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stéphane koechlin

  • LIRE LA MUSIQUE 8

    Entre 2009 et 2012, Lire la musique, ma chronique (transverse) fut publiée dansLe Magazine des Livres aujourd'hui disparu. En voici le feuilleton complet.


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    PASSIONS HENDRIXIENNES

     

    Il avait un visage de seize ans, du poil follet au menton, un duvet dru en guise de rouflaquettes, le cheveu long et la taille petite. Ses yeux étaient rouges de larmes ce vendredi 18 septembre 1970. On n’a pas le temps de se cacher quand la mort plonge à côté de vous. Dans le couloir couleur poussière qui nous menait au cours, on pensait à ce qu’il y a de plus grave. On se disait que le camaro avait au moins perdu son père. Les murs du lycée Voltaire s’étaient fanés. La disparition de Jimi Hendrix avait agi comme un dripping de peinture rouille, une accélération de l’automne. Il pleurait la mort de James Marshall annoncée sur les ondes et c’était la pire des mauvaises nouvelles qu’il venait d’encaisser, une ombre irrémédiable sur sa ligne de vie. Rien ne serait plus pareil. Le blues, il venait de comprendre que ce n’était pas qu’un style musical apparu dans le Delta du Mississipi.

     

    Je ne me souviens plus de son prénom. Je me souviens de la mort de Jimi Hendrix et de l’effet qu’elle produisit autour de moi, un mouvement de deuil, un recueillement impressionnant dans cette salle de classe à gradins où l’enseignement de la physique-chimie se confrontait habituellement à la ruée des plaisanteries. Tout était calme. On venait de se prendre du chagrin, la première salve, et ce n’était qu’un début. Jimi Hendrix, il faut bien dire, jouait de la musique comme on appelle vers soi les dieux, les dieux païens bien entendu. Il mettait en flamme sa guitare, offrait à la transcendance l’objet qui parle le mieux du grand temps, celui qui connaît l’explosion primitive, le premier jour et cette suite de jours où tout est dans tout et réciproquement.

     

    On pouvait se dissoudre dans le grand temps. Il était possible de partir et de revenir, comme un voyage et l’on connaît la sensation de ne plus être un corps perdu dans le calendrier. On est au-delà du delà. L’éternité nous est acquise. C’est bien de cela qu’il s’agit, un voyage sans fin, une expérience. On ne peut en douter lorsqu’on lit Zéno Bianu qui fut pour moi une expérience lorsque je découvris, au hasard de l’errance, l’anthracite Manifeste Électrique Aux Paupières De Jupes (Le Soleil Noir, juin 1971) et ses mots trempés de Rimbaud et de Lou Reed. Zéno Bianu dit osmotiquement Hendrix. Il le dit à l’intérieur. Avec Jimi Hendrix (Aimantation), nous découvrons que la poésie est un chemin qui annule les contraires. Jimi Hendrix est mort. Non, il n’est pas mort, il lance des paroles de flammes à travers le verbe de Zéno Bianu qui vit Hendrix comme une passion. Il dit : « Mon nom est Orphée/Jimi Orphée/j’ai sacrifié ma guitare/au dieu de la musique ». Il dit que Jimi Hendrix, c’est la réunion de « Monteverdi et Muddy Waters/Fra Angelico et Basquiat/Héraclite et Oscar Wilde ». Il fait entendre que la musique est poésie, que poésie est l’autre nom de la pensée, que la pensée ignore les murs fanés, les cloisons couleur rouille. Zéno Bianu est Jimi Hendrix et inversement.

     

    Avec Stéphane Koechlin (qui porte en lui l’indéfectible amour de Philippe Koechlin, le père, inventeur du mensuel Rock & Folk), nous approfondissons le vertige du verbe. Nous comprenons que la vie est une source et cette source fait jaillir "Voodoo Child", un aveu lâché par Yazid Manou. Car Yazid Manou est la vigie qui surplombe toutes les secondes d’Hendrix. Yazid Manou est l’ultime et le premier recours lorsqu’on va vers Hendrix d’un pas tant soit peu décidé. Stéphane Koechlin a voulu attraper Hendrix par le bout de la connaissance suprême. Plutôt que compiler ce qu’on sait, suppute ou conjecture, l’auteur de La légende du Baron rouge (Fayard, 2009) et de Michael Jackson, la chute de l’ange (L’Archipel, 2009) a suivi la trajectoire de Yazid Manou, fin connaisseur né à Nantes en 1965, révélé à Hendrix par la télévision d’Albert Raisner. Un vrai accompagnement jusqu’au cœur. Hendrix palpite, Hendrix est immortel puisque Yazid est capable à tout moment de certifier un fait ou d’effondrer une hypothèse. Yazid Manou et Jimi Hendrix sont main dans la main.


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    Régis Canselier est l’administrateur du forum Jimi Hendrix, le site de référence dédié à l’œuvre du guitariste le plus top, si l’on consent à faire rivaliser en puissance Eric Clapton, Jeff Beck, Frank Zappa et Carlos Santana. Régis Canselier adore Hendrix. C’est un idolâtre, un herméneute incomparable. Il sait tout depuis "Hey Joe"  jusqu’à la dernière note. Il sait que "Purple Haze" n’est pas ce qu’on croit et que "The Wind Cries Mary" inspira Miles Davis. Il sait que Jimi Hendrix est une famille où s’étreignent John Coltrane, Roland Kirk, Ornette Coleman, Jean-Sébastien Bach, Eric Dolphy, Bob Dylan et Arthur Rimbaud. Guy Darol

     

    JIMI HENDRIX (AIMANTATION), Zéno Bianu, Éditions Le Castor Astral, 112 p., 12 €

    BLUES POUR JIMI HENDRIX, Stéphane Koechlin, Éditions Le Castor Astral, 200 p., 12 €

    JIMI HENDRIX, LE RÊVE INACHEVÉ, Régis Canselier, Éditions Le Mot et le Reste, 460 p., 25 €

     


  • VOIX ROYALES

    JAZZ LADIES

    PAR STÉPHANE KOECHLIN ED. HORS COLLECTION

    LES MÉMOIRES DE JOSÉPHINE BAKER ED. DILECTA

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    Alors que sa biographie de Ben Harper vient de paraître aux éditions Le Castor Astral, Stéphane Koechlin (l’un de nos meilleurs écrivains sur le blues) expose en un livre sensible et engagé un beau tableau de jazzwomen. L’auteur ne se méprend pas sur l’actualité d’un certain « jazz champagne » (Diana Krall, Norah Jones) qu’il nous invite à ranger au rayon des paillettes et des plumes, rayon qui n’a rien de commun avec les trajectoires (et par conséquent la tonalité) des Mamie Smith, Memphis Minnie, Nina Simone, Bessie Smith,  figures combattues et combattantes que Stéphane Koechlin décrit (avec beaucoup d’autres) du fond de leurs peines. Il n’oublie pas Joséphine Baker dont les « Mémoires » publiées en 1949 étaient depuis longtemps introuvables. Celle qui comparait la grimace à un sport postula pour la joie et une générosité rarement égalée alors qu’elle avait fui  l’Amérique pour l’Europe où elle joua longtemps la négresse nue ceinturée de bananes avant d’être chassée de son château périgourdin. Un destin de femme plus convainquant que celui, regarde comme je suis belle sur moi, des Beyoncé et Alicia Keys, chanteuses R’n’B selon l’expression désormais vide de sens. Guy Darol

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  • LE MAGAZINE DES LIVRES ♯ 25

     

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    SOMMAIRE

    Digressions] Guest stars par Joseph Vebret

    DOSSIER
    Sexe et littérature par Olivier Bessard-Banquy
    Genèse et métamorphoses de la littérature érotique
    par Tang Loaec
    Question de genre
    par Anne Bert
    La nudité, la femme et l’art
    par Orlando de Rudder
    Extension du domaine de la littérature érotique
    par Tang Loaec
    Contre l’érotisme
    par Orlando de Rudder

    RENCONTRES
    Marcelin Pleynet : « La solitude a un lien indissociable avec la création » par Joseph Vebret
    Michel Le Bris : « Donner aux lecteurs une part des trésors accumulés pendant une vie »
    par Bertrand du Chambon
    UNE VIE D’ÉCRIVAIN
    Sandro Veronesi : « Donner une deuxième chance à la réalité » par Thierry Richard
    ENTRETIENS
    Patrick Cauvin : « Peut-on encore mener une carrière de "raconteur" ? » par Olivier Quelier
    Émile Brami : « Pour qui aime la littérature, il y a des écrivains indispensables »
    par Joseph Vebret
    Sébastien Doubinsky. La confession de Billy the Kid
    par Éric Bonnargent
    Dominique Inchauspé : « L’influence du journaliste est supérieure à celle de l’écrivain »
    par Joseph Vebret
    Juan Asensio : « Judas ou le refus d’être aimé, le refus de l’Amour »
    par Éric Bonnargent
    Antoni Casas Ros. L’écriture anonyme
    par Éric Bonnargent et Marc Villemain
    APARTÉ
    Annie Lemoine. Nouvelle vie : l’écriture par Laure Rebois

    CLASSIQUE
    Vladimir Nabokov. Portrait d’un auteur en illusionniste par Frédéric Saenen
    PERDU DE VUE
    Stig Dagerman. Le jeu avec la mort par Michel Loetscher

    LE CAHIER DES LIVRES
    Focus, Romans, Polars, SF, Théâtre, Documents, Musique, Revues, Beaux livres, BD, En vrac

    Les livres que vous n’avez pas lus]
    Des météorites signées José Bergamín par Bertrand du Chambon
    Chemin faisant] Déroutes par Pierre Ducrozet
    Les mains dans les poches] Le goût estival du morbide par Anthony Dufraisse
    Musique & littératures] Brassens, poète chapardeur par Jean-Daniel Belfond
    Relecture] Le crime de Lord Arthur Savile, Oscar Wilde par Stéphanie Hochet
    Poésies] Host figure l’amante en remontant ses sources par Gwen Garnier-Duguy
    Cinéma & littératures] Une douce odeur de violette par Anne-Sophie Demonchy
    Lire la musique] Passions hendrixiennes par Guy Darol
    Économie du livre] La FNAC, l’agitateur agité ? par Christophe Rioux

    BONNES FEUILLES
    La sélection d’Annick Geille : Promesses tenues
    Fruits & légumes, Anthony Palou
    Nos cœurs vaillants, Jean-Baptiste Harang
    Le Sel, Jean-Baptiste Del Amo
    Écrivains, Antoine Volodine
    Le jour où le ciel s’en va, Jean-Philippe Domecq
    La Montagne de minuit, Jean-Marie Blas de Roblès
    Les meilleurs livres de la période
    par Annick Geille

    Feuilleton] Conseils aux écrivains qui ont la migraine par Christian Cottet-Emard
    Feuilleton] Voyage dans une bibliothèque par Raphaël Juldé
    Feuilleton] L’Auteur et Internet par Emmanuelle Allibert
    Visages d’écrivains] Julien Gracq par Louis Monier

    Avec : Emmanuelle Allibert, Stéphane Beau, Jean-Daniel Belfond, Anne Bert, Olivier Bessard-Banquy, Éric Bonnargent, Brigit Bontour, Arnaud Bordes, Christian Cottet-Emard, Guy Darol, Hubert de Champris, Anne-Sophie Demonchy, Orlando de Rudder, Stéphanie des Horts, Bertrand du Chambon, Pierre Ducrozet, Anthony Dufraisse, Eli Flory, Gwen Garnier-Duguy, Annick Geille, Stéphanie Hochet, Stéphanie Joly, Raphael Juldé, Tang Loaec, Michel Loetscher, Clara Mainardi-Begnis, Valère-Marie Marchand, Ludovic Maubreuil, Christophe Mory, Olivier Philipponnat, Olivier Quelier, Laure Rebois, Thierry Richard, Christophe Rioux, Frédéric Saenen, Marc Villemain, Carole Zalberg. Photos : Louis Monier. Illustrations : Miège et Innocent. 
    Coordination : Delphine Gay.