Cette fois, Métal Moumoute est en vente chez les meilleurs disquaires !
Depuis le temps qu'on attendait ça...
On ne devrait jamais dire adieu. Prenons Au Bonheur des Dames, combo brindezingue et rock’n’roll né en 1972. Ayant laissé de conjouissives splendeurs dont l’album Twist (1974), truffé de doo-wop et autres covers qui agitèrent, d’un hémisphère l’autre, les cliquettes les plus mollassonnes, ce groupe bubble & cult a juré son retour puis ses adieux en janvier 1997. Rien à faire, ils sont toujours là, plus vifs et rentre-dedans que jamais.
Avec leur humour au treizième degré cinq issu de Francis Blanche, Choron, Spike Jones, Bill Haley, et Josep Pujol (grand pétomane après Dieu), les voici sur un nouvel album plus agit pop, sociofuturiste et pieddenickléesque que jamais.
Leur opus dé(f)i est dans tous les bons bacs depuis le 9 octobre.
Il s’appelle Métal Moumoute. C'est décapant (au sens d’arrache-cheveux), défrisant (au sens de il est temps de tordre la frise chronologique de nos épopées musicales qui nous font croire au post-rock alors que le primal rock est vivant, bien vivant, la preuve !) et inoubliable.
Par surcroît (et quelle que soit la météo ce jour-là), Au Bonheur des Dames sera présent, sur scène, le 19 octobre pour un concert au Grand Rex.
Présent, c’est-à-dire en réunion : chœurs, cuivres plus les 11 membres du combo le plus imité, jamais égalé.
Comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, notez que Ramon Pipin prépare (tel un maître-queux soucieux de ses bouches) la sortie des Œuvres Complètes d’Odeurs. Soit deux coffrets comprenant l’intégrale augmentée de 39 bonus. Quelle générosité, quelle munificence.
Bitos bas Señor Ramon.
Enfin, je ne peux m'empêcher de revenir sur Carl et les vies parallèles, premier roman de Franck Dit Bart, paru en septembre 2006 aux éditions Michel Champendal.
En effet, l’auteur ouvre le la (au sens du déterminant précédant le substantif) par une demande d’embauche adressée à Ramon Pipin.
Car, oui, Franck Dit Bart ne rêve que d’une seule chose (bien érectile probalement) : écrire des chansons pour le bandleader d’Au Bonheur des Dames et d’Odeurs.
Nous avons eu l’heur (en tant que remuglophile ancestral) d’approcher Ramon Pipin afin de lui soutirer quelques perles bien senties. L’homme est affable, bien que toujours prêt à mordre la cuisse d’un prébendier de passage. Il faut dire que le singer songwriter guitar hero petit patapon venait juste d’affûter ses dents et de lustrer ses yeux.
Guy Darol : Vous avez initié la mode du sobriquet, du costume-farce et du happening iconoclaste jouant rock. Tout cela est-il aussi grinçant de nos jours ?
Ramon Pipin : C’est fort aimable de votre part très cher, mais le sobriquet avait déjà été largement utilisé par Groucho Marx ou W.C. Fields. Moins dans le rock’n’roll, il est vrai. Cependant, rappelons que le premier 45t de rock français : « Rock Hoquet », repris d’ailleurs plus tard par Au Bonheur Des Dames, était l’œuvre de Boris Vian, Michel Legrand et Henri Salvador sous le pseudo d’Henry Cording. Ces artistes talentueux (sauf un) nous ont profondément influencés.
Quant aux accoutrements, nous considérions qu’un concert se doit de faire appel à tous les sens. Quand on devait se fendre de 12 francs pour une place, il fallait qu’on en ait pour son argent, non mais ! Donc costumes et décors. Même l’odorat sera d’ailleurs plus tard sollicité par Odeurs avec la projection d’un parfum à base de chou-fleur par des compères en costumes d’apiculteurs avant le début des spectacles.
Notre positionnement artistique se trouve quelque part entre le rock’n’roll et le music-hall. Depuis 35 ans, nos prestations scéniques sont également des évènements visuels, que ce soit avec ABDD ou plus encore avec Odeurs, — lors de notre premier spectacle au Théâtre d’Orsay en 1979, nous étions 38 sur scène ! — dont une des devises était : « Nous voulerions que chaque chanson serait comme un petit film ». Pour mémoire l’autre était : « Odeurs frôle le bon goût sans jamais y sombrer ».
Rappelons encore pour préciser notre attachement au music-hall que nous avons joué avec ABDD au Concert Mayol en 1973 et que nous allons investir la scène du Rex le 19 octobre avec 25 artistes sur scène plus décors et 1ère partie. Rien que du premier choix, madame !
Les autres artistes s’expriment comme ils veulent, en robe noire, derrière un piano noir, ou dans des chansons noires, nous ne nous sentons pas concernés.
Notre dernier album (live en plus) remonte à dix ans : c’est le temps qu’il nous faut pour mûrir de nouvelles chansons immortelles. La précipitation est mère de la médiocrité.
Guy Darol : Odeurs voit passer dans ses rangs Didier Lockwood, Bernard Paganotti, Manu Katché, Klauz Blaquiz. Fallait-il oublier l’âge punk et ses boules puantes ?
Ramon Pipin : Le jour ou les mots « punk » et « musicien » dans le sens noble du terme seront accolés n’est pas arrivé, non ? Et ce bref spasme musical n’aura fait qu’enfoncer des portes ouvertes. Les Who étaient punks dès 1964 et de grands musiciens…
Pardonnez l’éclipse mais il me fut impossible de retenir (par les baskets) plus avant Ramon Pipin qui avait mieux à faire, assurément, que pratiquer la sophistique et le rêve éveillé au bord de la mer et de ses laminaires. Nous en resterons là, sachant que ...
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Au Bonheur des Dames
en concert au Grand Rex
le 19 octobre 2006
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Métal Moumoute
Au Bonheur des Dames
(FGL/Wagram)
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Intégrale Odeurs
(FGL/Wagram, deux coffrets)
sortie : courant janvier 2007
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