Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 2

  • PASCAL PERROT ❘ INSURRECTION POETIQUE

     

    perrot.jpg

     

    INSURRECTION POÉTIQUE !

    La poésie est une arme chargée de futur … et elle ne tire pas des balles à blanc ! Pour vous en convaincre, rendez-vous à la Cantada, le mardi 29 septembre à 20h. Pour la modique PAF de 3 euros, offrez vous une performance poétique inoubliable. Interprétation viscérale, métaphores incisives et propos percutants, le Poétique Gladiateur se livre à vous dans l'arène. Pascal Perrot, l'enfant illégitime d'Artaud, de Tex Avery et des situationnistes, offre une poésie pamphlétaire, ancrée dans notre temps, exigeante ET populaire. Attention :  ce spectacle peut nuire gravement à la bienséance et au confort intellectuel …

    Mardi 29 septembre à 20h : Insurrection poétique !  de et par Pascal Perrot.

    La Cantada, 13 rue Moret, 75011 Paris. M° : Couronnes ou Ménilmontant. PAF : 3 EUROS

    CONSULTER

    http://myspace.com/poeticgladiator

    JEUX D'ENFANTS DÉSABUSÉS


  • ELECTRONI[K] ❘ GUILLAUMIT

     

    electroniK_Guillaumit.jpg

    CONSULTER

    GUILLAUMIT

     

     


     

     

     

  • THE RESIDENTS

     

    residents.jpg

     

    La culture pop n’est pas qu’une déferlante de sons mi-rebelles mi-serviles, elle est aussi une galerie d’images, un musée d’icônes mal léchées. On ne peut guère dissocier les Beach Boys du poupin Brian Wilson. Et il est difficile de défigurer le portrait de Ray Davies souriant dès lors que l’on pense aux Kinks. Imaginez maintenant que vous songiez aux Beatles et que les Fabulous Four ne s’impriment pas (y compris en ordre dispersé) sur l’écran lacrymal de votre substance grise. Problème.

    Les Residents font bien partie de la culture officielle pop et cependant ils sont inconnus au bataillon des visages gominés célèbres, absents des charts de la frime classée. On ignore leurs traits, leur état-civil. Seuls nous sont connus leurs goûts et dégoûts. Pour cela, il faut tendre l’oreille.

    Comme le rappelle Pacôme Thiellement dans son indispensable Poppermost (Musica Falsa éditeur), les Residents sont nés au moment où les Beatles partaient en couilles. Autrement dit, en 1969, année peu érotique pour les nostalgiques du quartet. Mais qui sont ces mystérieux Residents qui affichent aujourd’hui plus de 40 albums à l’actif de leur anonymat ?

    A la fin des années 1960, ils sillonnent la Californie à bord d’un van comme un gang de Martiens cherchant le point faible de la Terre. Ils sont quatre ou peut-être cinq. A San Mateo, ils font halte. Ils étudient la musique comme des ethnologues du son. S’attachent à la culture cajun. Reçoivent, disent-ils, des enregistrements de combattants de la guerre du Vietnam. Des chants de survie. A la manière d’Olivier Messiaen, notant dans les environs de Rocamadour les trilles de la fauvette, ils enregistrent des pépiements, fixent sur bandes l’oiseau et l’homme. Au cours d’une dérive quasi situationniste, ils heurtent de plein fouet Philip Charles Lithman aka Snakefinger, guitariste génial (et comment !) qui leur parle d’un certain Nigel Senada.
    Nigel Senada, âgé d’une soixantaine de lustres, prétend alors posséder un système musical à base de phonétique. Il est le contemporain lointain d’Isidore Isou, de Gabriel Pomerand, lettristes germanopratins persuadés que la poésie ne survivra que si l’on disloque la dictature du sens. Nigel Senada est persuadé que l’art n’est pas compatible avec le commerce. Selon lui, la création convulsive et dynamique ne peut se développer qu’à l’abri des regards de la convoitise marchande. Il développe la théorie de l’obscurité. Théorie qu’adopteront sans jamais faillir les quatre ou peut-être cinq formant le North Louisiana’s Phenomenal Pop Combo connu sous le nom désormais illustre de Residents.

    Installés à San Francisco ( 20 Sycamore Street) le phenomenal pop combo adresse leur premier enregistrement à Harvey Halverstadt de la Warner Bros. Celui-ci a travaillé avec Captain Beefheart et ces quatre (ou peut-être cinq) sont résolument acquis au verbe rogommeux du grand Don Van Vliet. Ils attendent une joyeuse réponse. Las, Halverstadt juge le travail raté. Il renvoie la maquette à l’attention des résidents du lieu. Le combo avait simplement omis de joindre une adresse à l’envoi. Les Résidents, ça sonne bien. C’est ainsi qu’ils se feront connaître.

     The Residents est un groupe sans bandleader. Ils sont anonymes. Ils n’ont pas de visages. Sur Meet The Residents, premier album datant de 1974, ils empruntent les traits des Beatles. Copie du pressage américain de Meet The Beatles !, cet album mijoté au milieu des influences de Dada, William Burroughs, John Cage et Captain Beefheart (il suffit d’écouter « Infant Tango ») dégage un parfum d’inédit qui fait révolution. On nage dans une avant-garde qui n’ignore rien de Sun Ra et de Tod Browning, de Harry Partch et de Frank Zappa. D’ailleurs l’album historique qui se vendit à 40 exemplaires la première année fut adressé en service de presse à l’inventif Zappa que l’on crut être un moment l’éminence polychrome de ce néo-combo. Aujourd’hui encore l’ombre double Zappa-Beefheart plane sans nul doute sur la formation cryptée.

    Après The Third Reich’n’roll (1976) qui affiche en couverture un sémillant nazi et du même coup la provocation élevée à son plus âpre niveau, les Residents sortent « Satisfaction » et cette reprise de 1977 apparaît aujourd’hui comme l’un des actes fondateurs du mouvement punk. L’album The King And the Eye (1989), relecture acidulée du mythe Elvis ; Woormwood (1998), expérimentation sonore dans laquelle le pop combo révèle que la sacrée Bible est jonchée de tortures et de viols ; Brumalia (2004), dernière sortie en date, signalent la persistance d’une recherche musicale fondée sur l’héritage de James Brown et des Beatles, de Gershwin et des Rolling Stones. L’aventure des célèbres anonymes rencontre aujourd’hui une date de l’histoire des avant-gardes avec la réédition du Commercial Album (Mute/Labels), édité il y a tout juste vingt-cinq ans.

    Groupe invisible culte, les Residents, avec leurs têtes en face d’œil, smoking à gilet, chapeaux gibus et cannes dandy, figurent une pop d’élite : Stockhausen au service d’Hank Williams. Kurt Schwitters à la portée du rock. La parution sous forme de coffret-reliquaire du Commercial Album s’accompagne d’une publication rare : The Residents Commercial DVD Album. Ce collector d’emblée consiste en une cinquantaine de films d’animation dont le format n’excède pas soixante secondes, autrement dit la distance standard d’un spot publicitaire aux Etats-Unis. Challenge à la fois commercial et artistique (singulier oxymore), ce DVD démontre que les Residents sont de redoutables promoteurs. Ils ont inventé la forme punk et la musique industrielle, le vidéo-clip et l’absolue sincérité sans projecteurs. Ils n’ont pas eu besoin des paillettes et des plumes pour s’attirer la sympathie de Fred Frith, Chris Cutler, Lene Lovitch et Andy Patridge, tous fans hardcore associés à la réalisation d’un DVD digne des œuvres de Norman McLaren et d’Oskar Fischinger, de Bruce Bickford et de Man Ray.

    Ils ne sont pas les favoris de MTV, on ne les voit jamais à la une des magazines trendy, et cependant qu’auraient été les Flying Lizards de David Cunningham, Primus, Pere Ubu, Cabaret Voltaire, les Yello de Dieter Maier, Devo et Throbbing Gristle s’ils n’avaient, un jour, rencontrés les concepteurs de « Santa Dog », cet anagramme de God Satan, s’ils n’avaient goûté à la délicieuse mélancolie des derniers représentants de Dada sur Terre, ces quatre ou cinq illuminés justement convaincus qu’il n’y a pas pire ennemis que l’art et la publicité. Guy Darol

    The Residents DVD Commercial Album (Mute/Labels)


    CONSULTER

    www.residents.com

    www.myspace.com/theresidents

    www.theresidents.co.uk

  • LE MAGAZINE DES LIVRES ♯19

    La nouvelle livraison du Magazine des Livres est dans les kiosques avec un dossier Houellebecq pour ceux que ça titille ou que ça démange.

    Et, bien sûr, "Lire la musique", ma chronique consacrée à l'Exposition Fluxus, au nouvel album de Yoko Ono, et à Une révolution furtive de Georges Maciunas.

     

    MdL19.jpg
    CONSULTER

    SOMMAIRE

    MAGAZINE
    Dossier

    Michel Houellebecq. Irrécupérable ?, par Pierre Cormary et Joseph Vebret

    Ecce homo, par Pierre Cormary

    RENCONTRES
    Entretiens

    Jérôme Garcin. Visiteur littéraire, par Joseph Vebret
    Alain Fleischer. Autoportrait dans la peau d’un autre, par Joseph Vebret
    Hubert Haddad. L’écriture kaleïdoscopique, par Joseph Vebret
    Sylvie Germain. Une écriture parabolique, par Christophe Henning
    Emmanuel Pierrat : « La fiction est désormais obligée d’être plus légaliste que la réalité », par Joseph Vebret
    Hadrien Laroche. Spoliations et restitutions, par Eli Flory

    Une vie d’écrivain
    Frédéric Beigbeder. L’ermite mondain, par Thierry Richard

    LIRE & RELIRE
    Classique
    Et Vian créa sa vie…, par Valère-Marie Marchand
    Aparté

    Conseils aux écrivains qui doivent répondre à des questions embarrassantes, par Christian Cottet-Emard


    LE CAHIER DES LIVRES
    Bonnes feuilles
    La sélection d’Annick Geille

    Jean-Philippe Toussaint, La Vérité sur Marie
    Frédéric Beigbeder, Un roman français
    Patrick Besson, Mais le fleuve tuera l’homme blanc
    Serge Joncour, L’homme qui ne savait pas dire non
    Marie Ndiaye, Trois femmes puissantes
    Pierre Péju, La Diagonale du vide
    Patrick Poivre d’Arvor, Fragments d’une femme perdue
    Lydie Salvayre, BW
    Sacha Sperling, Mes illusions donnent sur la cour

    CHRONIQUES
    Digressions
    Autres temps, mêmes mœurs, par Joseph Vebret
    Lire la musique
    Fluxus est Yoko Ono par Guy Darol
    Relecture
    Le Bel Été de Cesare Pavese par Stéphanie Hochet
    Économie du livre
    Prix littéraires : à tout prix ? par Christophe Rioux
    Musique & littératures
    Félix Leclerc retrouvé par Jean-Daniel Belfond
    Cinéma & littératures
    Un hérisson sans piquant par Anne-Sophie Demonchy
    Chemin faisant
    L’Italie sans y croire par Pierre Ducrozet
    Les mains dans les poches
    Chassés-croisés par Anthony Dufraisse
    Il était une fois l’Auteur…
    L’Auteur passe à la télé par Emmanuelle Allibert
    Visages d’écrivains
    Jorge Luis Borges par Louis Monier



     

  • PORTRAIT DE STAR

     

    Mountazer.jpg

     

     

     

    C’est quoi un poète ?  Ci-dessus, le portrait de Mountazer Al-Zaïdi, le journaliste Irakien qui, appliqué, dans un geste d’artiste contestataire, envoya ses chaussures au visage de l’ancien Président des Etats-Unis, Georges W. Bush.

    Mountazer Al-Zaïdi vient d’être libéré ce lundi, après neuf mois de prison. Bienvenu Merino

     

  • SARANE ALEXANDRIAN ❘ 1927-2009

     

    alexandrian_sarane_dix_questions_169.jpg

     

    Le poète Sarane Alexandrian vient de mourir. Il est l'une des grandes figures du surréalisme et de ses tensions. Proche d'André Breton et de Victor Brauner, il rencontre l'évasif Stanislas Rodanski avec lequel il fonde, en 1948,  la revue NEON (N'Etre Rien Etre tout Ouvrir l'être Neant) ralliée par Alain Jouffroy et Claude Tarnaud.

    Sarane Alexandrian dira au sujet de NEON dont Rodanski souffla le titre: « Nous adoptâmes aussitôt avec enthousiasme ce titre, qui symbolisait la lumière de la modernité. Il revient donc à Rodanski le mérite d'avoir donné son nom au premier organe surréaliste d'après-guerre, NEON, dont l'apparition souleva quelques polémiques à l'époque, parce qu'il opposait le mythe à la réalité quotidienne, la magie à la politique, l'érotisme à la religion, et le mystère de la vie à l'épaisse grossièreté du monde ».

    Romancier, essayiste, historien d'art, journaliste, Sarane Alexandrian avait créé, en 1995, la revue Supérieur Inconnu.

    Proche du peintre Jacques Hérold, il avait publié en 1980, Les Terres Fortunées du Songe (Editions Galilée), un texte illustré par son ami.

    Parmi d'autres écrits, on retiendra :

    Le Surréalisme et le rêve, Editions Gallimard, 1974

    Histoire de la philosophie occulte, Editions Seghers, 1983

    Histoire de la littérature érotique, Editions Seghers, 1989

    L'aventure en soi, Editions Mercure de France, 1990

    Pour le mieux connaître, lire :

    Christophe Dauphin, Sarane Alexandrian ou le grand défi de l'imaginaire, Bibliothèque Mélusine, Editions L'Age d'Homme, 2006.

    Avec la mort de Sarane Alexandrian disparaît une certaine conception de la littérature comme opération de l'esprit. Guy Darol

    CONSULTER

    LIBRAIRIE-GALERIE RACINE

    VOIR

    CONFERENCE DE SARANE ALEXANDRIAN SUR LA MAGIE SEXUELLE


     

  • FRANCOIS DE ROUBAIX

     

    roubaix.jpg

     

    Pionnier du home-studio, François de Roubaix réalisa pour le cinéma des alliages sonores que nul autre n’avait tenté avant lui. Disparu en mer, comme l’héroïne du film Les Aventuriers, ce compositeur de génie est une inspiration constante (Air, Bertrand Burgalat) dont les œuvres sont souvent samplées (Robbie Williams, Lil Bow Wow, Dog Eat Dog) et parfois remixées (Gonzales, Troublemakers, Rubin Steiner). Des soirées DJ lui sont régulièrement dédiées. Ce trente-sixième volume de la collection « Ecoutez le cinéma » dirigée par Stéphane Lerouge était certainement l’un des plus attendus. Tous ceux qui ont vu Les Aventuriers de Robert Enrico se souviennent de la solaire prestation de Joanna Shimkus et du magnétique duo à barbe Delon-Ventura mais chacun sait que ce qu’il en reste surtout est le thème sifflé par François de Roubaix et la voix des Swingle Sisters (Christiane Legrand) chantant « Enterrement sous-marin » sur un orgue d’église. La force du lent Samouraï de Jean-Pierre Melville repose sur la présence d’Alain Delon (grandiose !) et une bande originale qui sait à la manière de Lalo Schifrin ou de Bernard Hermann (voir la partition de Psychose) créer l’action lorsque la caméra s’abstient d’en produire. C’est ainsi que ces films plutôt conséquents demeurent deux monuments pour les oreilles. Guy Darol

     

    FRANCOIS DE ROUBAIX

    LES AVENTURIERS/LE SAMOURAÏ

    UNVIVERSAL

    CONSULTER

    www.francoisderoubaix.com

    http://deroubaix.free.fr/

    www.myspace.com/roubaix


     

  • RAOUL PETITE ❘ LA GRANDE HISTOIRE

     

    raoul-petite-concert-avignon-2003.jpg

     

     

    Les Raoul Petite ont 25 ans d'âge. Ce sont les pionniers de la scène alternative. Ils ont parcouru un million de kilomètres, livré plus de mille shows et leur histoire est celle du Rock éternel qui surplombe les facéties louf-louf des Wampas, des Garçons-Bouchers et de Ludwig Von 88. Sans ce photophore, les Bérus auraient-ils gagné le sprint de la zique brindezingue tous genres confondus ? Pas sûr. Il faudra rendre hommage un jour aux éclaireurs : Ramon Pipin, Shitty Télaouine, Rita Brantalou. En attendant, célébrons Raoul Petite et sa figure de proue, l'immarcescible Carton à la voix de rogomme. Combo anarcho-punk tendance Zappa, Raoul Petite a intensifié le rock en ajoutant à la furie sonore une folie visuelle. Dans cette catégorie nouveau cirque (dont ils sont indiscutablement les petits cailloux), nos Raoul fort rêveurs ont créé un univers souvent imité, jamais égalé. Transversale réussite moulinant funk, reggae, rap, électropop, grindcore aimable, les neuf de Raoul Petite balancent un barock'n'roll qui n'a son pareil que dans le souvenir de ceux qu'ont éclaboussé les giclées sonores des Mothers Of Invention au Garrick Theater de New York. Voici les images montrant ce dont la horde est capable. Deux heures de clips, de lives et de backstages traçant un parcours apparu en 1981. Toute une vie dont on regrettera qu'elle ne fût pas filmée par Claude Lelouch. Guy Darol

     

     

    RAOUL PETITE

    LA GRANDE HISTOIRE DE RAOUL PETITE

    SUPERSONIC/DISCOGRAPH

     

     

     

  • PLEASE KILL ME ❘ LEGS McNEIL & GILLIAN McCAIN

     

    please.jpg

     

     

     

    La diffusion du mot punk est généralement attribuée à Legs McNeil qui participa à l'aventure du magazine Punk créé en 1975. Toutefois, il faut savoir que l'infamant vocable désignant une sous-merde apparaît en 1948 dans Le Fils du désert de John Ford, devient insistant dans L'Homme au bras d'or d'Otto Preminger (1955) avant de se répandre dans la prose de Frank Zappa sur  We're Only In It For The Money (1967). Please Kill me est le récit palpitant du mouvement punk américain raconté par ses protagonistes. Legs McNeil et Gillian McCain qui fit connaître Patti Smith ont réalisé ce tour de force consistant à assembler en un roman vrai des centaines d'heures d'entretiens. L'histoire débute avec La Monte Young qui assure avoir été le premier à fracasser un instrument. À la fin, nous sommes à Ibiza, sur le bord d'une route où gisent un vélo et le corps boursouflé de Nico. L'un des fils rouges de cette aventure faite de paillettes et de désespérances, de cris, de coups, de drogues et de sexe. Défilent tour à tour, en une procession baroque et émouvante, les personnages qui ont donné vie au Velvet Underground, aux Stooges, aux New York Dolls, aux Heartbreakers de Johnny Thunders, aux Ramones. Bien d'autres encore, méconnus et notoires, formant la trame d'une épopée qui continue de fourbir ses armes. Guy Darol

     

    Legs McNeil & Gillian McCain

    Please Kill Me

    L'histoire non censurée du punk racontée par ses acteurs

    (Allia)

    626 pages - 25 €

     

     

     

  • MIKE PATTON

     

    MikePatton2.jpg

     

     

    Né en 1968 à Eureka (Californie), Mike Patton a-t-il été aidé par la main du hasard ? Il a rapidement trouvé sa voix et elle est multiple. Orpailleur de sons toujours rares, Patton a du génie pour combiner les genres et les personnes. Il serait vain de lui coller une vignette dans le dos. L'homme est inqualifiable et ceux qui l'épinglent speed metal, grind-core ou soul-funk feraient bien de se nettoyer les oreilles avec du Moondog. Chemineau des routes traversières, ce fabricant de style contraire au tout venant a enchaîné depuis 1985 une quinzaine de projets. L'un des premiers, après Turd, se nomme Mr. Bungle et c'est une explosion sonique qu'illustre Disco Volante (1995), véritable bombe musicale sur laquelle Patton fait entendre sa voix hors-barrières. Elle balance entre la puissance des shouters et le raffinement des crooners. D'ailleurs lorsqu'on demande à Patton de citer le nom d'un grand compositeur, il dégaine sans réfléchir celui de Burt Bacharach, artisan de gommes universellement suaves.

    Mr. Bungle est une allusion a un clown minable, le plus punk des circassiens mais c'est aussi une allusion directe a une figure (devrais-je dire un chibre ?) du cinéma X. Cela donne une musique fiévreuse, bruitiste et qui porte l'héritage de Luc Ferrari et de Captain Beefheart. Ambiance mutante, harmonies crissantes (voire crispantes) suggèrent la bande son d'un horror movie travaillée par John Carpenter ou Marco Beltrami. Oh ! my gore !

    Patton aime à changer de monture et d'herbage. Il rejoint Faith No More (référence à un cheval de concours), le groupe de Billy Gould et Roddy Bottum qu'il rendra explosif en usant et abusant de sa voix de rogomme et de son corps appolinien. La parution de The Real Thing (1989) est une réussite commerciale. L'album se vend à plus d'un million de copies et lâche « Epic », hit mappemondial, qui révèle la couleur d'un chant où fusionnent hip-hop et punk-rock. Authentique animal de scène, Patton apparaît en leatherface,  joue à être un freak tornado qui se jette dans le public, simule une soif d'urine et imite le cochon comme un porc. L'aventure Faith No More sabordée en 1998, ainsi que celle de Mr. Bungle, Patton passe à Diabolik puis Phantomas (devenu Fantômas), hommage au couple Marcel Allain/Pierre Souvestre et à la trilogie Hunebelle. Famille recomposée à partir des membres de Slayer (Dave Lombardo), des Melvins (Buzz Osbourne) et de Trevor Dunn (térébrant sideman de John Zorn et de Marc Ribot), le groupe réalise Amenaza al Mundo (1999), 30 cantilènes sans paroles où s'expriment dans la tradition de Luciano Berio et Georges Aperghis toutes les ressources de la voix disloquée : chuchotements, cris et borborygmes. Proche de l'esprit cubiste de Mr. Bungle, cet album alterne prises voodoo et allusions bruitistes aux gamelans javanais et sirènes varèsiennes. The Director's Cut (2001) est un chef d'œuvre de l'art musical cinématique avec sa relecture pétochante des soundtracks de John Barry, Henry Mancini, Bernard Hermann (le compositeur attitré d'Hitchcock, accessoirement d'Orson Welles) et Ennio Morricone. La sortie de Suspended Animation (2005), quatrième objet sonore après Delirium Còrdia (2004), perpétue l'engagement cinématique de Patton avec un album à effeuiller comme un éphéméride. Chaque morceau est un jour  d'avril décrété par le songwriter/songshouter mois de l'humour et de l'angoisse. L'atmosphère d'horror movie si chère à Patton laisse place à une ambiance cartoon née de la rencontre des Looney Tunes et d'une machine  Atari. Hallucinant tout comme le package (avec calendrier) stylisé par l'artiste néo-pop Yoshimoto Nara.

    Simultanément ou presque, cet Houdini des musiques inouïes s'allie à Lovage, Dillinger Escape Plan, Peeping Tom, après avoir flirté avec Sepultura, Bob Ostertag, Melt Banana, Weird Little Boy tout en créant dans les interstices Maldoror (l'homme est un fin lecteur) et Tomahawk aux côtés de John Stainer (batteur des Helmet), Kevin Rutmanis (bassiste des Melvins et de The Cows), Duane Denison (guitariste de Jesus Lizard).

    Avec She (1999), Maldoror  fait entrer Patton dans « la communauté inavouable » (Maurice Blanchot). Si les Chants de Lautréamont sont le produit du « fils de la femelle du requin » écrit en anathèmes, She est une œuvre cataclysmique, à la fois farce bouffonne et messe des morts. Le projet Maldoror est associé au bruitiste Masami Akita (de Merzbow, un clin d'œil au Merzbau de Kurt Schwitters) dont la culture sonore émane autant du Cabaret Voltaire que d'Autechre et de la No Wave.

    Tomahawk est parfois présenté comme la division easy listening du General Patton. On veut dire par là que ce groupe célèbre élégamment la magie du chaos qu'est le rock en liberté. Tomahawk est une sorte de contrôle continu du rock néo, un mélange de free metal et de psychépop. Pour situer l'aventure sur un chemin de fer, plantons deux gares : Jello Biafra et Audioslave.

    C'est en solo que Mike Patton nous livre ses clés. Adult Themes For Voice (1997) est un album bricolé comme l'ont été les enregistrements d'Antonio Russolo, Die Sonate In Urlauten de Kurt Schwitters ou encore An Evening With Wild Man Fischer, incunable document sociologique. Patton fait démonstration de la supériorité d'un art cacophonique. Il résout l'équation suivante : voix + micro + mixeur 4 pistes. Adult Themes For Voice fut réalisé dans des chambres d'hôtel tout comme le Festin nu de William Burroughs et les meilleurs récits de Louis Calaferte.

    Avec Pranzo Oltranzista  (1997), Patton sort de son jeu la carte futuriste. Cette mosaïque de bris et de débris est une illustration sonore de La cucina futurista (1932) de Filippo Tommaso Marinetti. Chaque morceau coïncide avec une recette sans queue ni tête, comme les bruits qui nourrissent dans les films de Norman McLaren.

    Le slasher workaholic Patton est un actionniste cultivé. Ses projets perso et side sont d'autant plus riches qu'ils sont vitaminés de références. Marinetti en est une qui disait « chanter l'amour du danger » et « le saut périlleux ». Natif d'Eureka, notre voix multiple prouve qu'on trouve en écoutant et en lisant. Son parcours doit ainsi au vorticisme, courant post-dada, porté par la revue Blast (le souffle, la rafale) et Ezra Pound, l'auteur des Cantos qui pointait à propos du vorticisme que « le Vortex est le point maximum d'énergie ».

    Ce maximum d'énergie, l'allié de Björk (il a posé sa marque sur Medulla), Rahzel, Kid 606, John Zorn et bientôt Massive Attack,  nous en fait goûter la sueur avec deux surprenantes réalisations. D'une part, Patton with The X-ecutioners, DJ crew newyorkais unissant Roc Raida, Rob Swift, Mista Sinista et Total Eclipse sur lequel le magnifique organe expose acrobaties vocales et dialogues de films de Clint Eastwood et Bruce Lee. D'autre part, Romances, projet élégant grave associé au norvégien John Kaada, auteur du très remarqué Thank You For Giving Me Your Valuable Time. Avec tous ses titres rédigés en français, cet étrange numéro de duettiste est l'hommage du XXIè siècle à Brahms, Chopin, Liszt et Mahler. Ceci démontre encore une fois que Mike Patton qui aime tant à se revendiquer de Sinatra/Slayer/Sade est définitivement le plus grand donneur de sons de tous les temps. Guy Darol

    ECOUTER

    Mr. Bungle, Disco Volante, Warner, 1995

    Mike Patton, Adult Theme For Voice, Tzadig/Orkhêstra, 1996

    Fantômas, Amenaza al Mundo, Ipecac/Southern Records, 1998

    Faith No More, The Real Thing, Universal, 1999

    Maldoror, She, Ipecac/Southern Records, 1999

    Fantômas, The Director's Cut, Ipecac/Southern Records, 2001

    Tomahawk, Mit Gas, Ipecac/Southern Records, 2003

    Mike Patton/Ikue Mori/John Zorn, Hemophiliac, Tzadig/Orkhêstra, 2004

    Kaada/Patton, Romances, Ipecac/Southern Records, 2004

    General Patton vs The X-ecutioners, Ipecac/Southern Records, 2005

    Fantômas, Suspended Animation, Ipecac/Southern Records, 2005


    VISITER

    www.ipecac.com

    www.mikepatton.de

    www.bunglefever.com