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yoko ono

  • LIRE LA MUSIQUE 4

    Entre 2009 et 2012, Lire la musique, ma chronique (transverse) fut publiée dansLe Magazine des Livres aujourd'hui disparu. En voici le feuilleton complet.


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    FLUXUS EST YOKO ONO

     

    Les vocalises à ressorts de Yoko Ono ne doivent pas nous faire oublier que la toute jeune tokyoïte se rêva cantatrice avant que de connaître John Cage qui l’initia en 1958 à la musique expérimentale. Elle était alors l’épouse de Toshi Ichiyanagi, infortuné compositeur d’avant-garde dont le nom scintillait dans le ciel pas uniment obscur de Fluxus.

    En effet, obscur n’est pas le mot qu’il convient de fixer sur un ciel irradié par Marcel Duchamp, l’aveuglant luminaire qui éclaire Fluxus, c’est-à-dire John Cage, c’est-à-dire Nam June Paik, c’est-à-dire Ben Vautier, c’est-à-dire Robert Filliou, c’est-à-dire Yoko Ono. Car Fluxus, c’est Yoko Ono et, jusqu’au 20 septembre, une exposition mahousse, marrante et de surcroît magnanime envers ceux qui ignorent tout de ce mouvement néo-dada survenu en 1952 et qui aurait calanché en 1978 avec la mort de George Maciunas, son militant le plus actif. Une exposition constellée d’objets gaguesques, de phrases explosives, d’images volcaniques et marquée, vous commenciez à vous en douter, par la présence de Yoko Ono. Une présence à la fois modeste et hautaine que résume ceci : une carte trouée au centre afin que l’on puisse voir le ciel.

    D’un coup, je vous sens moqueur. Fluxus serait donc cela. Pas grand chose, arguez vous in petto en émettant un pfuitt. Vous n’avez pas complètement tort. Pour Addi Koepke, « Fluxus peut être n’importe quoi » mais ce n’importe quoi est à prendre au sérieux pour peu que l’humour soit une valeur indémaillable. « La fête est permanente », lit-on ici ; « la vérité est subversive », assène-t-on là. Moquerie réactivée à la suite de Francis Picabia, flèches contre les guerriers (éternellement insubmersibles), Fluxus suspend la domination de l’artefact marchand encadré ou sur socle et propose l’Événement plus connu aujourd’hui sous le nom de Happening.

    Ainsi Yoko Ono et le bagism (spectacle d’un couple empaqueté), Yoko Ono et le Bed-In (avec John Lennon, il y a tout juste quarante ans, au nom de la paix !), Yoko Ono et Cut Piece (elle est révélée dans son absolue nudité à coups de ciseaux, à coups de coupures dans la posture de la femme japonaise totalement soumise).  Ainsi découvre-t-on Fluxus en déshabillant Yoko Ono si souvent caricaturée comme la sorcière qui aurait tué les Beatles.

    Écoutons plutôt son dernier album et l’on saisira, à condition de tendre l’oreille du côté de Fluxus (autrement dit John Cage, La Monte Young, Toshi Ichiyanagi) que le son et la lettre torsadent des signes mêlés d’humour et de choses aussi sérieuses que l’inessouflable désir de paix. Ou plutôt laissons-nous surprendre par Between My Head And The Sky (Chimera Music/La Baleine) opus supérieurement majeur de la grande vocaliste dont l’art s’entend dans la fin des Beatles et les débuts de John Lennon. Notons l’évolution électropop signée Keigo Oyamada alias Cornelius (ingénieur genius) et remarquons que le Plastic Ono Band vient de renaître, quatre décennies après sa consécration par Eric Clapton, Keith Moon, Klaus Voorman et Ornette Coleman. Sans doute la plus grande chose réalisée par la fluxusoïde depuis Yoko Ono/Plastic Ono Band (décembre 1970).

    Et puis lisons (le livre se glisse dans la poche et ne sort plus de la tête) la monographie de Bertrand Clavez sur George Maciunas, véritable révélateur de Fluxus, cette nébuleuse indiquant l’art, cette route pour mieux être en attendant le néant.

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    GEORGE MACIUNAS, UNE RÉVOLUTION FURTIVE, Bertrand Clavez, Éditions Les Presses du Réel, 191 p., 9 €

    … SOUDAIN L’ÉTÉ FLUXUS, Passage de Retz, 9 rue Charlot 75003 Paris. Tous les jours, sauf le lundi, jusqu’au 20 septembre 2009.

     

     

  • YOKO ONO ❘ PLASTIC ONO BAND ❘ 1970

     

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    Tant que l'on séparera Yoko Ono de son passé d'artiste associé au groupe Fluxus, où elle côtoie George Maciunas, John Cage et La Monte Young, sa voix restera prisonnière des glapissements du primal scream. Ses œuvres « à instructions », ses films brefs (« Bottoms ») témoignent d'un vrai talent au même titre que « Yoko Ono/Plastic Ono Band », l'album qui regarde en miroir le « John Lennon/Plastic Ono Band ». Enregistré au cours d'une nuit d'improvisation, à la manière d'un événement Fluxus, l'artefact (incluant Ornette Coleman) contient de belles pièces post-dada résolument pré-punk. Guy Darol

     

     

    YOKO ONO

    Yoko Ono/Plastic Ono Band

    RYKODISC, 1970

    NOUVEAUTE →

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  • JEAN-MARC DONNAT EVOQUE THEO LESOUALC'H

     

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    Il y a quelques jours, le 28 novembre, j'ai eu l'occasion de me libérer un peu d'un poids de tristesse au travers de ces quelques mots : Théo est mort... C'était un homme de 78 ans, malgré son âge le terme de vieux ne lui convenait pas, bien droit, bien mince, ses cheveux longs jusqu'au milieu du dos. Il allait de son pas d'ermite et il me fascinait. Il me parlait de gens, de pays, de temps que je n'ai pas connu mais qui font rêver: Bombay, le mime Marceau, Colombo, Tokyo, Yoko Ono, Mishima ... Avec Alain, nous allions le voir, nous parlions des heures, il nous racontait sa vie ses voyages en auto stop, la Turquie, l'Iran, la Suède, l'Italie... Il avait écrit des livres, il nous les montrait. Ses éditeurs étaient Jean-Jacques Pauvert, Christian Bourgeois... Son nom : Théo le Soualc'h, né en 1930 à Paris, mort le 28 Novembre 2008, aux environs de 10 heures du matin au mas brûlé, Font de Rouve 30340 ROUSSON.

    Google connait bien Théo, écrivain underground des années 60. Il n'aimait pas beaucoup Jack Kerouac, son presque exact contemporain, son alter égo du nouveau monde. Il le trouvait larmoyant, en appelant à sa mère toutes les trois pages de ses livres. Voilà l'homme un peu situé. Son univers c'était les voyages, la littérature, le théâtre d'avant garde (ah! les happening de Yoko Ono!). Nous avions le sentiment de connaître quelqu'un pour le moins spécial.

    Théo est mort, je le sais bien, parce qu'Alain et moi, nous l'avons trouvé tout à l'heure au milieu de ses chats. Froid. Étendu par terre, le feu encore tiède dans sa cheminée, le thé pas bu sur sa minuscule table de travail. Il avait finalement l'air beaucoup plus paisible que les masques crispés qu'il fabriquait. Belle mort sans souffrance, sans avoir conscience de l'arrivée de la faucheuse. Le SAMU appelé, nous cherchons des traces de la nièce qu'il avait évoqué. Carnet d'adresse. L'abécédaire de Théo était sinon extraordinaire, au moins "relevé", pour lui c'était A comme Alfredo Arias, L comme Jorge Lavelli, S comme Barbet Schroeder... Je n'ai retenu que ceux-là et je suis sûr d'en avoir manqué et des meilleurs, suite à mon inculture chronique. Entre-temps, les gendarmes sont arrivés, un médecin est en route, le Maire vient voir... Nous pouvons partir, un dernier tour dans le jardin fantastique du mas brûlé... Les murs deviennent sculptures, la serre à la forme d'un œuf. Beau.

    Une dernière anecdote : Milieu des années cinquante Bangkok, Théo rencontre une jeune femme (pré)nommée Marayat. Ils passent du bon temps sous l'oeil complaisant du mari... Glauque oui, mais quelques mois plus tard sort un livre et dix ans plus tard, un film, ce sera Emmanuelle de Just Jaeckin. Leur histoire. Le mari, attaché d'ambassade est connu, sinon reconnu, dans le monde littéraire sous le nom d'Emmanuelle Arsan. Sacré Théo ! J'aurais tant aimé parler encore et encore avec toi, par exemple du Leaving Theatre que tu connaissais si bien (ta bibliothèque me l'a dit). Mais tu as bien fait de mourir ainsi, je ne te voyais pas en maison de retraite et là, je sais de quoi je parle. Jean-Marc Donnat

  • FRANK ZAPPA ILLUMINATI BOOTLEGS

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    Il n'y a pas que la Zappa Family Trust qui produise des disques, le Zappa Fan Trust qui oeuvre dans l'ombre vient de réaliser Fillmore West 70, concert du 11 juin 1970 et First Tango In Paris, capture du show à l'Olympia, octobre 1968.
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    Le ci-dessous DVDR n'est autre qu'un bonus au Some Time In New York City (1972), l'album live de John Lennon et Yoko Ono enregistré au Fillmore East avec Frank Zappa en featuring. Il en existe 200 copies.
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    Au passage, n'oubliez pas de visiter www.united-mutations.com et de me renseigner, si toutefois vous étiez présents au concert de l'Olympia. Tous vos témoignages me réjouissent d'avance.