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  • HOMELIFE ❘ GURU MAN HUBCAP LADY ❘ 2004

     

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    Ce collectif mappemondial fondé en 1997 par le bassiste canadien Paddy Steer livre un quatrième album épicurien fantasque qui distraira les oreilles les plus inflexibles. Le nombre et la singularité y sont pour beaucoup. L'orphéon compte seize membres parmi lesquels se distinguent des personnalités à double fond ou si l'on veut à plusieurs bras. Graham Massey, transfuge de 808 State et compagnon des routes de Björk, souffle pour l'occasion dans divers instruments. Seaming To, cantatrice de renom en vacances d'opéra, a posé sa voix  caressante perfide sur les mélodies bleu ciel de Simon King et Tony Burnside. Car c'est bien la couleur de cet étrange module. Magique gourou, Homelife chasse l'onguent gris de nos vies.  Pour cette raison on ne se lasse jamais des douze titres vraiment variés qui tissent ce beau patchwork. Rien de pareil. Pas un style au-dessus de l'autre. Nous approchons ce que Brian Eno appelle la « culture des lisières ». Pop aérée, rythmes latins, ambiance soul-funk, jazz vocal, electronica groovy. Indiscernables frontières. Avec beaucoup de talent, Homelife vient d'abattre la dure cloison des genres. Vive la musique qui crépite ! Guy Darol

     

    Homelife

    Guru Man Hubcap Lady

    Ninja Tune

     

     

    CONSULTER

    HOMELIFE


     

  • YOKO ONO ❘ PLASTIC ONO BAND ❘ 1970

     

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    Tant que l'on séparera Yoko Ono de son passé d'artiste associé au groupe Fluxus, où elle côtoie George Maciunas, John Cage et La Monte Young, sa voix restera prisonnière des glapissements du primal scream. Ses œuvres « à instructions », ses films brefs (« Bottoms ») témoignent d'un vrai talent au même titre que « Yoko Ono/Plastic Ono Band », l'album qui regarde en miroir le « John Lennon/Plastic Ono Band ». Enregistré au cours d'une nuit d'improvisation, à la manière d'un événement Fluxus, l'artefact (incluant Ornette Coleman) contient de belles pièces post-dada résolument pré-punk. Guy Darol

     

     

    YOKO ONO

    Yoko Ono/Plastic Ono Band

    RYKODISC, 1970

    NOUVEAUTE →

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  • MEEK ❘ SORTIE DE SECOURS

     

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    Margaret et ses bijoux (BedRoom/Musicast) était une collision musicale. L'opus délivrait un ton, aussi un son, vif et joyeux. Surtout, il réactualisait le temps béni des sixties. Sans nostalgia onctueuse. MeeK est simplement un homme de goût. Il sait où sont les sources ardentes, il connaît l'origine du feu.

    Avec Sortie de secours, le pétillant MeeK publie un Grand Œuvre (pour ne pas dire son Grand Œuvre), un opus total, sans scories, sans un morceau de trop. Tout est smash hit. Tout entre par les oreilles et n'en ressort plus.

    En ces temps où l'on fait paraître un album en misant sur un titre, Sortie de secours fait exception. Dans la tradition de Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band ou de Pet Sounds. Énorme, direz-vous. Guy Darol s'envape. Du tout. Sortie de secours est un disque qui ne quitte plus ma platine.

    MeeK sait tout faire : écrire, composer, arranger. Il sait sonner comme George Martin et se souvient de Burt Bacharach, des Beatles et de Steely Dan. Ce n'est pas un démolisseur. Il ne brigue pas un podium d'avant-gardiste. Meek est pop comme le sont Donovan, Michael Jackson, les Beach Boys. Et comme il est un peu brit, il chante en anglais. Surtout en français. Politique du désespoir, chansons désabusées, œillades vers l'ère psyché.

    « Six Feet Under » est le fer de lance de l'album. Personnellement, je lui préfère « Etes-vous Ramona Clichy ? » avec ses claps, maracas, son piano, ses guitares acoustiques. Une équation musicale parfaite. Inoubliable.

    Oui, tout est smash hit sur Sortie de secours. Pour vous en convaincre, courez-y. Le disque s'achète. Les disques s'achètent encore. Guy Darol

     

    Le quatrième album de MeeK est co-produit par MeeK & Maxime Monégier du Sorbier. Pour la première fois aucun synthétiseur ni aucune machine n'a été utilisé, rien que de vrais instruments et beaucoup de musiciens invités. Tous les vocaux et l'écriture des 15 titres restent assurés par MeeK seul.

    Liste des chansons

    2 Le Gange Illuminé
    4 Elle Est Tellement Vieille Que Tous Ses Amis Sont Morts
    5 Willy Boy Scooter
    6 Je Vous Parle de La Pluie Sur La Mer
    7 Etes-Vous Ramona Clichy ?
    8 Troublemaker
    9 Evaporée Charlotte Morphinique
    10 Je Vous Aime Immédiatement
    11 You'll Never Die Alone
    12 Maxime, Ne Fais Pas l'Enfant !
    13 Paris France
    14 Je Ne Porte Aucun Edifice
    15 Les Princes Morts

     

    MEEK

    SORTIE DE SECOURS

    Raindrop/BedRoom

     

     

     

     

     

     

    CONSULTER

    MEEKINTHEWEB

     

    MEEK

    MARGARET ET SES BIJOUX

    BEDROOM/MUSICAST

     

    Nous n'avons pas affaire à un rejeton secret de Joe Meek (« Telstar », c'est bon ça !) mais bien à un talent considérable de l'ère post-Beach Boys. Imaginez un album totalement pop, quinze chansons onctueuses à souhait, avec harmonies vocales qui se souviennent des hymnes surf de Brian Wilson, des coruscantes breloques chantées par Cass Elliott et Michelle Phillips. Il passe dans cet album sucré un air d'All Summer Long. À l'exception, bien sûr, de l'irlandais Neil Hannon (The Divine Comedy), qui sait faire cela de nos jours ? MeeK, natif de Montmorency, atteste que l'on peut encore confectionner de séduisants bijoux sans paraître vieille France. Ce troisième album (rare et précieux) comporte de belles pièces dont certaines méritent la comparaison avec les chef-d'œuvres de Ray Davies. Et l'on pense souvent à Paul McCartney dont MeeK est un spécialiste patenté. Il a notamment traduit Many Tears From Now, la biographie de Barry Miles consacrée au fabuleux. GUY DAROL

    Article paru dans Muziq

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  • THE RESIDENTS

     

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    La culture pop n’est pas qu’une déferlante de sons mi-rebelles mi-serviles, elle est aussi une galerie d’images, un musée d’icônes mal léchées. On ne peut guère dissocier les Beach Boys du poupin Brian Wilson. Et il est difficile de défigurer le portrait de Ray Davies souriant dès lors que l’on pense aux Kinks. Imaginez maintenant que vous songiez aux Beatles et que les Fabulous Four ne s’impriment pas (y compris en ordre dispersé) sur l’écran lacrymal de votre substance grise. Problème.

    Les Residents font bien partie de la culture officielle pop et cependant ils sont inconnus au bataillon des visages gominés célèbres, absents des charts de la frime classée. On ignore leurs traits, leur état-civil. Seuls nous sont connus leurs goûts et dégoûts. Pour cela, il faut tendre l’oreille.

    Comme le rappelle Pacôme Thiellement dans son indispensable Poppermost (Musica Falsa éditeur), les Residents sont nés au moment où les Beatles partaient en couilles. Autrement dit, en 1969, année peu érotique pour les nostalgiques du quartet. Mais qui sont ces mystérieux Residents qui affichent aujourd’hui plus de 40 albums à l’actif de leur anonymat ?

    A la fin des années 1960, ils sillonnent la Californie à bord d’un van comme un gang de Martiens cherchant le point faible de la Terre. Ils sont quatre ou peut-être cinq. A San Mateo, ils font halte. Ils étudient la musique comme des ethnologues du son. S’attachent à la culture cajun. Reçoivent, disent-ils, des enregistrements de combattants de la guerre du Vietnam. Des chants de survie. A la manière d’Olivier Messiaen, notant dans les environs de Rocamadour les trilles de la fauvette, ils enregistrent des pépiements, fixent sur bandes l’oiseau et l’homme. Au cours d’une dérive quasi situationniste, ils heurtent de plein fouet Philip Charles Lithman aka Snakefinger, guitariste génial (et comment !) qui leur parle d’un certain Nigel Senada.
    Nigel Senada, âgé d’une soixantaine de lustres, prétend alors posséder un système musical à base de phonétique. Il est le contemporain lointain d’Isidore Isou, de Gabriel Pomerand, lettristes germanopratins persuadés que la poésie ne survivra que si l’on disloque la dictature du sens. Nigel Senada est persuadé que l’art n’est pas compatible avec le commerce. Selon lui, la création convulsive et dynamique ne peut se développer qu’à l’abri des regards de la convoitise marchande. Il développe la théorie de l’obscurité. Théorie qu’adopteront sans jamais faillir les quatre ou peut-être cinq formant le North Louisiana’s Phenomenal Pop Combo connu sous le nom désormais illustre de Residents.

    Installés à San Francisco ( 20 Sycamore Street) le phenomenal pop combo adresse leur premier enregistrement à Harvey Halverstadt de la Warner Bros. Celui-ci a travaillé avec Captain Beefheart et ces quatre (ou peut-être cinq) sont résolument acquis au verbe rogommeux du grand Don Van Vliet. Ils attendent une joyeuse réponse. Las, Halverstadt juge le travail raté. Il renvoie la maquette à l’attention des résidents du lieu. Le combo avait simplement omis de joindre une adresse à l’envoi. Les Résidents, ça sonne bien. C’est ainsi qu’ils se feront connaître.

     The Residents est un groupe sans bandleader. Ils sont anonymes. Ils n’ont pas de visages. Sur Meet The Residents, premier album datant de 1974, ils empruntent les traits des Beatles. Copie du pressage américain de Meet The Beatles !, cet album mijoté au milieu des influences de Dada, William Burroughs, John Cage et Captain Beefheart (il suffit d’écouter « Infant Tango ») dégage un parfum d’inédit qui fait révolution. On nage dans une avant-garde qui n’ignore rien de Sun Ra et de Tod Browning, de Harry Partch et de Frank Zappa. D’ailleurs l’album historique qui se vendit à 40 exemplaires la première année fut adressé en service de presse à l’inventif Zappa que l’on crut être un moment l’éminence polychrome de ce néo-combo. Aujourd’hui encore l’ombre double Zappa-Beefheart plane sans nul doute sur la formation cryptée.

    Après The Third Reich’n’roll (1976) qui affiche en couverture un sémillant nazi et du même coup la provocation élevée à son plus âpre niveau, les Residents sortent « Satisfaction » et cette reprise de 1977 apparaît aujourd’hui comme l’un des actes fondateurs du mouvement punk. L’album The King And the Eye (1989), relecture acidulée du mythe Elvis ; Woormwood (1998), expérimentation sonore dans laquelle le pop combo révèle que la sacrée Bible est jonchée de tortures et de viols ; Brumalia (2004), dernière sortie en date, signalent la persistance d’une recherche musicale fondée sur l’héritage de James Brown et des Beatles, de Gershwin et des Rolling Stones. L’aventure des célèbres anonymes rencontre aujourd’hui une date de l’histoire des avant-gardes avec la réédition du Commercial Album (Mute/Labels), édité il y a tout juste vingt-cinq ans.

    Groupe invisible culte, les Residents, avec leurs têtes en face d’œil, smoking à gilet, chapeaux gibus et cannes dandy, figurent une pop d’élite : Stockhausen au service d’Hank Williams. Kurt Schwitters à la portée du rock. La parution sous forme de coffret-reliquaire du Commercial Album s’accompagne d’une publication rare : The Residents Commercial DVD Album. Ce collector d’emblée consiste en une cinquantaine de films d’animation dont le format n’excède pas soixante secondes, autrement dit la distance standard d’un spot publicitaire aux Etats-Unis. Challenge à la fois commercial et artistique (singulier oxymore), ce DVD démontre que les Residents sont de redoutables promoteurs. Ils ont inventé la forme punk et la musique industrielle, le vidéo-clip et l’absolue sincérité sans projecteurs. Ils n’ont pas eu besoin des paillettes et des plumes pour s’attirer la sympathie de Fred Frith, Chris Cutler, Lene Lovitch et Andy Patridge, tous fans hardcore associés à la réalisation d’un DVD digne des œuvres de Norman McLaren et d’Oskar Fischinger, de Bruce Bickford et de Man Ray.

    Ils ne sont pas les favoris de MTV, on ne les voit jamais à la une des magazines trendy, et cependant qu’auraient été les Flying Lizards de David Cunningham, Primus, Pere Ubu, Cabaret Voltaire, les Yello de Dieter Maier, Devo et Throbbing Gristle s’ils n’avaient, un jour, rencontrés les concepteurs de « Santa Dog », cet anagramme de God Satan, s’ils n’avaient goûté à la délicieuse mélancolie des derniers représentants de Dada sur Terre, ces quatre ou cinq illuminés justement convaincus qu’il n’y a pas pire ennemis que l’art et la publicité. Guy Darol

    The Residents DVD Commercial Album (Mute/Labels)


    CONSULTER

    www.residents.com

    www.myspace.com/theresidents

    www.theresidents.co.uk

  • MIKE PATTON

     

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    Né en 1968 à Eureka (Californie), Mike Patton a-t-il été aidé par la main du hasard ? Il a rapidement trouvé sa voix et elle est multiple. Orpailleur de sons toujours rares, Patton a du génie pour combiner les genres et les personnes. Il serait vain de lui coller une vignette dans le dos. L'homme est inqualifiable et ceux qui l'épinglent speed metal, grind-core ou soul-funk feraient bien de se nettoyer les oreilles avec du Moondog. Chemineau des routes traversières, ce fabricant de style contraire au tout venant a enchaîné depuis 1985 une quinzaine de projets. L'un des premiers, après Turd, se nomme Mr. Bungle et c'est une explosion sonique qu'illustre Disco Volante (1995), véritable bombe musicale sur laquelle Patton fait entendre sa voix hors-barrières. Elle balance entre la puissance des shouters et le raffinement des crooners. D'ailleurs lorsqu'on demande à Patton de citer le nom d'un grand compositeur, il dégaine sans réfléchir celui de Burt Bacharach, artisan de gommes universellement suaves.

    Mr. Bungle est une allusion a un clown minable, le plus punk des circassiens mais c'est aussi une allusion directe a une figure (devrais-je dire un chibre ?) du cinéma X. Cela donne une musique fiévreuse, bruitiste et qui porte l'héritage de Luc Ferrari et de Captain Beefheart. Ambiance mutante, harmonies crissantes (voire crispantes) suggèrent la bande son d'un horror movie travaillée par John Carpenter ou Marco Beltrami. Oh ! my gore !

    Patton aime à changer de monture et d'herbage. Il rejoint Faith No More (référence à un cheval de concours), le groupe de Billy Gould et Roddy Bottum qu'il rendra explosif en usant et abusant de sa voix de rogomme et de son corps appolinien. La parution de The Real Thing (1989) est une réussite commerciale. L'album se vend à plus d'un million de copies et lâche « Epic », hit mappemondial, qui révèle la couleur d'un chant où fusionnent hip-hop et punk-rock. Authentique animal de scène, Patton apparaît en leatherface,  joue à être un freak tornado qui se jette dans le public, simule une soif d'urine et imite le cochon comme un porc. L'aventure Faith No More sabordée en 1998, ainsi que celle de Mr. Bungle, Patton passe à Diabolik puis Phantomas (devenu Fantômas), hommage au couple Marcel Allain/Pierre Souvestre et à la trilogie Hunebelle. Famille recomposée à partir des membres de Slayer (Dave Lombardo), des Melvins (Buzz Osbourne) et de Trevor Dunn (térébrant sideman de John Zorn et de Marc Ribot), le groupe réalise Amenaza al Mundo (1999), 30 cantilènes sans paroles où s'expriment dans la tradition de Luciano Berio et Georges Aperghis toutes les ressources de la voix disloquée : chuchotements, cris et borborygmes. Proche de l'esprit cubiste de Mr. Bungle, cet album alterne prises voodoo et allusions bruitistes aux gamelans javanais et sirènes varèsiennes. The Director's Cut (2001) est un chef d'œuvre de l'art musical cinématique avec sa relecture pétochante des soundtracks de John Barry, Henry Mancini, Bernard Hermann (le compositeur attitré d'Hitchcock, accessoirement d'Orson Welles) et Ennio Morricone. La sortie de Suspended Animation (2005), quatrième objet sonore après Delirium Còrdia (2004), perpétue l'engagement cinématique de Patton avec un album à effeuiller comme un éphéméride. Chaque morceau est un jour  d'avril décrété par le songwriter/songshouter mois de l'humour et de l'angoisse. L'atmosphère d'horror movie si chère à Patton laisse place à une ambiance cartoon née de la rencontre des Looney Tunes et d'une machine  Atari. Hallucinant tout comme le package (avec calendrier) stylisé par l'artiste néo-pop Yoshimoto Nara.

    Simultanément ou presque, cet Houdini des musiques inouïes s'allie à Lovage, Dillinger Escape Plan, Peeping Tom, après avoir flirté avec Sepultura, Bob Ostertag, Melt Banana, Weird Little Boy tout en créant dans les interstices Maldoror (l'homme est un fin lecteur) et Tomahawk aux côtés de John Stainer (batteur des Helmet), Kevin Rutmanis (bassiste des Melvins et de The Cows), Duane Denison (guitariste de Jesus Lizard).

    Avec She (1999), Maldoror  fait entrer Patton dans « la communauté inavouable » (Maurice Blanchot). Si les Chants de Lautréamont sont le produit du « fils de la femelle du requin » écrit en anathèmes, She est une œuvre cataclysmique, à la fois farce bouffonne et messe des morts. Le projet Maldoror est associé au bruitiste Masami Akita (de Merzbow, un clin d'œil au Merzbau de Kurt Schwitters) dont la culture sonore émane autant du Cabaret Voltaire que d'Autechre et de la No Wave.

    Tomahawk est parfois présenté comme la division easy listening du General Patton. On veut dire par là que ce groupe célèbre élégamment la magie du chaos qu'est le rock en liberté. Tomahawk est une sorte de contrôle continu du rock néo, un mélange de free metal et de psychépop. Pour situer l'aventure sur un chemin de fer, plantons deux gares : Jello Biafra et Audioslave.

    C'est en solo que Mike Patton nous livre ses clés. Adult Themes For Voice (1997) est un album bricolé comme l'ont été les enregistrements d'Antonio Russolo, Die Sonate In Urlauten de Kurt Schwitters ou encore An Evening With Wild Man Fischer, incunable document sociologique. Patton fait démonstration de la supériorité d'un art cacophonique. Il résout l'équation suivante : voix + micro + mixeur 4 pistes. Adult Themes For Voice fut réalisé dans des chambres d'hôtel tout comme le Festin nu de William Burroughs et les meilleurs récits de Louis Calaferte.

    Avec Pranzo Oltranzista  (1997), Patton sort de son jeu la carte futuriste. Cette mosaïque de bris et de débris est une illustration sonore de La cucina futurista (1932) de Filippo Tommaso Marinetti. Chaque morceau coïncide avec une recette sans queue ni tête, comme les bruits qui nourrissent dans les films de Norman McLaren.

    Le slasher workaholic Patton est un actionniste cultivé. Ses projets perso et side sont d'autant plus riches qu'ils sont vitaminés de références. Marinetti en est une qui disait « chanter l'amour du danger » et « le saut périlleux ». Natif d'Eureka, notre voix multiple prouve qu'on trouve en écoutant et en lisant. Son parcours doit ainsi au vorticisme, courant post-dada, porté par la revue Blast (le souffle, la rafale) et Ezra Pound, l'auteur des Cantos qui pointait à propos du vorticisme que « le Vortex est le point maximum d'énergie ».

    Ce maximum d'énergie, l'allié de Björk (il a posé sa marque sur Medulla), Rahzel, Kid 606, John Zorn et bientôt Massive Attack,  nous en fait goûter la sueur avec deux surprenantes réalisations. D'une part, Patton with The X-ecutioners, DJ crew newyorkais unissant Roc Raida, Rob Swift, Mista Sinista et Total Eclipse sur lequel le magnifique organe expose acrobaties vocales et dialogues de films de Clint Eastwood et Bruce Lee. D'autre part, Romances, projet élégant grave associé au norvégien John Kaada, auteur du très remarqué Thank You For Giving Me Your Valuable Time. Avec tous ses titres rédigés en français, cet étrange numéro de duettiste est l'hommage du XXIè siècle à Brahms, Chopin, Liszt et Mahler. Ceci démontre encore une fois que Mike Patton qui aime tant à se revendiquer de Sinatra/Slayer/Sade est définitivement le plus grand donneur de sons de tous les temps. Guy Darol

    ECOUTER

    Mr. Bungle, Disco Volante, Warner, 1995

    Mike Patton, Adult Theme For Voice, Tzadig/Orkhêstra, 1996

    Fantômas, Amenaza al Mundo, Ipecac/Southern Records, 1998

    Faith No More, The Real Thing, Universal, 1999

    Maldoror, She, Ipecac/Southern Records, 1999

    Fantômas, The Director's Cut, Ipecac/Southern Records, 2001

    Tomahawk, Mit Gas, Ipecac/Southern Records, 2003

    Mike Patton/Ikue Mori/John Zorn, Hemophiliac, Tzadig/Orkhêstra, 2004

    Kaada/Patton, Romances, Ipecac/Southern Records, 2004

    General Patton vs The X-ecutioners, Ipecac/Southern Records, 2005

    Fantômas, Suspended Animation, Ipecac/Southern Records, 2005


    VISITER

    www.ipecac.com

    www.mikepatton.de

    www.bunglefever.com


     

     

  • ALBERT MARCOEUR EN CINQ COUPS

     

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    Albert Marcoeur, album éponyme (Atlantic/WEA, 1974. Réédition Label Frères, 2001)

    La pochette de couverture  est due au claviériste François Bréant, devenu depuis le sideman de Bernard Lavilliers et de Enzo Enzo. Premier choc, la conception graphique est une variation sur le thème du détournement initié par le situationniste René Viénet. On dirait un Arcimboldo dépoussiéré par Jean Solé. Deuxième secousse, la présence des voix et le décor sonore : murmure anusoïdal, appeaux, bouteilles, sifflets, charengo. Des vents en rafales et une batterie rigoureuse jouée en avant. Titres phares : « C'est raté, c'est raté », « Qu'est-ce que tu as ? »

     

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    Album à colorier (Atlantic/WEA, 1976. Réédition Label Frères, 2002)

    Et c'est bien vrai : une légende indique les couleurs. Il suffit de sortir ses crayons. Les frères Marcœur sont rejoints par des épées dont on reparlera encore dans cent ans. Savoir les guitaristes François Ovide (décédé en mai 2002) et Patrice Tison, les souffleurs Pierre Vermeire et Denis Brély, le bassiste et désormais compositeur Pascal Arroyo. Ce line-up d'élite donne l'une des plus belles réalisations sonores de tous les temps. Pas un morceau à mettre au rebut. Ambroisie de bout en bout. Avec, tout de même, ces pièces d'exception : « Le fugitif », « Le nécessaire à chaussures », « Elle était belle » et ses chœurs à tomber.

     

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    Armes & Cycles (Phonogram, 1979. Réédition Label Frères, 2003)

    Le titre renvoie au catalogue-culte qui renvoie aussitôt à Prévert et ses collages, à Kurt Schwitters et ses sandwichs sonores. C'est énorme. Chœurs déjantés, la voix acrobatique d'Albert, combinaisons free qui suggèrent fortement les tutelles d'Eric Dolphy, de Frank Zappa et de Luc Ferrari. Et toujours l'émotion à la limite de l'explosion de rire. Quelques titres poignants : « Emploi du temps », « Son sac », « Histoire d'offrir ».

     

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    Celui où y'a Joseph (Harmonia Mundi, 1984. Réédition Label Frères, 2004)

    Ceci n'est pas du pipeau mais bien un chef-d'œuvre. Le contexte est celui de Gevrey-Chambertin, spectacle musical dans lequel Albert Marcœur joue la comédie. Album si bien peigné qu'il en est parfait. Emotion totale. Cette fois, on ne rit pas. Des instrumentaux comme « Téléphone privé » ou « Velouté d'asperges » méritent chacun un Grammy de la larme à l'œil. Ici, Albert Marcoeur n'a rien à envier à Frank Zappa, Carla Bley ou Robert Wyatt. Il est et devient l'unique. Au seuil de la gloire.

     

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    Sports et percussions (Concord, 1994. Réédition Label Frères, 2002)

    Albert qui a conçu la bande-son de Deux lions au soleil de Claude Faraldo vient d'achever la musique d'Un tour de manège, film de Pierre Pradinas avec Juliette Binoche et François Cluzet. Cet album sonne comme une récréation. Mais ce divertissement est si peu commun que l'on songe aux expérimentations bruitistes de Luigi Russolo ou de François Dufrêne. L'album trouverait aisément sa place dans les anthologies des musiques électroniques publiées par Sub Rosa. Il s'agit rien moins que de « transporter la matière sonore sportive du stade à la partition ». Une réussite inégalée. Un véritable document dans lequel la sculpture sonore rencontre la bande dessinée bien avant que Rubin Steiner ait rejoint l'Ouvroir de Musique Potentielle. Titres conséquents : « Les gonfleurs de bicyclette », « Formule Un ». Guy Darol

     

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  • L'UNDERGROUND EN FRANCE

     

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    Eric Deshayes a publié Au-delà du rock, la vague planante, électronique et expérimentale allemande des années soixante-dix (Editions Le Mot et le Reste). Il est l'oeil et l'oreille du site internet NéosphèresDominique Grimaud est le fondateur des groupes Camizole et Vidéo-Aventures. Il dirige également Les Zut-O-Pistes, une collection discographique dédiée à l'édition d'archives musicales. Ce sont deux fins connaisseurs des marges. Ils possèdent la lumière franche pour cheminer dans les sous-sols des années 1960-70.

    On y découvre évidemment une mine. Tout le déversement rabelaisien free qui ne doit rien à la pop Angle et US est ici pointilleusement relevé. Et l'on est fort content de lire des pages entières consacrées à Red Noise, Lard Free, Barricade, Dagon, Ame Son, Komintern, Crium Delirium, Etron Fou Leloublan ou encore Métal Urbain. On se sent soulevé d'aise (car nous étions les spectateurs de leurs débuts) à l'évocation de noms tels que Albert Marcoeur ou Catherine Ribeiro. Leur hommage rendu à Colette Magny ne peut qu'ensoleiller l'hiver. Et l'histoire de Jac Berrocal, de Pierre Bastien, de Jacques Thollot nous console des longs silences autour de ces hautes figures.

    Le livre est considérable et pour tout dire indispensable tant les traces sont maigres sur cette période de la vie musicale. Fort heureusement, nous pouvons consulter la collection complète d'Actuel, les livraisons du Parapluie et quelques numéros du Tréponème Bleu Pâle, du Citron Hallucinogène et autres fanzines versicolores des temps rebelles et lysergiques. C'est le privilège des conservateurs d'étoupilles.

    Il ne manque plus (quel beau livre cela ferait !) que L'UNDERGROUND POETIC EN FRANCE, un guide rétrospectif où l'on retrouverait contée l'histoire du Quetton, de Starscrewer, du Manifeste Electrique, des éditions du Soleil Noir, toutes ces pages désintégrées publiées à contre-courant du spectacle intégré.

    Léon Cobra a saisi l'urgence sur son site en psychérama. Un visite s'impose.

    En attendant ce qui serait un déluge, prenez cette leçon de mémoire !

    L'UNDERGROUND MUSICAL EN FRANCE

    Editions Le Mot et le Reste

    325 pages, 23 euros

  • HISTOIRE DE MELODY NELSON ❘ SERGE GAINSBOURG

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    Ce soir, à partir de 22h25, dans l'émission Rock Album animée par David Taugis, je reviens sur Histoire de Melody Nelson, masterpiece de 1971.

    Tous à vos transistors sur JUDAIQUES FM 94.8

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  • LOVE ❘ ENCHANTE

     

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    Certains noms réverbèrent la pop psychédélique française des années 1970. Beaucoup d'entre eux sont hélas oubliés. Ils marquaient une rupture importante avec les hymnes françouses qui ritournellaient en boucles sur les grandes ondes. Ils résultaient d'innovations sonores notamment incarnées par Robert Wyatt, Robert Fripp, David Crosby ou encore Syd Barrett. Que reste-t-il de ces voix au chapitre pop-rock depuis lors clôturé ?

    Il faudrait hardiment enquêté pour retrouver l'actualité de Michel Bonnecarrère, de Michel Zacha, d'Olivier Bloch Lainé, de Claude Puterflam, de Mat Camison ou encore de Jean-Pierre Alarcen. Mission possible qu'il serait intéressant d'effectuer.

    Dans un premier temps, le label La Troisième Note propose une compilation de ces héros seventies avec craquements d'époque.

    Et c'est ainsi que l'on peut aujourd'hui réentendre Ophiucus (de Michel Bonnecarrère, ex-Zoo), Michel Zacha (et la guitare de Jean-Pierre Alarcen), Olivier Bloch Lainé (chanteur d'OBL puis créateur du studio de la Frette), Total Issue (où débutèrent Aldo Romano et Henri Texier), System Crapoutchik (claviérisé par Alain Chamfort), Claude Engel (guitar hero et compagnon indéfectible de Richard Gotainer), Martin Circus (si zappaïen au tout début), Triangle (qui révéla le saxophoniste François Jeanneau), Cheval Fou (proxime de Gong, Agitation Free, Amon Düül II), Mat 3 (de Mat Camison) et Nino Ferrer (au temps du sublime Véritable Variétés Verdâtres).

    Pour une fois, une compilation vraiment indispensable et un retour sur les années 1970 à l'opposé d'un pélerinage gadget.

    Love/Enchanté

    La Troisième Note/Discograph

    www.love-3note.com

    Sortie le 2 juillet 2007

  • PHILIPPE ROBERT ❘ UN ITINERAIRE BIS

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    Avec la publication du nécessaire ouvrage de Philippe Robert, Rock, Pop/Un itinéraire bis en 140 albums essentiels, il y a comme un effet lumière et ombre. Le matador Manœuvre et sa Discothèque idéale/101 disques qui ont changé le monde, mettons que c’est la lumière. Philippe Robert, discret chroniqueur savant dont la signature dans Jazz Magazine, Mouvement ou encore Vibrations est toujours porteuse de bonnes nouvelles, on va dire que c’est l’ombre. Le rock-critic de l’ombre. Celui qui se baisse et fouille pour arracher une rareté qui ne changera peut-être pas la face souvent hideuse du monde, seulement un peu de notre vie. Qu’il est bon, qu’il est bon ce livre croustilleux ! On y retrouve des traces perdues, des noms tombés du bout de notre langue. Des oubliés, des dédaignés pour parler à la manière de Charles Monselet. Surtout, on risque de s’instruire. Ce qui n’est pas offert tous les jours en ces temps où les informateurs s’arrangent entre eux pour livrer la même martingale.

    L’ouvrage se nomme Rock, Pop, le titre est un poil mauviette, pas à la hauteur de l’envolée. Car Philippe Robert est cultivé mais par surcroît il a du style. En employant le conditionnel, ce mode de l’irréel, il interroge l’imaginaire. Et si l’imaginaire n’était pas autre chose que le vrai en habit diapré. Philippe Robert dit le vrai. Il dit ce qu’il y eut de vraiment meilleur dans la musique pop à partir des années 1960. Quand Philippe Manœuvre annonce le nom de Jeff Buckley, Philippe Robert rappelle celui de Tim, le père. Artiste de quintessence. Surtout, il ne rabâche pas avec AC/DC ou les Beach Boys. Philippe Robert, je l’ai dit, ne craint pas de se baisser, de soulever une pierre et de creuser un tunnel avant d’atteindre le filon. Travail ingrat mais ô combien profitable pour le lecteur qui découvrira (souvent) des noms méconnus et sous ces noms des œuvres floues à l’échelle de la renommée mais assez innovantes pour avoir donner ensuite nombre de copies et de copies de copies. Car les artistes dont parle Philippe Robert sont presque tous sourciers. Ils ont tout inventé.

    Ne vous fiez pas au titre (un choix de l’éditeur peut-être ?), cet ouvrage est une bible. Vous allez devenir riche. Et pauvre. Pauvre, hélas, car il vous faudra débourser beaucoup et longtemps avant de vous procurer (et vous ne serez jamais déçus) les albums de ces héros musicaux de l’ombre que sont

    A Certain Ratio, David Ackles, Amon Düül, Laurie Anderson, Animal Collective, The Arrows, Ash Ra Tempel, David Axelrod, Kevin Ayers, Devendra Benhart, Syd Barrett, Chris Bell, Big Star, Blue Cheer, Ducan Browne, Jack Bruce, Tim Buckley, Buffalo Springfield, Vashti Bunyan, William Seward Burroughs, John Cale, Can, Captain Beefheart, Caravan, Nick Cave, Gene Clark, The Clash, CocoRosie, Kevin Coyne, Creedence Clearwater Revival, The Cure, Current 93, Karen Dalton, Dr John, Nick Drake, Earth, Egg, Brian Eno, John Fahey, Fairport Convention, The Fall, Faust, Bill Fay, Simon Finn, Jackson C. Frank, Gastr Del Sol, Godspeed You ! Black Emporor, Davy Graham, Gun Club, Guru Guru, Keiji Haino, Peter Hammill, Tim Hardin, Richard Harris, Lee Hazlewood, Dahiell Hedayat, Richard Hell, Henry Cow, The Increedible String Band, Jan Dukes de Grey, Bert Jansch, King Crimson, Kris Kristofferson, Paul et Linda McCartney, Magma, John Martyn, Merzbow, Joni Mitchell, Modern Lovers, Montage, Van Morrison, My Bloody Valentine, Naked City, Fred Neil, Neu!, Randy Newman, Joanna Newsom, Nico, Harry Nilsson, The Nits, No Neck Blues Band, Nurse With Wound, Laura Nyro, Yoko Ono, Van Dyke Parks, Gram Parsons, Annette Peacock, Pearls Before Swine, The Penguin Cafe Orchestra, The Pentangle, Pere Ubu, Linda Perhacs, John Prine, Quicksilver Messenger Service, The Red Crayola, Lou Reed, The Residents, Ruins, Todd Rundgren, Saggitarius, Buffy Sainte Marie, Bridget St John, The Seeds, The Shaggs, Shellac, Judee Still, Silver Apples, Slint, The Slits, Soft Machine, Sonic Youth, Sparks, Alexandre Spence, Spirit, Dusty Springfield, Steely Dan, Sufjan Stevens, David Sylvian, Talking Heads, Talk Talk, Tangerine Dream, The 13th Floor Elevators, Richard & Linda Thompson, Throbbing Gristle, Julie Tippets, Traffic, T. Rex, Van Der Graaf Generator, Jean-Claude Vanier, Townes Van Zandt, Tom Waits, Scott Walker, James White, Tony Joe White, White Noises, Robert Wyatt, XTC, Neil Young, Young Marble Giants, The Zombies.

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    Rock, Pop

    Un itinéraire en 140 albums essentiels

    Philippe Robert

    Préface de Gilles Tordjman

    Editions Le Mot et le Reste

    Collection Formes

    310 pages, 20€

    Diffusion VILO

    Vente par correspondance :

    ORKHÊSTRA

    www.orkhestra.fr

    contact@orkhestra.fr

    VOIR TIM BUCKLEY

    VOIR VASHTI BUNYAN

    VOIR KAREN DALTON

    VOIR TIM HARDIN

    VOIR COCOROSIE

    VOIR PETER HAMMILL

    VOIR LAURA NYRO

    VOIR BUFFY SAINTE-MARIE

    VOIR SUJAN STEVENS

    VOIR LEE HAZLEWOOD

    VOIR SCOTT WALKER

    VOIR TODD RUNDGREN

    VOIR HARRY NILSSON

    VOIR LAURIE ANDERSON

    VOIR KEVIN COYNE

    VOIR SIMON FINN

    VOIR KRIS KRISTOFFERSON

    VOIR TALKING HEADS

    VOIR TOWNES VAN ZANDT

    VOIR JOHN PRINE

    VOIR DAVY GRAHAM