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  • PASCAL SIGODA ❘ AU SIGNE DE LA LICORNE

     

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    Il y a six ans je fus contacté par Olivier Houbert pour collaborer à un volume collectif dédié à André Hardellet. L’ensemble qui devait voir le jour aux éditions L’Âge d’Homme resta en léthargie au point que je n’y pensais plus.

    medium_Numeriser0013.4.jpgVoici quelques jours, Pascal Sigoda qui dirige Au signe de la licorne m’avertit que le livre paraîtra sous sa propre enseigne. Aucun des éditeurs approchés n’ayant souhaité prendre le risque d’une édition portant le nom d’André Hardellet, l’ardent prosélyte des écrits de Dominique de Roux s’est engagé à faire vivre cette célébration.

    Il ne s’agit rien moins que de défendre l’œuvre d’un écrivain auprès duquel on peut accoler, sans bluffer, les noms de Marcel Proust et de Léon-Paul Fargue.

    Immense mais qui vend peu.

    Voici où nous en sommes : la littérature ne peut être (et Hardellet appartient à son histoire prestigieuse) si elle ne garantit une retombée de brouzoufs.

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    Autant dire que nous serions depuis longtemps marioles et au régime sec sans l’opiniâtreté de quelques éditeurs (puisque un éditeur a pour vocation de donner vie) qui assumèrent, durant des décennies, la prise de risque aventureuse, celle qui consiste à distribuer aux lecteurs la part du butin.

    La liste de ces éditeurs tend évidemment à s’étioler au fil des ans. Ceux qui disparaissent n’étant pas renouvelés.

    C’est pourquoi je veux rendre hommage à Pascal Sigoda (régent du Collège de Pataphysique) et à son enseigne à corne et gidouille qui persiste à moissonner le rêve des lecteurs friands de littérature singulière.

    En effet, Pascal Sigoda bâtit depuis quelques années un catalogue en dehors des modes dont il ne tire aucune ressource plus-valutaire. Il agit uniquement par plaisir et pour le bonheur des aficionados de grands styles. Qu’on en juge :

    ►Augiéras, une trajectoire rimbaldienne, dossier établi par Paul Placet et Pascal Sigoda

    Dominique de Roux – Louis-Ferdinand Céline, dossier établi par Pascal Sigoda

    André Malraux. Entretiens avec Tadao Takameto

    Luc Étienne, ingénieur du langage

    Politique de Dominique de Roux

    ►Chronique des Arts ménagers, Alexandre Vialatte

    Chroniques de Flammes et de Fumées, Alexandre Vialatte

    L’homme qui trottine…, Manuel Alba

    L’Herne d’avant les Cahiers – Dominique de Roux

    L’Auvergne insolite : Petit guide pataphysique

    Chroniques cinématographiques, René Daumal

    medium_Numeriser0017.3.jpgCorrespondance(s) Jean Dubuffet – Alexandre Vialatte, dossier établi par Walter Lewino, Delphine Hautois et Marianne Jakobi.

    Tous ces titres ne constituant qu’un extrait du catalogue que viendront enrichir prochainement :

    Ezra Pound/Dominique de Roux

    Une semaine de bonté, Patrick Cloux

    André Hardellet, dossier établi par Olivier Houbert et Pascal Sigoda

    Au Signe de la Licorne

    Pascal Sigoda

    36, avenue Carnot

    63000 Clermont-Ferrand

    Tél. 04 73 90 15 46

    ausignedelalicorne@yahoo.fr

    A propos du catalogue

    Société des lecteurs de Dominique de Roux

  • GUY DAROL PARLE DE JOSEPH DELTEIL LE 28 SEPTEMBRE A BREST

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    Joseph Delteil (1894-1978) ne suscite plus l'empressement des plumes médiatiques. Il n'est pas dit cependant que nous renoncerons à porter ce nom synonyme de résistance à la civilisation technicienne. Nous éleverons, autant que nous le pourrons, des statues multicolores à cet oriflamme de joie, grand maître de la littérature épique et du verbe cubiste.

    Celles et ceux qui souhaiteraient en connaître plus (et même encore plus) sur cet écrivain qui annonça, sans batterie fanfare, les premiers exodes hippie et une foi dans l'amour de la vie (bien en berne, de nos jours) digne des clameurs de Henry David Thoreau, n'ont qu'à venir à ma rencontre le 28 septembre 2006 à 18h.

    Facile, je me trouverai au Café de la Librairie Dialogues dans lequel on peut se rendre par la rue de Siam.

    Car c'est dans le Finistère, à Brest, oui, à Brest même, que j'évoquerai le nom de Joseph Delteil, son écriture au vent et cette littérature qui croit à des issues radieuses.

    LIBRAIRIE DIALOGUES

    Forum Roull

    29200 Brest

    02 98 44 32 01

    Rencontre autour de Joseph Delteil

    JEUDI 28 SEPTEMBRE

    18h

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  • LESTER BANGS ❘ JIM DEROGATIS

     

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    Parue en 2000 chez Broadway Books/Random House, la biographie de Lester Bangs (1948-1982) vient de nous arriver, traduite par Jean-Paul Mourlon. Son auteur, Jim DeRogatis, connaît bien son sujet. Non seulement il a rencontré Lester Bangs mais il a approché la plupart des témoins.

    Spécialiste des musiques psychédéliques et défricheur de la littérature rock, Jim DeRogatis possède, de surcroît, les bases utiles pour exposer une trajectoire où il est utile de maîtriser tant soit peu la culture littéraire étatsunienne du siècle dernier.

    Tout d’abord parce que Lester Bangs inscrit son nom au sein d’un nouveau courant, le gonzo journalism, genre dont Hunter S. Thompson est l’initiateur et qui inaugure, en littérature, une nouvelle méthode consistant à placer le moi au devant de toute réflexion.

    Dans l’énonciation du phénomène rock, à la fin des années 1960, Lester Bangs est le premier rock critic à exercer la pratique de la parole subjective tout en laissant aller une plume rapide, généralement caustique et nourrie d’images qui résultent autant des procédés mis au point par Brion Gysin et William Burroughs que du flux verbal introduit par Jack Kerouac. Admirateur de ce dernier, il construit un style où les analogies syncopées et les coïncidences-farces renvoient, sans qu’ils les citent jamais, aux imprécations et aux formules d’Arthur Cravan et de Francis Picabia.

    Avec lui, l’événement rock devient prétexte à des correspondances, à des glissements qui emmènent le journalisme sur le terrain de la littérature.

    Enfin cette nouvelle pratique s’appuie sur une technique jusque là ignorée des rédactions car elle privilégie l’affrontement. Lester Bangs considère, en effet, qu’il importe de secouer les statues pour faire entendre le bruit du dedans. L’épisode le plus notoire étant celui de sa rencontre avec Lou Reed dont il parvient à faire sauter la pose favorisant ainsi  l’expression de vérités aiguës.

    Jim DeRogatis ne se contente pas de narrer, dans leur succession chronologique, les faits qui aboutiront à la destruction physique de Lester Bangs à force d’alcool et de dragées multicolores, il explique la genèse d’un effondrement.

    Et c’est en explorant le pays de l’enfance que le biographe trouve tous les éléments constitutifs de la chute autant que les raisons qui poussent Bangs à écrire profusément comme s’il fallait aller vite, le plus vite possible. L’écriture nous apparaît alors comme une réflexe de survie, l’autre remède (avec les alcools, sirops et comprimés) à la souffrance native.

    Né d’une mère Témoin de Jéhovah et d’un père calciné dans un incendie, âgé de 41 ans, Lester se construit dans l’effroi et le manque d’amour. La drogue et la littérature constituent pour lui deux échappées qui dessinent la forme du chaos. Même s’il cherche éperdument un socle sentimental, il ne parvient jamais à inscrire ses élans lyriques dans une quelconque durée. Aimé des femmes, il ne peut qu’inventer ce don que l’on reçoit, en preuves constantes, tout au long de l’enfance. Lester n’a rien à offrir que son génie flambé et qui brûle lentement comme un écho démultiplié de la mort du père.

    Il devient le meilleur journaliste de Creem, sorte d’organe somptueux de la contre-culture américaine, le prosélyte punk (il en popularisa le mot) et l’agent de propagation du heavy metal. Ses articles ( dans Rolling Stone, Fusion, Village Voice…) sont une source d’inspiration pour Nick Kent et de fascination pour Richard Meltzer, Nick Tosches et Greil Marcus.

    L’ouvrage de DeRogatis est évidemment farci de rencontres et d’évocations. On y croise de bien grandes figures : Captain Beefheart, Patti Smith, David Thomas, Brian Eno, Wayne Kramer, toutes palpables et parfaitement liées au destin de Bangs.

    medium_Birdland.jpgIl contient quelques traductions de textes qui appartiennent à la période qui précède la chute, celle où le rock critic se fait chanteur tout à fait estimable. Également une bibliographie exhaustive qui témoigne qu’en 32 ans d’existence Bangs n’a cessé d’écrire pour ne pas devenir fou ou, simplement, pour ne pas hâter le crépitement du feu. Guy Darol

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    Lester Bangs

    Mégatonnique Rock Critic

    Jim DeRogatis

    tyle="color: #000000;">Éditions Tristram, septembre 2006

    377 pages, 24 €

    En librairie le 29 septembre 2006

    Psychotic Reactions & autres carburateurs flingués

    Lester Bangs

    Editions Tristram

    Fêtes sanglantes & mauvais goût

    Lester Bangs

    Editions Tristram

    Long-box anthologique 3 CD

    Bande-son de la vie et de l’œuvre de Lester Bangs

    45 titres comprenant des titres connus ou méconnus de Count Five, Iggy and the Sttoges, Richard Hell, Rocket From the Toms, Pere Ubu, Shadows Of Knight, MC5, The Byrds, Bob Dylan, Van Morrison, Rod Stewart, The Vibrators, Wet Willie, The J. Geils Band, Lester Bangs and the Delinquents, Ornette Coleman, Miles Davis, Television, Patti Smith, Toots and the Maytals, Max Romeo and the Upsetters, U Roy, Peter Tosh, The Clash, Public Image Ltd, Captain Beefheart, The Runaways, Black Sabbath, Nico, Wire, Brian no, Alice Cooper, The New York Dolls, The Velvet Underground, Lou Reed, Mott The Hopple, Elvis Presley, Suicide, Kraftwerk.

    Livret de 20 pages avec des textes de Lester Bangs et des photos extraites de sa biographie.

    SONY BMG, septembre 2006

    Turn On Your Mind

    Four Decades Of Great Psychedelic Rock

    Jim DeRogatis

    Hal Leonard, 2003

    Kill Your Idol

    A New Generation of Rock Writers

    Jim DeRogatis

    Barricade Books, 2004.

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    Almost Famous

    Film de Cameron Crowe, 2000

    Avec Philip Seymour Hoffmann dans le rôle de Lester Bangs

    Enfin, voici l’album hautement recommandé par Lester Bangs. Celui qu’il faut prévoir en cas de naufrage et d’île déserte.

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    VAN MORRISON

    Astral Weeks

    WARNER, 1968

    Cet Irlandais de Belfast rend aujourd’hui hommage à Hank Williams et Big Joe Turner. « Pay The Devil », son dernier album (mars 2006) sonne comme une dette acquittée. Van Morrison est un soulman blanc et son grain de voix unique roule les peines de Solomon Burke, les misères de Bobby Womack. En 1968, à 23 ans,  il enregistre « Astral Weeks », séminal album qui ouvre des voies aux complaintes pop. Les meilleurs (Elvis Costello, Willy Deville, Bruce Springsteen) avouent leur descendance dans le sillage de ce huit titres historique. Tant de protestataires ont adopté l’accent de cet artefact-brûlot qu’il est troublant d’écouter « Sweet Thing » et n’importe quel track de Tracy Chapman. Par exemple. Guy Darol

    Website de Jim DeRogatis

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  • FRANK ZAPPA ILLUMINATI BOOTLEGS

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    Il n'y a pas que la Zappa Family Trust qui produise des disques, le Zappa Fan Trust qui oeuvre dans l'ombre vient de réaliser Fillmore West 70, concert du 11 juin 1970 et First Tango In Paris, capture du show à l'Olympia, octobre 1968.
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    Le ci-dessous DVDR n'est autre qu'un bonus au Some Time In New York City (1972), l'album live de John Lennon et Yoko Ono enregistré au Fillmore East avec Frank Zappa en featuring. Il en existe 200 copies.
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    Au passage, n'oubliez pas de visiter www.united-mutations.com et de me renseigner, si toutefois vous étiez présents au concert de l'Olympia. Tous vos témoignages me réjouissent d'avance.

  • MATT ELLIOTT ❘ FAILING SONGS

     

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    Dans un monde perpétuellement menacé par les nouvelles alliances de la religion et de l’hyperterrorisme, les compositions musicales de Matthew Herbert et de Matt Elliott tracent une voie en faveur de l’art au service de la conscience vive.

    The Third Eye Foundation est le pseudonyme de Matt Elliott, un compositeur originaire de Bristol qui décrivit en cinq albums une nouvelle orientation de l’electronica, résolument mélancolique et spirituelle. Depuis qu’il s’est découvert des origines slaves, Matt Elliott écrit une musique sourcière, mêlant sonorités russes et byzantines. Maître des musiques électroniques (à égalité avec Boards Of Canada), il donne forme depuis The Mess We Made (Domino, 2003) à une œuvre sans pareille dans l’univers néo-folk.

    medium_Numeriser0007.4.jpgDrinking Songs (Ici d’ailleurs, 2004) révélait un chant proche de la plainte aux accents de fées, Failing Songs est une collection de titres où les chœurs porté par un ensemble organique (guitare, claviers, cordes) traduisent la décision d’échapper au fléau de la renonciation. Car sous l’impression cotonneuse fournie par une voix épelant les nuées, cet album porte un message éminemment politique, celui d’amener l’esthétique sur un terrain aujourd’hui occupé par les forces en guerre de l’économie.

    Sans doute peut-on simplement s’énivrer de cette splendeur sonore (laquelle évoque autant medium_Numeriser0006.4.jpgPascal Comelade que Robert Wyatt) sans atteindre le cœur du propos. Mais Failing Songs est de ces œuvres qui méritent l’écoute intensive et la recherche du sens caché. C’est pourquoi cet album est bien celui qu’il faut arracher aux bacs où s’amoncelle l’insignifiant et cela sans attendre le prochain attentat.

    Enfin, Matt Elliott qui n’est pas un go-between intense des scènes parisiennes sera en concert le dimanche 8 octobre au Café de la Danse et il est tout aussi indispensable d’aller à sa rencontre. Guy Darol

    MATT ELLIOTT

    Failing Songs

    Ici d’ailleurs/Discograph

    Sortie : 23 octobre 2006

    En concert au

    Café de la Danse

    5, passage Louis-Philippe

    75011 Paris

    Dimanche 8 octobre, 19h30

    www.thirdeyefoundation.com

    www.icidailleurs.com

    Café de la danse

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  • JEAN LUPU ET LES VALISES DE LA MORT

     

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    Après avoir publié La Bague, les éditions Michel Champendal s’apprêtent à faire paraître Les Valises de la mort, du même Jean Lupu.

    Quand un grain de sable enraye la mécanique bien huilée de votre existence, vous pouvez devenir, malgré vous, un violeur d’une créature de rêve, un assassin, un kidnappeur, un fugitif, et rencontrer l’amour et la mort.

    En quelques mots, voici le schéma de ce nouveau roman qui s’annonce noir, très noir.

    Les Valises de la mort

    Jean Lupu

    à paraître aux éditions Michel Champendal

    http://mchampendal.blogspot.com/

    Lire ici l’entretien avec Michel Champendal

  • FRANZ KAFKA EN BANDE DESSINEE

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    On connaissait les couples Céline/Tardi, Druillet/Flaubert, Gary/Verret, Proust/Heuet, Tolstoï/Rabate, ces noces éblouissantes de la littérature et de la bande dessinée. Voici L’Amérique (celle de Franz Kafka) adaptée en trois tomes par Daniel Casanave, auteur de Macbeth (d’après Shakespeare), L’Histoire du soldat (d’après Ramuz), Ubu Roi (d’après Jarry). Le graphisme envoûtant est de Robert Cara qui a publié (avec Daniel Casanave) un almanach anti-clérical.
    Le premier tome est paru. Il comprend les trois premiers chapitres du roman de Kafka. Le second tome (chapitres 4, 5 et 6) est annoncé pour la fin de l’année.



    L’Amérique – tome 1 sur 3
     Une villa aux environs de New York
     80 pages – Format 22X30 cm – noir & blanc
     20 €
     Éditions 6 Pieds Sous Terre
     www.pastis.org/6piedssousterre/
     6pieds@pastis.org

  • POETIC GLADIATOR ❘ GUY PERROT L'OCTOGENEUR

     

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    Guy Perrot aka l'octogêneur et Pascal Perrot aka Poetic Gladiator se produiront en direct live le mercredi 20 septembre à 20h au café-concert l'Éclipse, 13 avenue de Saint Ouen, 75017 Paris, Métro La Fourche.

    Entrée libre

    medium_Guy_Perrot.jpgÀ 86 ans, le doyen des slameurs, spécialiste de l'humour pitbull, sait encore mordre là où il faut.

    Quant à Poetic Gladiator, il pratique une poésie engagée, enflammée, pamphlétaire (en un mot comme en cent, hardcore) et, lorsque la fantaisie lui en prend, des raps a capella.

    Bref, vivez une soirée intense et vibrante.

    Vous pourrez dire : "J'y étais".

    Venez nombreux !

    Consulter

    http://insurrectionpoetique.mabulle.com/

  • FRANK ZAPPA ❘ KENT NAGANO

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    © Solange Guéry

    Dans la liste des créateurs les plus originaux avec qui Kent Nagano a collaboré, un nom saute aux yeux: le regretté Frank Zappa, rocker iconoclaste, guitariste virtuose, satiriste mordant, provocateur de métier et compositeur de musique dite sérieuse à ses heures.

    «Comme compositeur, je le classe parmi les grands maîtres du 20e siècle», a dit Nagano après avoir dirigé l'Orchestre symphonique de Londres dans des enregistrements d'oeuvres de Zappa il y a une vingtaine d'années.

    Même si le fondateur des Mothers of Invention n'était pas exactement un inconnu, Nagano ne le connaissait que de nom quand il l'a rencontré pour la première fois au début des années 80. Il venait d'apercevoir le nom de Zappa sur la liste de commandes qu'allait diriger Pierre Boulez («l'un de mes professeurs les plus importants»). Intrigué, Nagano a fait confirmer l'information par les assistants de Boulez puis il a téléphoné au bureau de Zappa pour savoir s'il écrivait aussi des oeuvres orchestrales.

    Zappa a communiqué avec Nagano et lui a envoyé toutes ses partitions. La légende veut qu'avant de les lui remettre, Zappa ait demandé à Nagano : «Es-tu sûr que tu peux jouer cette musique?»

    «Ça a résulté en une amitié assez spéciale, se souvient Nagano. Je suis resté souvent chez lui et on a eu plusieurs discussions importantes. Il m'a choisi pour diriger l'Orchestre symphonique de Londres (du 11 au 14 janvier 1983). Il n'était pas satisfait des performances qu'il avait entendues, il a donc choisi un chef et un orchestre en qui il avait confiance. C'est la première fois que j'ai travaillé avec le London Symphony et notre relation continue encore à ce jour.»
    Plusieurs articles ont mentionné que Zappa n'était pas satisfait de ces enregistrements, qu'il avait critiqué les musiciens de l'Orchestre symphonique de Londres. Pour en avoir discuté avec le principal intéressé, Nagano n'en croit rien.

    «Au contraire, il était profondément touché par ces séances d'enregistrement, corrige le chef d'orchestre. C'était des séances extrêmement difficiles. Évidemment, tout le monde était étonné. Zappa ne savait pas à quoi s'attendre, l'orchestre pensait «ah... de la musique légère», tout le monde était vraiment hors contexte. Mais on avait trop peu de temps pour un projet aussi énorme. Le but était de viser la perfection. Tout le monde s'est engagé avec un bel enthousiasme. Je me souviens, à la fin, l'orchestre s'est levé et a donné une ovation à Zappa. Frank avait les larmes aux yeux. C'était vraiment un moment de partage et Frank était... hum... touché.

    «C'est vrai que Frank était toujours un peu provocateur. Mais ses paroles ont été citées hors contexte. Il disait que c'était vraiment dommage qu'un compositeur doive faire avec le manque de répétitions, le manque de temps dans un système où il faut vendre des billets. Il réfléchissait à cette difficulté, mais aussi (RIRES) il se disait que c'était toujours comme ça puisque Mozart se plaignait de la même chose!

    «Pour bien jouer sa musique, ça prenait énormément de répétitions. Il faut dire aussi que les orchestres et les chefs ont évolué depuis les années 1980. Ce qui était difficile à l'époque est normal aujourd'hui.»

    Alain de Repentigny, La Presse, San Francisco