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ROBERT GIRAUD ❘ PARIS, MON POTE

 

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Comme un avant-goût de la biographie qu'il écrit au sujet de Robert Giraud (1921-1997), Olivier Bailly nous indique les amers en pleine ville que fréquentait l'écrivain. Il nous le décrit "sécot", "choucard" et il nous semble que ce portrait peint au vocabulaire des rues (mais alors pavées et presque toujours vernissées) est une invitation à partager le vin de comptoir. Robert Giraud fut l'auteur du Vin des rues (Denoël, 1955), de Carrefour Buci (Le Dilettante, 1987) et de Lumières du zinc (Le Dilettante, 1988), trois livres phosphorescents qu'il convient de porter en soi pour entrer dans Paris par la porte des bars où l'amitié est un raout.

Dans son avant-texte, Olivier Bailly nous met en bouche. Il évoque l'antiquaire Romi, le café-tabac de l'Institut cornaqué par Fraysse, hauts lieux des homériques fiestas. Rendez-vous des piétons de Paris, ces commerces enjoués s'animent tout à coup de présences absentes : Jean-Paul Clébert, Jacques Yonnet, Albert Vidalie, Antoine Blondin, Robert Doisneau, André Hardellet, René Fallet. Robert Giraud est là, à l'épicentre de nos regards. Il observe. Il commente. Ses mots coucheront sur le papier les vivants de Paris, un Paris antérieur à la folie des boules de fonte, au maniement du bulldozer, à la destruction des façades anthracite.

Il paraît que Paris, mon pote fut refusé par l'éditeur Denoël. On est scié à la base. Ce recueil d'enluminures est l'un des plus beaux livres jamais écrit sur le Paris de l'après-grand schproum. Un guide nous prend par la main et nous fait découvrir la ville des vieux métiers et des Gitans, le canal Saint-Martin, les puces de Clignancourt dont on apprend (tout en flânant) qu'elles occupent les terrains de l'Assistance Publique offerts aux miséreux. On traverse le Pont des Arts en compagnie de Nénette, de Milo et l'on s'arrête devant les oeuvres de Maurice Duval, inaccessibles à notre porte-monnaie.

Surtout, nous sommes portés sur les échasses d'un style qui nous fait voir la ville et son ciel. Un grand style dont on n'a pas idée puisque les historiens de la littérature manquent de le mentionner.

Au chapitre des vieux métiers, ceci :

"Le chiffonnier n'est pas un entrepreneur de pompes funèbres, et sa voiture une véritable fosse commune. Il effectue son travail non pas à la sauvette, mais à la vue de tout le monde. Il n'est jamais satisfait de son chargement, c'est un ogre, et rien n'échappe à son appétit.

Exhumés des caves et des greniers, les objets les plus divers sous leur poussière et leurs toiles d'araignées s'entassent sur son véhicule, et par ce simple fait prennent un nouveau départ dans la vie. Le curieux est son auxiliaire le plus précieux. L'oeil attiré par la cage démodée, la carafe sans bouchon, le cadre doré, le képi à plumet ou la bouilloire au cuivre bosselé, il songe un instant avant de se décider à acquérir le bougeoir qui encombrera la cheminée du salon déjà surchargée par des générations de souvenirs de famille.

Car le chiffonnier aux mains grises, aux vêtements décorés par le sable du temps, est le meilleur marchand de rêves palpables que l'on puisse rencontrer."

Robert Giraud est cet autre "marchand de rêves palpables" que je vous souhaite de connaître. Paris, mon pote est sûrement l'une de ses meilleures adresses. Avec ce livre comme vade-mecum vous arpenterez la ville à rebours et sous le neuf du plastique et du verre vous verrez apparaître d'anciens estaminets enfumés et joyeux. Votre vue n'étant pas brouillée par l'alcool (ou autre chose) vous aurez simplement subi l'effet Giraud, la magie palimpseste. Guy Darol

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ROBERT GIRAUD

PARIS, MON POTE

LE DILETTANTE


 

www.ledilettante.com/

http://robertgiraud.blog.lemonde.fr/


A paraître

MONSIEUR GIRAUD, VOUS NE SEREZ JAMAIS UN GARCON SERIEUX par Olivier Bailly

EDITIONS STOCK, COLLECTION "ECRIVINS"

 

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