Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

politique - Page 4

  • MISE A MORT DE LA LITTERATURE ANCIENNE

    Communiqué de la Maison des écrivains


    Dans le journal gratuit "20 minutes" du 16 avril, figure une interview de
    Nicolas Sarkozy. Entre autres sujets, il y parle de l'université et prend
    pour exemple de filière inutile, et qui ne devrait plus être  prise en
    charge par les fonds publics, l'enseignement de la "littérature ancienne" :

    "Vous vous fixez comme objectif de ne laisser aucun enfant sortir du
    système scolaire sans qualifications. Comment comptez-vous parvenir à cet
    objectif ?

    Par exemple dans les universités, chacun choisira sa filière,
    mais l'Etat n'est pas obligé de financer les filières qui conduisent au
    chômage. L'Etat financera davantage de places dans les filières qui
    proposent des emplois, que dans des filières où on a 5000 étudiants pour 250
    places.

    Si je veux faire littérature ancienne, je devrais financer mes études ?

    Vous avez le droit de faire littérature ancienne, mais le contribuable n'a pas
    forcément à payer vos études de littérature ancienne si au bout il y a 1000
    étudiants pour deux places. Les universités auront davantage d'argent pour
    créer des filières dans l'informatique, dans les mathématiques, dans les
    sciences économiques. Le plaisir de la connaissance est formidable mais
    l'Etat doit se préoccuper d'abord de la réussite professionnelle des jeunes
    ."

    www.20minutes.fr/article/151848/20070416-France-Le-Pen-ne-m-interesse-pas-son-electorat-si.php


    Ne prenons pas à la légère ces déclarations du candidat de l'UMP. Pour lui,
    l'Etat n'a pas à assumer le prix de la culture.

    Son jugement sur le « plaisir de la connaissance », opposé à l'utilité ou à
    la rentabilité érigées en principe politique, manifeste une ignorance et un
    mépris dangereux qui menacent le socle de toute société démocratique. Il
    avertit les artistes et les penseurs, nous écrivains, en particulier, du
    sort qu'il réserve à la culture, la littérature au premier chef, et à leur
    transmission par l'Education nationale

    Tous les chefs d'Etat, jusqu'ici : Charles de Gaulle, Georges Pompidou,
    François Mitterrand comme Jacques Chirac ont, chacun à leur manière, exprimé
    leur attachement à l'héritage intellectuel et artistique qui fonde
    l'identité française. Ils ont écrit, se sont revendiqués de la poésie, du
    roman, de l'art.

    Dans le contexte déjà alarmant que dénonce notre Appel Filières littéraires,
    une mort annoncée ? La gravité de cette déclaration ne peut nous laisser
    d'illusions. Elle engage la communauté littéraire et éducative à se
    mobiliser.

  • MATTHEW SHIPP ❘ JEAN GENET

    De passage à Paris, voici sept ans, le pianiste nitescent Matthew Shipp est confronté à une photographie de Rajak Ohanian. Il s'agit de Jean Genet, l'auteur de Notre-Dame des Fleurs. Un livre-flèche lu à 19 ans. Avec Sabir Mateen, William Parker, Gerard Cleaver et le comédien (grand lecteur de Pasolini et plus récemment d'Attila Jozsef) Denis Lavant, Matthew Shipp rend hommage à l'écrivain engagé dans le combat auprès des Black Panthers. Ce magnifique opus est accompagné d'un livret instructif proposant un entretien avec le pianiste né en 1960 et une savante étude d'Alexandre Pierrepont. Un livre-disque à découvrir pour en apprendre sur les alliances réussies entre le jazz, la littérature et la politique.

    medium_Numeriser0008.11.jpg
    Label ROGUEART

    Declared Enemy :
    Matthew Shipp (piano)
    Sabir Mateen (clarinettes, flûte, alto saxophone)
    William Parker (contrebasse)
    Gerald Cleaver (batterie)
    Denis Lavant (lecture des textes de Jean Genet)
    Textes de Jean Genet, musique de Matthew Shipp
    Livret original comprenant :
    La copie d’un manuscrit inédit de Jean Genet et la copie d’un extrait d’un autre manuscrit,
    Un texte original d’Angela Davis,
    L’interview de Matthew Shipp par Steve Dalachinsky
    Un texte original d’Alexandre Pierrepont
    Photo de Jean Genet : Rajak Ohanian
    Photos de
    Declared Enemy : Lorna Lentini
  • PERPETUITE DE L'ESCLAVAGE ❘ JACQUES STERNBERG

     

    medium_arton193.jpg

    "Il paraît, l'histoire du moins le prétend, que l'esclavage a été aboli sur terre. Ah oui ? Quand cela ? Et sur quoi se base-t-on pour affirmer cela ? Que sont ces millions d'employés, de salariés, d'ouvriers condamnés aux travaux forcés à bas prix, aux réponses forcées, au silence forcé, au zèle à perpétuité, à la réclusion à perpétuité, sinon des esclaves ? Mais l'homme a confiance en ses maîtres, en ses livres. On lui a dit que l'esclavage n'a plus cours, il le croit. Il en est fier. Il ne lui viendrait même pas à l'esprit qu'on l'a dupé. Sa naïveté est aussi tenace que sa passivité."

    Jacques Sternberg

    Lettre ouverte aux Terriens

    Editions Albin Michel, 1974

  • THE MINISTRY OF SILLY WALKS

     

    medium_sillywalks_2.gif

    En sa chronique tordboyautante, Jacques Buob (Le Monde 2, numéro spécial, samedi 24 mars 2007) établit une intéressante symétrie entre The Ministry Of Silly Walks et le grand ministère sociétal (ou grand ministère des problèmes et des attentes de la société française) envisagé par François Bayrou. Mais il est plus facile d'imaginer ce que serait cette immense plaisanterie en visionnant un extrait du Monty Python Flying Circus, épisode 14.

    medium_388px-CompleteFlyingCircusDVD.jpeg

    VOIR JOHN CLEESE

    VOIR MONTY PYTHON LIVE AT THE HOLLYWOOD BOWL

    Enfin et après avoir bien ri, il convient de se rendre aussitôt sur ce site où chacun peut animer un ridicule chattemiteux, ministre ou non.

    CONSULTER LE SILLY WALK'S GENERATOR

    Car nous aimons réfléchir autant que diffuser le philtre d'humour.

    • "Ici, voyez-vous, il faut courir aussi fort qu'on le peut simplement pour rester au même endroit. Si on veut se rendre ailleurs, il faut courir encore au moins deux fois plus vite", Lewis Carroll.
    • "Le plus grand succès de notre civilisation moderne est d'avoir su mettre au service de ses dirigeants une incomparable puissance d'illusion", Censor.
  • FIESTA POUR L'OISIVETE

     

    medium_tm_town.jpg

    Les candidats à la présidentielle font corps autour d’une même valeur, le travail. Jamais nous n’avions entendu clamorer avec autant de vacarme les bienfaits du travail. Comme s’ils se doutaient que la valeur n’enchantait pas, certains plus que d’autres insistent sur ses vertus. Travailler plus, c’est gagner plus. Différemment martelée, l’équation croustilleuse joue l’écholalie. On dit alors gagnant gagnant ou encore donnant donnant. Formules que l’on croyait en usage seulement dans les cours de récréation, lors d’une querelle de galapiats. Donc, le travail est à l’ordre du jour, comme un « point d’or » (Joseph Delteil), comme un pont céleste. Et l’on sent bien qu’il n’est pas que la réponse (tautologique) à la question du chômage. On devine autre chose.

    Par exemple, on devine la captation des énergies lascives sur la voie de l’effort. Non pas l’effort anti-productif des ahanements du plaisir, du frisson eudémoniste. Plutôt l’effort utile, celui qui sied aux acteurs marchands. L’huile de coude opposée à la sudation des joies. Et l’on voit bien que l’intention est de régler le pas, de mettre en rang, d’imposer au sifflet la marche courbée. Il s’agit en somme de réorganiser sur un ton martial une société hostile. Bien inspirée, il faut dire, par l’injonction qui fit florès en d’autres temps : « Ne travaillez jamais ! » Cette inscription de Guy Debord sur un mur du Quartier Latin ayant ouvert des voies, on s’applique aujourd’hui, avec des mots d’équerre, à effacer son souvenir.

    L’éloge de la paresse serait-il un hymne au sommeil ? Je ne le crois pas. La paresse est l’antidote aux effets du travail. Rappelons-nous que le travail, pour ce qu’il entre dans l’équilibre machinique, la belle harmonie du commerce, est synonyme d’oubli de soi. Et l’on sait que l’oubli de soi est l’étage supérieur de l’abandon à toutes les crapuleries. Que faire, lorsqu’on a tout donné, toutes ses forces, les étincelles de son corps et de son esprit ? Rien, il ne nous reste rien, sinon la soumission au spectacle cathodique, ultime réflexe avant l’endormissement.

    Or, la valeur travail est une ruse gigogne. Elle absorbe toutes les nuances du plaisir. Elle nie la créativité, la puissance d’être soi, dans la pleine possession de sa pensée, en contrôle de son êtreté. La société qui se dessine, vorace de notre temps, est une machine à tuer l’oisiveté. Impétueuse soufflerie, elle n’a qu’un but. Emporter dans une tornade noire, les principes de la paresse : gratuité et jeu. Car il n’est de vraie vie sans l’éden du jeu et la rencontre gratuite, sans l’innocence et le rêve, sans l’art que nous possédons, seul bien commun.

    « Fay ce que vouldras », devise de l’abbaye de Thélème, indiquait le chemin de la liberté, celui que l’on suit en flânant dans l’observance d’un temps qui ignore l’impérative cavale des heures.

    André Hardellet, un allié rabelaisien, nota mirifiquement que  l’oisiveté est mère de tous les talents. Il ne parlait pas trop vite. Cet antinomiste (qui tombe à pic ces jours-ci) employa les minutes de sa vie à ralentir tandis que la vitesse battait son plein. En lisant La promenade imaginaire, Donnez-moi le temps, la méthode vous est donnée. Elle convient à ceux qui résistent à l’entourloupe de la séduction-travail.

    Herman Hesse rédigea un ensemble de billets qui estoquaient les tayloristes de l’existence. Son Art de l’oisiveté est un régime succulent qui rejoint pointilleusement les conseils pour faire halte d’André Hardellet.

    Une fois de plus, ne nous laissons pas abuser par le discours malin des affidés de l’économisme. En aucune manière, nous ne chanterons les laudes du travail, le dogme de la servitude, l’écrasement du rêve moteur de la réalité. Il est d’autres penseurs, désobligeants, qui refusent de se coucher aux ordres. Prenez le temps, avant qu’on vous le vole, de puiser dans leurs livres d’éveil, le suc roboratif. Lisez plutôt ou relisez, dans les entractes du labeur, aux toilettes (selon Louis Calaferte, selon Henry Miller), ces joyaux de la littérature qui invitent au relâchement : Paul Lafargue bien sûr, également Clément Pansaers (L’Apologie de la paresse), Bertrand Russel (Éloge de l’oisiveté), Kazimir Malevitch (La Paresse comme vérité effective de l’homme), Robert Louis Stevenson (Une apologie des oisifs) et toute chose relançant l’espoir que la vie n’appartient pas aux puissances d’argent. Guy Darol

    medium_esclavage.jpg

    « Je suis un rêveur, un ennemi de toute règle et de toute mesure. Je cours d’une pensée à l’autre, d’un pays à un autre pays, comme l’hirondelle qui laisse aux beaux jours le soin de diriger son vol », Ernest Cœurderoy.