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GUY DAROL [rien ne te soit inconnu] - Page 14

  • SAMUEL VEIS PREND LA NUIT DE VENISE

     

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    S'il était un animal, ce serait un loup. S'il était une ville, son nom serait Venise. Samuel Veis est un photographe nyctalope (parfois matutinal d'où Le Mur de Gainsbourg, Samuel Tastet Editeur, 2009) doté d'un regard et d'une fraternité de loup. Car le loup est doux, fraternel et libre. Il va comme le vent et non pas comme l'oiseau (infiniment plus territorialisé). Donc Samuel Veis est un photographe et un loup, allant comme le vent dans Venise. Venise est son terrain de jeu depuis la nuit de son temps. C'est là qu'il respire le mieux. C'est là qu'il voit, autrement dit au-delà du delà.

    Et c'est ainsi qu'il faut regarder ce livre, comme un loup suivant le loup dans une ville sans homme. Il n'y a que des souvenirs de l'homme dans les 82 phantom'graphies de Samuel Veis. Ah ! j'oubliais de dire : le loup voit les couleurs.

     

     

    VENEZIA LA NOTTE

    Samuel Veis

    127 pages, 39 €

    EST | SAMUEL TASTET EDITEUR

     

     

  • LUCIEN SUEL TRADUCTEUR DE JACK KEROUAC NOUS FAIT QUELQUES MOUES DE VEAUX

     

     

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    L'activité de Lucien Suel est sans répit. L'infatigable est récompensé de ses peines, aussi de ses joies. Son vingt-troisième livre, Mort d'un jardinier, publié à La Table Ronde en 2008 vient de paraître en poche. C'est le numéro 5105 de la collection Folio Gallimard. Va-t-il se reposer ? Rien n'est moins sûr. Lucien Suel doit pourtant envisager l'oisiveté. Il le faut pour admirer les porcs et mirer les moues de veaux. Ecrit-il sur une ardoise bord à bord ? Ce compassionnel (vraiment compassionnel ?) de la vie animale qui remplit nos assiettes rédige pendant que cliche Patrick Roy. Les photographies de Patrick Roy sont des gros plans sur des museaux nés pour perdre. Lucien Suel nous parle des animaux comme il sait le faire du jardin, d'être à être allais-je dire. On dirait qu'il remplit des cases, comme le veau occupe l'espace à mangeoire et le porc son bâtiment d'engraissement. Le texte et l'image se coudoient. Ce n'est pas ainsi dans le monde vrai où l'homme n'est pas l'ami du loup, où le loup n'est pas copain comme cochon avec le cochon.

    Ainsi qu'il est écrit en quatrième de couverture de Têtes de porcs Moues de veaux, Lucien Suel est né en 1948 à Guarbecque dans le Pas-de-Calais où il vit aujourd'hui. Editeur, traducteur, lecteur, artiste postal et poète ordinaire, il a animé de 1989 à 1998 le magazine MouE de VeaU. Traducteur donc. Alors que paraissait Sur la route sous-titré Le rouleau original chez Gallimard (quarante mètres d'un rouleau de papier qui "déroulé sur le plancher ressemble à la route"), les éditions La Table Ronde publiaient le Livre des Esquisses, un ensemble de notes couchées sur le motif entre 1952 et 1954. Du motif, il y en a entre New York et San Francisco, entre Montréal et Paris. Motif en forme de paysages, de visages, de grandes questions. Motif orné de rencontres : Burroughs, Ginsberg. Motif à mélancolie : l'évocation de la mort de Gérard, le frère de Jack. Motif à parler littérature : Dostoïevski, Melville, Blake, Yeats, Lawrence. Motif pour s'encourager à écrire

    Alors en moi cette écriture finira

    par être le moyen d'alléger

    peu à peu le fardeau

    de mon éducation

    pour occuper mon temps

    une self-thérapie du fardeau éducatif

    personnelle & surréaliste vers la

    Paix Agraire & Fellaheen

    Motif pour dire la supériorité du peuple Fellaheen. Occasion pour nous de visiter le monde à toute berzingue en suivant la colonne des mots de gueules, de sable, d'azur et de sinople vaillamment traduits par Lucien Suel. Nous suivons Jack Kerouac alias Memory Lane jusque dans Paris où il s'étonne de croiser des "types bizarres à la WC Fields". On ralentit le pas rue des Ecoles. On se cache derrière la statue de Montaigne pour observer l'homme qui inventa le jazz et le verbe tressés.

    Assis dans un petit parc sur la place Paul-Painlevé

    - une ligne courbe de magnifiques tulipes rosées

    raides et se balançant, des gros moineaux ébouriffés, superbes

    mademoiselles aux cheveux courts (une qui ne devrait jamais passer une nuit solitaire à Paris, garçon ou fille, mais je suis

    un vieil homme mauvais & haïssant le monde qui deviendra le plus grand écrivain ayant jamais vécu)

    On referme le Livre des esquisses avec le tournis bezef bono, heureux et triste mais mieux instruit :

    ECRIS EN PETITS CARACTERES

    QUAND T'ES BOURRE

    chuchote Jack Kerouac. Il ne faut pas tromper le lecteur avec de grands mots. Ce que Kirouac (lire page 225) savait, ayant beaucoup bu (rouquemoute et cie)

    Boire c'est bon pour

    l'amour - bon pour

    la musique - que ça

    soit bon pour

    l'écriture -

    Cette ivrognerie est mon

    alternative  au suicide,

    & c'est tout ce qui reste

    Cartographies flash sur un rail de grand huit. Il fallait un poète (pas si) ordinaire (que ça) pour transposer en langue française déflagratoire le poète bop. Lucien Suel l'a fait, bien fait. Il habite Jack Kerouac depuis si longtemps.

     

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    style="font-weight: normal;">TETES DE PORCS

    MOUES DE VEAUX

    Patrick Roy & Luci en Suel

    8 €

    Pierre Mainard éditeur

    14, place Saint-Nicolas 47600 Nérac

     

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    LIVRE DES ESQUISSES 1952-1954

    Jack Kerouac

    Traduction de Lucien Suel

    383 pages, 23 €

    La Table Ronde

     


  • CHARLES FOURIER EN DEUX TEMPS QUATRE MOUVEMENTS

     

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    Les Cahiers Charles Fourier fêtent leurs vingt ans : cent vingt-quatre articles publiés, vingt-et-un documents ayant fait l'objet d'éditions critiques, des centaines de comptes rendus de lecture rédigés. Depuis 1990, la revue de l'Association d'Etudes Fouriéristes ne faiblit pas en besogne. Dans son numéro 20, elle commente notamment La Théorie des quatre mouvements, l'ouvrage premier dans lequel Charles Fourier précise la manière dont l'Attraction Passionnée transformera la société.

    Publiée en 1808 puis en 1841 dans son édition définitive, La Théorie des quatre mouvements vient de reparaître aux Presses du réel dans la collection L'écart absolu, dirigée par Michel Giroud. Il convient de préciser que les Presses du réel sont l'éditeur des Oeuvres complètes de Fourier depuis 1998.

    Une conséquente introduction de Simone Debout-Oleszkiewicz présente le personnage de Charles Fourier , "poète d'un monde fantastique, qui relie la terre aux étoiles" sous l'aspect d'un solitaire vivant d'un métier qu'il méprise pour donner corps à sa vision.

    Obscur destin que celui de Fourier. Selon Simone Debout-Oleszkiewicz, "il est l'envers de la vraie vie qu'il imagina, le négatif des images radieuses d'Harmonie".

    Oeuvre d'une "bizarrerie étudiée", la Théorie des quatre mouvements est une doctrine dans un style nonpareil formé de pièces de couleurs semblables à l'habit d'Arlequin. Une énigme que Jonathan Beecher tente d'élucider dans le numéro 20 des Cahiers Charles Fourier où de puissantes études sont à découvrir portant sur Arthur Young philanthrope fouriériste ou encore sur les rapports ambigus des somnambules magnétiques, des médiums spirites et du fouriérisme au XIXème siècle en France. Charles Fourier est-il la clef du mystère du Chelsea Hotel ? se demande enfin Sherill Tippins.

    Assurément, on célébrera dans vingt ans quatre décennies de Cahiers Charles Fourier.

     

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    CAHIERS CHARLES FOURIER n°20

    144 pages, 15 €

    Thomas Bouchet

    13 rue du Levant 25160 Saint-Point

     

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    THEORIE DES QUATRE MOUVEMENTS

    Charles Fourier

    420 pages, 22 €

    Editions Les Presses du réel

     

  • REMY DE GOURMONT REVIENT ❘ HISTOIRES HETEROCLITES

     

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    Oui, il a tout fait Remy de Gourmont (1858-1915), il a tout essayé. Et d'abord allumer de la mèche à poudre avec Le joujou patriotisme (mars 1891), flèche contre les anthropophages de l'éternelle revanche. Ennemi public de la littérature officielle, cela lui coûta cher d'avoir attaqué le vieux tempérament de la race, d'avoir appelé à la fraternité de l'Allemand, du Berbère, du Finnois, de l'Anglais, du Chinois. Il lui en coûta des décennies de vie underground. Il fut pourtant le maître de futurs maîtres. Blaise Cendrars, par exemple.

    J'observe les rayonnages de mes bibliothèques. Cela me fait une belle tranche, de Physique de l'amour au Latin mystique. Car Remy de Gourmont fut tout et simultanément : poète, conteur et romancier ; biographe, historien, grammatologue ; pamphlétaire, épistolier, anthropologue. Et symboliste. Et animateur sans temps mort du Mercure de France. Ecrivain majeur toujours, comme le rappelle Kléber Haedens dans son Histoire de la littérature française que j'ouvre à la page 287 (Grasset, collection Les Cahiers Rouges) : "Remy de Gourmont a eu droit au titre de maître et de guide. Il reviendra."

    Il revient. Le voici porté aux étoiles par Christian Buat et Mikaël Lugan. Bien entourés par ces chercheurs et prosélytes enamourés, Remy de Gourmont au visage esquinté (lupus tuberculeux) se présente à nous, muni d'histoires rares. Histoires hétéroclites suivi du Destructeur sont de presque inédits. Ils ont paru naguère en revue et en journal. Voici réunis une vingtaine d'écrits du dangereux Remy de Gourmont. Voici l'occasion ou jamais de prendre leçon.

     

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    HISTOIRES HETEROCLITES suivi du DESTRUCTEUR

    Remy de Gourmont

    167 pages, 5 €

    Les Ames d'Atala éditions

    LES AMES D'ATALA LE SITE

     

  • LA SOEUR DE L'ANGE EMPOIGNE LA CRISE

     

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    Depuis 2004 qu'elle existe, La Soeur de l'Ange ("L'homme est le vainqueur des chimères, la nouveauté de demain, la régularité dont gémit le chaos, le sujet de la conciliation. Il juge toutes choses. Il n'est pas imbécile. Il n'est pas ver de terre. C'est le dépositaire du vrai, l'amas de certitude, la gloire, non le rebut de l'univers. S'il s'abaisse, je le vante. S'il se vante, je le vante davantage. Je le concilie. Il parvient à comprendre qu'il est la soeur de l'ange", Isidore Ducasse) a publié sept épais numéros d'abord aux éditions A contrario puis aux éditions du Grand Souffle. A présent, elle vit chez Hermann (Editeurs des sciences et des arts depuis 1876) sous la direction de Michel Host (Prix Goncourt 1986 pour Valet de nuit) et la rédaction en chef de Jean-Luc Moreau (théoricien de La Nouvelle Fiction, auteur de plusieurs ouvrages sur Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir et Albert Camus). La Soeur de l'Ange est une revue littéraire et philosophique ouverte au questionnement socratique, à la maïeutique généralisée.

    Sa particularité est de lancer des questions comme on allume des feux : A quoi bon l'art ?, A quoi bon la nation ?, A quoi bon résister ?, A quoi bon la Lune ?... Une méthode pleine de sens en un temps où la réflexion bat de l'aile, où rien ne semble brûlant.

    Vient de paraître A quoi bon la crise ? sur une dédicace d'Edmund Husserl et une ouverture de Senancour. La crise dans tous ses états et d'abord à la lettre, étymologiquement, sémantiquement, est ici dépliée. Pour Ado Huygens, la crise est un ouvreur potentiel de l'exister. Sandy Proust interroge la crise de la parole dans le monde du travail. Philippe Brenot envisage que la crise, c'est toujours avant. Monique Castaignède annonce une crise de tête. Nicolas Lebeau décide d'entreprendre en poésie pour répondre à la crise. La crise ne serait-elle pas le travestissement moral de la décadence ? demande François Cornée.

    Où il est également question de Joë Bousquet, d'Albert Béguin (crise du romantisme oblige), de Sarane Alexandrian et d'Arthur Conan Doyle.

    D'ici quelques semaines, Jean-Luc Moreau répondra à mes questions afin que La Soeur de l'Ange ne soit plus un mystère pour personne.

     

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    Jean-Luc Moreau


     

    En attendant, apprenez que les intitulés des prochains numéros sont :

    A quoi bon la Princesse de Clèves ?

    A quoi bon la santé ?

    A quoi bon tant de monde ?

    A quoi bon partager ?

     

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    Michel Host

     

    LA SOEUR DE L'ANGE n°7

    Pensées iniques

    Revue semestrielle

    200 pages, 20 €

    (Abonnement pour deux numéros : 36 €)

    Editions Hermann

    6, rue de la Sorbonne 75005 Paris

  • RIONS A GORGE DEVOYEE AVEC QUETTON

     

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    Rocking Yaset a fondé Le Quetton en juin 1967. Viennent de paraître les numéros 19 et 20 de cette publication parvenue a sa huitième formule et désormais intitulée Quetton L'Art Total.

    No luxe, pas de papier glacé, impression à la photocopieuse, diffusion sous le manteau. Quetton est en actes ce qu'Actuel pouvait être au début des années 1970. C'est Hara-Kiri dans la décennie 60. C'est Le Parapluie de Henri-Jean Enu. Oui mais c'est Quetton et ça continue.

    Rocking Yaset a ouvert un MySpace comme tout le monde. Il faut y aller voir pour comprendre. A la rubrique Intérêt, tout est dit, bien mis en place : "Je n'en ai JAMAIS à "ma" banque. Je n'en éprouve AUCUN pour les politiciens. Et guère plus pour les patrons, cadres, et autres fripouilles, exploitant "leur" monde contre des salaires n'autorisant trop souvent que la survie des individus. INTERET: J'en ai pour mes enfants, ma femme, ma famille, mes amis. Pour les créateurs libres et indépendants. Pour quelques rares collègues de travail munis de crocs. Pour les chats, les lapins, les piafs, l'environnement !"

    Le nouveau Quetton titre : Quand plus rien n'est drôle, rions à gorge dévoyée.

    Quetton cible le mille. Quetton est toujours d'actualité. Parce que le rire de nos jours, n'est-ce pas ?! Il paraît que les gouvernements tyranniques n'aiment pas le rire. Serrons les fesses ou plutôt rions à gorge dévoyée.

    Sont présents dans ce numéro : Adem, BMG, Braconnages Prod, Jean Branle-Pazune, Léon Cobra, Ravacholl Chortzs, Daniel Daligand, Thomas Heuftnen, Joël Hubaut, Christian Livache, Lourdel, Claude Pélieu (écrits sélénites de première importance), Jack Querbes, Christophe Rouil et Sophie Ortrulic'h, Yves Simon, Little Shiva, Bruno Sourdin, Thierry Tillier, Mary Von Goudal, Willem ...

    Rions ensemble et réfléchissons avec Gérard Larnac. Insérés dans ce double one, Gérard Larnac lance un réjouissant pavé. "Ecrire pour les imbéciles" ne doit absolument pas ricocher dans la mare. C'est un manifeste essentiel, quettonssentiel. Une alerte  : "C'est le roman "pompier" qui partout triomphe", affûte Gérard Larnac. Il dit : "Le livre n'a plus pour horizon une "histoire littéraire" mais une courte effervescence médiatique qui suffit parfois pour faire un succès commercial". Il parle du manulivre qui est à l'édition ce qu'est Koh-Lanta à la télévision. Il parle de sms littérature et de littérature-monde. Il décrit le pire et envisage le meilleur. Tout cela en reprenant à son compte cette phrase bien significative de Michel Butor : "Ce n'est pas parce qu'on publie des milliers de romans que le roman est encore d'actualité".

    On rit. On réfléchit. On ne vit pas comme des porcs.

    QUETTON L'ART TOTAL numéros 19 et 20

    Prix de ces numéros : Chômeurs, Etudiants, Petits Salariés, à partir de 12 €. Gros Salariés, 26 €. Politiciens, Militaires, Flics, Curés, 3066, 23 €.

    Abonnement anormal : 30, 49 €

    Abonnement psychiatrique : 76, 22 €

    Abonnement pétrolier : 152, 45 €

    Abonnement nucléaire : 1524, 49 €

    Bref, vous l'avez compris, Quetton a besoin de vous.

    Ecrire à Quetton, BP 344, 50103 Cherbourg Cedex. France

     

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    Little Shiva

     

     

  • CAPHARNAUM AUX EDITIONS FINITUDE

     

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    C'est l'écho d'une émotion. Un retour de béatitude. L'exaltation qui continue.

    L'été 1981 paraissait la première livraison de la revue Grandes Largeurs. J'apprenais à aimer Calet. Tout un numéro avec Paul Guth, Antoine Blondin, Georges Henein et Jean-Pierre Enard. Le tout sur le tout était à ma disposition à la Librairie de la Commune de la Butte-aux-Cailles. Tout Calet disponible s'y trouvait. Grandes Largeurs était la revue par laquelle on entrait à jamais dans l'univers à rebours du créateur de La Belle Lurette. Et cela nous entraînait du côté de Paroutaud, de Bove, de Gadenne, de Forton, de Guérin, d'Hyvernaud.

    Eté 2010, voici Capharnaüm, Raymond Guérin au bain. La couverture nous fait un coeur plus jeune. On se sent alerte tout à coup. On va découvrir de nouveau. On va s'enthousiasmer. Tout l'été sera beau grâce à cette revue qui promet de paraître une fois par an dans le meilleur des cas.

    On retrouve l'alacrité. Au programme de Capharnaüm, c'est beau fixe avec Raymond Guérin, Eugène Dabit, Marc Bernard, Jean-Pierre Martinet, Michel Ohl, Robert Louis Stevenson et Georges Arnaud. Il y a vacance à toutes les pages. Vacance et mélancolie.

     

    CAPHARNAUM Numéro 1

    95 pages, 13 €

    Editions Finitude

    14, cours Marc-Nouaux

    33000 Bordeaux

     

  • PATRICE DELBOURG ❘ L'HOMME AUX LACETS DEFAITS

     

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    Patrice Delbourg a la fortune du titre. Il fait mouche avec Signe particulier endurance, Vivre surprend toujours, journal d'un hypocondriaque, En vamp libre, Absence de pedigree, Exercices de stèles ... Bien sûr Patrice Delbourg est le camaro des Papous dans la tête (France Culture) depuis jolie lurette. Il s'y connaît en jonglage de mots. D'ailleurs, il est l'auteur des Jongleurs de mots (Ecriture, 2008), ouvrage bien aussi nécessaire que Les Désemparés (Le Castor Astral, 1996).

    Il a reçu le prix Max Jacob pour Génériques (Belfond, 1983), le prix Apollinaire pour L'Ampleur du désastre (le cherche midi, 1995). C'est bien. Il serait temps de lui décerner l'Emmanuel Bove, mais ce prix est-il distribué ? Pourquoi cette auréole ? Parce que Patrice Delbourg est circonvoisin de l'auteur de Mes amis. Il sait faire marcher les choses pour qu'elles aillent de travers, et de préférence à l'abîme. Ce poète, romancier, essayiste est doué pour la déréliction, surtout pour la déréliction souriante.

    C'est d'abord un écrivain-artiste, un plasticien de la langue comme il est rare d'en trouver de nos jours. Il faut remonter aux temps anciens, sans doute à Huysmans, et redescendre par des chemins flexueux où s'entendent encore un peu les voix d'André Frédérique, de Maurice Blanchard ou d'Yves Martin. Patrice Delbourg croit au style. Le sien se reconnaît d'assez loin. Il est travaillé au corps et plus précisément au corps égrotant, bancale, nauséeux. Patrice Delbourg n'a jamais cru à la grande santé. On voit bien, en le lisant, que l'homme est une apocalyspse née, un vertige permanent et sans doute même une succession de chutes.

    Son nouveau roman peaufine encore l'accompagnement des parcours de biais. Cette fois, il emboîte le pas d'un perdant magnifique. Et c'est Lucien Gaulard, inventeur du transformateur électrique et voyageur léger. L'ingénieur dédaigne les procédures qui valident. Il se fiche de faire valoir son génie. Non seulement il refuse de déposer des brevets mais il n'accroche à sa personne aucun papier d'identité. Il est Lucien Gaulard parce qu'il faut bien porter un nom.

    Patrice Delbourg est un guide idéal. Il aime les perpendiculaires de la rue Vieille-du-Temple où naquit Lucien Gaulard, le 16 juillet 1850. Il connaît son Marais par coeur. Le Marais est son palud et sans doute sa maladie. On le visite dans le sillage titubant d'un grand homme, une figure à qui l'on doit l'illumination de nos villes, un de ces rêveurs qui suspendent le songe à un crochet, suivant le geste de Nerval. Nous sommes en 1888 et l'on marche sans cesse. On dérive avec Lucien Gaulard. Parfois on tombe dans le canal Saint-Martin et l'on se réveille dans une cellule capitonnée, du côté de Charenton. Il arrive que l'on croise d'imposantes silhouettes : Emile Zola, Charles Cros, Alphonse Allais. Souvent, on rencontre des gens sans importance, le peuple des livres de Patrice Delbourg, son humanité claudicante.

    L'homme aux lacets défaits (son dixième roman) aurait pu s'intituler Lucien Gaulard 1850-1888. Cela aurait sonné comme un Amour de Pierre Neuhart, une expédition au ras du bitume avec Emmanuel Bove. Patrice Delbourg ne s'est pas servi de Lucien Gaulard pour faire la promotion de son livre. Il aurait pu. On aime tant aujourd'hui la publicité, qu'un fantôme devienne illustre le temps d'une opération commerciale. Cet écrivain n'est pas friand d'esbroufe. C'est un grand. C'est un très grand. On ne va pas attendre trop longtemps avant d'applaudir à son style. Il ne serait pas malheureux qu'on le reconnaisse avant des lustres. Car, tout de même, c'est l'inventeur de la transformation électrique en prose comme en poésie.

     

    L'HOMME AUX LACETS DEFAITS

    Patrice Delbourg

    le cherche midi éditeur

    204 p., 15 €

    EN LIBRAIRIE LE 26 AOUT 2010

     

     

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    LE SITE DE PATRICE DELBOURG


  • FLUIDE GLACIAL DIT VIVE LE ROC !/SPECIAL ROLLING STONES

     

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    Les couvertures de Solé réchauffent plus que les autres. Ce n'est pas que le temps soit au froid. Solé fait plus chaud, c'est tout.

    Fluide Glacial remonte le temps. Nous voici chez les dinosaures avec les Rolling Stones. Les Rolling Stones ont beaucoup inventé. Il y a longtemps. L'un des grands albums de l'histoire du rock s'appelle Their Satanic Majesties Request. Il date de 1967.

    Il y a des biographies des Stones par tonnes. On les ramasse à la pelleteuse. Vous connaissez beaucoup d'évocations graphiques ? De haute plume, je veux dire. Découvrez le spécial Fluide Glacial. Vous vous lécherez les doigts sur l'air de "2000 Light Years From Home".

    Avec Berberian et la séparation des Stones à un poil près, avec Yves Frémion qui peux pas avoir de Satisfaction, avec Mo et le jour où Keith Richards se fit changer son sang, avec Thiriet Beatles versus Stones, avec Fioretto qui herméneutise ce qu'est vraiment un fan des Stones, avec Léandri qui examine LA BOUCHE, avec les Rolling Stories de Chouin, avec Coutelis imaginant ce qui serait passé si Mick Jagger s'était appelé Michel Gaget, avec encore Dutreix, Pluttark, Hugot, Margerin et quelques exégètes à l'Umour intense, on peut prétendre accéder à la connaissance holographique dans un domaine généralement abandonné aux rocks critics qui possèdent ni le talent, ni le rire, ni la science de Fluide Glacial.

    L'été sera supportable avec Fluide Glacial.

    FLUIDE GLACIAL n°409

    Juillet 2010 3,90 €


     

    LE SITE DE FLUIDE GLACIAL

  • DENNIS HOPPER POUR TOUJOURS

     

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    L’acteur et réalisateur Dennis Hopper, l’auteur d’Easy Rider, a succombé des suites d’un cancer à son domicile de Venice, Californie, le samedi 29 mai 2010, à l’âge de 74 ans.

    Metteur en scène symbole de toute une génération, acteur aux performances remarquables, Dennis Hopper était aussi peintre et photographe.

    Né en 1936, acteur sulfureux et rebelle, Dennis avait construit une carrière à la marge d’Hollywood, apparaissant dans La fureur de vivre, 1955, avec James Dean ; Blue Velvet, 1986, de David Lynch ; Apocalypse Now, 1979 ... Mais c’est bien le succès d'Easy Rider, dans lequel il a joué aux côtés de Peter Fonda et Jack Nicholson qui lui a valu la consécration et le Prix de la première œuvre au Festival de Cannes en 1969, film qu’il a écrit et dirigé. Dennis Hopper avait joué dans plus 150 films.

    J’avais eu la chance de le rencontrer dans le sud du Pérou, en 1969, en compagnie de Peter Fonda, avec lequel il venait de terminer le tournage, à Chincheros, de Last Movie, film distribué en 1971. Bienvenu Merino