Ceux qui ne boudent pas leur dilection en écoutant le punk yé-yé des Wampas prendront plaisir à lire le Dictionnaire bordélique de Philippe Wampas Martinot, guitariste protohistorique du groupe le plus rentre-dans-le-mou rocanrol après Buddy Holly.

Notamment, on y apprend que Wampas n'est pas le nom de Didier mais un sobriquet détourné d'une aventure de Rahan, "le fils des âges farouches", dont les combats contre les hommes-wampas furent popularisés par l'hebdomadaire Pif, proche du parti communiste.
Didier qui se souvient de Spézet ("le Las Vegas breton") où son grand-père maternel était sabotier, n'est pas peu fier de rappeler ses origines communistes. Même si le ératépiste déclare n'avoir jamais appartenu à la CGT.
Cet abécédaire qui part du mot accident et sur les chapeaux de roues d'une 4L dont il traversa le pare-brise à l'âge de deux ans (d'où les cicatrices) nous emmène 180 pages et quelques plus loin au bon souvenir de Zoetemelk, héros de son enfance.
Car si les Wampas n'aiment pas l'accordéon, Didier adore le vélo (anagramme de love selon Michel Ohl) et notamment Laurent Jalabert, Marco Pantani. D'où la chanson nostalgia Rimini.
Mais ce livre est aussi un périple à rebours sur les rivages du rock alternatif avec ses oh! et ses ah! Une occasion pour réécouter Los Carayos, Les Daltons ou s'intéresser aux détrônements bouffons de Jean-Luc Le Ténia.
Mais surtout pas Genesis, Kyo ou l'homme à la bouffarde.
On se prend brusquement d'affection pour Moustique, "le champion du monde des losers yé-yé", également pour Spider X, le groupe de Delphine Ciampi.
On est avisé de l'importance de David Bowie et de Nadine Expert dans la trajectoire de ces bolides de scène.
On est touché d'apprendre que les Wampas eurent leur heure de gloire au Tabou mais ce n'était qu'une heure. Tandis que Boris Vian, Juliette Gréco, Jean-Paul Sartre et son Castor ...
Finalement, on se dit qu'on aurait beaucoup à gagner en se procurant tout ce qu'on peut dégoter des Meteors et des Washington Dead Cats. Car c'est de cette manière vraiment qu'on adhèrera par tous les pores à la sémantique du groupe qui ne craint pas de faire partager ses dégoûts. En ces temps où la politesse, la vacuité et l'ordre moral composent la pâte qui fait le succès des choses inanes, les Wampas ne tournent pas le dos à l'irrespect. Et c'est pour cela qu'ils sont bons et beaux.
VOIR LES WAMPAS AUX VICTOIRES DE LA MUSIQUE
) DICTIONNAIRE BORDELIQUE DES WAMPAS
Philippe Wampas
Editions Hors Collection, février 2007
215 pages, 14,90 euros
Commentaires
Ah Spider X ! J'ai toujours le 45. Un régal. Y a-t-il eu d'autres productions en dur ?