En 1947, paraissait Portraits de famille, un recueil de souvenirs de Léon-Paul Fargue. Serti de photographies et emmené par l'une des plus belles plumes de la littérature, l'ouvrage rassemble des souvenirs qui animent les figures de Verlaine, Mallarmé, Max Jacob, Valéry Larbaud, Colette, aussi Ricardo Vinès.
Ce livre est dans ma bibliothèque depuis jolie lurette et c'est en préparant un entretien avec Pascal Comelade qu'il me devint soudainement précieux.
Féru de culture catalane, Pascal Comelade a une passion pour Ricardo Vinès, mort le 29 avril 1943.
Voici ce que Léon-Paul Fargue en écrit :
"De 1900 à 1939, c'est-à-dire tout le long de ce demi-siècle qui s'est achevé avant d'avoir la cinquantaine, et particulièrement pendant ce répit d'entre les guerres, où l'on pouvait se consacrer librement à l'art de son choix, la politique n'ayant pas encore fait craquer les coutures, Vinès a fait parler de lui par toutes les bouches du monde, et certainement essayé les meilleurs claviers de l'univers des touches. Il a été, pendant cette époque incomparable, le véritable révélateur de la musique la plus moderne et de celle qui l'avait influencée, de Chabrier à Debussy, de Ravel à Satie, de Poulenc à Mompou, de Borodine et de Balakirew à Albeniz ou à Turina. Il se transportait d'une maison amie dans une autre avec son sourire affectueux, sa moustache, ses doigts mystérieux, sa bonhomie de bonne origine. Nous le feuilletions comme un album et il nous enchantait d'images sonores. Tous mes réservoirs d'émotion frémissent encore de ses passages précis et tendres."
C'est tout dire.