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CAT POWER

 

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Chacun porte son barda, celui de l'enfance, rempli de cailloux et de sucreries. Le sac de Chan Marshall est lourd de peines. Sur les chemins qui ne mènent nulle part, la charge lui cassait le dos et la douleur l'obligeait à s'asseoir. N'importe où. Sans doute croyait-elle apaiser les petites plaies de l'âme en buvant chaque jour un peu plus. Jusqu'à vaciller dans l'oubli qui efface tout. Elle ne pouvait pas continuer longtemps. L'alcool était pire que le tas de cailloux.

Chan est née le 21 janvier 1972, en Georgie, USA. Ses parents se séparent presque aussitôt. Jusqu'à l'âge de 16 ans, sa vie est une errance à travers le Tennessee, l'Alabama, la Georgie pour aller d'une mère hippie à un père pianiste ambulant. Un jour, elle décide que sa mère est un monstre. Elle choisit de vivre au côté du père qui pratique l'art d'alléger les cœurs. Musicien, il sait que polir l'instrument est le plus sûr moyen de connaître la paix. Elle achète une guitare Silverstone millésimée 50. Il lui enseigne le gospel, le blues. Un univers qui lui indique la voie. Après des études cahoteuses, elle se rend à New York où elle forme un trio. Elle cherche un nom, comme une bannière qui rend visible. Un jour, en sortant d'un bistro, elle croise un vieil homme coiffé d'une casquette brodée de  mots : Cat Diesel Power. Elle vient de trouver une ordonnance pour ajuster la thérapie. Une autre fois, après un concert de Liz Phair, elle rencontre Steve Shelley, le batteur de Sonic Youth et Tim Foljahn du groupe Two Dollar Guitar. Le train est lancé. Il y aura trois stations : « Dear Sir » (1995),  « Myra Lee » (1996) et « What Would The Community Think » (1996), albums folk-rock habités. La voix de Chan a la rugosité du silex qui taille dans une brume de spleen. Avec le single Nude As The News, issu du troisième artefact, le succès est au rendez-vous. Elle a signé avec le label Matador (Belle and Sebastian, Interpol, Mogwai) et son programme est assuré. Concerts à mener comme la barre d'un navire en détresse. Chan a horreur des salles. Panique. Insécurité. Le miracle qui devait se produire s'est changé en billet pour l'enfer. Elle décroche.

Baby-sitter à Portland (Oregon), elle redécouvre l'anonymat et caresse des envies de fuite. Plus loin. Encore plus loin. Mais toujours avec le barda qui lui brise les reins. Avec Bill Callahan (du groupe Smog), son compagnon, elle se réfugie dans une ferme en Caroline du Sud. L'éloignement du monde qu'elle croyait bénéfique révèle un nouvel ennemi. Car c'est l'ennui qu'il faut combattre. Elle écrit « Moon Pix » (1998), album dédié aux phases de la Lune. L'enregistrement se fera à Melbourne en compagnie de Mick Turner et Jim White du groupe Dirty Three. Consécration absolue. Trop de gloire l'étouffe. Elle part en solo vers l'obscur. Dans les salles de cinéma, elle joue sur « La Passion de Jeanne d'Arc » de Carl Theodor Dreyer d'après le roman de Joseph Delteil. Cette matière cinématique se retrouve sur « The Covers Record » (2000) (avec l'incroyable reprise de Satisfaction, sans son riff, et des relectures de Lou Reed, Bob Dylan, Sam Coslow), opus sans frisottis. Un piano. Une guitare. En 2003, elle sort le splendide « You Are Free », avec Eddie Vedder (Pearl Jam), Dave Grohl (Nirvana, Foo Fighters) et Warren Ellis (Dirty Three), où scintillent des reprises de John Lee Hooker et de Michael Hurley. Le temps de la confiance n'a pas encore sonné et cette incertitude est toujours palpable lorsque Cat Power est en scène. Vrai jeu de massacre. Chant inaudible. Set interrompu par la pulsion d'effroi. L'envie de boire peut-être. Ou de pleurer. En février 2006, elle sort son meilleur album, « The Greatest », référence à Mohamed Ali ainsi surnommé quand il est l'imbattable. Mais Chan explique qu'elle a choisi ce titre pour rendre hommage à l'humanité tout entière. « The Greatest » est une plainte luxuriante (chœurs, cuivres et cordes créent une ambiance pharaonique) et Chan y chante toujours son cœur. Définitivement meurtri. Il lui semble que tout est raté. Même ce qui est bon lui échappe. À un journaliste qui lui demande ce qui la comblerait de bonheur, elle répond : « J'aurais voulu dire à mon père que je l'aime ». Elle dit ça. Elle boit. Elle disparaît. Tournée américaine annulée. Concerts européens reportés. La peur au ventre qui noue la gorge. Et une voix considérable, bouleversante, dans laquelle on pourrait voir briller quelques éclats noirs de Nick Drake, de Janis Joplin, de Mariane Faithfull et les mélopées solaires de Buffy Sainte-Marie. Guy Darol

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Commentaires

  • Cat power has been around for a while and being someone that predominantly listens to metal and hardcore she has always been my guilty pleasure.
    Thank you for this article.

  • I love Cat Power but the cover of Wonderwall by Ryan Adams is still the very best!

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