
Dans la préface qui ouvre La bague de Jean Lupu, Michel Champendal nous prévient de parentés possibles avec Jean Guenot et Jacques Sternberg, deux écrivains qui savent les liens subtils entre réalité et fantastique. Jean Lupu est antiquaire et son univers donne vie aux choses et à ses personnages. Fictionneur, il ranime l’humain, soufflant d’un style bien vigoureux sur les petites braises de l’être toujours menacé par l’emprise du temps qui gèle les cœurs. Les treize nouvelles de son recueil appartiennent pleinement à son auteur. Elles révèlent une écriture qui a travaillé à faire fondre toute graisse. « Le maître Pierre Roussel », à l’intitulé borgésien, condense la mécanique générale. Un coffre de grenier retrouve sa facture d’origine et son célèbre créateur au terme d’un voyage qui s’apparente à la quête des chevaliers arthuriens. L’anthropomorphisme de Jean Lupu nous met à la fois sur la piste de Francis Ponge et de Robert Louis Stevenson. Car les objets témoignent longtemps après que leurs propriétaires ont passé. Ils disent d’une voix sûre ce que les hommes ne parviennent qu’à bredouiller.
La bague est le deuxième ouvrage édité par Michel Champendal. J’ai dit ici les mérites de La Machine, premier roman de Gérard Sendrey. Ces livres ont en commun d’exprimer l’humanité en l’homme et de célébrer les accointances joyeuses du réel et de l’imaginaire.
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La bague
Jean Lupu
Éditions Michel Champendal
123 p., 12 €