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  • 'PATAPHYSIQUE ❘ ALFRED JARRY ❘ JEAN-PIERRE BRISSET ❘ JACQUES CARELMAN

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    Il n’est pas trop tôt pour célébrer le jour des morts ou, plus merveilleusement encore, le jour où Alfred Jarry enfourcha son vélo pour un dernier voyage. Car c’est bien le 1er novembre 1907 que l’inventeur de la ‘Pataphysique replia sa gidouille. Cela fait cent ans, à quelques saintes Ferfette près – pour jacasser comme Claude Ponti.

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    Le Centre International de Poésie de Marseille n’a pas attendu de se faire doubler par les grosses cylindrées de la commémoration.

    Il a lancé la chose et ce n’est pas une mandorlade autour de l’ubuesque crâne.

    Plutôt une exposition sur ses effets.

    Intitulée ‘Pataphysique, langages & machines.

    Et c’est commencé depuis le vendredi 26 janvier.

    Jusqu’au samedi 10 mars 2007 (ou lundi 16 pédale CXXXIV), l’abri massalien de la poésie mappemondiale est ouvert aux curieux de, notamment, Jean-Pierre Brisset (1857-1923) qui théorisa avec beaucoup de certitudes sur le fait que le langage que nous coassons fut inventé par les grenouilles et, Jacques Carelman qu’il serait hâtif de résumer aux seuls objets et timbres-poste introuvables qu’il imagina.

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    Pour l’ambroisie, il convient de se rendre

    ۩,2 rue de la Charité – 13236 Marseille

    ♪ 04 91 91 26 45

    www.cipmarseille.com

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    Jacques Carelman
  • JEAN L'ANSELME

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    Jean L'Anselme

    Du même tonneau, dont on fait les devins, que Jean Dubuffet et Gaston Chaissac, Jean-Marc Minotte alias Jean L’Anselme (à tout vent, merci à la maison Larousse !) est né le 31 décembre 1919. À minuit, soyons exact, ce qui fait hésiter sur son âge actuel. Car ce défenseur d’une poésie sans dieu ni maître, ce self made man du vers définitivement libre est un contempteur du temps sagittal qui dicte les modes. N’ont pas d’âge ceux qui préfèrent la vie sauvage et primitive, l’art sans dossier de presse ni félicitations du jury, la poésie faite par tous.

    Immarcescible, Jean L’Anselme est fort d’un humour que l’on devrait copier et d’une bibliographie copieuse. Ses œuvres qui riment avec la déraison, l’impertinence et l’ânerie de bon aloi sont en grande part publiées par Rougerie. Elles dénoncent « les écrits tarabiscotés » qui ne veulent rien dire mais feignent de nous faire croire qu’ils disent plus subtilement l’insondable dessous des choses. Elles dénoncent mais elles proposent : une poésie vitaminique, une littérature souriante pour ne pas dire désopilante. Hors-mode en un temps où la joie est considérée comme une insulte à l’intelligence, ce poète moins sobre que calembourré est ignoré de la rue d’Ulm au Centre International de Poésie, autrement dit de L’Arctique à l’Antarctique, contrées au demeurant bien froides.  Dommage car avec Jean L’Anselme la vie est moins chiante, on se marre et ça réchauffe.

    Cet ancien international de handball à la voix façonnée dans le tendre burlesque sera joué (mais pas refait) par Didier Parmain le dimanche 11 février 2007. Ne cherchez, je vous en prie, aucun mauvais prétexte pour aller le saluer ce jour-là à l'Auditorium de la Halle Saint-Pierre. Ce serait vous priver. Guy Darol

    CONSEILS A UN JEUNE POÈTE

    Jean L'Anselme

    Certes, je ne vais pas tout te dire ; je me limiterai à quelques points et non des plus encourageants. Ne te crois pas tout d'abord issu de la cuisse de Jupiter. Remettons la poésie à sa juste mesure, ce n'est plus un objet de culte, une affaire de caste. On ne naît pas poète, on naît comme on est, c'est-à-dire comme tout le monde. N'importe qui peut être poète, je suis moi-même n'importe qui. Il n'y a d'ailleurs pas d'école où on enseigne la poésie pour en ressortir avec un CAP alors que, dans les autres domaines de l'art, il existe des conservatoires et des académies. C'est une réalité à laquelle on ne songe guère. Nous sommes donc des millions de poètes comme toi. Souvent sans le savoir.
    Le statut de poète a donc bien changé. Le poète n'est plus celui qui dans le ciel cherche la route que lui montre la main du seigneur, comme le définissait Chatterton, son existence est plus terrestre, bien plus ordinaire. Dans la configuration actuelle où chacun dispose de tous les moyens de communication pour se faire connaître de son vivant, le poète, comme tout artiste en général, ne travaille plus pour avoir son nom dans le dictionnaire. S'il n'arrive pas à se faire remarquer avant de mourir, c'est parce que, tout simplement, il n'en vaut pas la peine. Dans notre société de consommation, il se trouve voué, comme le frigo et la télé, à une utilisation temporaire et immédiate. Il ne dispose que d'une garantie limitée, il a lui aussi sa date de péremption, la durée de son existence. Le Conservateur du château de Versailles disait à Jacques Chancel qu'en matière d'art," nous vivions une période de l'éphémère". Et cette affirmation, dans la bouche de celui à qui incombait la protection et la sauvegarde des chefs- d'oeuvre éternels, résonnait lugubrement.

    On combat actuellement dans l'art les notions de pérennité et de postérité en le rendant vulnérable et en l'assimilant à un simple objet d'usage ordinaire. Les toiles sont peintes "au pistolet"; on incorpore des éléments qui refusent l'amalgame et se séparent de leur support. Les collectionneurs s'interrogent sur la durée de leurs acquisitions. On crée des"happenings", des "événements", des "autodafés ", c'est-à-dire des œuvres sans lendemain. Christo "emballe" le Pont-Neuf et le déshabille quinze jours plus tard. Personnellement, je travaille beaucoup sur les slogans publicitaires, l'actualité, ce qui rend mes écrits précaires sans espérance de lendemains glorieux.

    Tu aimes la poésie sinon tu n'en ferais pas. Pour le moment, tu es son amant (son aimant), tu couches avec, c'est le coup de foudre, Capoue, Cythère, le pied ! Sache toutefois que si tu veux te faire accepter, il te faudra lui jurer de mourir avec elle et de lui en donner la preuve. Elle n'a cure des amours passagères, de l'inconstance, des flirts entre deux trains. Pour en arriver à ce stade, il te faudra traverser un long désert d'indifférence, d'ingratitude, de solitude où tout ce que tu écriras en t'arrachant les tripes comme le pélican, tombera dans un puits profond sans le moindre écho. Songe qu'à l'approche de mes 55 ans, après avoir écrit je ne sais plus combien d'ouvrages, Pierre Seghers me disait : "Tu vois, tu es encore pour moi un jeune poète". N'est donc pas poète qui le veut, mais qui le prouve, à la longue, patiemment.

    Nous l'avons dit, il n'y a pas d'école pour apprendre, alors que fait celui qui ambitionne d'être poète ? Eh bien, spontanément, en bon autodidacte, il écrit, il écrit d'après ce qu'il connaît, c'est-à-dire ses classiques, donc à l'ancienne. Il commence donc à faire des " à la manière de" ce qu'il aime, il fait de la décalcomanie vieillotte. Mais il lui faut passer ce cap, il lui appartient pour cela de dévorer tout ce qui est neuf, nouveau, contemporain. Il passera alors du stade du pastiche à celui de la connaissance. Il se mettra à écrire différemment, en fonction de ce nouvel acquit. Ses écrits prendront un nouveau visage, respireront autrement. Tu peux penser, à ce degré, qu'il est arrivé à la maîtrise, à son apogée. Erreur! S'il veut être absolument différent, il lui faudra effacer tout ce qui l'a nourri. "Le véritable artiste, dit Derain, est l'homme inculte", c'est-à-dire qu'il devra oublier tout ce qu'il a appris pour ne ressembler à personne.

    A l'examen de ce long parcours, tu ne t'étonneras donc pas si le poète ne peut bénéficier d'une certaine reconnaissance générale qu à l’approche de ses 70 ans et qu'il ne vit véritablement sa grande consécration qu'entre 80 et 95 ans, d'autant plus que les médias qui devraient servir à sa célébration ne lui accordent pas plus d'importance qu'à un joueur de quilles.

    Je te souhaite donc bon courage et longue vie.

    A présent oublie tout ce que je viens de te dire et n'écoute pas les autres. Si j'avais moi-même suivi les conseils qui me furent prodigués, je n'en serais pas à prôner un art à contre-culture et à proposer la réhabilitation du laid pour qu'il soit le beau de demain. Qui de sensé aurait pu me mettre sur cette route ? Malgré tous ces propos peu encourageants, sache que l'aventure en vaut la peine. Dis-toi que "la garce n'a pas besoin de fesses de printemps et d'un sexe de glaïeul" pour qu'on en soit épris d'un amour fou.

    Publié dans Poésie/Première n°13

    Bibliographie (extrait)

    Ça ne casse pas trois pattes à un canard et après ?, Mortemart, Rougerie, 2005

    La chasse d'eau, les poèmes cons, manifeste suivi d'exemples, Mortemart, Rougerie, 2001

    Le ris de veau, Mortemart, Rougerie, 1995

    Pensées et proverbes de Maxime Dicton, banalités, bêtises, paradoxes, balivernes, lieux communs et autres propos sérieux de l'auteur, Mortemart, Rougerie, 1991

    Bêtises, paradoxes, balivernes et autres propos sérieux de Maxime Dicton, Paris, les éditions La Bruyère, 1989

    Qui parle de bonheur, Paris, L'Ecole, Collection "Poètes contemporains", 1985

    L'Anselme à tous vents..., Mortemart, Rougerie, 1984

    L'Humour raconté aux (grands) enfants, Paris, Les Éditions ouvrières, 1988

    La France et ses environs, poésies instructives suivies de Vers de mirliton, Mortemart, Rougerie, 1981

    Les Poubelles, Manifeste des poubelles et autres poèmes, complété d'un Hommage à "Tel quel", Rougerie, 1977

    Qui parle de bonheur, Tire-Lyre, Paris, L'Ecole des loisirs, 1977

    La Foire à la ferraille, Paris, Les Éditeurs français réunis, 1974

    Du vers dépoli au vers cathédrale, avec une intervention intempestive de Michel Ragon, Mortemart, Rougerie, 1962

    La danse macabre, poème, dessins de Théo Kerg, Mortemart, Rougerie,  1951

    Chansons à hurler sur les toits, Paris, chez l'auteur, 1950

    Sur Jean L’Anselme

    ● La Nouvelle Revue Moderne

    Numéro spécial

    Jean L’Anselme – Vive la poésie

    94, rue Kléber 59493 Villeneuve d’Ascq

    Jean L’Anselme : Pour de rire, pour de vrai

    Jacques Lardoux

    Presses de l’Université d’Angers, 249 pages, 2004

    ● Rougerie éditeur

    7, rue de l’Échauguette 87 330 Mortemart

    Jean L'Anselme
    et ses poésies au ris de veau, au ris au laid, pleines de ris aux mots dans un ragoût mâché par
    Denis Parmain
    pour un voyage Con Comme la Lune

    à la HALLE SAINT PIERRE

    A l'auditorium, le dimanche 11 février 2007, à 16 heures.

    Entrée libre

    2, rue Ronsard – 75018 PARIS
    Tél. 01 42 58 72 89
    Métro Anvers/Abbesses
    Con comme la lune,
    est une agitation que le poète partage avec Denis Parmain comédien con, mais aussi avec joie et bonheur.



    HALLE SAINT-PIERRE - Auditorium
    2, rue Ronsard - 75018 Paris
    Tél. : 01 42 58 72 89 - Fax : 01 42 64 39 78
    Métro : Anvers/Abbesses
    www.hallesaintpierre.org





     

  • ANDRE BLANCHARD

     

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    Il ne fait pas grand-chose pour s’exposer à tous les regards sinon faire acte de présence dans une galerie d’art à Vesoul. Il refuse de se hisser au sommet de l’échelle qu’on lui tend. Nous aurions pu lire son portrait en quatrième du quotidien Libération ou découvrir chaque minute de sa vie dans les pages du Matricule des Anges. Il paraît que la télévision a beaucoup insisté pour qu’il s’anime dans le cadre.

    André Blanchard s’est toujours esquivé mais de certaine louange il n’a pu se sauver comme de l’hommage génufléchi que lui adressa Frédéric Beigbeder et qui orne le rabat d’Entre chien et loup, réédition de ses premiers Carnets publiés en 1989.

    Heureusement, nous apprenons que Jacques Brenner (un vrai poids lourd des Lettres) signala en son Journal que ces Carnets sont un acte de «littérature à part ».

    Et voilà, je suis passé à côté d’André Blanchard comme d’une main qui aide à sauter les remous. En le découvrant aujourd’hui, j’augmente cependant mon trésor de joies. Car cet écrivain qui observe le monde en recourant à la littérature est l’auteur de sept volumes. Ouf ! Il m’en reste cinq à déguster (à tous les sens du verbe) et cette attente est mon régal.

    Je crains que malgré ses précautions contre le succès, la digestion de ses écrits par les machines du spectacle, je crains qu’André Blanchard ne soit déjà trendy. Quelque intuition me dit qu’en lisant ce billet, certains parmi mes pointus visiteurs, vont étouffer un vilain ricanement. Quoi, Guy Darol a survécu depuis 1989 sans connaître le carnettiste Blanchard ! J’entends venir cela comme le ras-de-marée mode qui s’annonce. Ils vont tous s’y mettre et le galeriste érémitique ne pourra nibe face à ce tsunami d’admiration.

    D’aucuns vont y voir un phénomène à la taille de Julien Gracq, Maurice Blanchot. Et comme l’insulte qui manque au temps, celle qu’incarna par exemple Guy Debord.

    Je crains qu’André Blanchard, 56 ans, soit contraint à prendre le maquis, loin de Vesoul. D’avoir sous-estimé l’opiniâtreté des moyens, la puissance de feu de l’ennemi. Le spectacle (ou, si vous voulez, la société technomédiatique) n’apprécie guère qu’on se refuse à son plaisir.
    Combien de temps parviendra-t-il à se faire oublier ?

    Je recommande aux entêtés de le lire (serait-ce un chouïa) avant de s’y piquer. André Blanchard, nombreux l’ont désigné successeur de Léautaud, n’est pas un tendre. Au ton qu’il adopte, son refus de rigoler dans l’arène pourrait anticiper une séance de cous tordus. Il possède une excellente énergie de démolition (certains ont cru voir renaître Léon Bloy) susceptible de terroriser y compris les morts.

    Pas la mort, cette fin au cœur de chaque jour, sujet sur lequel il réfléchit beaucoup sans nous infliger de prothèses. Car il faut bien dire que ses empoignades avec le concret, le dur, la réalité sans chichis, font de lui l’écrivain dont la littérature a le plus grand besoin. Guy Darol

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    "Et si je révolutionnais ce fichu pacte autobiographique en ne parlant plus de moi ? Pas chiche ! Disons que cela n'aurait rien du sacrifice tant, dans ces Carnets, l'autobiographie arrive loin derrière le reste ; et encore ! elle se prévaut de l'ombre plus que du grand jour", André Blanchard

    Entre chien et loup, Carnets, avril-septembre 1987, Le Dilettante, janvier 2007

    121 pages, 14 €

    Contrebande, Carnets 2003-2005, Le Dilettante, janvier 2007

    317 pages, 20 €

    En librairie le 2 février 2007

    Visiter les éditions Le Dilettante

    www.ledilettante.com

    Librairie-Editions Le Dilettante

    19, rue Racine

    75006 Paris

    "Chaque achat de livres, c'est un bail de quelques jours que je signe avec l'amour de la vie", André Blanchard.

  • JACEK WOZNIAK

     

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    Dessinateur de presse et affichiste (de jazz), Jacek Wozniak s'est surtout fait connaître en s'associant à l'édition de Sibérie m'était contéee, le dernier opus de Manu Chao vendu par dizaines de milliers de copies en librairie. Il a par ailleurs illustré l'Abécédaire partial et partiel de la mondialisation d'Ignacio Ramonet et Ramon Chao (Plon). Ce collaborateur du Monde et du Canard Enchaîné a réuni son "panthéon" génial en un volume mirifiquement coloré qui se moque de la chronologie mais pas des artistes y compris déviants.

    On y retrouve à l'encre de chine et à la gouache, aux crayons de couleur et à l'écoline, les traits et flèches de Miles Davis et d'Archie Shepp, de Samuel Beckett et de Janis Joplin, de Balzac et de Tolstoï, de Kafka et de Bob Dylan, de Jimi Hendrix et de Frank Zappa. Ils sont cent (peintres, écrivains, musiciens) à se serrer au coude à coude dans cet album virevoltant, érudit, joyeux qui témoigne de la pétulante culture de cet artiste dont le propos n'est pas étranger, dans la forme, dans l'insolence, aux saillies des grands Willem le Provo, Roland Topor la Panique et Jacques Sternberg le bicycliste à moteur Solex et bonnet de marin. Indispensable.

    ENTREE DES ARTISTES

    WOZNIAC

    MISE EN SCENE : MARJORIE GUIGUE

    EDITIONS RAMSAY, 26 euros.

    Visiter le groupe VILO

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  • ODEURS ❘ RAMON PIPIN

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    Flairez les bacs, humez les gazettes, la totale d'Odeurs est bouclée. La première moitié des oeuvres de Ramon Pipin tombera chez les disquaires de qualité  aux alentours du 20 février. L'agitateur reviendra vers vous avec d'amples précisions pour saluer l'événement.

    En attendant, gobergez cet entretien à la wassingue avec Ramon Pipin.

    Et devenez un héros en glissant par ici.

    SITE OFFICIEL D'ODEURS

     

     

  • DEATH DISCO ❘ PAUL HARPER/ANDREA HELLER

     

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    Etrange aventure mancienne que ce Death Disco regroupant dix rock stars calenchées qui émettent encore. Paul Harper et Andrea Heller, deux artistes spirites se sont livrés au jeu du courciel. Mais qu'est-ce ? Un mail venu d'outretombe, le message de l'au-delà lisible sur outlook express.

    Sans déconner ?

    Sans déconner, il s'agit  de la bande-son de  Bad Moon Rising, une exposition conçue à Zürich, en janvier 2006, au K3 Project Space.

    Les Presses du Réel diffusent l'ouvrage publié chez Nieves en langue anglaise.

     

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    Les trépassés livrent leur playlist et c'est accompagné d'un petit mail sympa. Signe que la vie continue. D'ailleurs et par définition la mort n'existe pas. Pas vrai ?

    A vous de juger.

    Voici  les dix titres qui auraient marqué l'univers de Frank Zappa au temps que sa moustache frémissait chaudement.

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    DEATH DISCO
    PAUL HARPER & ANDREA HELLER
    NIEVES, 24 pages, 9 euros, 2006
    Diffusion : LES PRESSES DU REEL
  • ANTONIN ARTAUD ❘ FLORENCE DE MEREDIEU

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    La somme de biographies et d’évocations d’Antonin Artaud est aujourd’hui considérable. Après avoir lu les œuvres medium_Numeriser0026.2.jpgdisponibles du poète, j’ai commencé à m’intéresser aux approches puis aux explorations chronologiques. Cela débuta avec la monographie de Georges Charbonnier (1). Vinrent ensuite le Portrait d’Antonin Artaud que traça Otto Hahn(2) pour le compte des éditions Le Soleil Noir du regretté François Di Dio, la première biographie d’importance de Jean-Louis Brau (3) et l’essai envoûtant de Susan Sontag (4). Enfin il y eut Alain et Odette Virmaux qui ravirent la trajectoire durant de longues années, collectant les témoignages, assemblant des images, déduisant l’itinéraire en véritables archéologues. Longtemps nous nous contentâmes de leurs travaux (5). Il semblait qu’ils avaient jeté un filet sur l’homme et son œuvre. Sans doute la découverte du Journal de Jacques Prevel (6) avait-elle orienté différemment l’approche car l’on pouvait dès lors observer que la présentation du parcours terrestre d’Artaud s’accompagnait d’une réflexion de plus en plus approfondie portant sur les écrits. Ce dont témoignent l’excellente biographie de Thomas Maeder (7) et l’étude inégalée de Monique Borie (8). Evidemment, je lus Paule Thévenin (9)dont nul n’ignore la tâche accomplie au service d’Artaud mais c’est à Florence de Mèredieu que je veux rendre un hommage particulier.

    Florence de Mèredieu avait fait paraître, en 1984, le premier ouvrage signalant l’incroyable portée des dessins d’Artaud (10). Gallimard publia deux ans plus tard l’impressionnant volume des Dessins et portraits (11) flanqués des textes élucidants de Paule Thévenin et Jacques Derrida. Cette chercheuse aussi discrète qu’opiniâtre sortait en octobre 1992 deux essais passés inaperçus (12) mais qui exposaient au passage une intention, celle de rendre visible les plusieurs facettes du poète. On ne se doutait guère alors que Florence de Mèredieu travaillait à une somme sans équivalent.

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    Sa biographie (13) de 1087 pages va au-delà de tous les comptes rendus de la vie d’Artaud. D’abord parce qu’elle a examiné la trajectoire jour après jour, décrivant ainsi la mise en mouvement d’une figure dont il nous fut livré que quelques états parmi les plus chavirés. Enfin parce qu’elle nourrit la minutieuse chronologie de références extrêmement précieuses à la connaissance de l’œuvre. Comme ce retour sur Les Névroses de Maurice Rollinat, recueil paru en 1883 et qui consista en un formidable catalyseur d’écriture chez Artaud. Comme le rôle des lectures d'enfance : les Voyages illustrés, le Journal des Voyages, deux magazines dédiés à l'aventure ordinaire et fantastique. De même, les lumières qu’elle jette sur des auteurs tels que Pierre Mac Orlan ou encore Marcel Schwob pour l'influence qu'ils exercèrent. Tout cela est très bien montré en même temps, par exemple, que le nunisme de Pierre Albert-Birot en tant que creuset de l’alchimie du verbe. Il n’est donc à ce jour aucune biographie plus complète que cette vaste étude, précise, érudite et (le mot serait même un peu faible) passionnante. Guy Darol



    1. Antonin Artaud par Georges Charbonnier. Editions Seghers, collection Poètes d’Aujourd’hui, 1959.
    2. Portrait d’Antonin Artaud par Otto Hahn. Editions Le Soleil Noir, 1968. Couverture illustrée par Fontana. 3. Antonin Artaud par Jean-Louis Brau. Editions La Table Ronde, 1971.
    4. A la rencontre d’Artaud par Susan Sontag. Christian Bourgois éditeur, 1976.
    5. Artaud, un bilan critique par Alain et Odette Virmaux. Editions Belfond, collection Textes et critique, 1979. 6. En compagnie d’Antonin Artaud par Jacques Prevel. Editions Flammarion, collection Textes, 1974.
    7. Antonin Artaud par Thomas Maeder. Editions Plon, 1978.
    8. Antonin Artaud, Le théâtre et le retour aux sources par Monique Borie. Editions Gallimard, collection Bibliothèque des idées, 1989.
    9. Antonin Artaud, ce Désespéré qui vous parle par Paule Thévenin. Editions Le Seuil, 1993.
    10. Antonin Artaud, Portraits et Gris-gris par Florence de Mèredieu. Editions Blusson, 1984.
    11. Artaud, Dessins et portraits par Paule Thévenin et Jacques Derrida. Editions Gallimard, 1986.
    12. Antonin Artaud, les couilles de l’ange par Florence de Mèredieu. Editions Blusson, 1992 et Antonin Artaud, Voyages, Blusson, 1992.
    13. C’était Antonin Artaud par Florence de Mèredieu. Editions Fayard, 2006.
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    Antonin Artaud
    Site François Mitterrand/Grande Galerie
    Jusqu'au 4 février 2007
    Du mardi au samedi 10h-19h
    Dimanche 13h-19h
    Entrée 5 et 7 euros
    A propos d'Antonin Artaud et ses filles de coeur
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