anti-art, ariéliste, arte povera, automatiste, ballet suédois, bauhaus, bruitiste, cercle et carré, cinema novo, club d'essai, cobra, comédien-routier, concrétiste, constructiviste, cubiste, delteillien, dodécaphoniste, eat art, existentialiste, expressionniste, fauviste, nouvelle fiction, fluxus, free cinema, free jazz, rock noisy, manifeste froid, fumiste, funk, futuriste, grand jeu, groupe des six, des huit, des vingt, groupe octobre, hirsute, hydropathe, hyperréaliste, imaginiste, néo-impressionniste, neon, incohérent, instantanéiste, internationale hallucinex, jeunesses musicales de france, jung-wien, land art, lettriste, lèvres nues, lundiste et tous les autres jours, merz, minimaliste, maximaliste, minotaure, movida, muraliste, groupe de nantes, naturaliste, nouvelle vague, ob'art, objectiviste, orphiste, oulipo, oupeinpo, oumupo, oulimupeinpo, collège de pataphysique, phantomas, fantômas, pittura metafisica, polyphonix, école de pont-aven, présence panchounette, proletkult, réalisme magique, réalisme fantastique, nouveau réalisme, réalisme poétique, école du regard, club des ronchons, revue roman, rupture, rutpure, sensorialiste, shizenshugi, phrère simpliste, simultanéiste, sky art, de stilj, der sturm, surréaliste, tel quel, théophilien, tour de feu, ultraïste, unanimiste, vieux-colombier, vorticiste, zutiste, zwanzeur ne nous surprendrait pas plus.

    Mais oserait-il se réclamer de Change, autrement dit de Jean-Pierre Faye qui publia en 1972 deux ouvrages essentiels pour bien comprendre les enjeux du détournement des récits et cette culture de l'oxymore qui permet de fusionner socialisme et nationalisme sans que l'on voie venir la peste ?

    Il est donc redevenu urgent de lire

    LANGAGES TOTALITAIRES précédé de THEORIE DU RECIT

    JEAN-PIERRE FAYE

    Hermann, 771 pages

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    Car ceci rend encore plus clair la décision de Gérard Noiriel de quitter le comité d'histoire de la Cité nationale de l'histoire de l'immigration. Comme beaucoup d'entre nous, Gérard Noiriel s'oppose à la création d'un ministère qui associe les mots immigration et identité nationale. De cette façon, il dénonce les jeux dangereux de la sémantique, le néo-langage qui consiste à marier entre eux des mots contraires. Procédé pointilleusement étudié par Jean-Pierre Faye et qu'il convient d'examiner avec la plus haute vigilance.

    www.editions-hermann.fr

     

  • DANIELLE COLLOBERT

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    De Morlaix où je vis, il me vient des signes de Danielle Collobert qui fut. Non loin. Amie du verbe sans surplus. Immédiate. Rapide.

    Jean-Pierre Faye, ni dieu ni maître absolu.

    Je le connus rue de Seine, dans l'étroit bureau qui abritait le revue Change.

    Egalement au café La Palette.

    Chez lui, rue Vaneau.

    Je connus le bonheur d'apprendre l'important.

    Jean-Pierre Faye publia Danielle Collobert :

    Dire I - II

    Cahiers 1956-1978

    en sa collection Change, éditions Seghers/Laffont

    révélant ainsi

    Danielle Collobert qui s'est donné la mort le 23 juillet 1978, dans une chambre d'hôtel, rue Dauphine à Paris.

    La quatrième de couverture  des Cahiers est signée Jean-Pierre Faye.

    On peut y lire Danielle Collobert dont il fut dit que rien n'a été "tenté de plus avancé, de plus risqué". Et qui maintenant a disparu. Meurtre, Dire, Il donc, Survie, au-delà de ses quatre livres parus de son vivant, voici les cahiers qui laissent apparaître l'envers de son écrire et de son vivre. La saisie lumineuse, instantanée, le fil quotidien, le voyage au bord du vol, le désastre.

    Cela, il l'écrivait en octobre 1983.

    Le vendredi 2 juin 2006, à 19h, le Centre International de Poésie basé à Marseille rend hommage à Danielle Collobert.

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    TABLE-RONDE, LECTURES

    Présentation :

    Jean Daive

    Avec:

    Jean Daive

    Uccio Esposito-Torrigiani

    Martin Melkonian

    Françoise Morvan

    CIPM

    2, rue de la Charité

    13236 Marseille Cedex 02

    04 91 91 26 45

    www.cipmarseille.com

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    Danielle Collobert est née le 23 juillet 1940 à Rostrenen, au centre de la Bretagne.
    Sa mère, institutrice, étant nommée dans un village voisin, elle vit chez ses grands-parents, où sa mère et sa tante reviennent dès qu’elles le peuvent. Toutes deux entrent dans la Résistance. Le 9 août 1943, sa tante est arrêtée par la Gestapo. Déportée à Ravensbrück, elle ne reviendra qu’à la Libération.
    La famille s'installe à Paris en 1945 et Danielle commence à écrire en juin 1956. Elle entreprend des études de géographie à la Sorbonne
    Ayant abandonné ses études, puis renoncé à l’École Normale où elle venait d’être reçue, elle travaille à la galerie Hautefeuille et s’engage dans un réseau de soutien au FLN.
    En 1962, elle rencontre le sculpteur Natalino Andolfatto dont elle partagera la vie à partir de 1963. Forcée de quitter la France en raison de ses activités politiques, elle se réfugie en Italie
    En 1964, refusé par les éditions de Minuit,
    Meurtre, défendu par Raymond Queneau, paraît chez Gallimard.
    Elle se donne la mort le 23 juillet 1978, jour de son anniversaire, dans un hôtel de la rue Dauphine.

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    Bibliographie
    Chant des guerres, Oswald, 1961
    Meurtre, Gallimard, 1964
    Dire I et II, Seghers-Laffont, 1972
    Polyphonie, pièce radiophonique, 1973
    Il donc, Seghers-Laffont, 1976
    Survie, Orange Export Ltd., 1978
    Cahiers 1956-1978, Seghers-Laffont, 1983
    It Then, traduction de Il donc par Norma Cole, 1989
    Recherche, éditions Fourbis, 1990
    Bataille, pièce radiophonique, réalisation France Culture, 2001

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    Établies par Françoise Morvan, ses œuvres complètes, riches de nombreux inédits, ont été  publiées chez P.O.L :
    Oeuvres I, 2004
    Oeuvres II
    , 2005


    > > Traduction
    Giuseppe Bonaviri,
    Des nuits sur les hauteurs, avec une préface d’Italo Calvino, Denoël, 1971

     

    extrait des Cahiers (février 1960) :
    « en regardant les gosses tout à l'heure dans le square – retrouver des sensations d'enfance – de terre et d'eau – sensation floue – une odeur –
    des images éparpillées –
    la porte entrouverte de la salle à manger et mon grand-père dans un lit – tourné contre le mur – femmes assises en cercle autour de la table de la cuisine parlant à voix basse – et pleurant – couleurs rouges et roses –
    le garçon en bleu – pendu par un crochet au balcon de la maison à l'angle de la place – et les Allemands autour – le crochet – le jardin – l'entrée – la porte avec les massifs de fuchsias rouges – le tas de pommes
    sur le jardin –
    un soir dans la « maison de derrière », des tartines de mort-aux-rats rose et des cris aigus – la peur
    les fleurs de givre sur la fenêtre – et la chaleur des pieds dans le four – les chaussons brûlants – en rentrant de l’école –
    les orages et le vent dans les sapins à Campostal – le feu dans la cheminée dans la salle –
    énumération d'images alors que ce sont les odeurs qui sont les souvenirs les plus présents – le café grillé – la lessive – les poires trop mûres dans le grenier – odeur de bois et de terre mouillée – »

    Lien

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Danielle_Collobert