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robert wyatt

  • BJÖRK

     

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    N'est pas fée qui veut. Il faut un corps aux racines profondes dans le pays gelé. Il importe d'avoir vu avec les yeux du dedans ce que les sceptiques renvoient à la berlue. Qui se sert aujourd'hui de cette optique interne ? Les voyants font leur marché le samedi. Ils remplissent leurs paniers de pendules, de pyramides et de croix primordiales. Ce petit matériel suffit aux clients de l'avenir en rose. Ainsi équipé, il leur semble que les mediums y voient plus clair. Et pourtant, l'invisible existe. Il est cadastré en Islande et  produit d'authentiques miracles, des êtres que l'on peut entendre et toucher. Ceux de Reykjavik le savent. Certains l'ont vu grandir. Quelques-uns (environ 5 000) ont capté la voix menue sur une galette spécialement gravée pour convaincre les incrédules. L'objet portait un mot de cinq lettres, comme un nom elfique, Björk. La petite n'avait que 11 ans mais déjà, elle savait manier le piano et la flûte. Surtout, elle possédait un grain de voix semblable à un cristal. Les chansons des Beatles ou de Stevie Wonder sortaient de sa bouche comme des nuances de prisme. Elle avait, assure-t-on, découvert Stockhausen, Debussy et Mahler à l'âge de 5 ans. On dit aussi qu'elle avait beaucoup écouté Janis Joplin, Eric Clapton, Jimi Hendrix au milieu des volutes de la communauté hippie où sa mère s'était réfugiée.

    Dans ce royaume, les frontières sont évanescentes. Celles qui résistent sont durement éprouvées. Björk agite l'oriflamme brut de rock. Sa voix se fait aiguë pour redorer l'art des bruits. Elle intègre Spit and Snot, Exodus, formations de combat punk. Au sein de Tappi Tikarrass, elle fusionne funk et jazz. Son corps de fée indique 16 ans sur l'échelle du Grand Temps. Avant de rejoindre Kukl/Sykurmolarnir/The Sugarcubes, elle cisèle sur son bras gauche un compas de marine, direction pour ne pas se perdre. Cette rune de divination signe son appartenance à l'alphabet des origines. Les runes de l'alphabet nordique ont vertu magique. Les racines indo-européennes du mot signifient mystère ou parler en secret. Björk qui a enregistré « Gling-Gló », en 1990, album nourri de be-bop et chanté dans sa langue maternelle a désormais une voix. Tessiture susceptible de pulvériser l'homogénéité du cristal. Le timbre se souvient d'Ella Fitzgerald et de Nana Mouskouri que sa grand-mère lui fit connaître. Mais autre chose domine, à la ressemblance du murmure étouffant le cri, comme un hurlement voilé. À l'exemple de ses homologues islandais du groupe Sigur Rós, elle puise dans la tradition des rímur, ces ballades chantées à voix croisées dont la tradition remonte aux Eddas et à la poésie scaldique.

    Rímur, Stockhausen, Mahler (surtout les Kindertotenlieder), Ella, Janis, voilà ce qui parle en secret dans le chaudron de sa voix elfique. Savant pêle-mêle où sans cesse se combinent profane et sacré. Fusion qui nie la décrépitude des symboles, le principe aristotélicien de non-contradiction. Björk est ailleurs, et son territoire aux contours superbement flous nous est livré dès « Debut » (1993), album qui transforme son art en satori. Nouvel éclat avec « Post » (1995) enregistré avec Graham Massay de 808 State et produit par Howie B., l'alchimiste électro qui a associé son nom à Massive Attack, Soul II Soul et U2. Cette publication que l'on aurait pu qualifier d'anthume précède le chaos. En 1996, Björk marave une journaliste sur l'aéroport de Bangkok avant d'être visée, dans sa thébaïde londonienne, par un colis piégé à l'acide sulfurique. L'expéditeur, un fan dangereusement énamouré, se donnera la mort en écoutant I Miss You, neuvième titre de « Post ». Femme fée devenue mère et idole, elle émigre en Espagne pour se mettre à l'abri. C'est là qu'elle donne naissance à l'épisode le plus tranchant de sa discographie. « Homogenic » qui synthétise, selon elle, l'alliance du rythme et de la voix, est l'œuvre de la reconstruction. L'édifice parfait semble jaillir de toutes les sources bues. Immense geyser bouillonnant d'inventivité, l'album révèle des inflexions apaisées, un ton introspectif. L'opus lyrique qui se situe sur une ligne trip-hop (avec des accents de techno hardcore) est habillé de cordes et de cuivres somptueux. Produit par Björk, Mark Bell (LFO), Guy Sigsworth et Howie B., il marque probablement une rupture (désillusion ?) ou un nouveau pas au-delà de l'ailleurs. Tel que « Medúlla » (2004) nous l'indique, dernière conspiration de l'invisible, géniale conjugaison des flux de Mike Patton, Rahzel et Robert Wyatt. Guy Darol

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    Homogenic ONE LITTLE INDIAN/UNIVERSAL, 1997

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  • CRLUSTRAUDE ❘ 2004

     

     

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    Sous ce nom de groupe qui aurait pu être choisi par Lovecraft se cache un trio (guitare, basse, batterie) au langage hallucinant. Les 9 titres de ce premier album éponyme viennent d'augmenter d'un coup la surface de l'étrange. Voici un précis de décomposition qui aurait pu enthousiasmer Cioran si jamais l'humoriste roumain s'était entiché de musique secouante. Crlustraude est-il un aérolite détaché du monde du jazz ou bien un éclat de rock arraché aux expériences de Robert Fripp ou de Roger Chapman ? Une chose est sûre, la liberté qui anime ce groupe a trouvé son inspiration chez Ornette Coleman. Et cette liberté épouse (si l'on peut dire) le ténébreux lyrisme de Robert Wyatt. Le batteur de Soft Machine devenu singer/songwriter « un ton au-dessus » occupe du reste une place importante dans ce précieux album avec une reprise superbement déstructurée d'« Alifib » et « Alife » provenant du sardanapalesque Rock Bottom. Le power trio (ère nouvelle) propose une lecture pareillement corrigée du « Sisters Of Mercy » de Leonard Cohen qui, une fois n'est pas coutume, rend la copie supérieure à l'original. Paysages sonores à la Harold Budd, distorsions vésuviennes selon les règles de mauvaise conduite des Sonic Youth, My Bloody Valentine et autres Slowdive, symphonies bruitistes manière Rhys Chatham constituent autant d'amers pour naviguer sur ce jeune océan miraculeusement né. Guy Darol


    CRLUSTRAUDE

    « Crlustraude »

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  • SOFT MACHINE ❘ MIDDLE EARTH MASTERS

    medium_Numeriser0010.5.jpgLorsque Mike Ratledge, Hugh Hopper et Robert Wyatt se rassemblent au début des années 1960,leur culture musicale est nourrie de jazz (Cecil Taylor, Thelonious Monk, Ornette Coleman) et de musique sérieuse (Luigi Nono, Karlheinz Stockhausen). Produit par Tom Wilson et Chas Chandler, leur premier album enregistré en quatre jours à New York révèle autant les prodromes du jazz-rock qu'une capacité à combiner les sources les plus jubilatoires de la littérature (William S. Burroughs, Alfred Jarry).

    Avec Blossom Toes, Pink Floyd, Family, The Crazy World Of Arthur Brown, Soft Machine inaugure le Middle Earth, l'une des scènes les plus psychédéliques de Londres.
    Bob Woolford, un talentueux bidouilleur, est dans la salle pour capturer leur concert du vendredi 13 octobre 1967.

    Sous le titre Middle Earth Masters, l'événement est désormais disponible en CD et l'on peut saluer au medium_Numeriser0011.5.jpgpassage le talent et la curiosité du label US Cuneiform qui a réalisé cette sortie au grand jour.

    La qualité sonore n'est pas toujours parfaite mais le document, tout de même très audible, rend palpable la jazzophilie (free furieusement freaky) du trio qui interprète ici des versions ultra baroques de "Hope For Happiness", "We Dit It Again", "Why Are We Sleeping", "A Certain Kind".

     

    medium_Numeriser0012.5.jpgMIDDLE EARTH MASTERS

    SOFT MACHINE

    CUNEIFORM/ORKHESTRA

    www.cuneiformrecords.com

    www.orkhestra.fr

     

     

     

     

     

  • LAURENT GIRARD AKA MELODIUM

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    Laurent Girard aka Melodium ne donne jamais de concert. Sa musique (laptop au début) est d’intérieur et elle vise l’intérieur des êtres. Après La Tête Qui Flotte (Autres Directions In Music, 2005), un moment de très calme electronica, Music For Invisible People confirme Melodium, odyssée solitaire dans les espaces de la mélancolie pop.

    medium_Numeriser0017.4.jpgAlbum de haute solitude composé lors d’un séjour sur l’île d’Oléron, Music For Invisible People garde la ligne flexueuse. On reconnaît immédiatement la marque, comme un voyage au-dessus des abîmes. Mais un voyage dans un module souple. Le siège est onctueux. Les commandes sont dans le cœur du voyageur. Et c’est une circulation magique, une complicité par les ondes, la musique de Laurent Girard aka Melodium nous fait ressentir l’élévation, une petite poussée vers le haut qui envoie en l’air. Et il y a un peu de cela dans Music For Invisble People, un peu du duo Air, un peu de l’ex-Grandaddy, un peu de l’infinie possibilité des pianos et guitares jouets (Pascal Comelade) et dans la voix, l’évanescence de Robert Wyatt.

    MELODIUM

    MUSIC FOR INVISIBLE PEOPLE

    AUTRES DIRECTIONS IN MUSIC/LA BALEINE

    Sortie : 15 novembre 2006

    ECOUTER MELODIUM

    VOIR ET ENTENDRE MELDIOM

    www.autresdirections.net

    www.myspace.com/autresdirectionsinmusic

    www.myspace.com/melodium

    Et voici ce que j’écrivais dans Muziq # 4 à propos de La Tête Qui Flotte :

    MELODIUM

    LA TÊTE QUI FLOTTE

    AUTRES DIRECTIONS IN MUSIC/MUSICAST

    medium_Melodium_5.jpgL’une des plus belles sensations acoustiques de l’année. Melodium alias Laurent Girard vient de confectionner un rare masterpiece avec les moyens du bord. Multi-instrumentiste (mini-disc portable y compris) ingénieux, Melodium ne jaillit pas de nulle part. Après avoir signé chez Active Suspension et Disasters By Choice, il livre avec Anaemia (publié chez Audio Dregs) un recueil remarqué en 2004. La Tête Qui Flotte est le résultat d’une exploration musicale au grand air. En effet, sur plusieurs plages, cet Angevin malin enregistre, en forêt ou dans la prairie, des guitares folk, des flûtes de collège, des masses cognant un billot, des claquements de doigts ou encore des tapes sur la couture du pantalon. Fan de cordes, il digitalise des violons, faute de pouvoir engager d’authentiques concertistes. L’album est par ailleurs nourri par des guimbardes, melodicas, xylophones, balafons, également des claviers qui humectent les yeux. Cette perfection sonore évoquera pour certains (notamment sur « Baromètre Mental ») les arrangements de Yann Tiersen. Ailleurs, on croirait entendre, il est vrai, des inédits de Boards Of Canada ou de Skyphone. En vérité, Melodium ne nous accorde que deux comparaisons : Max Richter et Plaid, longues figures du style downtempo. À mon avis, La Tête Qui Flotte est une pièce considérable dans l’histoire des musiques électro-acoustiques et un grand moment de pop raffinée. Un vrai souci pour les têtes de classe de l’electronica harmonieuse, genre Air, par exemple. Guy Darol

  • MATT ELLIOTT ❘ FAILING SONGS

     

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    Dans un monde perpétuellement menacé par les nouvelles alliances de la religion et de l’hyperterrorisme, les compositions musicales de Matthew Herbert et de Matt Elliott tracent une voie en faveur de l’art au service de la conscience vive.

    The Third Eye Foundation est le pseudonyme de Matt Elliott, un compositeur originaire de Bristol qui décrivit en cinq albums une nouvelle orientation de l’electronica, résolument mélancolique et spirituelle. Depuis qu’il s’est découvert des origines slaves, Matt Elliott écrit une musique sourcière, mêlant sonorités russes et byzantines. Maître des musiques électroniques (à égalité avec Boards Of Canada), il donne forme depuis The Mess We Made (Domino, 2003) à une œuvre sans pareille dans l’univers néo-folk.

    medium_Numeriser0007.4.jpgDrinking Songs (Ici d’ailleurs, 2004) révélait un chant proche de la plainte aux accents de fées, Failing Songs est une collection de titres où les chœurs porté par un ensemble organique (guitare, claviers, cordes) traduisent la décision d’échapper au fléau de la renonciation. Car sous l’impression cotonneuse fournie par une voix épelant les nuées, cet album porte un message éminemment politique, celui d’amener l’esthétique sur un terrain aujourd’hui occupé par les forces en guerre de l’économie.

    Sans doute peut-on simplement s’énivrer de cette splendeur sonore (laquelle évoque autant medium_Numeriser0006.4.jpgPascal Comelade que Robert Wyatt) sans atteindre le cœur du propos. Mais Failing Songs est de ces œuvres qui méritent l’écoute intensive et la recherche du sens caché. C’est pourquoi cet album est bien celui qu’il faut arracher aux bacs où s’amoncelle l’insignifiant et cela sans attendre le prochain attentat.

    Enfin, Matt Elliott qui n’est pas un go-between intense des scènes parisiennes sera en concert le dimanche 8 octobre au Café de la Danse et il est tout aussi indispensable d’aller à sa rencontre. Guy Darol

    MATT ELLIOTT

    Failing Songs

    Ici d’ailleurs/Discograph

    Sortie : 23 octobre 2006

    En concert au

    Café de la Danse

    5, passage Louis-Philippe

    75011 Paris

    Dimanche 8 octobre, 19h30

    www.thirdeyefoundation.com

    www.icidailleurs.com

    Café de la danse

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