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janis joplin

  • BJÖRK

     

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    N'est pas fée qui veut. Il faut un corps aux racines profondes dans le pays gelé. Il importe d'avoir vu avec les yeux du dedans ce que les sceptiques renvoient à la berlue. Qui se sert aujourd'hui de cette optique interne ? Les voyants font leur marché le samedi. Ils remplissent leurs paniers de pendules, de pyramides et de croix primordiales. Ce petit matériel suffit aux clients de l'avenir en rose. Ainsi équipé, il leur semble que les mediums y voient plus clair. Et pourtant, l'invisible existe. Il est cadastré en Islande et  produit d'authentiques miracles, des êtres que l'on peut entendre et toucher. Ceux de Reykjavik le savent. Certains l'ont vu grandir. Quelques-uns (environ 5 000) ont capté la voix menue sur une galette spécialement gravée pour convaincre les incrédules. L'objet portait un mot de cinq lettres, comme un nom elfique, Björk. La petite n'avait que 11 ans mais déjà, elle savait manier le piano et la flûte. Surtout, elle possédait un grain de voix semblable à un cristal. Les chansons des Beatles ou de Stevie Wonder sortaient de sa bouche comme des nuances de prisme. Elle avait, assure-t-on, découvert Stockhausen, Debussy et Mahler à l'âge de 5 ans. On dit aussi qu'elle avait beaucoup écouté Janis Joplin, Eric Clapton, Jimi Hendrix au milieu des volutes de la communauté hippie où sa mère s'était réfugiée.

    Dans ce royaume, les frontières sont évanescentes. Celles qui résistent sont durement éprouvées. Björk agite l'oriflamme brut de rock. Sa voix se fait aiguë pour redorer l'art des bruits. Elle intègre Spit and Snot, Exodus, formations de combat punk. Au sein de Tappi Tikarrass, elle fusionne funk et jazz. Son corps de fée indique 16 ans sur l'échelle du Grand Temps. Avant de rejoindre Kukl/Sykurmolarnir/The Sugarcubes, elle cisèle sur son bras gauche un compas de marine, direction pour ne pas se perdre. Cette rune de divination signe son appartenance à l'alphabet des origines. Les runes de l'alphabet nordique ont vertu magique. Les racines indo-européennes du mot signifient mystère ou parler en secret. Björk qui a enregistré « Gling-Gló », en 1990, album nourri de be-bop et chanté dans sa langue maternelle a désormais une voix. Tessiture susceptible de pulvériser l'homogénéité du cristal. Le timbre se souvient d'Ella Fitzgerald et de Nana Mouskouri que sa grand-mère lui fit connaître. Mais autre chose domine, à la ressemblance du murmure étouffant le cri, comme un hurlement voilé. À l'exemple de ses homologues islandais du groupe Sigur Rós, elle puise dans la tradition des rímur, ces ballades chantées à voix croisées dont la tradition remonte aux Eddas et à la poésie scaldique.

    Rímur, Stockhausen, Mahler (surtout les Kindertotenlieder), Ella, Janis, voilà ce qui parle en secret dans le chaudron de sa voix elfique. Savant pêle-mêle où sans cesse se combinent profane et sacré. Fusion qui nie la décrépitude des symboles, le principe aristotélicien de non-contradiction. Björk est ailleurs, et son territoire aux contours superbement flous nous est livré dès « Debut » (1993), album qui transforme son art en satori. Nouvel éclat avec « Post » (1995) enregistré avec Graham Massay de 808 State et produit par Howie B., l'alchimiste électro qui a associé son nom à Massive Attack, Soul II Soul et U2. Cette publication que l'on aurait pu qualifier d'anthume précède le chaos. En 1996, Björk marave une journaliste sur l'aéroport de Bangkok avant d'être visée, dans sa thébaïde londonienne, par un colis piégé à l'acide sulfurique. L'expéditeur, un fan dangereusement énamouré, se donnera la mort en écoutant I Miss You, neuvième titre de « Post ». Femme fée devenue mère et idole, elle émigre en Espagne pour se mettre à l'abri. C'est là qu'elle donne naissance à l'épisode le plus tranchant de sa discographie. « Homogenic » qui synthétise, selon elle, l'alliance du rythme et de la voix, est l'œuvre de la reconstruction. L'édifice parfait semble jaillir de toutes les sources bues. Immense geyser bouillonnant d'inventivité, l'album révèle des inflexions apaisées, un ton introspectif. L'opus lyrique qui se situe sur une ligne trip-hop (avec des accents de techno hardcore) est habillé de cordes et de cuivres somptueux. Produit par Björk, Mark Bell (LFO), Guy Sigsworth et Howie B., il marque probablement une rupture (désillusion ?) ou un nouveau pas au-delà de l'ailleurs. Tel que « Medúlla » (2004) nous l'indique, dernière conspiration de l'invisible, géniale conjugaison des flux de Mike Patton, Rahzel et Robert Wyatt. Guy Darol

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    Homogenic ONE LITTLE INDIAN/UNIVERSAL, 1997

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  • JANIS JOPLIN

     

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    Barnley Hoskyns qui est un parfait géomètre de Los Angeles a parlé dans Waiting For The Sun de « la trinité païenne des morts du rock qui inaugura les années 70 ». Le triangle est connu et j'imagine qu'il est enseigné dans toutes les écoles où la musique est un pilier de culture. Pour ceux qui l'auraient oublié : Jimi Hendrix (septembre 70), Janis Joplin (octobre 70), Jim Morrison (juillet 71). Mais la décennie de l'errance a commencé avant la fin de partie d'Hendrix. Brian Jones (69) ouvre la voie des naufragés et certains d'entre vous auront raison de souligner que la mort d'Al Wilson (70) et de Brian Cole (72) fut pareillement traumatisante. Celle de Janis me fit pleurer. Si rapprochée de celle d'Hendrix que certains oseront dire (ne dit-on pas n'importe quoi ?) qu'elle précipita son suicide. Pour beaucoup d'entre nous, cette fin réputée suspecte (nez cassé, traces de lutte) avait valeur d'alerte. Elle démontrait que la drogue tue. C'était la version (rarement contestée) du docteur Thomas Noguchi. Il avait établi que Janis Joplin s'était injectée la totalité d'un sachet contenant 30% d'héroïne pure. Soit, six fois la dose habituellement utilisée par la chanteuse. Comment une jeune femme de 27 ans avait pu mettre un terme brutal à son parcours glorieux dans un hôtel d'Hollywood alors qu'elle préparait le meilleur de ses albums, accompagnée de son meilleur groupe ? La réponse est dans le cœur muet de Pearl, le surnom qu'elle s'était choisie pour mieux se fondre dans la communauté des êtres qui détestent les chefs. Son père n'était-il pas capitaine d'industrie dans une ville raffinière du Texas, Port Arthur, la plus moche de toutes les villes du monde, selon les mots de Janis ? Elle y avait chanté dans une chorale. Elle y avait écouté Bach et Beethoven mais surtout Bessie Smith, Odetta, Leadbelly, Big Mama Thornton. A l'université d'Austin, elle avait remporté le concours du mec le plus laid du campus. Ce qui reste à prouver. Tout lui parlait de fuite. Les livres des beat poets, ceux de Jack Kerouac ne lui donnaient pas le choix. Pour survivre, il fallait partir. Rejoindre San Francisco, la nouvelle Utopia. Là, elle rencontre Jorma Kaukonen (avant le Jefferson Airplane) et David Crosby. Dans les beautiful tribes d'Haight Ashbury, elle côtoie les membres d'un groupe psyché égalitaire. Big Brother and The Holding Company signe un contrat avec Mainstream Records (Carmen McRae, Helen Merrill, Nucleus) et réalise, Janis au front, un premier album éponyme. Frisco qu'elle croyait être la cité radieuse, sera son paradis de l'excès. Elle y découvre le goût de l'héroïne et du Southern Comfort, une boisson dont elle devient l'égérie commerciale.  La firme de St. Louis lui offrira un manteau de fourrure pour la remercier de la publicité (involontaire !) faite à son enseigne.  

    Le samedi 17 juin 1967, au festival de Monterey (premier acte du summer of love), Janis Joplin casse la baraque. Elle ne dispose que de 15 minutes. Dans ce bref intervalle, les trois sculptures sonores qu'elle livre au public suffisent à l'ériger en superstar du blues. Sa version de Ball And Chain de Big Mama Thornton fige les sangs. L'incandescence du texte est une boule de feu dans sa gorge. Son poing fermé bat la mesure comme un marteau de rage. Une rage qu'elle condense sur « Cheap Thrills » (1968) où se détachent Piece Of My Heart et surtout Summertime, l'hymne des frères Gerschwin qu'aujourd'hui on traduit en onctueux trémolos. Cette « chaotique frénésie de petite fille déchirée » (Barnley Hoskyns) trouve de nouveaux élans. Et ce sont les musiciens du Kosmic Blues Band puis de l'excellent Full Tilt Boogie Band qui en donnent la couleur. Auréolée à Woodstock, elle se hisse sur scène soutenue par trois personnes. Sa voix de white blues singer n'a pas faibli mais le corps est brisé. Seul le grand repos parviendrait à estomper les ravages de l'héroïne et de l'alcool. Après le festival de Toronto et une kyrielle de dates, elle enregistre de nouvelles chansons (Cry Baby de Ragovoy & Berns, Mercedes Benz qu'elle compose avec le poète Michael McClure, Me And Bobby McGee de Kris Kristofferson et l'inoubliable Move Over), sous la houlette de Paul Rothchild, le producteur des Doors et du Butterfield Blues Band. La suite est un point final creusé dans la chair. Trop d'héroïne seringuée au Landmark Hotel et la mort sans témoins. « Pearl » est une œuvre  posthume. « Ce que j'ai fait de mieux, dira Paul Rothchild, et probablement  l'un des meilleurs albums arraché aux Sixties ». Guy Darol


     

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    The Pearl Sessions, Janis Joplin, avril 2012


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    LIRE

    Janis Joplin par Jean-Yves Reuzeau, Gallimard - Folio Biographie, 2007


     

     

     

     

  • MUZIQ 8 ❘ LE SOMMAIRE

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    medium_MUZIQ_8_LE_20_OCTOBRE_.JPG
    Muziq 8 est dans les kiosques.
    En voici le sommaire.

    PAROLES D'ACTU

    Glenn Hughes par Frédéric Goaty

    Ramon Pipin par Guy Darol

    Lloyd Cole par Baptiste Piégay

    BULLETIN METEO

    Le Pingouin Ligoté par Guy Darol

    Christophe et son Frank par Frédéric Goaty

    LE PARIS DES DISQUAIRES par Philippe Deneuve

    MUZIQ LIVE

    C'est De La Soul par Etienne Brunet

    Zappa Plays Zappa par Guy Darol

    IL ETAIT UNE FOIS DANS L'OUÏE

    Van Hunt/Ed Motta/Amp Fiddler

    AINSI SOIENT-ELLES t;

    Ani Di Franco par Thomas Blondeau

    Björk par Guy Darol

    Camille par Jean-Pierre Lentin

    Bobbie Gentry par Baptiste Piégay

    Joni Mitchell par Jérôme Plasseraud

    Bridget St. John par Damien Bonelli

    Cat Power par Guy Darol

    Emilie Simon par Christophe Geudin

    Fiona Apple par Christophe Geudin

    Janis Joplin par Guy Darol

    P.J. Harvey par Guy Darol

    Judee Sill par Baptiste Piégay

    Karen Dalton par Baptiste Piégay

    La Lupe par David Commeillas

    Laura Nyro par Philippe Robert

    Betty Davis par Christophe Geudin

    Missy Elliott par Thomas Blondeau

    Marcia Griffiths par David Commeillas

    Pura Fé par Philippe Deneuve

    Sister Rosetta Tharpe par Bertrand Bouard

    Suzanne Vega par Ersin Lebowitch

    Yoko Ono par Pascal Bussy

    The Pretenders par Noadya Arnoux

    Bonnie Raitt par Thomas Blondeau

    Madeleine Peyroux par Pascal Bussy

    Joanna Newsome par Frédéric Goaty

    Colette Magny par Guy Darol

    Nina Hagen par Guy Darol

    Blondie par Julien Ferté

    Et

    Carole King – Biyouna – Julie London – Laurie Anderson – Vashti Bunyan – Jonatha Brook – Maria Callas – Neneh Cherry – Miss Kittin – Tori Amos – Norah Jones – Shirley Horn – Peggy Lee – Joan Baez – Brigitte Fontaine – Judy Collins – Jenny Lewis – Jeanne Lee & Ran Blake – Shirley Scott – Maggie Bell – Martha Wainwright – Josephine Baker – Betty Carter – P.P. Arnold – Joan Armatrading – Tracy Chapman – Blossom Dearie – Jackie DeShannon – Juliette Gréco – Janis Ian – Doris Day – Fairport Convention – Mahalia Jackson – Cassandra Wilson – Rickie Lee Jones – Les Rita Mitsouko – Ella Fitzgerald – Cocteau Twins – Abbey Lincoln – Barbara – Renée Fleming – Françoise Hardy – Billie Holiday – Etta James – Memphis Minnie – Véronique Sanson – Linda Lewis – Millie Jackson – Grace Jones – Dana Gillespie – Edith Piaf – Jefferson Airplane – Lizzy Mercier Descloux – Eli Medeiros – Anita O’Day – Annette Peacock – Lucinda Williams – Sheila and B. Devotion – Madonna – The Pentangle – Beth Gibbons – Jane Birkin – Wendy & Lisa – ESG – Amalia Rodriguez – The Ronettes – Linda Ronstadt – Dusty Springfield – Oumou Sangaré – Patrice Rushen – Carly Simon – Nina Simone – Bessie Smith – Teena Marie – Dinah Washington – Patti Smith – Donna Summer – Cibo Matto – Oum Khalsoum – Rita Lee – Kate Bush – Missill – Meshell Ndegeocello – Helen Merrill – France Gall –

    RAYON DISQUES

    Blackbud – Bonobo – DJ Mehdi – Lara Guirao – Ersahin/Truffaz/Madsen/Rueckert/Penman – John Mayer – The Who – Thomas Dybdahl – Jamie Saft Trio – DJ Shadow – Kid Koala – Matt Elliott – Adanowsky – Moondog – Pajo – Pere Ubu – Radio Algeria – Quelques Fiers Mongols – Son Of Dave – The Beauty Room – Gov’t Mule – The Shaggs – ESG – Zakarya – Bob Dylan – The Mars Volta – Richard Thompson – Tommy Bolin – Arthur Russell ...

    RAYON DVD

    Nina Simone – Albert Marcoeur/ Guy Billout – Prince – Chic – Rainbow – Free – Pink Floyd – Bill Bruford – Dave Chapelle …

    RAYON LIVRES

    Cant’t Stop Won’t Stop par Jeff Chang

    Lester Bangs par Jim DeRogatis

    Dylan /Portraits et témoignages

    Carl et les vies parallèles par Franck Dit Bart

    ...

    NOCES DE PLATINE par Yvinek

    medium_MUZIQ_8_LE_20_OCTOBRE_.2.JPG

    Muziq - 63, avenue des Champs-Elysées 75008 Paris

    Rédacteur en chef - Frédéric Goaty

    fredogaty@wanadoo.fr