Dans un monde perpétuellement menacé par les nouvelles alliances de la religion et de l’hyperterrorisme, les compositions musicales de Matthew Herbert et de Matt Elliott tracent une voie en faveur de l’art au service de la conscience vive.
The Third Eye Foundation est le pseudonyme de Matt Elliott, un compositeur originaire de Bristol qui décrivit en cinq albums une nouvelle orientation de l’electronica, résolument mélancolique et spirituelle. Depuis qu’il s’est découvert des origines slaves, Matt Elliott écrit une musique sourcière, mêlant sonorités russes et byzantines. Maître des musiques électroniques (à égalité avec Boards Of Canada), il donne forme depuis The Mess We Made (Domino, 2003) à une œuvre sans pareille dans l’univers néo-folk.
Drinking Songs (Ici d’ailleurs, 2004) révélait un chant proche de la plainte aux accents de fées, Failing Songs est une collection de titres où les chœurs porté par un ensemble organique (guitare, claviers, cordes) traduisent la décision d’échapper au fléau de la renonciation. Car sous l’impression cotonneuse fournie par une voix épelant les nuées, cet album porte un message éminemment politique, celui d’amener l’esthétique sur un terrain aujourd’hui occupé par les forces en guerre de l’économie.
Sans doute peut-on simplement s’énivrer de cette splendeur sonore (laquelle évoque autant Pascal Comelade que Robert Wyatt) sans atteindre le cœur du propos. Mais Failing Songs est de ces œuvres qui méritent l’écoute intensive et la recherche du sens caché. C’est pourquoi cet album est bien celui qu’il faut arracher aux bacs où s’amoncelle l’insignifiant et cela sans attendre le prochain attentat.
Enfin, Matt Elliott qui n’est pas un go-between intense des scènes parisiennes sera en concert le dimanche 8 octobre au Café de la Danse et il est tout aussi indispensable d’aller à sa rencontre. Guy Darol
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MATT ELLIOTT
Failing Songs
Ici d’ailleurs/Discograph
Sortie : 23 octobre 2006
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En concert au
Café de la Danse
5, passage Louis-Philippe
75011 Paris
Dimanche 8 octobre, 19h30
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