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rap

  • LIRE LA MUSIQUE 7

    Entre 2009 et 2012, Lire la musique, ma chronique (transverse) fut publiée dans Le Magazine des Livres aujourd'hui disparu. En voici le feuilleton complet.


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    RAP ET MINIMALISME

     

    Les crudités rabelaisiennes du rap, ce déversement de la parole démuselée où rouscaillent de manière concurrente les tenants de la critique sociale et les célébrateurs du faste et de la vie gourmande ont-ils à voir avec le minimalisme, art musical du temps suspendu ? Faiblement, ou alors dans le strict rapport qui les unit sur une frise chronologique.

    Né en 1970, avec The Last Poets, le rap est l’expression d’une colère dont les premiers crépitements se font entendre à Watts, un quartier de Los Angeles, pris d’assaut par les exclus du consumérisme. Il aura fallu vingt ans pour que cette coulée de lave traverse l’Atlantique et se diffuse « au bas des blocs » ainsi que l’écrit JoeyStarr. Vingt ans pour que la France transforme l’essai, essaime un flow inentendu et des lyrics qui se rattachent à la tradition de Villon. Le rap français, dix ans après est une anthologie essentielle, revue et corrigée par Jean-Claude Perrier qui publia l’initiale mouture en 2000. Piliers du rap (MC Solaar, IAM, Suprême NTM) voient ainsi leurs textes imprimés aux côtés d’anciennes et  nouvelles stars parmi lesquelles Booba, Diam’s, Le Klub des Loosers ou encore l’excellent Oxmo Puccino. Ce dernier, poète à l’estocade habile, est désormais accessible en livre de petite poche. Mines de cristal est un filon du verbe fulminatoire français. L’anthologie de Jean-Claude Perrier vaut comme reflet d’un courant qui souffle des rafales de mots neufs dans la continuité des troubadours, trouvères, orfèvres en rhétoriques du Moyen Âge. C’est la thèse défendue par cet écrivain prolifique qui, dans sa belle préface (Du rap considéré comme un des beaux-arts), évoque « La Ballade des pendus » et le verlan de l’argot des Coquillards. Pour lui, et l’invitation est puissante, le rap s’inscrit dans le sillage d’or de Boris Vian et de Raymond Queneau, ces maîtres de l’invention verbale.

    Le minimalisme s’oppose au rap pour autant que la retenue n’est pas amie de la dépense. L’exubérance de la vie vite, la vie qu’il faut brûler avant que la mort ne s’en charge, est antinomiste du minimalisme dont la philosophie coïncide avec l’éveil au seul présent du bouddhisme mahayana. Peu de livres se sont fait l’écho de cette formule modelée dans les années 1960 et dont le précurseur pourrait être Yves Klein (Conférence à la Sorbonne, 1959), si l’on en croit Joseph Ghosn. Tout l’ouvrage qu’il consacre à La Monte Young porte d’ailleurs à le croire. Il est d’un auteur passionné, longtemps journaliste aux Inrockuptibles, et qui a amassé, au fil des ans, les pépites sonores du minimalisme. Ce mouvement connecté à Fluxus et à l’art minimal des Donald Judd, Sol LeWitt et Richard Serra se développe à partir de La Monte Young né en 1935 dans l’Idaho où il s’étourdit du vent qui siffle autour de la maison, « s’interrogeant sur sa provenance, sa musicalité. »


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    Influencé par la musique indienne, et particulièrement les ragas d’Ali Akbar Khan, il recherche longtemps la possibilité d’aller à l’intérieur d’un son avant de découvrir la technique du temps long, les drones qui ralentissent l’égrènement des heures. Joseph Ghosn retrace le parcours d’un homme, véritablement hors du temps, et de sa compagne Marian Zazeela. Tout en déroulant le récit d’une vie, il nous fait croiser les grandes figures de ce mouvement : John Cale, Pandit Pran Nath, Terry Riley, Morton Subotnick, Charlemagne Palestine, Philip Glass et Steve Reich. L’ouvrage est un hymne à la musique qui plonge en soi, dans un monde de réminiscences. « Impossible de la faire tenir dans un ipod, impossible non plus d’en parler dans les dîners mondains », remarque Joseph Ghosn dans un soupir qui nous persuade, s’il en était besoin, qu’il n’y a décidément aucune passerelle entre les beats ultrarapides du rap et l’impression de temps suspendu que délivre un disque de Tangerine Dream. Complétée d’une discographie studieusement commentée, où la présence de Lou Reed surprend un peu, cette biographie fait progresser le point de vue du grand Michael Nyman qui, dans son indispensable Experimental Music (Éditions Allia, 2005), allumait les curiosités en présentant les Compositions de La Monte Young comme une « méthode d’expérimentation immédiate du temps démesuré dans le cadre d’une structure simple ». Guy Darol


    LE RAP FRANÇAIS, DIX ANS APRÈS, Jean-Claude Perrier, Éditions La Table Ronde/La Petite Vermillon, 412 p., 10 €

    MINES DE CRISTAL, Oxmo Puccino, Éditions Au Diable Vauvert, 127 p., 5 €

    LA MONTE YOUNG, Joseph Ghosn, Éditions Le Mot et le Reste, 119 p., 15 €


  • LE MAGAZINE DES LIVRES ♯ 23

     

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    Synopsis] Les derniers du Culte par Eli Flory
    Digressions] Lectures par Joseph Vebret
    DOSSIER
    Tu ne plagieras pas ton voisin par Eli Flory
    RENCONTRE
    Bernard-Henri Lévy sans masque par Joseph Vebret

    CARTE BLANCHE À…
    Fred Vargas. Sur le chemin

    Aparté] Conseils à ceux qui croient pouvoir aider un écrivain en difficulté par Christian Cottet-Emard

    RENCONTRE
    Richard Millet : « Je défends la littérature » par Joseph Vebret

    Une vie d’Écrivain
    Jean d’Ormesson. Le bonheur d’écrire par Thierry Richard
    Lire la musique] Rap et minimalisme par Guy Darol
    ENTRETIEN
    Gilles Heuré. À la rencontre de Paul Valéry par Joseph Vebret
    Chemin faisant] Morceaux d’Amérique par Pierre Ducrozet
    ENTRETIEN
    Jean-Bernard Pouy. Le retour du Poulpe par Pierre Gillieth
    CLASSIQUE
    Alexandre Dumas. Cherchez le « nègre » par Frédéric Saenen
    Les livres que vous n’avez pas lus] La face cachée de Cocteau par Bertrand du Chambon
    Perdu de vue
    Henri Béraud, un demi-siècle plus tard par Francis Bergeron
    DOCUMENTS
    Inédits : Bernard Frank en VO par Annick Geille
    IDÉES
    Pierre Leroux, un théoricien oublié, un philosophe négligé
    par Jean-François Foulon
    Économie du livre] Pasionarias de la librairie par Christophe Rioux
    Les mains dans les poches] Dispersion par Anthony Dufraisse
    LE CAHIER DES LIVRES
    Focus, Romans, Documents, Théâtre, Musique, Revues, BD, En vrac
    Musique & littératures] Le bonheur tranquille de Clarika par Jean-Daniel Belfond
    Cinéma & littératures] Un Dumas caricatural par Anne-Sophie Demonchy
    RelectureL’Éternel mari de Dostoïevski par Stéphanie Hochet
    Poésies] Petit tour de table par Gwen Garnier-Duguy
    BONNES FEUILLES
    La sélection d’Annick Geille
    L’horizon, Patrick Modiano
    Dans la cathédrale, Christian Oster
    Les carnets d’Alexandra, Dominique Simon
    L’écuyer mirobolant, Jérôme Garcin
    Petit papa Noël, François Cérésa
    Le conflit, Élisabeth Badinter
    Quelques auteurs marquants par Annick Geille
    Il était une fois l’Auteur…] L’Auteur participe à un salon (suite et fin) par Emmanuelle Allibert
    Visages d’écrivains] Bernard Frank par Louis Monier

    Avec : Emmanuelle Allibert, Marc Alpozzo, Bartleby, Stéphane Beau, Jean-Daniel Belfond, Francis Bergeron, Brigit Bontour, Arnaud Bordes, Adeline Bronner, Christian Cottet-Emard, Pierre Cormary, Guy Darol, Anne-Sophie Demonchy, Stéphanie des Horts, Bertrand du Chambon, Pierre Ducrozet, Anthony Dufraisse, Eli Flory, Jean-François Foulon, Gwen Garnier-Duguy, Annick Geille, Pierre Gillieth, Christophe Henning, Stéphanie Hochet, Christophe Mory, Jean-Jacques Nuel, Olivier Philipponnat, Thierry Richard, Christophe Rioux, Frédéric Saenen, Cécile Thomas, Marc Villemain, Carole Zalberg
    Photos : Louis Monier / Couverture : François Bouchon. 
    Illustrations : Miège et Innocent. 
    Coordination : Delphine Gay.

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    LE MAGAZINE DES LIVRES

     

     

  • LES DESTINS BRISES DU ROCK ❘ BRUNO DE STABENRATH

     

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    Bruno de Stabenrath a de multiples cordes dans sa caisse à outils. Acteur (chez François Truffaut, Ettore Scola ...), chroniqueur (Guitare Magazine, Technikart ...), chanteur (Emilie Jolie), romancier (Cavalcade, adapté au cinéma par Steve Suissa) et encyclopédiste des destins brisés du rock. Un sujet particulièrement sensible pour Bruno de Stabenrath qui devient tétraplégique en 1996, à la suite d'un accident de voiture.

    Une première édition de cet ouvrage a paru en 2004. En voici une seconde, complétée mais non corrigée. Cette collection de nécros zoome par décennies, des années 1950 aux années 2000, les musiciens (pas tous rockeurs) prématurément calenchés.

    Chaque nécro signale la date de la mort, le nom de la victime, les causes du passage ad patres et l'âge du fauché. Ils sont moult à figurer dans ce tableau et l'ouvrage (qui ne délivre pas trop de détails morbides) est précieux pour rappeler certaines circonstances en amont des départs brusques. Ainsi des zigouillages de Tupac Shakur, de Notorious Big et d'Euronymous, du suicide de Dead aka Per Yngve Ohlin et de Michael Hutchence (INXS), de la fin carbonisée de Vivian Stanshall (The Bonzo Dog Band) ... Dizaines d'overdoses, d'accidents d'avion, de pendaisons, de cancers parsèment un volume torsadé d'erreurs.

    Point de recensement ici mais un exemple, celui de Frank Zappa (on se demande bien pourquoi !).La double page qui lui est consacrée nous le présente ainsi :

    db8a28970fe5c576c7718cd9ca017632.jpg"D'origine sicilienne et grecque, Francesco Zappa, né le 21 décembre 1940, à Baltimore, pratique très tôt la musique : guitare, batterie, solfège, harmonie, et combien sans complexes, dès ses premières compositions, le jazz, le blues, le rock, avec l'influence classique et celle de la muique contemporaine (Boulez, Bartok) (...) L'influence de Frank fut considérable dans la pop. C'est lui qui a explosé les frontières entre les genres, notamment en invitant autour de lui des musiciens issus de familles et de styles différents comme le violoniste jazzman français Jean-Luc Ponty ou le guitariste espagnol Paco de Lucia."

    Et maintenant, au boulot ! Où sont les bourdes ?

    LES DESTINS BRISES DU ROCK 2

    Bruno de Stabenrath

    Scali, 179 pages, 42 euros

    www.scali.net

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