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le mot et le reste

  • LIRE LA MUSIQUE 14

    Entre 2009 et 2012, Lire la musique, ma chronique (transverse) fut publiée dansLe Magazine des Livres aujourd'hui disparu. En voici le feuilleton complet.


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    SI DICK ANNEGARN EST UNE TRUITE, CAPTAIN BEEFHEART S’APPELLE LEIBNIZ

     

    Pour qui s’est laissé envoûter au début des années 1970 par les volutes chantées de Dick Annegarn, rondes de mots habilement assemblés qui refusent le dos rond, l’édition des textes du Hollandais batelant est une bénédiction. La grande affaire est la réunion des écrits d’un homme portant guitare et musette d’authentique voyageur, précédée des lumières d’Olivier Bailly, coruscant éclaireur des œuvres de Robert Giraud (Monsieur Bob, Stock, 2009), lequel appartient à l’occulte confrérie des poètes en actes.

     

    L’auteur de Sacré Géranium, Le Grand Dîner, Mireille est en effet doublé (non pas à l’intérieur comme une peau de camouflage) d’un véritable poète, nullement princier, qui le rapproche de ces astres vifs où brillent les noms de François Villon et de Léo Ferré, ces voyous de grand chemin pour qui le verbe est un recours faute d’être un secours.

     

    On se doutait en écoutant L’Orage que Dick Annegarn ne promettait pas des lanternes synonymes de vessies, qu’il ne se contenterait pas de nous aider à faire passer le temps au moyen de ritournelles saupoudrées à l’opium du peuple. Il fit cet acte magistral de composer un libelle définitif qui le mettait une fois pour toutes à l’abri des ambitions du bizness. Il refusa qu’on le capture dans les filets de la chanson française (y compris engagée) susceptible d’enrichir les profits des majors du disque. Il devint ce timonier des bords de Marne qui halait les flâneurs du dimanche.

     

    Souvent, venant du bois de Vincennes, je me rendais à ce bien curieux rendez-vous où présidait dans sa buvette-péniche le chanteur pétillant converti en vendeur de bulles. Nous conversions de la pluie, du beau temps, en se laissant bercer par une faible houle. Il n’avait pas pour autant renoncer à faire entendre ses vers nouveaux. Sa discographie en témoigne longue de dix-huit artefacts jusqu’à Folk Talk (Tôt ou Tard, 2011), recueil de covers signant sa dilection pour les antiennes du blues. Puis vint ce livre dans lequel on pénètre comme dans un mausolée, assuré de respirer l’air du large et de subir, en ces temps de pacotilles, une saine cure de désintoxication.


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    Ceux qui révisent régulièrement leurs mavericks s’attardent avec satisfaction sur Don Vliet alias Captain Beefheart. Avec lui, on est certain que « la musique est du bruit qui pense » (Victor Hugo) et que le blues n’a pas émis son dernier souffle. Surtout nous sommes confrontés à une œuvre inclassable (blues déconstruit ?) délivrée par un artiste tortueux (et torturé), mélange de mauvaise foi et de fulgurances haute tension. Il fallait qu’un biographe s’y penche, un herméneute si possible. Benoît Delaune, docteur en littératures comparées, était le mieux placé pour évaluer l’œuvre à l’aune de ses paradoxes. Non seulement il en analyse le mouvement, la spécificité et encore la portée mais il montre que la mécanique des lyrics est à rapprocher des écrits d’Antonin Artaud, de Louis Wolson et de Lewis Carroll. Captain Beefheart dans tous ses états, y compris la colère, est désormais intelligible. Magistral.

     

    La philosophie est un plat qui se mange à toutes les sauces. Elle connaît un succès populaire inattendu qui en fait un angle pour les opérations marketing. C’est dans un tel contexte que vient de paraître Rock’n philo, une étude a priori sérieuse (Francis Métivier est un spécialiste de Kierkegaard) qui postule pour une lecture de Jim Morrison, de Radiohead ou de Nirvana à la lueur de Nietzsche, de Leibniz ou de Deleuze. La thèse est audacieuse et la démonstration délicieusement acrobatique. Ces interpolations ne sont pas toujours vaines. Bruce Springsteen connecté à Épicure, Mickey 3D adossé à Heidegger, Jimi Hendrix traversé par Michel Foucault, tout de même il fallait le penser. Apprendre que Hume est fun peut éventuellement rendre plausible cet ouvrage. Plaisant. Guy Darol

     

    PAROLES, Dick Annegarn, introduction d’Olivier Bailly, Éditions Le Mot et le Reste, 300 p., 23 €

    CAPTAIN BEEFHEART AND HIS MAGIC BAND(S), Benoît Delaune, Éditions Le Mot et le Reste, 150 p., 16 €

    ROCK’N PHILO, Francis Métivier, Éditions Bréal, 403 p., 21,90 €

     

     

     

     


  • ONE SIZE FITS ALL/COSMOGONIE DU SOFA ❘ GUY DAROL

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    EN LIBRAIRIE DEPUIS LE 24 SEPTEMBRE

     

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    LE MOT ET LE RESTE

    35, traverse de Carthage

    13008 Marseille

    mail : ed.mr@wanadoo.fr

    www.atheles.org/lemotetlereste

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