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benjamin péret

  • VITEZSLAV NEZVAL A PARIS


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    Après la rencontre éblouie d’André Breton en mai 1933, Vitezslav Nezval (1900 – 1958) invita Paul Éluard et André Breton à Prague, au début de l’année 1935. Ayant organisé des conférences à leur attention, ce fut l’occasion pour Breton de rédiger deux textes théoriques majeurs : Situation surréaliste de l’objet et Position politique de l’art d’aujourd’hui. La force de l’amitié ressentie par le poète tchèque est telle qu’il éprouve le désir de revoir ses compagnons d’aventure. Le rendez-vous est fixé, en juin 1935, au moment du Congrès International des Écrivains pour la Défense de la Culture qui se tient à Paris. De ce grand jour, Nezval a tiré un livre de souvenirs, Rue Gît-le-Cœur, du nom de « la petite artère noire » (André Breton, Les Vases communicants) dans laquelle se trouve le restaurant où se réunissaient Nezval, Breton, Éluard et Péret. L’indication donnée par Bernard Noël dans sa préface donne le ton : « Nezval ne vient pas à Paris en touriste (…) mais en pèlerin désireux de visiter les lieux poétiques. » Essayiste et romancier, Nezval fonda le groupe surréaliste tchèque en compagnie de Styrsky et Toyen. Il fut, avec Karel Teige, le chef de file du Poétisme. De retour à Prague, Nezval n’a revu ni Éluard ni Breton. Celui-ci n’a jamais pris connaissance de ce livre d’amitié folle. Guy Darol
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    Rue Gît-le-Cœur (Ulice Gît-le-Cœur, 1936), récit traduit du tchèque par Katia Křivánek, préface de Bernard Noël. Editions de l’Aube, « Regards croisés », 1991, 144 pages, illustrations, 9,91€.

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    (Biskoupky, Moravie, 1900 — Prague, 1958). Après ses débuts poétiques en 1922, il rejoint le groupement d’avant-garde Devětsil, et donne des recueils se réclamant du poétisme dont il se fait le théoricien avec Karol Teige (L’Acrobate, 1927 ; Édison, 1928 ; Poèmes à la nuit, 1930 ; Le Manteau de verre, 1932). En 1934, toujours avec Karol Teige, il fonde le premier groupe surréaliste pragois et publie les recueils, La Femme au pluriel (1936), Prague aux doigts de pluie (1936) ainsi que des ouvrages de prose poétique (Moscou l’invisible, 1935 ; Rue Gît-le-cœur, 1936 ; Le Passant de Prague, 1938). En 1938, il rompt avec le surréalisme et publie des poèmes d’inspiration sociale et patriotique. Après 1945, il soutient avec enthousiasme le régime communiste dont il devient le premier poète officiel (Staline, 1949 ; La Grande horloge, 1949 ; Le Chant de la paix, 1950), tout en essayant, parfois, de résister à la vague du réalisme socialiste qui déferle sur la littérature (Les Ailes, 1952 ; Les Bleuets et les villes, 1955 ; L’Inachevée, 1960). Créateur prolifique, « poète d’une fantaisie prodigieuse et d’une sensibilité hors du commun quant à la mélodie de la langue » (Hanna Voisine-Jechova), il a publié près d’une centaine d’ouvrages de valeur inégale : recueils de poésies, romans, pièces de théâtre, livres pour enfants, écrits théoriques, études consacrées à des poètes et à des peintres, ainsi que des traductions et un volume de souvenirs (De ma vie, 1959, inachevé).

  • JEAN-LUC MOREAU ET L'INTOUCHABLE CAMUS

     

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    Cinquante ans après la mort d'Albert Camus, de nombreux livres ont paru, le plus souvent célébratifs, qui composent un monumental cénotaphe. L'un d'eux, cependant, ne chante pas à l'unisson par la quantité de questions qu'il pose, notamment au sujet du lecteur qu'était Camus, hâtif dans ses comptes rendus. Le titre de cet essai, Camus l'intouchable, pourrait être pris comme une défense becs et ongles de l'écrivain. Fausse piste. Ici, on examine entre les lignes et à la loupe. On constate que Camus pratique la lecture et le commentaire sommaires. On ne dit rien de mal. On ne participe pas d'une entreprise de démolition. On construit.

    Jean-Luc Moreau, l'auteur de l'investigation, est rédacteur-en-chef de la revue La Sœur de L'Ange (Editions Hermann), il fut membre du comité de rédaction de la défunte revue Roman (Presses de la Renaissance), surtout il est le théoricien de la Nouvelle Fiction, un remarquable connaisseur de l'œuvre de Frédérick Tristan et un biographe de Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir. Autant dire que son avis est celui d'un spécialiste des domaines philosophiques et littéraires.

    Poursuivant l'entreprise critique de Jean-Luc Steinmetz (Lautréamont, Œuvres Complètes, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade), Jean-Luc Moreau examine « Lautréamont et la banalité », l'article de Camus donné aux Cahiers du Sud, et nous convainc, après la sévère volée d'André Breton, que l'auteur de L'Homme Révolté, fut un lecteur approximatif sinon un commentateur se fiant à la seule sûreté de l'impression furtive. Camus bâcle, use de raccourcis, agit tel un oracle incontestable.

    Jean-Luc Moreau ne s'arrête pas qu'au seul exemple de Lautréamont, il montre que la machine se trompe, se trompe abondamment et en particulier lorsque Camus (orienté libertaire) parle de Bakounine. Lecteur approximatif, le voici confondant le Catéchisme du révolutionnaire de Netchaïev avec Catéchisme révolutionnaire, l'ouvrage de Bakounine. Juste un errement, croirait-on, l'analyse de Jean-Luc Moreau dévoile d'autres divagations.

    Sur le thème de la révolte qui fit le plus c onnaître et estimer Camus, Jean-Luc Moreau est parvenu à retrouver de précieux documents. L'un d'eux est magnifique. Il s'agit de la revue Soleil noir - Positions, animée par François Di Dio et Charles Autrand qui avaient fréquenté Camus à Alger. Dans son premier numéro, Soleil noir - Positions rappelle que la révolte doit s'entendre comme un cri et non un engagement philosophique. Elle convoque quelques représentants des abîmes et du cri dont Jean-Pierre Duprey. Stanislas Rodanski, se trouvant dans les parages du Soleil noir, nous indique que la révolte est bien autre chose qu'un sujet de réflexion.

    En cheminant dans ce bouillant volume, on croise des regards mitigés, parfois sombres (Gérard Legrand, Benjamin Péret, Georges Bataille), et certaines palinodies, comme ce changement d'humeur de Raymond Guérin, enthousiaste d'abord puis totalement retourné. Le livre de Jean-Luc Moreau est un remarquable exercice de lecture et un précieux trésor pour tous ceux qui sont curieux de voir les visages de Camus et de ses contradicteurs. Guy Darol

    CAMUS L'INTOUCHABLE

    JEAN-LUC MOREAU

    Editions Ecriture & Neige

    260 pages, 18,95 €

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    Lire un extrait de l'ouvrage

     

    L'exposition ALBERT CAMUS L'INTOUCHABLE, organisée par les éditions NEIGE et ECRITURE, en partenariat avec la FNAC Suisse, sera présentée du 29 avril au 2 mai 2010 au SALON DU LIVRE DE GENEVE en présence de Jean-Luc Moreau, puis dans les Fnac Suisse du 5 au 30 mai 2010

    BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE DE JEAN-LUC MOREAU

    Simone de Beauvoir, le goût d'une vie, Ecriture, 2008.

    Sartre, voyageur sans billet, Fayard, 2005.

    Le Paris de Jean-Paul Sartre et de Simone de Beauvoir, Editions du Chêne, 2001.

    La Nouvelle Fiction, Criterion, 1992.

    Le Retournement du gant I, entretiens avec Frédérick Tristan, La Table Ronde, 1990.

    Le Retournement du gant II, Fayard, 2000.

    Dominique de Roux, dossier L'Age d'Homme, 1997.

     

    Signalons la réédition de Le Nid du loriot d'Ariel Volke (La Musardine, collection Lecture amoureuses, novembre 2009), ouvrage préfacé par Jean-Luc Moreau.

    Lire la préface de Jean-Luc Moreau

     

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    Jean-Luc Moreau interrogé par Joseph Vebret