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antonin artaud

  • LAUREN NEWTON

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    Lauren Newton

    Bien que revendiquant l’héritage d’Ella Fitzgerald et de Cathy Berberian (répertoire Berio), Lauren Newton qui fut récemment complice de Joëlle Léandre et l’invitée d’Anthony Braxton sur Composition 192, le volet Ghost Trance Music du foisonnant compositeur, me semble ressortir plus exactement à la ligne Dada. Soundsongs, avec 16 pièces chantées à voix nue, en est la preuve formelle. Par ailleurs, cet album fourmillant de glossolalies aurait atteint au cœur Antonin Artaud. Mais ce recueil de performance vocale est surtout une action dadaïste maîtrisée qui rejoint les poèmes phonétiques de Raoul Hausmann ou les « chants nègres » de Richard Huelsenbeck et de Hugo Ball. Jamais les cordes vocales n’ont été à ce point vibrées, tendues jusqu’à la limite et jamais une voix n’a produit autant de cris stridents, de monèmes hachés, de sons expulsés, crachés, slammés. Et jamais une voix si extraordinairement perçante, éclatante comme la charge impétueuse d’une horde déterminée à mort, n’a su si magistralement passé de la plainte à la susurration du plaisir zazen. Enfin, cet album n’est  pas qu’un exercice incroyable de plasticité vocale, il est, au-delà de toute virtuosité, le monument qu’il convient de visiter pour évaluer ce qu’est véritablement une chanteuse habitée. Guy Darol

    SOUNDSONGS LEO RECORDS/ORKHÊSTRA

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  • COLETTE THOMAS

     

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    Colette Thomas dont la figure est à jamais associée aux derniers jours d'Antonin Artaud a refermé son ombrelle. Son nom (celle d'une fille de coeur) vient se graver auprès de Genica Athanasiou, Anie Besnard, Cécile Schrammer, Jany de Ruy, Paule Thévenin, Marthe Robert. Anges de "la chasteté qui conserve l'âme".

    Sans doute Colette Thomas nous a le plus ému qui glissa lentement au gouffre. Elle connaissait les trajectoires intérieures par où le poète descendait. Colette Thomas s'éloigna du monde à partir de la mort d'Artaud, tout en laissant Le Testament de la fille morte (Gallimard, 1954) et le souvenir d'une lumière blonde qui voulait se fondre dans le coeur de l'exception.

    Le Testament de la fille morte paru le 10 mars 1954 est un livre à redécouvrir. L'ouvrage inscrit au catalogue Gallimard n'est plus disponible. Qui fera le travail d'exhumation ?

    Deux portraits de Colette Thomas par Antonin Artaud

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  • TOMBEAU POUR LES RARES

     

     

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    Tombeau pour les rares. Édition de Corlevour. mars 2010.144 p. 24 x 31 cm 

    Présentation : 

    Empruntant son nom au genre littéraire du Tombeau (déploration funèbre et monumen- 

    tale), cette exposition est une suite de vingt-sept portraits d’écrivains réalisés par le peintre et 

    poète Nicolas Rozier accompagné dans l’édification du Tombeau par vingt-neuf écrivains. 

    De septembre 2008 à novembre 2009, Nicolas Rozier a dessiné sur toile le portrait « inté- 

    rieur » des écrivains qui lui sont chers : 27 auteurs défunts réunis en ce livre intitulée Tombeau 

    pour les rares où Villon, Baudelaire et Artaud côtoient Ilarie Voronca, Gérald Neveu et Francis 

    Giauque. Les écrivains du Tombeau, des poètes essentiellement, exceptés Léon Bloy et Van Gogh, 

    sont ici réunis sous l’égide d’une «fragilité surpuissante», d’une faculté d’attaque dans le langage 

    qui les distingue radicalement jusqu’au franchissement du mur des paroxysmes où la littérature 

    devient une écriture de cœur. En vis-à-vis des portraits, Nicolas Rozier a invité 27 auteurs (dont 

    Zéno Bianu, Pierre Dhainaut, Marie-Claire Bancquart, Jacques Ancet…) à écrire sur leurs grands 

    aînés, le portrait écrit répondant au portrait dessiné. 

     

    Nicolas ROZIER, né en 1971, vit en Belgique où il écrit et dessine. Ses œuvres exposées en France et 

    en Belgique ont croisé les textes de Zéno Bianu, Pierre Dhainaut, José Galdo, Charles Dobzynski et 

    Olivier Penot-Lacassagne. Marcel Moreau a salué son travail dans la revue Nunc. Les revues Sorgue, Pyro, 

    Thaumaet Nunc ont accueilli ses dessins et ses textes. L’Écrouloir, écrit d’après un dessin d’Antonin 

    Artaud, est paru aux éditions Corlevour, en 2008 après un premier livre, L’Espèce amicale, (poèmes et des- 

    sins) chez fata morgana en 2006. L’astre des anéantis paraîtra en 2010 aux éditions de corlevour. 


    SOMMAIRE 

    Nicolas ROZIER Avant-propos 

    Pierre DHAINAUT ...Dans l’errance le désir de poursuivre... 

    Marcel MOREAU Introduction 

    LES RARES 

    Olivier PENOT-LACASSAGNE AntoninArtaud 

    Jean-Yves MASSON François Augiéras 

    Christophe VANROSSOM Charles Baudelaire 

    Pierre DHAINAUT Maurice Blanchard 

    Michel FOURCADE Léon Bloy 

    Jacques ANCET Alain Borne 

    Eric FERRARI Paul Chaulot 

    Patrick LAUPIN Luc Dietrich 

    Zéno BIANU Jean-Pierre Duprey 

    Charles DOBZYNSKI Benjamin Fondane 

    Jean Pierre BEGOT André Gaillard 

    José GALDO Francis Giauque 

    Marie-Hélène POPELARD Roger-Gilbert Lecomte 

    Marie-Claire BANCQUART André Laude 

    Alain MARC Laure 

    Didier MANYACH Gérald Neveu 

    Christian DUFOURQUET Jacques Prevel 

    Daniel GIRAUD André de Richaud 

    Jean-Yves BÉRIOU Arthur Rimbaud 

    Éric BROGNIET Armand Robin 

    Guy DAROL Stanislas Rodanski 

    Alain HOBÉ Colette Thomas 

    Guy BENOÎT Paul Valet 

    Marie BAUTHIAS Vincent Van Gogh 

    Serge RIVRON François Villon 

    Yves BUIN Ilarie Voronca 

    Muriel RICHARD-DUFOURQUET Unica Zürn 

    Patrick KRÉMER Le Soleil noir de la rareté 

    Arlette ALBERT-BIROT Extrême oxymore 

    Alain TOURNEUX & GérardMARTIN 

    Benjamin FONDANE 146x114 cm

     

     

    EXPOSITIONS : 

    TOMBEAU POUR LES RARES 

    NICOLAS ROZIER 

    Portraits d’écrivains 

    Musée Arthur Rimbaud-Médiathèque «Voyelles» 

    Quai Rimbaud 08000 Charleville Mézière 

    Exposition du 19 mars au 9 mai 2010. 

    Rencontre-lecture le samedi 24 avril 2010  animée par Arlette Albert-Birot, Présidente du Marché 

    de la Poésie.Présentation des œuvres de Nicolas Rozier à 17 h, puis lectures, à la médiathèque Voyelles 

    à partir de 18h30, en présence des écrivains Zéno Bianu, Eric Brogniet, Pierre Dhainaut, Olivier Penot- 

    Lacassagne, Marie-Hélène Popelard et Christophe Van Rossom. 

     

     

    Halle Saint-Pierre 

    2, Rue Ronsard 75018 Paris 

    exposition du 4 au 30 juin 2010 (10h/18h) 

    vernissage-lectures le jeudi 3 juin à partir de 18h 

    lectures le samedi 5 juin à 15h et le dimanche 13 juin à 18h 

     

    Tombeau pour les rares

    Editions de Corlevour,

    Mars 2010

    144 pages, 30 €

     

    EDITIONS DE CORLEVOUR / REVUE NUNC 

    Rédaction : Rue Alphonse Hottat, 26 1050 BRUXELLES Belgique. 

    Tél : +32 (0) 473 89 84 01 

    reginaldgaillard@aol.com 

    SIÈGESOCIAL: 97, rue Henri Barbusse 92110 CLICHY

     

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  • COLETTE MAGNY

     

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    Voix ultime de la protestation charriant les révoltes, Colette Magny (1926-1997), s'est toujours absentée du système au point de tenir à l'écart ceux qui voulaient augmenter son prestige. Au début des années 70, elle m'avait invitée rue de Flandres, dans le petit appartement parisien qu'elle occupa longtemps avant de prendre la tangente du côté de Saint-Antonin-Noble-Val, aux confins de l'Albigeois et du Quercy. Notre conversation, enregistrée sur un magnétophone à bandes, devait paraître dans Gulliver, un mensuel de contre-culture dirigé par André Bercoff. Je voulais élucider le singulier parcours qui mène une dactylo de l'UNESCO au blues le plus radical, en passant par l'Olympia dont elle partage la scène avec Sylvie Vartan. Il me fallait tracer une chronologie. Cette tentative fut un fiasco. Colette Magny s'évadait lorsque mes questions la frôlaient. Elle préférait évoquer les saloperies et comment en finir avec l'oppression en organisant une grève générale mondiale. Concernant ses projets, elle m'annonça (et son visage s'était illuminé) qu'elle désirait convaincre Léo Ferré d'enregistrer un album duettiste. Imaginez l'explosive aria qu'un tel alliage aurait pu susciter.  L'entretien ne parut jamais. Colette Magny s'étant opposé à cette publicité qu'elle jugeait dérisoire.

    Elle a 35 ans lorsqu'elle débute en chanson sur le continent Contrescarpe. Sa voix de cyclone souffle les incantations félines de Bessie Smith, un blues prolétaire qui ne pleure pas les amours vaincues mais l'horreur des puissants. Un premier 45 tours publié en 1963 grave un poème de Rainer Maria Rilke et « Melocoton », air poignant dédié à l'enfance. Colette Magny tient le tube qui ouvre les portes mais elle ne cherche pas les falbalas. Ses chansons serviront à évoquer la situation au Vietnam au moment des bombes Nixon. Elles documentent la réalité du Chili après le coup d'état d'Augusto Pinochet et de la CIA contre la coalition d'Allende. Sur les pochettes de ses albums : Che Guevara, Hô Chi Minh...

    Passer à la radio ou à la télévision, du moment qu'on ne lui demande pas de se promouvoir, elle ne dit pas non. Les médias ne lui feront pas de cadeaux. À l'ORTF, ses disques sont rayés au stylet. Interdite d'antenne, censurée, y compris par les ayants droits d'Antonin Artaud, lorsqu'en 1981, elle rendra hommage au Mômo, Colette Magny n'en continue pas moins son travail de «journaliste chantante », une locution qu'elle s'est choisie pour faire taire ceux qui la traitent d'artiste engagée.

    Artiste, tout de même, le mot est juste. Car cette voix de la rue de Flandres qui aurait pu faire illusion sur les rives du Mississipi savait accrocher des mots sur la répression au Chili autant qu'empoigner l'auditeur avec des textes d'Antonio Machado ou de Pablo Neruda. Passeuse de « révoltes logiques » (Arthur Rimbaud), elle chante Louis Aragon et surtout Antonin Artaud qui a, dit-elle, « craché, vomi, excrémenté pour les enfants du monde ». Sa colère est artiste qui sait aller vers la beauté pour attirer l'attention de ceux qui se font sourds. Elle s'entoure de grands textes et de hauts musiciens, choisit le jazz pour retrouver le son des anciens rugissants. Autour d'elle : Claude Barthélémy, Raymond Boni, Patrice Caratini, Louis Sclavis, Henri Texier, François Tusques. Sa voix anti-impérialiste est sardanapalesque sur « Rap' toi de là que je m'y mette », magnifique chanson-collage (un genre dont elle est assurément l'inspiratrice) avec quatuor à cordes. Ce blues-rap accompagne  14 autres titres sur Inédits 91, album payé de sa poche. Pionnière, en somme, dans l'éjection par les maisons de disques, Colette (qui se surnomme volontiers la pachyderme) n'a pas la courbure de vente nécessaire. Pèse pas  lourd sur la balance des hits planétaires.

    En 1983, je me trouvais au Théâtre de la Ville. Le rideau se lève (façon de parler) sur une scène nue. Piano de cérémonie et Colette Magny au proscenium. Le concert débute par « Etude Op. 10 n°2 » de Frédéric Chopin, la « Révolutionnaire ». Anne-Marie Fijal aux touches. Je suis secoué de frissons. Colette Magny chante « Strange Fruit » et je crois voir des arbres chargés de pendus. Puis elle chante « You Go To My Head », « My Man », « All Of Me » et chacun de ces airs connus remplissent l'air d'ondes vraiment fraternelles. Ce soir-là, sans aucun doute, nous avons tous ressenti que ce cœur de femme gigantesque battait à l'unisson des divas. Nous pensions à Billie Holiday, à Ella Fitzgerald. Ses petites sœurs. Guy Darol

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    COLETTE MAGNY SUR MYSPACE

     

     

  • QUI ETES-VOUS BIENVENU MERINO ?

     

     

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    Guy Darol : Il n'y a pas que  la pratique de l'écriture et de la marche qui traverse ta vie. Ne serais-tu pas également dessinateur, peintre, photographe et cinéaste ?

    Bienvenu Merino :  Je suis un touche-à-tout.  C'est probablement cela qui m'éloigne de la réussite et du travail bien accompli. Dans mon âme, l'amour de bien faire est divin,  donc, s'il n'y a pas de discipline et de travail bien fait, je ne peux pas être totalement satisfait. Ceci vaut pour les  travaux  que j'ai entrepris et qui me tenaient à cœur.  Tout est lié. La photographie m'apporta, durant les années de voyage, beaucoup de plaisirs, puis peu à peu elle s'éclipsa pour être remplacée par la peinture et le dessin. Quant au cinéma, ce fut un déclic qui surgit comme un boum, après m'être intéressé à une période de l'histoire de France si souvent auscultée dans ma mémoire. Ma première expérience au cinéma n'est pas encore terminée puisque le montage de mon film n'est pas achevé. Mais faire tout, tout seul : écriture du scénario, repérages des lieux, recueillir des fonds, chercher des acteurs, des figurants, des techniciens, faire la mise en scène, le secrétariat, l'attaché de presse, ce n'est pas toujours facile. 

    G.D. Quels sont les écrivains qui regardent par-dessus ton épaule lorsque tu te trouves à ta table de travail ?

    B.M. :  Ma table de travail est vaste. En vérité, je suis plus un véritable promeneur qu'un écrivain. A proprement parler, je n'ai pas de méthode bien précise. Aller sur le terrain m'apporte en général l'essence même de mes écrits. Etre écrivain, c'est  un sacerdoce, comme Gustave Flaubert qui ne procédait que par notes précises dont il avait scrupuleusement vérifié l'exactitude. Il se condamnait à fréquenter pendant des semaines les bibliothèques jusqu'à ce qu'il ait trouvé le renseignement désiré. Il ne reculait pas devant l'ennui de lire vingt ou trente volumes traitant de la matière. Il ira en outre interroger  des hommes compétents,  poussera les choses jusqu'à visiter des champs de culture, se rendra sur les lieux, y vivra.  Ainsi, pour le premier chapitre de L'Education Sentimentale qui a comme cadre le voyage d'un bateau  à vapeur remontant la Seine de Paris à Montereau,  il a suivi le fleuve en cabriolet, le trajet ne se faisant plus en bateau à vapeur depuis longtemps ! C'est fou ! Je ne dis pas qu'il était dingue, mais il avait cette passion, celle que j'ai dans les voyages et dans la marche toute simple qui m'a conduit à l'extrême, naturellement,  avec fascination et  plaisir. Toutefois, bien des écrivains m'ont marqué, et je laisse à mes lecteurs le soin d'apprécier certains de mes auteurs favoris qui m'ont influencé et qu'ils découvriront eux-mêmes, en me lisant. Cependant Antonin Artaud et Georges Bataille et les œuvres du CHE, pour une autre raison, surtout  la lecture de son Journal de Bolivie,furent déterminants.

    L'écriture de Diarrhée au Mexique est assez brute, dans le sens où la matière est tirée du vécu et si elle détonne encore et toujours c'est que la vérité je suis allé la chercher au fond de moi, dans la douleur ; récit qui choqua, qui choque encore, et qui choquerait en 2007 comme m'avait dit Éric Dussert avant la sortie du livre, lequel est à l'origine de la troisième publication, ce  qui m'encouragea à continuer afin de n'être pas l'auteur d'un seul livre.

    G. D. : Tu vis désormais à Paris. Le globe-trotter est-il encore un promeneur invétéré ?

    B.M. :  Je commencerais par te répondre par ces lignes de Platon, extraites de l'Apologie de Socrate. « Les hommes peuvent être heureux en demeurant attachés à une forme de vie immuable, que la musique et la poésie n'ont pas besoin de créations nouvelles, qu'il suffit de trouver la meilleure constitution et qu'on peut forcer les peuples à s'y tenir ».

    Voyager fut toujours ma passion car je trouvais dans ce mode de vie et de vivre une belle manière de découvrir, d'apprendre, d'étudier, sans contraintes, ce que je n'avais pas fait dans mon enfance et mon adolescence. Enfant, je n'eus pas  une scolarité exemplaire.  Dès mon plus jeune âge, je n'étais pas un fervent de la discipline, j'étais bien plus attiré par les dormeurs à la belle étoile et les bergers. C'est à mon retour d'un  long voyage que j'eus l'envie et le besoin de conforter certains acquis appris de la route, en  étudiant quelque peu à l'Université. Je ne dis pas, comme Flaubert, que le seul moyen de supporter l'existence, c'est de s'étourdir dans la littérature comme dans une orgie perpétuelle.

    La vie de voyage s'était ancrée en moi car toujours elle fit partie de mon existence, un peu comme les gitans qui se meuvent continuellement à travers le monde depuis leur naissance. Même si, aujourd'hui,  mes voyages ne me mènent plus aussi loin, très souvent ça passe par l'écriture, une manière de traverser les choses et de vivre différemment. Les yeux sont peut-être moins éblouis par la beauté du spectacle comme l'étaient ceux du voyageur incorrigible que j'étais.  J'ai une façon différente de voyager  dans l'écriture et je sais que je n'ai pas encore tout puiser de mon vécu  et c'est devant les pages blanches que je gribouille  à ma table de travail que je perpétue ce qui était ma vie d'explorateur.  J'habite à  Paris, entrecoupé de quelques  escapades, cependant j'ai gardé cette habitude de persévérer dans cette irrépressible envie de marcher pour encore et toujours découvrir ma ville et  mieux comprendre le monde qui m'entoure. Je suis un inlassable marcheur solitaire.  Marcher m'est nécessaire. Le globe-trotter que j'étais est devenu un simple homme qui marche. Hier encore, mercredi 22 décembre, je suis revenu de banlieue, d'Ivry,  à pied, en essayant de longer la Seine avec ses hautes cheminées d'usines chapeautées de glace, et ces péniches tranquilles, amarrées sur les berges où, quand elles  coulent nonchalantes sur le fleuve  lent,  recouvertes d'un peu de neige comme si c'était seulement cela qu'elles transportaient tant elles flânaient, écrasant les vaguelettes de leur chargement invisible en allant jusqu'au Pont de Tolbiac, un des de mes anciens quartier. Je fus enchanté de  suivre la rivière sous la neige. C'était un vrai conte de Noël. Que d'histoires j'ai revécu, que de nouvelles envies m'ont donné le désir de repartir vers l'inconnu.

    Virginia Woolf, la belle rêveuse londonienne, Jean Giono, Julien Gracq, Jacques Réda, dans Marchons sous la pluie, Jacques Lacarrière, Karl Gottlob Schelle,  Arthur Rimbaud, Léon-Paul Fargue, Walter Benjamin, Henri Calet, André  Hardellet ont fait cela bien avant moi. Mais, c'est sans doute de Don José Merino Martin Campos, mon père, que je tiens  l'incroyable invention de savoir aller par les chemins et par les routes. Il commença, jeune, très jeune, avant ses dix ans. De Malaga à Madrid, de Madrid à Barcelone, de Santander à Algesiras, il accompagnait les chevaux, à pied, marchant à leurs côtés, de jour et parfois de nuits, dans la beauté des paysages. Je ne compte pas le voyage forcé par l'exil, celui qui lui causa tant de désagréments, LA RETIRADA DE MALAGA,  guerre entre hommes du même pays, d'un  même village et parfois d'un même clan familial, mais il sut cheminer, armé de fusil ou sans fusil, et faire magnifiquement son très long parcours, celui dont il apprit ce qu'étaient les hommes et les femmes dans des combats féroces, dans la douleur et  la défaite, dans le camps des vainqueurs et dans celui des vaincus, sur la route qui le conduisit vers les hommes libres.

    G.D. Crois-tu que la culture underground ait quelque chose encore à voir avec la pratique des blogs ? Et cette pratique est-elle une chance pour le développement de la pensée et de la création ?

    B.M. : Oui, bien sûr, et elle  se  pratique aussi avec les blogs. C'est  un mouvement parallèle, hors des circuits officiels normaux du commerce et de diffusion. On devient underground  par la force. Ce sont les maffias du show-biz, de l'art subventionné qui obligent l'artiste à prendre cette tangente. En luttant contre l'establishment qui souvent met le créateur à l'écart, on doit trouver la solution pour se faire entendre ou être lu et par ce moyen  il lui est possible enfin de dire ce qu'il ne pouvait pas, d'enlever le frein qui ne permet pas de s'exprimer. Les censeurs dans notre société existent, la diffusion par les blogs permet de résister contre ceux qui sont au pouvoir, contre certaines pressions qui obligent l'artiste à trouver d'autres solutions pour mieux se faire entendre et exister enfin. Le moteur de l'underground, dès ses débuts, a été l'exhibition du corps, la transgression des codes sociaux, montrer ce qui est « caché » et le faire venir à la lumière. C'est une avancée importante pour la communication et la liberté d'expression. Underground et blogs ça fonctionne  de pair. Tu peux imaginer pourquoi je n'envoyais plus mes manuscrits aux éditeurs, pourquoi certains de mes « textes monstrueux » sont  passés à l'oubliette, ignorés ou simplement jetés au feu de la non-prospérité.

    G.D. : Préfères-tu l'ombre à la lumière ?

    B.M. : Souvent je me sens dans lumière, même si je vais sur la route sans que personne ne soit au courant ni me reconnaisse. Je vais, fidèle à un certain idéal. J'essaye de faire ce dont j'ai le  plus envie, c'est ma manière de marcher à la lumière.

     

     

     

    Bibliographie de Bienvenu Merino

     

    Prière

    (Nouvelle)

     Manifeste de la Délinquance Littéraire

    Cahiers Zédébis, 1975

     

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    Situations Normales

    (Nouvelles)

    (Cahier des Hirondelles), 1975

    Fleurs et Chant d'Espoir du peuple d'Espagne

    (Poème (l'agonie d'un dictateur)

    Les Cahiers St Germain des Prés, 1976

     

    Plus édition originale accompagnée d'une gravure de l'auteur

    Atelier Say, 1996

    Satisfaction

    et autres nouvelles

    Revue Le Gué,1976-1977-1978

    Extrait d'un voyage dans les excréments

    ou

    Diarrhée au Mexique

    (nouvelle)

    Editions du Peuple,  1976

    (épuisé)

     

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    Réédité par Les Cahiers Lolita, préface de Gérald Scozzari, 1977

    Scènes

    (nouvelle)

    Livre d'artiste, 1996

     

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    Qui sera libre demain ?

    Gravures de 10 artistes plasticiens

    Portfolio

    Atelier Say, 1996

     

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    Ana

    Poème et champs de mots

    Préface de Emilio Sanchez-Ortiz

    Isabelle Venceslas, 1995

    (épuisé)

    Descendre au cercueil

    (Ouvrage sur Auguste Pinochet)

    Dessins à l'encre de l'auteur

     Préambule

    Lettres des  femmes prisonnières politique de la prison

    de haute sécurité de Santiago de Chili

    Connaissance, 2000

     

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    O, voyelle

    D'après une œuvre sur acier de l'auteur

    Portfolio

    Isabelle Venceslas, 2002

     

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    Traces de plantes fossilisées

    Carnet des mines, Graissessac-Hérault

    Avec traces et dessins de l'auteur

    Ouvrage personnel,  tirage limité, 2005)

    Diarrhée au Mexique

    ou

    Extrait d'un voyage dans les excréments

    (Nouvelle)

    (Préface de Éric Dussert)

    Atelier du Gué, éditeur 2006

     

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    Ensayos sobre el placer de la Felaçion

    Essai sur le plaisir de la fellation

    Editions espagnole et française avec photos et dessins de l'auteur

    Coffret, d'Artiste, 2007

     

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    Lignes Noires

    (Encres et  dessins)

    Isabelle Venceslas, janvier 2010

     

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  • GERARD MORDILLAT ❘ POUR UN CINEMA INCONFORTABLE

     

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    En 1993, Gérard Mordillat réalise En compagnie d'Antonin Artaud à la suite de  Toujours seuls qui ne rencontra pas son public. Dans un entretien filmé, il examine le cinéma actuel et ses déferlantes d'images neuroleptiques. Mordillat plaide pour un cinéma inconfortable, un cinéma qui exprime les incohérences du réel. Le regard qu'il porte sur  l'académisme qui a envahi les écrans depuis des décennies jette des étincelles. Autant dire que le point de vue de Gérard Mordillat qui en appelle à une autre conception des récits est véritablement savoureux. Eclosion d'un manifeste.

    VOIR

    L'ENTRETIEN AVEC GERARD MORDILLAT

  • EVERYTHING IS POLITICAL ❘ 2. LE PLAN

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    Nous suivions distraitement les objurgations des meneurs. Si l’on participait à des esclandres, à des émeutes, c’était presque toujours en arrière ou de côté. Ceux que j’entends aujourd’hui revendiquer des fracas de vitrines n’étaient pas mes alliés. La violence m’a toujours été antinomique. Et pourtant, il en est qui mériterait de succomber noyés sous des flots de crachats.

    Je préférais la lutte des mots. Pas ceux qui signifient, telle une déclaration de guerre, qu’il faut suivre une meute. La lutte des mots, c’était plutôt le désir d’embrouiller. L’envie d’énoncer des formules qui ne mènent à rien. Impossible donc à emboîter. Qui ne finiraient jamais dans la boîte à idées d’un filou publicitaire. Qu’on ne transformerait pas en marchandise de salon.

    Le plan consistait à faire tomber les règles de préséance. Par exemple, nous décidions que la poésie était un libelle, qu’une image photographique valait un concept. La pensée était libre du chemin qu’elle prenait, jouant ainsi un tour aux spécialistes, aux gardiens des catégories, aux représentants des genres établis. Le roman n’existait plus. La poésie moins encore. Denis Roche l’avait assez dit : "La poésie est inadmissible. D’ailleurs elle n’existe pas."

    La guérilla n’était plus armée de boulons mais de mots effervescents et qui roulaient de Guy Debord à Ezra Pound, niant la supériorité d’un domaine sur un autre. Les penseurs significatifs (Barthes, Baudrillard, Foucault) justifiaient nos méfiances. Tout pouvoir est savoir. Il fallait ainsi miner les rhétoriques dominantes, lacérer le smoking des langues, effrayer les mandarins en produisant l’élan qui franchit les barrières.

    Cela donnerait des revues, périodiques incertains, vendus à la criée comme les brûlots des Communeux. En 1974, nous apprenions la mort de Salvador Puig Antich, militant du Mouvement Ibérique de Libération, garrotté dans une prison de Barcelone. Toute une soirée, à la croisée des rues Saint-Séverin et de la Harpe, nous avons hurlé l’horreur jusqu’à briser nos voix. Quelques-uns se pressaient la gorge en gueulant. Nous portions des masques blancs pour signifier notre place aux côtés des victimes de la mort programmée. Viva la muerte était le haro crié par Milan Astray, général franquiste. Cette sentence, on l’aboyait à l’envers. A l’endroit, on jurait la joie insurgée de vivre avec le s mots de Jean-Pierre Duprey, d’Antonin Artaud. La publication que nous laissions contre 3 francs s’appelait Crispur et était sous-titrée Notices pour une insurrection de l’écriture.

    Il n’y avait selon nous* qu’une seule voie (de passage, traversière) pour nuire aux paroles établies. Grossièrement, elle se nommait poésie. À la condition toutefois qu’elle vienne de poètes prônant le désordre ainsi que le concevait André Laude**. Guy Darol


    * Nous, c’est-à-dire Christian Gattinoni, Henri Martraix, Bernard Raquin , Mouse et Anymaousse

    ** André Laude, Joyeuse Apocalypse, 1974 ; Liberté couleur d’homme, essai d’autobiographie fantasmée sur la terre et au ciel avec Figures et Masques, 1980. On lira avec profit, Les compagnons du Verre à soif, François Vignes, 2002.

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  • L'AFFAIRE ARTAUD ❘ COMMUNIQUE

    Ayant lu notre billet sur Nicolas Rozier, Florence de Mèredieu nous adresse ceci :

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    Florence de Mèredieu
    L'AFFAIRE ARTAUD

    Journal ethnographique

    Editions Fayard

    "L'Affaire Artaud" défraie depuis quelques décennies la rubrique des médias. —

    Blocage de la parution des Œuvres complètes du poète. Procès en cascade. Mise en cause de la transcription des cahiers manuscrits. Virulentes et ostentatoires campagnes de presses, à charge ou à décharge des uns et des autres.
    Miroir de la vie intellectuelle des années 1948-2008, l'Affaire Artaud apparaît comme un feuilleton médiatique, les journaux (Combat, Le Monde, Libération, Le Nouvel Observateur, La Quinzaine littéraire, etc.) ayant assuré une sulfureuse carrière posthume au poète, mort à Ivry en 1948.

    L'Affaire Artaud met en scène un poète maudit (Antonin Artaud), des manuscrits et dessins, une Grande Prêtresse (Paule Thévenin), une maison d'édition réputée (Gallimard), une famille (les Artaud-Malausséna), quantité de medecine men (Gaston Ferdière, Jacques Lacan, etc.), des intellectuels de renom (Jean Paulhan, François Mauriac, André Malraux, Jacques Derrida, Philippe Sollers, etc.), de grandes institutions (la Bibliothèque nationale de France, le Centre Georges-Pompidou, etc.), des avocats devenus de puissants hommes politiques (tel Roland Dumas).

    L'histoire comporte des familles, des clans, des tribus et des gourous, des "medecine men", des reliques, des magiciens, des éditeurs et des illusionnistes, des journalistes et des avocats, des collectionneurs et des intellectuels réputés. Elle s'est déroulée à l'ombre de prestigieuses institutions et jusqu'au cœur de l'État. Largement abreuvé d'informations qu'il ne peut maîtriser, le grand public ignore tout de ce qui s'est tramé, durant soixante ans (1948-2008), autour de l'œuvre de l'un des plus grands écrivains du XXe siècle.

    Largement médiatisée, l'Affaire Artaud demeure, cependant un sujet tabou. Un haut lieu de secrets auxquels bien des protagonistes de l'Affaire n'ont, eux-mêmes, pas eu accès. On s'interrogera sur les arcanes de cette histoire qui s'apparente souvent à un gigantesque marché de dupes.

    Entrée il y a 25 ans au cœur de l'Affaire, Florence de Mèredieu assiste et participe à ses rebondissements. Ce "Journal ethnographique" relate les événements, recense les documents et décrit ce que furent — en arrière-plan — les mœurs et les pratiques de ses différents protagonistes.

    Tout ce que vous auriez voulu savoir sur l'Affaire Artaud. Tout ce que vous n'auriez même pas imaginé.

    L'Affaire Artaud fut aussi — et peut-être surtout — une grande Affaire médiatique. S'attacher à la décrire amène inéluctablement à esquisser une certaine histoire de la presse (Combat, Le Monde, Libération, La Quinzaine littéraire, etc.) et de l'édition (Gallimard). Sans compter la description des relations complexes qu'entretiennent ici le droit et la littérature.

    Univers des réseaux, de la presse et des médias. Mondes cloisonnés de la psychiatrie. Grandes Institutions travaillant à l'ombre de l'État et dans les arcanes du pouvoir (Bibliothèque nationale de France, Centre Georges Pompidou, etc.). Intellectuels soucieux de traiter le poète mort à Ivry en mars 1948, à la façon d'un porte-étendard. Matière première de gloses interminables, le Grand-Œuvre d'Artaud n'a pas cessé d'alimenter l'histoire littéraire et journalistique.

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    Écrivain, essayiste, Florence de Mèredieu a longtemps enseigné l'esthétique et la philosophie de l'art à l'Université de Paris I (Panthéon-Sorbonne). Elle est l'auteur de fictions (Une si petite anthropophage, Des Femmes, 1981, Télévision, la lune, Des Femmes, 1985, Borges & Borges illimited, Paris, Blusson, 1993, Duchamp en forme de ready-made, Paris, Blusson, 2000. Et Beckett se perdit dans les roses, Paris, Blusson, 2007) et de nombreux ouvrages sur l'art moderne et contemporain (André Masson, les dessins automatiques, Paris, Blusson, 1988, Histoire matérielle et immatérielle de l’art moderne, Paris, Bordas, 1994, Larousse, 1999, Nouvelle édition augmentée, Larousse, 2004, "Hôtel des Amériques", essai sur l'art américain, Paris, Blusson, 1996, Kant et Picasso, le "Bordel philosophique", Nîmes, Jacqueline Chambon, 2000. Arts et nouvelles technologies, art vidéo, art numérique, Paris, Larousse, 2003, etc.)
    Elle consacre six ouvrages au poète — Antonin Artaud, Portraits et Gris-gris,(Blusson, 1984 et 2008), Antonin Artaud, Voyages, 1992 ; Antonin Artaud, les couilles de l'Ange, 1992 ; Sur l'électrochoc, le Cas Antonin Artaud, 1996 ; La Chine d'Antonin Artaud/le Japon d'Antonin Artaud, 2006 et une biographie : C'était Antonin Artaud (Fayard, 2006).
    En 1994-1995, Florence de Mèredieu adresse au Monde et à Libération deux Lettres ouvertes jamais publiées sur l'Affaire Artaud.

    Elle a collaboré à de nombreuses revues et ouvrages collectifs (Parachute, Art Press, Communications, Les Cahiers du Centre Georges-Pompidou, La revue d'Esthétique, Vertigo, etc.). Entre 1978 et 1991, elle écrit régulièrement dans La Nouvelle Revue Française (revue de Gallimard).

  • NICOLAS ROZIER ❘ L'ECROULOIR

     

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    Nicolas Rozier, poète (L'espèce amicale, Fata Morgana, 2006) et peintre (en tant qu'illustrateur notamment, il a accompagné des ouvrages dédiés à Guillevic et Charles Dobzynski), est l'auteur de L'Ecrouloir, une réflexion en forme de prosepoème sur l'un des derniers dessins d'Antonin Artaud.

    Il rend compte dans l'éclat d'un verbe élucidant de ce trait d'Artaud qu'était Artaud. Sa pratique (et connaissance) du trait jette un faisceau de grandes et belles lueurs.

    Artaud et le dessin : voici plus de clartés.

    Artaud et le regard : nous y voyons mieux.

    L'ECROULOIR

    NICOLAS ROZIER

    Editions de Corlevour

    45 pages, 10 €

    SITE DES EDITIONS CORLEVOUR

     

  • LUNA PARK ❘ ANTONIN ARTAUD

     

     

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    Marc Dachy nous écrit :

    Où en est la revue « Luna-Park » face aux poursuites intentées contre elle par un ayant-droit d’Antonin Artaud ?

     

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    En janvier 2003, le premier numéro de la nouvelle série de la revue « Luna-Park » publie un texte inédit d’Antonin Artaud, « Le corps humain », qui lui a été confié par Paule Thévenin, éditrice des œuvres d’Artaud chez Gallimard.

    Après un échange de correspondances entre M. Marc Dachy et l’ayant-droit, le 17 septembre 2004 est signifiée à Luna-Park ainsi qu’au directeur de publication une assignation à comparaître devant le Tribunal de Grande Instance de Paris.

    L’ayant-droit demande au tribunal de déclarer « Luna-Park » et M. Marc Dachy coupables de contrefaçon ; leur interdire de reproduire « Le corps humain » sous astreinte de 500 € par infraction constatée ; de confisquer le texte « Le corps humain » ; les condamner à payer 20.000 € de dommages et intérêts au titre du préjudice patrimonial ; les condamner à payer 20.000 € de dommages et intérêts au titre du préjudice moral ; ordonner la publication du jugement ; ordonner l’exécution provisoire ; les condamner à payer une somme de 5.000 € au titre de l’article 700 du Code de procédure civile ; les condamner aux dépens (soit au minimum 45.000 €).

    Le 25 avril 2007, la troisième chambre, troisième section du Tribunal de grande instance de Paris juge que « la masse contrefaisante étant limitée, la somme de 1.000 € réparera ce préjudice patrimonial ; que, l’œuvre litigieuse n’ayant pas été divulguée auparavant, l’appelante a violé le droit moral de l’intimé ; que la somme de 3.000 € réparera ce premier préjudice moral ; que, l’œuvre litigieuse étant difficile à déchiffrer, l’appelante a porté atteinte à son intégrité ; que la somme de 3.000 € réparera ce second préjudice moral ; qu’il y a lieu d’ordonner l’exécution provisoire ; que, en sus des dépens, 3.500 € devront être versés à M. Serge Malausséna au titre de l’article 700 du Code de procédure civile (soit un total de 10.500 euros).

    Devant ce résultat qui met en péril une modeste unité d’édition, M. Marc Dachy, président du conseil d’administration de l’association, confie le dossier à Maître David Lefranc, avocat spécialisé en propriété intellectuelle.

    L’association Luna-Park Transédition interjette appel de cette décision le 10 octobre 2007 par ministère d’avoué. Le 6 février 2008, Maître Lefranc dépose de premières  conclusions au soutien de son appel. Le 2 mai 2008, M. Serge Malausséna y répond. Le 21 octobre 2008, Maître Lefranc prend de nouvelles écritures au soutien de la revue « Luna-Park ». Celles-ci comportent soixante-treize pages augmentées de nombreuses pièces justificatives et un choix parmi les témoignages de sympathie spontanés significatifs adressés à la revue.

    L’affaire pourrait être plaidée courant mars 2009 devant la  Cour d’appel de Paris.