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L'inouï est un adjectif insuffisamment employé en musique. Le rare, l'exceptionnel et le déroutant ne font pas cohorte en ces temps où l'ordinaire est impérial. Seulement, il existe encore quelques têtes de mule, opiniâtres musiciens, obstinés compositeurs qui regimbent à se soumettre aux règles du commerce. C'est le cas de Clogs, quatuor américain dont le programme est d'abattre les cloisons qui divisent les genres et opposent les époques. Rien de semblable, tel pourrait être la devise de cet ensemble acoustique : violon, guitare, contrebasse, percussion. Stick Music, troisième opus, est un album dont on ne saurait dire s'il appartient au jazz, au post-rock ou à la musique savante contemporaine. Et peu importe d'ailleurs s'il se dérobe à toute griffe. Les références y sont multiples qui nous déplacent et nous remuent. L'univers de Clogs englobe l'Inde, l'Afrique, la musique klezmer. On y reconnaît des ambiances qui nous rappellent parfois les combinaisons instrumentales et mélancoliques des Rachel's, de Sigur Ros, le jazz de chambre de Tin Hat Trio, la profondeur et la transcendance d'Arvo Pärt, les mélodies aériennes de Toru Takemitsu. Cette musique de mystère (un mot qu'il faut comprendre au sens médiéval) a la densité d'une forme dure et cependant laineuse, comme un nuage qui nous porterait au-dessus des forêts. Guy Darol
Comme toujours, Philippe Robert est impeccable. En témoignent Rock, Pop, Un itinéraire bis en 140 albums essentiels, Great Black Music, Un parcours en 110 albums essentiels, Musiques Expérimentales, Une anthologie transversale d'enregistrements emblématiques, trois ouvrages totalement indispensables, parus aux éditions Le Mot et le Reste. Avec Jean-Sylvain Cabot, spécialiste du hard rock et ancien collaborateur de Rock & Folk, il décrit en une centaine de tableaux l'aventure du hard rock et du heavy metal à partir de 1966. Ce premier tome - un second devrait bientôt paraître - est placé sous le signe de Sonic Attack, nom d'un titre d'Hawkwind sur lequel chante l'écrivain de sci-fi Michael Moorcock.
Sélection d'albums significatifs d'une trajectoire coupée d'autres trajectoires (speed metal, glam metal, thrash metal, doom metal, grindcore ...), ce premier tome, qui nous emmène jusqu'en 1978, met en vedette les évidents (Led Zeppelin, Black Sabbath, Iron Butterfly, Mountain, Ten Years After, AC/DC, Judas Priest, Motörhead...) mais jette sa lumière documentée sur des groupes que l'on veut aussitôt découvrir ou redécouvrir. Ainsi de Gun, de Blue Cheer, de T2, de Josefus, y compris des Variations de Marc Tobaly naguère salués par Lester Bangs. Le volume bien nourri aiguise l'appétit d'écoute. L'ouvrage se lit de manière haletante. On ne peut passer outre.
Née le 20 décembre 1935, Aube est la fille d'André Breton et de Jacqueline Lamba. En décembre 1956, elle épouse le poète et peintre Yves Elléouët, auteur du Livre des rois de Bretagne (Editions Gallimard), de Falc'hun (Editions Gallimard) et de Tête Cruelle (Editions Calligrammes). De 1938 à 1966, André Breton se fait l'épistolier qui adresse à sa "petite fée" un grand nombre de lettres, cartes postales, collages et dessins. Les Lettres à Aube viennent de paraître, un volume de 174 pages émaillé d'impressions de voyages, d'évocation de la maison de Saint-Cirq-Lapopie, de nouvelles du surréalisme mais également de réflexions au quotidien sur les résultats scolaires de sa fille, l'argent de poche, l'alunissage de la sonde soviétique. Une mine pour en apprendre sur André Breton et la vie ordinaire.
Jeudi 22 octobre, deux épisodes inédits des Carnets Filmés de Gérard Courant seront projetés au cinéma Eldorado de Dijon.
BURGUNDIA II
(2007, 1 heure 2 minutes)
PROMENADE DANS LES LIEUX DE MON ENFANCE DIJONNAISE
(2008, 1 heure 8 minutes)
GÉRARD COURANT est un cinéaste spécialisé dans les films au long cours. On connaît son CINÉMATON qu’il tourne depuis 1978 et qui dure environ 150 heures. On connaît moins ses CARNETS FILMÉS qu’il a commencés dans les années 1970, qu’il poursuit aujourd’hui et dont la durée dépasse les 100 heures. Les CARNETS FILMÉS sont des archives cinématographiques qui regroupent toutes sortes d’éléments épars : essais, notes, croquis, esquisses, repérages, reportages, voire des rushes ou des films inachevés rassemblés ici pour former un ensemble proche de l’esprit d’un journal en littérature ou des cahiers de croquis ou d’esquisses chez un peintre.
Jusqu’en 1992, les CARNETS FILMÉS de GÉRARD COURANT ne sont pas montés. Ils sont seulement conservés et classés dans un ordre chronologique de tournage. A partir de cette date, GÉRARD COURANT a commencé à monter les premières années en y adjoignant des inter-titres, un peu à la manière du cinéma muet. C’est en 1995 avec l’épisode LE PASSÉ RETROUVÉ que les CARNETS FILMÉS sont montés à mesure de leur tournage. Ces épisodes recouvrent des périodes allant en général de six mois à un an (et parfois même deux, voire trois ans) et durant entre 45 minutes et 2 heures. Peu à peu, ils sont transférés sur support numérique et GÉRARD COURANT les sonorise en composant des partitions sonores sur ce nouveau support.
Parallèlement à ses CARNETS FILMÉS en cinéma Super 8, GÉRARD COURANT tourne également des CARNETS FILMÉS en vidéo dont les épisodes recouvrent des durées beaucoup plus courtes. (De nombreux épisodes anciens ne sont pas encore montés ou sont en cours de montage). Certains épisodes recouvrant seulement quelques jours, voire un seul jour comme sa trilogie ALICUDI, filmée sur trois journées en 2007.
En 2007 et 2008, GÉRARD COURANT a filmé une dizaine d’épisodes avec téléphone portable qu’il a rassemblé sous le titre de DÉCALOGIE DE LA NUIT. Ces épisodes ont la particularité d’exister en deux versions différentes, le cinéaste oeuvrant un peu à la manière de musiciens qui composent des variations d’une même pièce sonore.
GÉRARD COURANT a terminé à ce jour 90 épisodes de ses CARNETS FILMÉS : 33 sur support cinéma Super 8, 38 sur support vidéo et 19 avec téléphone portable. En 2009, l’ensemble de ce film en cours de tournage perpétuel dure 102 heures.
Filmographie Carnets filmés en Super 8
1977 : Aurore collective (1er janvier 1971 - 31 décembre 1977) 30 minutes.
Subject to Change opère un virage dans l’œuvre du clarinettiste-basse Denis Colin. Entouré d’une dizaine de musiciens de la scène parisienne, il invite sur ce nouveau projet le saxophoniste New-Yorkais Tony Malaby.
La bande originale du premier long métrage de Jordan Galland, Rosencrantz And Guildenstern Are Undead, signée Sean Lennon, sera disponible le 11 novembre prochain sur le label Chimera Music qui vient tout juste d'éditer le nouvel album de Yoko Ono avec le Plastic Ono Band (une réussite largement épaulée par Keigo Oyamada alias Cornelius).
Score instrumental d'un film de vampires shakespearien, cette BOF est renversante de bout en bout. Computerisé, avec le concours de Kool Keith et Miho Hatori (Cibo Matto) sur le titre Desire, ce troisième album de Sean Lennon est un joyau sonore qui appelle des comparaisons avec Ennio Morricone, François de Roubaix ou Lalo Schiffrin. Les quinze pièces du score s'emboîtent dans un monumental crescendo dont la principale vertu est de toucher au cœur. Peu de moyens, peu d'effets mais un sens aiguisé de l'émotion. Cette bande originale est d'ores et déjà à ranger parmi les chefs-d'œuvre du genre.
"Augusto Pinochet, depuis 1973 et jusqu'à son incarcération à Londres a incarné le poids de la nuit"
Voici un livre (un plus que livre) de Bienvenuto Merino publié à 100 exemplaires. Le mystérieux Bienvenuto Merino est l'autre nom de celui qui posa sa signature sur Diarrhée au Mexique, ouvrage qu'il convient de ranger aux côtés de ceux d'Antonin Artaud, Jean-Pierre Verheggen, Pierre Guyotat et Jean-Pierre Risset. Une sorte de classique contemporain. Publiée, il y a neuf ans, sur beau papier, cette alerte comprend la "Déclaration des prisonniers politiques de la prison de haute sécurité de Santiago du Chili", un extrait d'Extradition et jugement de Pinochet en Espagne, texte lu au grand meeting de la Sorbonne, le 5 février 1999, des dessins de Merino accompagnés de lignes poétiques de Oscar Wladyslav de Lubiez Milosz.
Les dessins de Merino mettent en scène un cercueil s'apparentant à kit au sujet duquel Merino écrivait en 1999 : « J'ai un certain goût de l'esthétisme et une lassitude pour les formes banales de constructions répétitives en ce qui concerne les cercueils. Pour Pinochet-général et sanglant dictateur-voici un « lit de mort » hors du commun. Cette position mi-assise, mi-allongée est sans doute la plus fréquente du vieux général, dans l'attente d'une décision du ministre britannique de l'intérieur. Beaucoup d'hommes et de femmes épris de justice doutent qu'il y ait un jugement de l'ex-dictateur en Europe et encore moins au Chili. Dès 1973, Pinochet avait voulu stopper un processus de démocratisation au Chili ; il avait choisi le coup d'Etat, c'est-à-dire la destruction. « La guerre est le cercueil de la prospérité » presque toutes les religions du monde nous font concevoir la mort comment le jugement dernier ; certains passages de l'Apocalypse précisent que ce jugement ne pourrait avoir lieu qu'à la fin de l'humanité, au moment où l'on sera en mesure de juger d'une manière définitive des conséquences ultimes nos actions dans le monde, qui en fait, nous échappent et sont toujours changeantes. La nature ne nous a point donné un instinct qui nous permettait de deviner le moment précis de notre mort. Il en résulte que l'idée de la mort n'est pas, pour l'homme, une idée précise, mais un sentiment indéterminé d' « angoisse ». ont ne peut pas dire que l'on ait «peur » de la mort dans la mesure où la peur se réfère à un objet déterminé ; L'angoisse, au contraire, n'évoque pas un objet déterminé, mais plutôt une présence vague et latente, une possibilité permanente dont les maladies, les dangers extérieurs, la fatigue de l'organisme sont les signes annonciateurs.
Ce cercueil en pente douce a une forme bien singulière. Quelque part, il attend, même si on sait bien qu'en aucun cas Pinochet n'y reposera ».
Le bel et fuligineux ouvrage toujours disponible nous rappelle qu'il y a dix ans Londres avait rattrapé Pinochet.
Vendredi 16 octobre, de 13h00 à 14h30, PLACE AUX FOUS-Musique vous convie à une promenade impressionniste dans l'univers de Frank Zappa. 1h30 de musique et de pur plaisir. Bongo Fury!
Friday the 16th of october, from 1pm to 2.30 pm, PLACE AUX FOUS-Musique will pay a tribute to Frank Zappa. The secret word for this show is "Let the music do the talking".
Une foule allait et venait ce samedi 3 octobre 2009, dans le 11e arrondissement de la Capitale, chargé d'histoire. Public nombreux, déambulant, venu à L'automne du Génie comme si un événement allait se passer, allait surgir. L'hésitante foule, chercheuse de spectacles annoncés ou de chroniques de décapitations sanglantes, se promenait dans les allées des jardins d'un Paris mythique, allait flâneuse au devant des surprises : ci et là, œuvres de plasticiens et de rêveurs. Il est vrai que le public habituel est en partie fait de parents accompagnant leurs enfants dans les squares et jardins, comme dans des jours ordinaires, mais ce samedi était bien particulier, square de la Roquette. Devant la très belle fontaine aux jets d'eau scintillants et qui jaillissait d'éclats de soleil et de pièces musicales du XXIe siècle, glissant entre les doigts. Ce public, lui-même poète, et ses enfants rêveurs, faisait face à des personnages aux visages de lune, les yeux dans les étoiles et se retrouvant acteurs par surprise sur une scène naturelle, improvisée, semée de jouets, d'ours en peluche et de cuillerées de confiture de mirabelle offertes uniquement aux femmes et aux enfants par l'artiste Hernani Cor, saltimbanque, bonimenteur et nourricier d'une ribambelle de bambins tournant en ronde permanente autour de l'artiste généreux portant au poignet des ballons gonflables aux formes de grains de raisins murs récemment vendangés, comme si le poète Hernani était le Messie. Une belle manière de rendre hommage aux Mères Courageuses, qu'ici même, avaient dû affronter la "veuve", la "mirabelle", au tranchant terrible de la décapitation. Les arbres, habillés de poésie d'artistes et de « roquette » , pour la circonstance, par la poétesse Christiane Blanc, rayonnaient et bruissaient, se souvenant aussi des cris et des pleurs des familles des victimes, dignes et courageux, et que l'artiste sculpteur en un tour de magie avait recueilli, pour le souvenir ; cette petite plante Erica sativa avait poussé, ici même, bien avant que la prison fut prison. Il faut du temps, des semaines, sinon des mois de patience pour revoir sous ses yeux refleurir cette petite espèce, aujourd'hui presque disparue, en ces lieux d'enfermement et de tragédie qui marqua à jamais les hommes, les femmes et la famille du peuple de France, qui, horreur, subirent le châtiment capital.
Marcel Roger photographié par Gérard Lavalette
Puis, trois secondes suffirent, et vint l'instant attendu, inattendu. Le public attendait sans attendre. Il y eu l'effet surprise, rien que ça. Un homme sans tête arriva tout bonnement, un poste-radio à hauteur d'oreilles qu'ils n'avaient pas, la radio diffusant des airs sans air ; et des mots rauques s'échappaient du corps bien vivant de ce personnage qui semblait vouloir dire des mots du rêve, des mots uniques, jamais entendu, jamais prononcés auparavant depuis l'histoire des hommes : rêver, rêver, retrouver toute sa tête, retrouver ses esprits, rêver, rêver, libre, être libre. Les enfants en admiration, n'étaient pas effrayés, loin de là. Trottinant, ils semblaient en communion avec cet homme étrange, humain, mais dont l'histoire n'avait pas fait de cadeau en lui déposant sa tête. Terrible, le supplice subit, mais le regard enfantin de ces petits hommes et petites femmes semblaient normal, rien qui puisse les choquer, rien d'épouvantable, d'extraordinaire, tout était normal. Voir un homme sans tête n'était pas tragédie, c'était plutôt cirque et fantaisie, amusement et théâtre des choses naturelles de la vie ; tout simplement, un des leurs était là, presque normal, sans tête mais sans sang, sans blessures visibles. Et puis, fait extraordinaire, l'homme sans tête se mit à danser, danser, danser sur une musique douce de brise montante dans les cieux : dans cette dance il fut sublime, aérien, virevoltant et naturel. Tel un flocon de neige, il rejoignait les étoiles ; là, ce n'était pas une danse de mort, mais la danse de l'espérance, la voltige insensée qui fait que les disparus reviennent au-devant de la scène en héros, tranquille et sage sans être résignés, merveilleux et vivant, tragique et sublime. Personne ne redoutait les cris, ni ne se satisfaisait des oh ! d'exclamation et d'admiration. Tous savaient qu'un moment précieux s'inscrivait dans les annales, laissant trace à des souvenirs d'un autre siècle, et faisant se rapprocher les hommes et les femmes, leur offrant rêve et beauté, magie sans tragédie. Le spectacle ne durant pas longtemps, suffisamment pour l'histoire, assez pour ces enfants, futurs hommes, qui se rappelleront du poème magnifié, du personnage élégant près des étoiles, accompagné, mot par mot, par le chevalier des poètes, Marcel Roger, revenu un court instant auprès de l'homme sans tête, pour la fête, pour l'offrande.
L'après-midi, ne s'arrêtait pas là, la fête se poursuivit dans d'autres lieux, d'autres jardins, dans les ateliers d'artistes, ou dans des chambres, là où chacun de nous se retrouve dans l'euphorie de l'intimité où il se donne corps et âme, majestueux, généreux, artiste née avec des trésors uniques et porteurs d'élégance et de génie. « La vie entière de l'âme humaine est mouvement dans la pénombre. Nous vivons dans le clair-obscur de la conscience », écrivit Fernando Pessoa.
LIEUX DE MEMOIRE
Il fait nuit et nous voici donc de nouveau retrouvé, ensemble, chez le poète Marcel Roger, à quelques longs pas du cœur de l'arrondissement et pas très éloigné d'une certaine rue des Boulets, par où les esclaves étaient trainés douloureusement, portant aux chevilles le poids de la capture pour y être enfermés à La Roquette. A priori, l'appartement de Marcel est un appartement semblable à tant d'autres. Je le connais depuis que Marcel m'y a invité il y a fort longtemps, un jour de lune pleine et, où je reviens seulement sur invitation. Ici, pas de hasard, murs et parterre resplendissent de poésie, là, entre les lames de parquets, poussent les tilleuls de son enfance, là, grimpent les idées des premiers et derniers réveils du poète enfouis dans le puits de sa mémoire. Là, les tournesols vivent et ne meurent jamais ; seulement récupèrent les moments de souffle, le temps de boire le silence du poète. On s'assoit sur un tabouret ou, sur le lit d'où on ne peut tomber de bien haut. Alors, tout près du plancher, vous découvrez les exploits contenus dans chacune des pages des spécimens précieux fabriqués par les doigts de Marcel Roger. Par affinité avec l'œuvre du cinéaste Andreï Tarkovski (L'Enfance d'Ivan, Andreï Roublev, Solaris, le Miroir, Stalker, Nostalghia, le Sacrifice), Marcel Roger a choisi de présenter des photos dans les deux pièces de son appartement et dans les couloirs souterrains et caves de l'immeuble. Des prises de vue datant de juillet 1988, dans les entrepôts de Bercy, ont déclenché le souvenir de « Stalker » et le désir de capter, à Bercy et ailleurs, des images qui évoquent cet univers. En octobre 1989, une première utilisation de sa cave lui a permis de présenter sept photos des entrepôts. De là est née l'idée de tout un parcours souterrain.
Marcel Roger
Marcel Roger
Marcel Roger
« Les ombres qui m'animent me font préférer les images réfléchies. Je m'efforce de ne voir, du monde, que ce qui me plaît. J'adapte la réalité à mon état d'esprit. Cette création, dit-il, m'a conduit à la source de la photographie : l'écriture avec la lumière. Avec des lampes de poche, je découvre les caves de mon immeuble. Avec des bougies, des lanternes, j'éclaire des intérieurs, des objets, des visages. Moi aussi, j'essaie de montrer ce que je cache : la lumière creuse son chemin intérieur... traces d'hier, espoir projeté... Le désir pose le plaisir, minutes d'éternité, désenvoûte la mort... (Sara Lemasle). C'est comme un devoir : je dois toujours « creuser le même sillon ». Je reviens sur mes photos, rentre en elle, les transforme, les rephotographie. J'aimerais tant que l'image accouche de sa matière originelle ! La cave, le grenier, sont des lieux magiques qui font ressurgir des souvenirs d'enfance (découvertes, peurs, mystères...). Mes images reviennent dans différences versions : sur les murs, les portes, les cloisons, délaissées en quelques endroits. Elles prennent place dans un album. Les photos de famille, sorties de l'album, retrouvent un cadre. Certaines photos cherchent à remplacer les tableaux, devenir icônes. L'appartement, par son décor intérieur, l'agencement des objets, évoque le passé d'une part de nous-mêmes, restitué par Tarkovski. Des photos ont été prises dans les caves et leurs couloirs. Les spectateurs essaieront de les retrouver au cours de leur voyage sous terre. Les éléments, la matière imprègnent les photos comme la réalité délabrée de ces caves où des faisceaux lumineux créent un autre espace. Je souhaite que mes photos soient des miroirs qui renvoient à chaque spectateur un coin de sa mémoire ; qu'elles renvoient aussi à Tarkovski et à ses films. Le souvenir, la catastrophe sont les thèmes éthiques de ses œuvres. La réflexion qu'elles suscitent, les émotions qu'elles procurent demeurent, en dépit de l'éphémère des événements, des lieux, des êtres... » Bienvenu Merino
Tant que l'on séparera Yoko Ono de son passé d'artiste associé au groupe Fluxus, où elle côtoie George Maciunas, John Cage et La Monte Young, sa voix restera prisonnière des glapissements du primal scream. Ses œuvres « à instructions », ses films brefs (« Bottoms ») témoignent d'un vrai talent au même titre que « Yoko Ono/Plastic Ono Band », l'album qui regarde en miroir le « John Lennon/Plastic Ono Band ». Enregistré au cours d'une nuit d'improvisation, à la manière d'un événement Fluxus, l'artefact (incluant Ornette Coleman) contient de belles pièces post-dada résolument pré-punk. Guy Darol