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DISSIDENCE UNIVERSELLE - Page 2

  • MICHEL BOUNAN

     

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    Ennemi des bavardages vains, Michel Bounan raconte en un livre bref (mais conséquent) La Folle Histoire du monde. Et c’est un récit en forme de cercle qui débute par l’extermination de l’Amérindien et s’achève par la destruction agrochimique (et/ou fissible) de notre planète. Nulle fiction. Le génocide américain a bien eu lieu. De même que les plaies dont souffrent la Terre sont parfaitement visibles. Et l’on ne voit pas s’efforcer les volontés vers un plan de remédiation voire de soins intensifs.

    Michel Bounan établit un diagnostic tout à fait juste à partir du schème freudien des névroses. Et c’est le point nodal de l’analyse. Selon lui, l’état du monde résulte de l’état de santé de ses locataires. Névroses obsessionnelles, phobiques, hystériques sont le lot commun. Autant dire, que ces socionévroses produisent aujourd’hui leur effet. Nous le connaissons. Menace sur les sols, les eaux, l’air que nous respirons. Menace, que dis-je, l’attaque est lancée depuis que certains ont cru bon de vouloir séparer l’homme de l’élémentaire. Coupé, séparé du lien tellurique, le voici livré à l’immédiat et sur le point d’assister à son propre naufrage.

    La puissance du propos de Michel Bounan vaut par le caractère clinique qui l’anime. Pas de lyrisme. Aucune emphase séditieuse. Seul le constat de ce qui fut programmé lorsque les forces impériales liquidèrent le bipède des temps anciens, celui qui connaissait la nécessité d’harmonie.

    Toute harmonie rompue, le temps livré au frénétique rendement, le monde est fou. Pire : il est à ce point falsifié que rien de vrai ne peut y germer.

    Voici un livre complètement essentiel et qu’il convient de se procurer sans attendre. Et peut-être verra-t-on qu’un livre est susceptible de soulever l’humain contre ses assassins.

    La Folle Histoire du monde

    Michel Bounan

    Éditions Allia, 2006

    153 pages, 9 €


  • IVAN CHTCHEGLOV

     

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    Dans la première publication d’Internationale Situationniste (juin 1958), un répertoire définit quelques notions fondamentales : situation construite, psychogéographie, psychogéographe, dérive, urbanisme unitaire, détournement, culture, décomposition... Ces balises sont encadrées par un texte sans signature intitulé Problèmes préliminaires à la construction d’une situation et le Formulaire pour un urbanisme nouveau de Gilles Ivain aka Ivan Chtcheglov.

    Ce précis de Gilles Ivain, imagé d’une vue de Paris arachnéenne, expose les principes axiaux qui agiront sur le désir d’ambiances dont l’I.S. sera l’obusier jusqu’en septembre 1969. Ce texte rédigé en octobre 1953 réunit en phares des éléments si souvent développés par Debord.

    Ceci :

    « L’architecture est le plus simple moyen d’articuler le temps et l’espace, de moduler la réalité, de faire rêver. »

    « Une maladie mentale a envahi la planète : la banalisation. Chacun est hypnotisé par la production et le confort – tout-à-l’égout, ascenseur, salle de bains, machine à laver. »

    « L’activité principale des habitants sera la DERIVE CONTINUE. Le changement de paysage d’heure en heure sera responsable du dépaysement complet. »

    Or ce précis, mis en page par Guy Debord, fut livré coupé.

    Quels espaces de pensée ont été écartés ?

    Pourquoi ?

    Jean-Marie Apostolidès et Boris Donné dans leur biographie d’Ivan Chtcheglov tentent de remplir le vide. Ils nous permettent de mieux connaître ce sujet russe, né en 1934, devenu Lettriste et qui émettait des étincelles de pensées-sources et le projet de déboulonner la Tour Eiffel.

    Pour comprendre tout à fait cette figure admirée de Debord, il est nécessaire de lire les Ecrits retrouvés (en attendant que surgissent d’autres pages) où l’on découvrira que l’initiateur des dérives fut également peintre. L’ouvrage rassemble un choix d’œuvres comprenant notamment de rares métagraphies.

    Comme Stanislas Rodanski se fit appeler Lancelo (car son parcours était une quête), Ivan Chtcheglov avait pris le nom d’Ivain, marquant ainsi son adhésion à la Table Ronde qui niait toute préséance.

    Comme Rodanski, Chtcheglov fut interné dans les services psychiatriques (où il termine ses jours) qui recueillent ainsi ceux qui apportent l’épée dans ce monde. Guy Darol

    Ivan Chtcheglov, profil perdu. Jean-Marie Apostolidès et Boris Donné. Allia, 15 €

    Écrits retrouvés, Ivan Chtcheglov. Allia, 15 €

     

     


    www.editionsallia.com

     

     

     

  • DICK HIGGINS

    POSTFACE - UN JOURNAL CRITIQUE DE L'AVANT-GARDE

    Traduit et introduit par Nicolas Feuillie

    Editions Les Presses du Réel

    Collection L'écart absolu - Poche

    Juin 2006, 11 €

     

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    Dick Higgins (1938-1998), une des figures majeures de Fluxus, musicien, poète, chercheur, théoricien, artiste intermédia, éditeur, fonde en 1965 les éditions Something Else Press (consacrées à ses amis fluxus). Il publie ce premier essai en 1964.

    C'est un journal critique qui évoque le contexte dans lequel apparaît Fluxus entre 1959 et 1963. Il analyse sans ménagement les tendances de son époque et fustige les modes artistiques (Pop art, assemblage, Nouveau Réalisme), le Nouveau théâtre (le
    Living Theater), comme le style international en musique (musique concrète, musique électronique, Stockhausen et Cie).

    C'est un éloge de la pluralité, de la diversité  et du foisonnement, favorables au « bourgeonnement de cent fleurs » et à l'éclosion « d'un millier d'écoles de pensée », pour les amateurs, contre l'aveuglement du professionnel.

    Higgins montre la particularité des poètes-artistes, qui depuis le romantisme allemand et anglais, ont refusé la séparation entre le sonore, le visuel et l’écrit. Fluxus reprend là l’héritage dada et l’augmente.

    Extrait : Introduction, par Nicolas Feuillie (©Les Presses du réel)
    Postface, une histoire de Fluxus

    Récit, témoignage, analyse littéraire et esthétique, critique radicale, pamphlet et manifeste polémique, Postface est tout cela à la fois. La prise de position d’un homme engagé dans l’avant-garde artistique de son temps, quelqu'un pour qui l’avant-garde n’est pas un but en soi mais une exigence, une prise de risque et une quête de sens. Quête qui nécessite une remise en cause sans pitié des aînés et des contemporains. Car on peut le dire, Postface n’est pas gentil, sévère même à l’égard de nombreux auteurs et artistes, même parmi ceux dont Higgins était proche. Dans la tradition du mouvement moderne, il faut installer et circonscrire une nouvelle sensibilité dans l’histoire, montrer son caractère inéluctable, en évitant une simplification de sa problématique ; et avant tout proposer une nouvelle manière de voir le monde qui s’exprime dans des oeuvres.

    Pourtant de quelle esthétique il s’agit, cela n’apparaît pas au premier abord. Dick Higgins ne défend pas une nouvelle locution : dans son exposé, il est question seulement de « nous », c’est-à-dire lui et les artistes dont il est proche, George Brecht, Alison Knowles, La Monte Young, Jackson Mac Low, Emmett Williams, Al Hansen, Ben Patterson ou Nam June Paik, pour en nommer quelques-uns. Les artistes mêmes qui ont fait l’histoire de Fluxus. Et c’est ce qui nous intéresse aujourd’hui dans le texte d’Higgins, qu'il s'agisse de la première histoire de Fluxus, depuis sa naissance à la fin des années cinquante jusqu’à 1964, date à laquelle est écrit le texte. Mais paradoxalement Fluxus apparaît ici seulement comme une facette de la nouvelle sensibilité qui se met en place, essentiellement le nom générique de concerts qui se sont déroulés en Europe à l’initiative de George Maciunas, et non comme un mouvement formel regroupant un certain nombre d'artistes. Il ne s’agit pas d’aveuglement ou de mauvaise volonté de la part de Dick Higgins, mais d’une réalité historique. Fluxus était alors une bannière avancée par Maciunas qui pensait surtout à la réalisation d’un magazine. Les artistes participant aux concerts, ceux que défend Higgins, même s’ils avaient des points communs, pouvaient, comme l’analyse d’ailleurs l’auteur, avoir des positions relativement antagonistes. Et faire partie d’un groupe constitué n’entrait pas dans leurs intention. Ce n’est que plus tard, avec le recul, que tous ces événements ont été reliés à Fluxus – à tort ou à raison. Il y a aussi une raison plus immédiate. Maciunas devait éditer le projet d'Higgins, mais comme il l'a laissé traîné plus d'un an, Higgins créa sa maison d'édition, les « Something Else Press », dont ce texte qui accompagne un recueil de pièces, constitue le premier opus, intitulé Postface / Jefferson's Birthday. Ainsi le texte est-il intéressant à plus d’un titre. Comme document « à chaud » sur Fluxus, il nous plonge au milieu des événements ; mais avec le recul, il témoigne aussi d’un état d’esprit, celui qui présidait à l'époque même où Fluxus était le plus pleinement vivant, sans se revendiquer comme tel.

    Préparé à partir de notes prises en Europe, le texte a été rédigé relativement rapidement entre le retour de Higgins à New York en mars 1963, et la fondation des Something Else Press, le 2 février 1964. Au-delà de Fluxus, Postface est aussi un témoignage sur le New York du tournant des années soixante, celui des happenings, de l'expressionnisme abstrait, du mouvement Beat, et sur l’Europe du théâtre de l’absurde, et du foisonnement de la recherche musicale autour des cours d’été de Darmstadt. C’est une sorte de journal de bord, dans lequel Higgins expose tous les événements produits dans le théâtre, la musique et la poésie, et les réflexions que ceux-ci lui suggèrent. C'est aussi pour lui l'occasion de développer certaines théories qui lui tiennent à coeur, ou d'élaborer certaines vues synthétiques de la situation.

    Ainsi, comparant l’ancienne et la nouvelle génération, Higgins voit la scène artistique partagée entre deux figures emblématiques, à savoir Faust et Schvéïk. Faust est l’ancienne figure de l’artiste, vu comme un démiurge qui crée un monde en partant de son intériorité. C’est le personnage emblématique de l’expressionnisme abstrait autant que du mouvement Beat, celui qui incarne l’engagement intime de l’artiste dans le monde qui l’entoure, marqué par la guerre qui vient de se terminer et la menace de la bombe atomique, et par la division du monde en deux parties avec le début de la guerre froide. Face à lui, la nouvelle figure de l’artiste incarnée par Schvéïk représente un voyageur au milieu d’un monde qui lui est globalement étranger et hostile. Il témoigne, face à l’avènement d’un univers dédiée à la consommation, d'un sentiment de détachement de l’artiste, d'une aspiration à un au-delà qui s’exprime dans l’immédiat des choses. Ayant perdu tout idéal, il trouve son salut dans une empathie immédiate avec l'environnement matériel qui l'entoure.

    Higgins s'intéresse tout d’abord à la scène théâtrale. Abordant le théâtre psychologique des écrivains Tennessee Williams ou Edward Albee, il s'attarde ensuite sur le théâtre de l’absurde européen et Luigi Pirandello en particulier, avant d’en venir à Jean Genet et la jeune scène du Living Theater. Higgins se montre ici assez impitoyable, bien qu’on puisse s’interroger sur certaines de ses remarques : dans Henry IV de Pirandello, qu’est-ce que ce dîner où l’on sert un poulet, qui n’est pas dans le texte ? D'ailleurs, où a-t-il vu que les aventures de Schvéïk se terminent avec le héros à la poursuite d’un papillon ? Higgins ne sauve que les figures beaucoup plus inspirantes d'Antonin Artaud et de Marinetti, eux qui ont montré une capacité à créer un théâtre provocateur d’événements, ne se contentant pas de les mettre en scène d'une manière convenue.

    La scène poétique n’est en grande partie guère mieux lotie, qualifiée de « Going Thing », c'est-à-dire de « truc en cours », et est princip alement représentée par les poètes Beat. Avec eux, la poésie a pourtant connu dans les années cinquante une gloire particulière comme il est peu d’exemples dans l’histoire. Deux étymologies possibles expliquent son origine. « Beat » comme béatitude, celle que procure en particulier les nouvelles drogues, et « Beat » comme le battement rythmique qui est à la base du jazz, dont la poésie partage le sens du feeling, de l’expression de soi, et par le biais de l’oralité, d’une communion directe avec le public1. Si Allen Ginsberg, la figure la plus emblématique du Beat est épargné – il est à peine évoqué – les autres tenants du mouvement, comme Diane di Prima, Lamantia, etc. sont tous peu ou prou accusés d’académisme. Higgins cite une anthologie,
    The New American Poetry par Don Allen (Groove Press, 1960), comme témoin de la vacuité de la poésie actuelle ; pourtant la même année, Higgins figure avec un texte dans une autre anthologie, The Beat Scene (Corinth Books), aux côtés de Ginsberg, Ferlinghetti, O’Hara, LeRoi Jones, Paul Blackburn et beaucoup d’autres. Sans doute cherchait-il encore sa voie. Car il existe désormais d’autres figures du monde poétique qui méritent plus son attention : Jackson Mac Low, et dans un autre registre Emmett Williams, Robert Filliou et Bengt af Klintberg, qui pratiquent une poésie perfomative.

    Et à la croisée du théâtre et des arts plastiques, ce sont ensuite les happenings que Higgins décrit, ceux d’Allan Kaprow, d’Al Hansen, de Dine, d’Oldenburg, … Les happenings représentent un moment important dans le développement de la scène artistique des années soixante, c'est celui de la germination du toutes les pratiques de l'“art contemporain” au sens large2, bien qu'ils soint passés de mode assez rapidement. Peu d’artistes y sont restés fidèles après 1965. Le mot happening s'est galvaudé, à cause du Times et de Life le regrette Higgins, comme aussi Jean-Jacques Lebel, qui a largement contribué à la diffusion de cette pratique en France. Du fait en partie de cette perte de sens du mot, on a parlé ensuite de performance, mot qui se rapporte en anglais avant tout à une prestation théâtrale ou musicale, un spectacle sur scène. Mais Higgins restera fidèle aux acteurs des happenings dans les années soixante, alors que Fluxus leur était d'une manière générale radicalement opposé. Avec les Something Else Press, il offrira une tribune, l'édition de livres, à Claes Oldenburg, à Al Hansen ou à Wolf Vostell, qui est l'européen dont les happenings furent les plus ambitieux.

    Enfin, on aborde la scène musicale ; après avoir émis des doutes sur les recherches de la nouvelle génération de compositeurs de l’après-guerre, qu’Higgins range sous le nom de « Style international », qui englobe les noms de Karlheinz Stockhausen, Pierre Boulez, Bussotti, etc. – tous sont cités – apparaît en contrepoint la figure de John Cage. L’analyse est ici moins pertinente, au sens où elle réduit cette scène musicale à une recherche d’effets sonores, de processus de composition inutilement élaborés, et d’autre part à une division trop brutale entre monde européen et américain. La critique d'une musique dont la subtilité des processus ne sont intelligibles que sur le papier, et qui offre une écoute toujours similaire, n'est pas sans fondement. John Cage l'a formulée lui-même, pour justifier son recours au hasard. Néanmoins, à Darmstadt même, les idées qui seront celles de Fluxus trouveront d es échos dans l'oeuvre de certains compositeurs plus sérieux. Outre la recherche de nouvelles sonorités synthétiques, l'action était aussi une voie de recherche pour György Ligeti, Maurizio Kagel, ou Luciano Berio : eux aussi ont expérimenté l'humour et le concret dans leurs oeuvres musicales, bien qu'évidemment sans la radicalité de Fluxus. Paik lui-même, et d'autres, ont travaillé à l'occasion avec Stockhausen. L'antagonisme entre austérité mathématique et action musicale paraît moins tranchée.

    Higgins est beaucoup plus fin quand il aborde l’analyse de l’œuvre des artistes liés à Fluxus ; mais il reste loin du panégyrique, ou du simple recensement ; il analyse toujours, et son désir de saisir la pertinence de chacun est sans concession, notant quelquefois la limite de certaines pratiques, par exemple celle qu’impose toujours la volonté de choquer. On y voit un Fluxus en gestation, c'est un laboratoire où autour d’un pot commun, des options esthétiques antagonistes existent. Il avoue ainsi ne pas être en phase avec le laisser-être de John Cage et de ses meilleurs élèves, George Brecht, Ben Patterson ou Nam June Paik. Il manifeste une admiration plus grande pour le personnage et l’œuvre de Al Hansen, ou celui de Ray Johnson. À travers les critiques ou les réserves exprimées, ses enthousiasmes, il construit ses propres choix, sa propre vision de l’art.

    Cette vision, cette sensibilité nouvelle qu'il défend, apparaît avant tout comme « concrète ». Higgins déclare ainsi, « Nous aimons des choses et des activités plutôt ordinaires, quotidiennes et non-productives ». Il revendique alors un goût pour le monde dans son expression immédiate, sa contingence et son hasard ; il y a aussi la volonté d’un partage immédiat de cette expérience avec le public, qui traverse la poésie, la littérature autant que la musique. Au-delà de ce constat, l'oeuvre de chaque artiste représente des choix personnels qu'il paraît difficile de synthétiser, et au fil du récit, c'est plutôt une galerie de portraits qui se dessine, ceux des artistes qui ont participé de près ou de loin à Fluxus. On traverse ainsi le cours que John Cage a donné à la New School for Social Research, avec George Brecht, et surtout Al Hansen, l'auteur de happenings grandioses, et dont la vie est étroitement liée à l'oeuvre. On croise la figure de Maciunas, manager de Fluxus et éditeur de An Anthology, la première d'une longue série – mais ce sera après 1964. Il semble ici assez transparent, n'apparaissant que dans le conflit qui l'oppose à Vostell, à propos de projets éditoriaux. La Monte Young apparaît aussi, avec en particulier sa Composition 1960 # 7 plusieurs fois citée, pièce si fluxienne. La Monte Young a joué un rôle important, comme George Brecht, dans la construction de l'identité de Fluxus. Jackson Mac Low occupe aussi une belle place, semblant appliquer à la poésie les principes de composition de John Cage. On passe ensuite du côté européen, avec toujours dans le domaine poétique, François Dufrêne, Daniel Spoerri et Robert Filliou, ainsi qu'Emmett Williams, américain émigré en Europe, qui fréquente les cours d'été de Darmstadt où s'élabore la nouvelle musique autour de Stockhausen, et où passe Cage en 1958. Là sont aussi les deux magnifiques tenants de la musique-action, Ben Patterson et Nam June Paik. Puis ce sont enfin les concerts Fluxus proprement dit en 1962-1963, au cours desquels on découvre d'autres artistes encore, Tomas Schmit le nouveau venu, les artistes scandinaves, ou entre autres, des compositeurs japonais, non présents, mais dont les pièces sont joués : c'est Takehisa Kosugi, Toshi Ichiyanagi, c'est le premier mari de Yoko Ono – dont le nom curieusement n'apparaît jamais, malgré le rôle important qu'elle a joué à l'époque – , ou encore Mieko Shiomi ou Yasunao Tone.

    Au cours de ce récit, Higgins inscrit son oeuvre dans Fluxus, mais il ne saurait se limiter à cet aspect, se situant dans un courant beaucoup plus large. Il n’est pas dans la retenue, mais paraît toujours engagé dans un grand nombre d'activités différentes. Il est dans le happening, dans le théâtre, dans la musique. Et c'est un homme de lettres qui passe beaucoup de temps à écrire, noter, et retravailler ses notes. Toute la culture est pour lui quelque chose de vivant, et il vise à établir un dialogue dans son oeuvre avec le passé, comme il le prouvera par la suite dans son travail d'éditeur. Il ne saurait rejeter comme Maciunas « l’art mort », pour promouvoir uniquement quelque chose qui s'appellerait « non-art », et qui se réduirait à des gags, à seule fin d’éliminer le grand art en raison de son élitisme. Higgins refuse avant tout les écoles, toutes les écoles. C’est ce qui motive son refus de la scène Beat, de ce qu’il appelle Going Thing en poésie, du Style International en musique... et son mépris même envers tout nationalisme. Il n’est pas innocent que les figures qu’il semble admirer le plus, Al Hansen et Ray Johnson, sont les plus indépendantes de la scène new-yorkaise, des figures que l’on peut qualifier comme Filliou le faisait pour lui-même, d’« artistes des artistes », des gens qui ne sont jamais entrés de plein pied dans le monde de l’art, avec une production artistique tangible, commercialisable, reconnaissable ; ils sont trop inclassables, trop imprévisibles, trop bohême même pour des artistes.


    Dans l’ouvrage publié,
    Postface fait pendant à un recueil de textes, intitulé Jefferson’s Birthday, textes qui ont été écrits entre le 13 avril 1962 et le 13 avril 1963, le 13 avril étant la date anniversaire de la naissance du président Thomas Jefferson (1743-1826). Ce choix de livrer ainsi une tranche temporelle de son oeuvre correspond à une sorte de pari, celui d’un arbitraire du vivant, exposant son travail brutalement, sans sélection. On y découvre des pièces Fluxus comme les « musique du danger », des pièces de théâtre et autres type de compositions qu'il évoque dans son texte, parlant de « constellations », de « concrétions », et autres « processus musicaux ».

    Les Presses du Réel

     

     

  • JULES VALLES ❘ LE REFRACTAIRE

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    C’est une banalité de le dire mais l’enfance y est pour beaucoup dans le regard que les hommes portent sur le monde. Pour Jules Vallès, le réfractaire, elle a pesé d’un si grand poids que la révolte du militant, de l’écrivain, coïncide presque simultanément avec la naissance de celui-ci, le 11 juin 1832 au Puy-en-Velay. Venu dans un monde de paysannerie qui s’échine à survivre, Jules Vallès connaît depuis très tôt l’effort dépensé à l’excès sans juste rétribution et qui modèle l’esprit des êtres au point de les rendre âpres et violents. Il voit la peine de son père qui cherche à s’extraire de sa condition, à accéder à la culture, à gagner une respectabilité. Il sait, pour avoir eu trente martinets usés sur lui, ce que c’est que grandir parmi les pauvres, parmi ceux que la vie fait associer tendresse avec dureté. Comme le signale Max Gallo, dans sa biographie, Jules Vallès a « la lucidité généreuse ». Battu chaque jour de son enfance, il devine que les coups qu’il reçoit ont une autre origine.  C’est la machine sociale qui en tordant les êtres force la cruauté.
    Contre l’exemple de son père qui, venant du bas, parvient, en suivant la filière tortueuse, à devenir professeur, Jules Vallès refuse de fuir le camp des humbles, il veut être ouvrier. Cette décision, on s’en doute, sera perçue par ses parents comme un affront. Le fils incarne, selon Max Gallo, la négation d’une vie d’effort « pour s’élever, pour franchir les barrières sociales ». Aussi, après qu’il se sera rendu à Paris pour passer sans succès son baccalauréat et parce qu’il a le goût des luttes plus que le goût de l’étude, le père fera admettre Jules dans un asile où on le déclarera « affecté d’aliénation mentale caractérisée par une faiblesse d’intelligence ». Mais, encore une fois, le réfractaire sait reconnaître le véritable ennemi. Au sortir de l’asile, il trouve le courage du pardon. Et il dira plus tard : « Il me semblait que c’était moi le père et que je conduisais deux grands enfants qui m’avaient sans doute fait souffrir, mais qui m’aimaient bien tout de même. »
    Une telle compréhension fait de Vallès l’homme exemplaire qui se trouve être en 1871 le seul écrivain militant du mouvement ouvrier. La trajectoire de Jules Vallès dans ce XIXe siècle où les pauvres sont les trois quarts de la France ne déviera jamais de l’insoumission où son enfance l’a placé, ayant subi la loi de l’humiliation qui est celle de la bourgeoisie. Contre cette loi, il oppose l’énergie d’un libertaire qui possède le courage physique et l’arme de la critique. Après avoir diversement gagné sa vie dans des emplois de déménageur, teneur de copie (l’activité consiste à recopier des articles d’écrivains), de rédacteur tantôt payé d’un vêtement, tantôt d’une paire de souliers lorsqu’il travaille au Journal de la cordonnerie, Jules Vallès va se spécialiser dans un journalisme d’action.
    Durant trente ans, de 1857 à 1885, l’homme qui a vécu la Révolution de 1848, le Second Empire, le Siège et la Commune de Paris, la Troisième République, fait l’histoire en collaborant à la Presse ou en la créant.
    Romancier issu du journalisme, comme le souligne Roger Bellet, Vallès pigera dans une multitude de journaux avant de devenir le rédacteur en chef de La Rue en 1867 et du Cri du peuple en 1871 puis en 1883. Chroniqueur, feuilletoniste, polémiste, l’auteur de la trilogie de Jacques Vingtras (L’Enfant, Le Bachelier, L’Insurgé) et d’une pièce de théâtre sur la Commune, l’autre nom de ce qu’il appelait « la grande fédération des douleurs », doit beaucoup au journalisme qu’il pratique, un journalisme qui cède la place aux idées sociales. Et lorsqu’il aborde la méthode pour être entendu des lecteurs, il considère encore l’angle du cœur. « Soyez humains et l’humanité vous écoutera », conseille-t-il aux apprentis journalistes.
    La recherche de la vérité et son expression dans le cadre de l’hebdomadaire La Rue le mènent tout droit à la prison Sainte-Pélagie où il est enfermé en compagnie du peintre Courbet. C’est là que se précise sa pensée politique. Il se sent socialiste mais avec ceux qui crient « Vive la Sociale ! », contre les réformistes, contre Jules Simon, le renard, Gambetta, le capon, qui sera surnommé plus tard « le dictateur ». Il est du côté de Blanqui, de Delescluze, avec ceux qui défendent « la liberté sans rivages » et veulent en finir avec la faim. Pendant ce temps, les écrivains à la mode se réunissent boulevard Saint-Michel, au café Vachette. Les Goncourt, Théophile Gautier, Renan allant même jusqu’à rendre hommage au tenancier pour ne s’être jamais aperçus « qu’ils dînaient dans une ville de deux millions d’âmes assiégées. »
    Celui qu’Eugène Pottier appelle « le candidat de la misère, le député des fusillés » figure aux élections de février 1871 sur la liste des Candidats socialistes révolutionnaires. Militant de la révolution, Vallès prend part à la Commune avec la fougue d’un homme résolu à vaincre selon une morale fraternelle. Au terme de la Semaine sanglante, il doit fuir vers la Belgique où il séjourne chez Victor Hugo. Puis c’est l’exil à Londres, la misère de nouveau et le projet d’une nouvelle « Comédie humaine », la trilogie de Jacques Vingtras. À Paris, les Communeux sont condamnés par une Presse qui du Gaulois au Figaro invite les honnêtes gens à « donner un coup de main pour en finir avec la vermine démocratique et sociale. » Les journaux annoncent à plusieurs reprises le décès de Jules Vallès. Exceptionnels sont ceux qui, parmi les écrivains, ne terniront pas la Commune. Quelques-uns la soutiennent : Rimbaud, Hugo, Verlaine, Villiers de L’Isle-Adam. Pour Alexandre Dumas, les « femelles » des Communeux ne ressemblent aux femmes que lorsqu’elles sont mortes. Avec l’appui de Zola, d’Aurélien Scholl et surtout d’Hector Malot qui deviendra son exécuteur testamentaire, Vallès parvient à tenir une existence difficile où les emplois sont rares parce que les portes se ferment. Vallès est condamné à mort par contumace.
    De retour à Paris, il rencontre Séverine, la « belle camarade », l’épouse du docteur Guebhard qui l’aide à la reparution du Cri du peuple.  Séverine sera son soutien jusqu’au bout d’une vie de bataille qui s’achève le 14 février 1885 dans un appartement du boulevard Saint-Michel. Guy Darol

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    Jules Vallès, Journalisme et Révolution

    Roger Bellet

    Editions du Lérot

    Tusson, 16140 Aigre

    du.lerot@wanadoo.fr

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  • ROBERT FILLIOU A DIT

    medium_numeriser0041.jpgROBERT FILLIOU, taoïste de gauche, gaga yogi a dit :

    Il faut être intéressé pour devenir intéressant, et si l'on aime, on vous aime.

    Si tu veux être poète, sache que le vrai travail se fait hors de la poésie.

    L'art n'a plus besoin d'art-scène, même si ça existe toujours ; l'art se fait là où tu habites... On fait l'art là où on est.

    Il y a toujours quelqu'un qui dort et quelqu'un qui veille

    Quelqu'un qui rêve en dormant quelqu'un qui rêve éveillé

    Quelqu'un qui mange quelqu'un qui a faim

    Quelqu'un qui se bat quelqu'un qui aime

    Quelqu'un de riche quelqu'un de démuni

    Quelqu'un qui voyage quelqu'un qui demeure

    Quelqu'un qui aide quelqu'un qui gêne

    Quelqu'un qui s'amuse quelqu'un qui souffre quelqu'un d'indifférent

    Quelqu'un qui débute quelqu'un qui termine

    SEULE LA FETE EST PERMANENTE

    Fluxus est juste un mot. Je ne suis pas membre d'un mot. Membre est un mot. Je ne suis pas membre. Je ne suis pas un mot. Je ne suis pas "Je suis". Je ne suis pas "Je ne suis pas."

    Le marché, c'est de la merde. Les grands marchands, les éditeurs, producteurs, agents, critiques : merde !

    Je ne veux pas laisser le champ libre aux proxénètes. Ils transforment tout le monde en putes. Ils "récupèrent" tout. De chaque protestation authentique ils font une source de profit.

    Je ne m'intéresse pas uniquement à l'art, je m'intéresse à la société dont l'art n'est qu'un aspect. Je m'intérsesse au monde en tant que tout, un tout dont la société n'est qu'une partie. Je m'intéresse à l'univers dont le monde n'est qu'un fragment. Je m'intéresse en premier lieu à la création permanente dont l'univers n'est qu'un produit.

    Si nous voulons être libres - tous libres, tous autant que nous sommes, pas seulement certains d'entre nous - nous devons non seulement tolérer mais accueillir le manque de discipline, la paresse, la spontanéité, la fantaisie et l'improvisation.

    Tout le monde est parfait.

    LE FILLIOU IDEAL

    C'est un poème d'action et je vais le présenter :

    ne rien décider

    ne rien choisir

    ne rien vouloir

    ne rien posséder

    pleinement éveillé

    TRANQUILLEMENT ASSIS

    SANS RIEN FAIRE

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  • PHILARETE CHASLES ❘ VIE DE DANIEL DEFOE

     

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    Je connaissais Philarète Chasles par Charles Monselet que je fréquente depuis gironde lurette. Mais je n’encourais aucune chance de lire sa Vie de Daniel Defoe, ouvrage désormais remis en lecture grâce aux soins du coruscant élucidant Éric Dussert qui augmente le texte de sa joyeuse sapience. medium_defoe.jpegExaminé sous ses plus belles coutures par le regretté Claude Pichois, Philarète Chasles, professeur au Collège de France (1841) eut la qualité d’avoir été « un passeur émérite » doublé d’un « champion de la critique impressionniste ». Cet illuminateur des œuvres de Jean Paul, de Robert Burns, de Shakespeare et de l’Arétin fut l’un des premiers à rendre visible le nom de Daniel Defoe quand celui-ci disparaissait derrière la figure broussailleuse mais mandorlée de Robinson. Fantaisie biographique, selon les mots d’Éric Dussert, l’ouvrage introduit l’auteur d’une œuvre assez profuse, par son exposition au pilori à l’entrée de la Cité de Londres. Car ce que l’on sait le moins, c’est l’engagement constant de Defoe contre l’ignorance et la bêtise, ce qui en fait un pamphlétaire méconnu et un locataire des prisons. Philarète Chasles souligne encore qu’il précéda Jean-Jacques Rousseau (lequel estimait ensuite qu’il n’y avait qu’un seul livre à lire avant l’âge de douze ans : Robinson Crusoe), John Locke et Benjamin Franklin sur les voies de la Révolution française et des Lumières. En créant The Review, il n’invente rien moins que le concept de la revue. Enfin avec Alexandre Selcraig alias Alexandre Selkirk, il décrit l’aventure insulaire de Robinson et jette les bases du roman moderne. Ce que nous dit Philarète Chasles, c’est que Daniel Defoe (ou Gentillomme-Dimanche) approcha Alexandre Selcraig et qu’il apprit de ses lèvres qu’il « s’enrôla dans une troupe de boucaniers des mers des Indes » parce qu’il était un réfractaire-né. Son isolement choisi, sur l’île fameuse, qui dura quatre années et quatre mois est un paradigme de la vie érémitique, une inspiration pour des aventures littéraires et ontologiques comme en témoigne, par exemple, l’écart de Henry David Thoreau auprès de l’étang de Walden. Ce que nous dit encore Philarète Chasles, c’est que Defoe fut pillé par Jonathan Swift et qu’il mourut dans la plus absolue ténèbre, en complète indigence. Ce qu’il ne dit pas et que précise le coruscant élucidant Éric Dussert, c’est que l’auteur de Moll Flanders battit campagne pour la reconnaissance du droit d’auteur. Pionnier en de nombreux domaines (c’est quelque chose que de vouloir faire exister un statut de l’écrivain payé en retour ; si mal, que j’invite à croquer dans La Condition littéraire de Bernard Lahire paru aux éditions La Découverte, août 2006), Daniel Defoe est ainsi révélé par toutes ses faces dans « cette biographie aérienne et piquante établie par le critique Philarète Chasles au début du XIXème siècle ». Ce qui est très amusant est qu’Éric Dussert, en parfait exégète, ose y secouer le colosse Michel Le Bris, « spécialiste autoproclamé » en piraterie à propos d’une Histoire générale des plus fameux pyrates, volume attribué à Defoe alors que la bibliographie n’en délivre aucune trace. Précipitez-vous dès aujourd’hui sur cette édition éclairée par Dussert car en plus d’être instructive, elle corrige les faussetés. Guy Darol

    Vie de Daniel Defoe

    Philarète Chasles

    Notes et postface de Éric Dussert

    Éditions Mille Et Une Nuits, 2006

    95 pages, 2, 50 €

    www.1001nuits.com

    Consulter le blog d’Éric Dussert

  • SAMUEL VEIS PREND LA NUIT DE VENISE

     

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    S'il était un animal, ce serait un loup. S'il était une ville, son nom serait Venise. Samuel Veis est un photographe nyctalope (parfois matutinal d'où Le Mur de Gainsbourg, Samuel Tastet Editeur, 2009) doté d'un regard et d'une fraternité de loup. Car le loup est doux, fraternel et libre. Il va comme le vent et non pas comme l'oiseau (infiniment plus territorialisé). Donc Samuel Veis est un photographe et un loup, allant comme le vent dans Venise. Venise est son terrain de jeu depuis la nuit de son temps. C'est là qu'il respire le mieux. C'est là qu'il voit, autrement dit au-delà du delà.

    Et c'est ainsi qu'il faut regarder ce livre, comme un loup suivant le loup dans une ville sans homme. Il n'y a que des souvenirs de l'homme dans les 82 phantom'graphies de Samuel Veis. Ah ! j'oubliais de dire : le loup voit les couleurs.

     

     

    VENEZIA LA NOTTE

    Samuel Veis

    127 pages, 39 €

    EST | SAMUEL TASTET EDITEUR

     

     

  • RIONS A GORGE DEVOYEE AVEC QUETTON

     

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    Rocking Yaset a fondé Le Quetton en juin 1967. Viennent de paraître les numéros 19 et 20 de cette publication parvenue a sa huitième formule et désormais intitulée Quetton L'Art Total.

    No luxe, pas de papier glacé, impression à la photocopieuse, diffusion sous le manteau. Quetton est en actes ce qu'Actuel pouvait être au début des années 1970. C'est Hara-Kiri dans la décennie 60. C'est Le Parapluie de Henri-Jean Enu. Oui mais c'est Quetton et ça continue.

    Rocking Yaset a ouvert un MySpace comme tout le monde. Il faut y aller voir pour comprendre. A la rubrique Intérêt, tout est dit, bien mis en place : "Je n'en ai JAMAIS à "ma" banque. Je n'en éprouve AUCUN pour les politiciens. Et guère plus pour les patrons, cadres, et autres fripouilles, exploitant "leur" monde contre des salaires n'autorisant trop souvent que la survie des individus. INTERET: J'en ai pour mes enfants, ma femme, ma famille, mes amis. Pour les créateurs libres et indépendants. Pour quelques rares collègues de travail munis de crocs. Pour les chats, les lapins, les piafs, l'environnement !"

    Le nouveau Quetton titre : Quand plus rien n'est drôle, rions à gorge dévoyée.

    Quetton cible le mille. Quetton est toujours d'actualité. Parce que le rire de nos jours, n'est-ce pas ?! Il paraît que les gouvernements tyranniques n'aiment pas le rire. Serrons les fesses ou plutôt rions à gorge dévoyée.

    Sont présents dans ce numéro : Adem, BMG, Braconnages Prod, Jean Branle-Pazune, Léon Cobra, Ravacholl Chortzs, Daniel Daligand, Thomas Heuftnen, Joël Hubaut, Christian Livache, Lourdel, Claude Pélieu (écrits sélénites de première importance), Jack Querbes, Christophe Rouil et Sophie Ortrulic'h, Yves Simon, Little Shiva, Bruno Sourdin, Thierry Tillier, Mary Von Goudal, Willem ...

    Rions ensemble et réfléchissons avec Gérard Larnac. Insérés dans ce double one, Gérard Larnac lance un réjouissant pavé. "Ecrire pour les imbéciles" ne doit absolument pas ricocher dans la mare. C'est un manifeste essentiel, quettonssentiel. Une alerte  : "C'est le roman "pompier" qui partout triomphe", affûte Gérard Larnac. Il dit : "Le livre n'a plus pour horizon une "histoire littéraire" mais une courte effervescence médiatique qui suffit parfois pour faire un succès commercial". Il parle du manulivre qui est à l'édition ce qu'est Koh-Lanta à la télévision. Il parle de sms littérature et de littérature-monde. Il décrit le pire et envisage le meilleur. Tout cela en reprenant à son compte cette phrase bien significative de Michel Butor : "Ce n'est pas parce qu'on publie des milliers de romans que le roman est encore d'actualité".

    On rit. On réfléchit. On ne vit pas comme des porcs.

    QUETTON L'ART TOTAL numéros 19 et 20

    Prix de ces numéros : Chômeurs, Etudiants, Petits Salariés, à partir de 12 €. Gros Salariés, 26 €. Politiciens, Militaires, Flics, Curés, 3066, 23 €.

    Abonnement anormal : 30, 49 €

    Abonnement psychiatrique : 76, 22 €

    Abonnement pétrolier : 152, 45 €

    Abonnement nucléaire : 1524, 49 €

    Bref, vous l'avez compris, Quetton a besoin de vous.

    Ecrire à Quetton, BP 344, 50103 Cherbourg Cedex. France

     

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    Little Shiva

     

     

  • DENNIS HOPPER POUR TOUJOURS

     

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    L’acteur et réalisateur Dennis Hopper, l’auteur d’Easy Rider, a succombé des suites d’un cancer à son domicile de Venice, Californie, le samedi 29 mai 2010, à l’âge de 74 ans.

    Metteur en scène symbole de toute une génération, acteur aux performances remarquables, Dennis Hopper était aussi peintre et photographe.

    Né en 1936, acteur sulfureux et rebelle, Dennis avait construit une carrière à la marge d’Hollywood, apparaissant dans La fureur de vivre, 1955, avec James Dean ; Blue Velvet, 1986, de David Lynch ; Apocalypse Now, 1979 ... Mais c’est bien le succès d'Easy Rider, dans lequel il a joué aux côtés de Peter Fonda et Jack Nicholson qui lui a valu la consécration et le Prix de la première œuvre au Festival de Cannes en 1969, film qu’il a écrit et dirigé. Dennis Hopper avait joué dans plus 150 films.

    J’avais eu la chance de le rencontrer dans le sud du Pérou, en 1969, en compagnie de Peter Fonda, avec lequel il venait de terminer le tournage, à Chincheros, de Last Movie, film distribué en 1971. Bienvenu Merino

     

  • UNDERGROUND MAIS PAS TROP ❘ ART ROCK 2010

     

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    Né à la fin des années 1960, ce mouvement s'oppose aux institutions, au show-business, et entre en résistance. De grands artistes et groupes en sont issus, en France et ailleurs dans le monde. L'occasion de se demander à quoi ressemble l'Underground aujourd'hui.

    Rencontre animée par Bernadette Bourvon à l'Ancien Monoprix de Saint-Brieuc, le dimanche 23 mai, pour Art Rock 2010.

    Avec votre serviteur, Eric Deshayes et Philippe Thieyre.

     

    UNDERGROUND MAIS PAS TROP

    ANCIEN MONOPRIX

    3, rue Pierre Le Gorrec

    22000 SAINT-BRIEUC

     

    DIMANCHE 23 MAI

    16H

    GRATUIT

    CONSULTER

    ART ROCK LE PROGRAMME