Laurent Girard aka Melodium ne donne jamais de concert. Sa musique (laptop au début) est d’intérieur et elle vise l’intérieur des êtres. Après La Tête Qui Flotte (Autres Directions In Music, 2005), un moment de très calme electronica, Music For Invisible People confirme Melodium, odyssée solitaire dans les espaces de la mélancolie pop.
Album de haute solitude composé lors d’un séjour sur l’île d’Oléron, Music For Invisible People garde la ligne flexueuse. On reconnaît immédiatement la marque, comme un voyage au-dessus des abîmes. Mais un voyage dans un module souple. Le siège est onctueux. Les commandes sont dans le cœur du voyageur. Et c’est une circulation magique, une complicité par les ondes, la musique de Laurent Girard aka Melodium nous fait ressentir l’élévation, une petite poussée vers le haut qui envoie en l’air. Et il y a un peu de cela dans Music For Invisble People, un peu du duo Air, un peu de l’ex-Grandaddy, un peu de l’infinie possibilité des pianos et guitares jouets (Pascal Comelade) et dans la voix, l’évanescence de Robert Wyatt.
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MELODIUM
MUSIC FOR INVISIBLE PEOPLE
AUTRES DIRECTIONS IN MUSIC/LA BALEINE
Sortie : 15 novembre 2006
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www.myspace.com/autresdirectionsinmusic
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Et voici ce que j’écrivais dans Muziq # 4 à propos de La Tête Qui Flotte :
MELODIUM
LA TÊTE QUI FLOTTE
AUTRES DIRECTIONS IN MUSIC/MUSICAST
L’une des plus belles sensations acoustiques de l’année. Melodium alias Laurent Girard vient de confectionner un rare masterpiece avec les moyens du bord. Multi-instrumentiste (mini-disc portable y compris) ingénieux, Melodium ne jaillit pas de nulle part. Après avoir signé chez Active Suspension et Disasters By Choice, il livre avec Anaemia (publié chez Audio Dregs) un recueil remarqué en 2004. La Tête Qui Flotte est le résultat d’une exploration musicale au grand air. En effet, sur plusieurs plages, cet Angevin malin enregistre, en forêt ou dans la prairie, des guitares folk, des flûtes de collège, des masses cognant un billot, des claquements de doigts ou encore des tapes sur la couture du pantalon. Fan de cordes, il digitalise des violons, faute de pouvoir engager d’authentiques concertistes. L’album est par ailleurs nourri par des guimbardes, melodicas, xylophones, balafons, également des claviers qui humectent les yeux. Cette perfection sonore évoquera pour certains (notamment sur « Baromètre Mental ») les arrangements de Yann Tiersen. Ailleurs, on croirait entendre, il est vrai, des inédits de Boards Of Canada ou de Skyphone. En vérité, Melodium ne nous accorde que deux comparaisons : Max Richter et Plaid, longues figures du style downtempo. À mon avis, La Tête Qui Flotte est une pièce considérable dans l’histoire des musiques électro-acoustiques et un grand moment de pop raffinée. Un vrai souci pour les têtes de classe de l’electronica harmonieuse, genre Air, par exemple. Guy Darol