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ARMAND ROBIN ET LES FAMOUS FIVE

Nous étions cinq comme les Famous Five d'Enyd Blyton. Cinq sur les vicinales qui mènent à l'enfance d'Armand Robin. Nous ne disposions que de quelques amers confiés à leurs lecteurs par Anne-Marie Lilti dans sa récente biographie et de ces photographies réunies dans un précieux numéro spécial de la revue Skol Vreizh.

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Nous connaissions les noms majeurs : Rostrenen, Plouguernével, Glomel.

A Rostrenen, nous quémandâmes auprès de l'Office de tourisme et de la Médiathèque quelque chose comme une piste fléchée, un sentier de non-traduction ou de poésie qui indiquerait le trou de l'arbre. Ici, le nom d'Armand Robin ne fait pas sésame.

Le site dédié à Armand Robin signalait des toponymies inexistantes sur les plans disposés au centre des villages. Nous déduisîmes Kerfloc'h et Le Cosquer.

A Kerfloc'h, berceau des premières années d'Armand Robin, nous vîmes la ferme percée de la porte à ogives et un arbre imposant parfaitement opaque.

 

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A Glomel, nous cherchâmes Le Cosquer qui pouvait être l'exploitation un tantinet plus vaste où s'installa la famille Robin après le départ de Kerfloc'h. J'avisai une jeune femme penchée sur un parterre de fleurs. Elle savait le nom d'Armand Robin et aussi qu'il mena "grande vie à Paris, une vie de bohème". Il ignorait, à ce qu'elle me dit, le sens du mot travail. Je lui parlai du hameau de Oasquer (ou Ouasquer), quelquefois orthographié Le Goasquaich. Elle savait. C'était sur l'ancienne route de Rostrenen, une ferme sur la droite, au fond d'un chemin creux.

Nous y fûmes. La route était sinueuse. On se perdit. Un jardinier que le ciel bleu intimait de tailler ses haies nous remit dans le droit chemin. Le paysage devenait plus rond. La végétation s'en donnait à coeur joie. On s'arrêta devant un panonceau qui murmurait des eurêka : Ar Wazhkae. On descendit vers des sapins, vers des hangars. Nous reconnûmes le chêne frotté par les vents. La façade au rectangle parfait était bien celle des images vues et revues.

 

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Des bêlements, des agnelets, un berger maniant le biberon en petite mère attentive confirma que nous avions trouvé. L'arbre était tricentenaire. La ferme et ses 60 hectares venait d'être vendue à des Anglais.

Là que vécu Armand Robin. Là que dans l'arbre fendu, il nichait ses envies matinales de lecture. Là que le Breton de Rostrenen fit ce rêve mappemondial, celui de parler dans toutes les langues du monde. Là qu'il se fit poète, traducteur des nuées, des bourgeonnements, des pluies, des chevaux, ah ! les chevaux.

 

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Dans ce vallon, dans cet abri où Walden, mon fils, se coule, Armand Robin assembla les mots qui formerait plus tard Le temps qu'il fait.

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Il faisait soleil. Mon coeur battait. C'était un jour de joie profuse.

A cinq, on est toujours plus fort. Toutes les portes sont transparentes.

Commentaires

  • C'est magnifique à lire, à voir, à fureter ! Merci de diffuser cette joie profuse.

  • Trés émouvant, merci d'avoir accompli cette randonnée.

  • En relisant Gaston Bachelard,la poétique de l'espace, jy redécouvre ces lignes, où Bachelard fait allusion à l'oeuvre de Rilke, traduite par Armand Robin:" La conscience d'être en paix en son coin propage, si l'on ose dire, une immobilité. L'immobilité rayonne. Une chambre imaginaire se construit autour de notre corps qui se croit bien caché quand nous nous réfugions en un coin. Les ombres sont déjà des murs, un meuble est une barrière, une tenture est un toit. Mais toutes ces images imaginent trop. Et il faut désigner l'espace de l'immmobilité en en faisant l'espace de l'être.Un poète écrit ce petit vers (1):" je suis l'espace où je suis", dans un livre qui a pour titre: l'état d'ébauche. Ce vers est grand. Mais où le Mieux sentir qu'en un coin? Dans Ma vie sans moi(traduction Armand Robin), Rilke écrit:" Brusque, une chambre, avec sa lampe me fit face,presque palpable en moi.Déjà j'y étais coin, mais les volets me sentirent, se refermèrent." Comment mieux dire que le coin est la case de l'être.(1); Noël Arnaud, L'état d'ébauche.

  • Merci. J'ai fait souvent ce parcours mental, moi qui n'ai jamais beaucoup de temps lorsque je passe à Rostrenen, pour y retrouver plus qu'ailleurs des racines non connues, des vies sans lui.

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