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MUSIC SOUNDS BETTER WITH YOU - Page 13

  • DE LEO FERRE A LOIC LANTOINE

     

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    Léo Ferré est inactuel. Léo Ferré est de toutes les époques, particulièrement la nôtre aux effluves de fascisme ambiant. Il est urgent de l’écouter et de ne jamais rompre le fil.

    medium_22_909.jpegOn se souvient de l’hommage rendu, en 2003, par 13 artistes. C’était Avec Léo et l’on retrouvait sur ce CD (suivi, un an après, d’un DVD) des noms de Zebda, Katerine, Miossec, Jacques Higelin, Brigitte Fontaine ou encore Bernard Lavilliers.

    L’association La Mémoire et la mer, dynamisée par Mathieu Ferré, participe inlassablement du souvenir en permettant de faire connaître des inédits ou en rééditant les anciens artefacts. Elle vient de faire paraître, en diffusion chez Harmonia Mundi, un coffret 6 CD, accompagné d’un DVD et d’un livret de 40 pages. Ensemble qui renvoie aux concerts de Léo Ferré au TLP de Paris en 1986, 1988 et 1990. Le concert de 1988 ayant été filmé par Raphaël Caussimon, digne fils du grand Jean-Roger.

    De leur côté, les éditions du Petit Véhicule poursuivent leur travail d’exégèse en publiant les Cahiers d’études Léo Ferré.

    Aujourd’hui, des chanteurs associés au fourre-tout de la nouvelle chanson n’hésitent pas à se proclamer fils de Léo sans jamais atteindre la radicalité libertaire du présumé père. Il y manque presque toujours l’éthique (qui ne souffre aucun repos) et la possibilité littéraire. Car Léo Ferré est tout autant une puissance (au sens nietzschéen du terme) qu'un poète de la colère noire.

    Or, voici Loïc Lantoine qui ne revendique aucune parenté. Et pourtant, je le dis, je l’affirme : Loïc Lantoine est le seul héritier musical de Ferré. Pour vous en convaincre, écoutez Tout est calme, album sans la moindre faiblesse. Cet exercice de rage sans trémolo nous arrive trois ans après Badaboum, premier essai foutripétant réalisé avec François Pierron.

    Écriture au scalpel, voix de rogomme qui dresse les poils de bras, Tout est calme réunit Denis Charolles (La Campagnie des Musiques à Ouïr) aux percussions, Pierrick Hardy à la guitare, Cedric Chatelain aux cuivres, bombarde et hautbois, Fantine Leprest au chant. Plus les formations de Nosfell et Samarabalouf.  L’album excellemment produit a été mitonné par Christian Olivier et Jean Lamoot (Noir Désir, Salif Keita, Têtes Raides…).

    Tout est calme est une formule inversée qui renvoie  à la tourmente de nos vies. On y retouve des textes de Christian Olivier et de Gaston Couté qui ne sont pas sans rapport avec la douleur et l’errance.

    Loïc Lantoine est le seul héritier de Léo Ferré car il sait écrire à hauteur de nos défaillances. Surtout, il chante en nous éraflant le cœur. Comme on lit Henri Calet, Emmanuel Bove la gorge souvent nouée, on écoute Loïc Lantoine avec des larmes et cette sensation n’est réelle que lorsqu’on vous parle à l’oreille et qu’une main fraternelle vient se poser sur nos épaules.

    Il faut préciser que la contrebasse de François Pierron (qui signe les arrangements) est essentielle pour le vibrato supplémentaire. Guy Darol

    LOÏC LANTOINE

    Tout est calme

    MON SLIP/WARNER

    Sortie : 6 novembre 2006

    En concert à L’Européen

    Paris

    Du 21novembre au 2 décembre 2006

    www.monslip.fr

    www.loiclantoine.free.fr

  • LE GRAND RETOUR DE PASCAL COMELADE

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    Je vous informais il y a quelques jours de la publication d'un vinyle de Pascal Comelade pressé à mille exemplaires mais voici une nouvelle nouvelle. Et pas la moindre.

    Pascal Comelade (la qualité tordant le bras de la quantité) s'est fait éjecté de Delabel ce qui n'a en rien tari son potentiel inventif. Tout de même, on pouvait craindre que la vitrinisation de son oeuvre soit un peu stoppée à cause du coup bas. Mais voici que Because (diffusion Wagram) prend le relais. Permettez-moi d'éructer un grand ouf. Car je suis de ceux qui pensent que Pascal Comelade est l'un de nos plus grands compositeurs mappemondiaux.

    medium_foto73.jpegN'a-t-il pas collaboré avec David Cunningham (Flying Lizards), Jac Berrocal, Richard Pinhas, PJ Harvey et OTH ? Oui, OTH, le supergroupe montpelliérain, emblème brindezingue de la scène rock alternatif. Notez que Pascal Comelade s'investit ces jours-ci dans ce old pogo band qu'il avait fréquenté à la fin des années 1980. Puisque OTH se reforme et que le compositeur catalan est du raout, il est facile de supposer qu'un prochain album combinera les signatures.

    En attendant, une compilation et un album cent pour cent comeladien sont en préparation chez Because (Charlotte Gainsbourg, Seb Martel, Revl9n, DJ Mehdi) et vous pouvez compter sur moi pour vous renseigner sur l'avancée de la chose.

    Visiter Because

    Voir la vidéo polyfacétique de Pascal Comelade

  • AU BONHEUR DES DAMES ❘ RAMON PIPIN

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    medium_a_95715.gifAttention les quinquets !

    Pour voir le concert d'Au Bonheur Des Dames au Grand Rex (19 octobre 2006), un clic et hop !

    Pour connaître les derniers ragots de Ramon Pipin, il suffit de se rendre dans votre Maison de la Presse préférée. Vous y trouverez sûrement (ou alors cette maison n'est pas de la presse) le dernier numéro de MUZIQ.

    En page 8 mon entretien avec le parfumeur.

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  • GRIZZLY BEAR

     

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    Événement remarqué, la sortie de Horn Of Plenty du quatuor New Yorkais sonnait familièrement aux aficionados d’Animal Collective et de Sufjan Stevens. Avec Yellow House, l’étonnement est intact mais redoublé, cette fois, par la majesté d’un traitement musical qui place en avant l’architecture vocale dans un environnement où jouent avec subtilité piano, guitare, violons et batterie légère. Folk atmosphérique, électronique dosée, incidentes psyché font de cet album aux accents séraphiques une œuvre qui échappe, de bout en bout, à la menace mièvre. Car en suivant cette odyssée, l’agréable s’aggrave et l’on sent bien que le projet de Grizzly Bear est de nous faire connaître des états, entre calme et inquiétude, assez proches toutefois de ceux que provoque, depuis bien longtemps, l’immensurable Robert Wyatt. Guy Darol

    GRIZZLY BEAR

    YELLOW HOUSE

    WARP/PIAS

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    GRIZZLY BEAR EN CONCERT

    VENDREDI 1er NOVEMBRE

    FESTIVAL DES MUSIQUES VOLANTES - METZ

    MERCREDI 8 NOVEMBRE

    LA LAITERIE – STRASBOURG

  • ROBYN HITCHCOCK ❘ OLE! TARANTULA

     

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    Robyn Hitchcock, chanteur et guitariste au sein des Soft Boys puis des Egyptians a connu un parcours discontinu, parfois interrompu. Ce natif de Cambridge est probablement ce qui se fait de mieux depuis Syd Barrett, son ancien voisin. Avec une discographie impressionnante et de nombreux artefacts passés inaperçus, Robyn Hitchcock est l’esprit toujours vivant de l’acid rock et un écrivain de talent dont les textes combinent l’influence de Samuel Foote, de Gelett Burgess et de Francis Picabia avec un humour qui n’hésite pas à prendre la couleur charbon.

    Olé ! Tarantula est une réussite de bout en bout. L’ambiance y est festive et drôle (à la manière de Jacques Vaché) et le tracklisting ne souffre pas la moindre faute de (dé)goût. Du très haut Hitchcock bien en surplomb au-dessus de la psychose.

    Le chanteur aux accents mêlés de Ray Davies (mais quand reviendra-t-il ?) et de John Lennon est accompagné par Venus 3 – Peter Buck, Scott McCaughey et Bill Rieflien, tranfuges momentanés de The Minus 5 et de R.E.M..

    Car s’il est estimé de longue date par Steve Hillage, Peter Buck (guitariste de R.E.M.) voue depuis le milieu des années 1980 une admiration illimitée pour cet artiste vraiment complet.

    Le site de Robyn Hitchcock en dit longuement sur ses compétences transversales.

    Robyn Hitchcock & The Venus 3

    Olé ! Tarantula

    PROPER/NOCTURNE

    Sortie : 30 octobre 2006

    www.nocturne.fr

    www.robynhitchcock

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  • MIKE PATTON

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    PEEPING TOM

    feat. Mike Patton & Rahzel


    En Concert
    Le 8 Novembre 2006
    Elysée Montmartre

    Avec, sur scène :

    Vocals, etc: Mike Patton

    Drums: Joe Tomino (Dub Trio)

    Bass: Stu Brooks (Dub Trio)

    Guitar: Dave Holmes (Dub Trio)

    Keyboards: Bram Inscore
    Background vocals:
    Imani Coppola
    DJ:
    Mike Relm

    Beatboxer: Rahzel (ex-The Roots)

    Electronics: Alap Momin (Dälek)

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  • RAMON PIPIN ❘ AU BONHEUR DES DAMES/ODEURS

    Cette fois, Métal Moumoute est en vente chez les meilleurs disquaires !

    Depuis le temps qu'on attendait ça...

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    On ne devrait jamais dire adieu. medium_ramon_pipin_3.jpgPrenons Au Bonheur des Dames, combo brindezingue et rock’n’roll né en 1972. Ayant laissé de conjouissives splendeurs dont l’album Twist (1974), truffé de doo-wop et autres covers qui agitèrent, d’un hémisphère l’autre, les cliquettes les plus mollassonnes, ce groupe bubble & cult a juré son retour puis ses adieux en janvier 1997. Rien à faire, ils sont toujours là, plus vifs et rentre-dedans que jamais.

    Avec leur humour au treizième degré cinq issu de Francis Blanche, Choron, Spike Jones, Bill Haley, et Josep Pujol (grand pétomane après Dieu), les voici sur un nouvel album plus agit pop, sociofuturiste et pieddenickléesque que jamais.
    Leur opus dé(f)i est dans tous les bons bacs depuis le 9 octobre.

    Il s’appelle Métal Moumoute. C'est décapant (au sens d’arrache-cheveux), défrisant (au sens de il est temps de tordre la frise chronologique de nos épopées musicales qui nous font croire au post-rock alors que le primal rock est vivant, bien vivant, la preuve !) et inoubliable.
    Par surcroît (et quelle que soit la météo ce jour-là), Au Bonheur des Dames sera présent, sur scène, le 19 octobre pour un concert au Grand Rex.

    Présent, c’est-à-dire en réunion : chœurs, cuivres plus les 11 membres du combo le plus imité, jamais égalé.

    Comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, notez que Ramon Pipin prépare (tel un maître-queux soucieux de ses bouches) la sortie des Œuvres Complètes d’Odeurs. Soit deux coffrets comprenant l’intégrale augmentée de 39 bonus. Quelle générosité, quelle munificence.

    Bitos bas Señor Ramon.

    Enfin, je ne peux m'empêcher de revenir sur Carl et les vies parallèles, premier roman de Franck Dit Bart, paru en septembre 2006 aux éditions Michel Champendal.
    En effet, l’auteur ouvre le la (au sens du déterminant précédant le substantif) par une demande d’embauche adressée à Ramon Pipin.

    Car, oui, Franck Dit Bart ne rêve que d’une seule chose (bien érectile probalement) : écrire des chansons pour le bandleader d’Au Bonheur des Dames et d’Odeurs.

    Nous avons eu l’heur (en tant que remuglophile ancestral) d’approcher Ramon Pipin afin de lui soutirer quelques perles bien senties. L’homme est affable, bien que toujours prêt à mordre la cuisse d’un prébendier de passage. Il faut dire que le singer songwriter guitar hero petit patapon venait juste d’affûter ses dents et de lustrer ses yeux.

    Guy Darol : Vous avez initié la mode du sobriquet, du costume-farce et du happening iconoclaste jouant rock. Tout cela est-il aussi grinçant de nos jours ?

    Ramon Pipin : C’est fort aimable de votre part très cher, mais le sobriquet avait déjà été largement utilisé par Groucho Marx ou W.C. Fields. Moins dans le rock’n’roll,  il est vrai. Cependant, rappelons que le premier 45t de rock français : « Rock Hoquet », repris d’ailleurs plus tard par Au Bonheur Des Dames, était l’œuvre de Boris Vian, Michel Legrand et Henri Salvador sous le pseudo d’Henry Cording. Ces artistes talentueux (sauf un) nous ont profondément influencés.

    Quant aux accoutrements, nous considérions qu’un concert se doit de faire appel à tous les sens. Quand on devait se fendre de 12 francs pour une place, il fallait qu’on en ait pour son argent, non mais ! Donc costumes et décors. Même l’odorat sera d’ailleurs plus tard sollicité par Odeurs avec la projection d’un parfum à base de chou-fleur par des compères en costumes d’apiculteurs avant le début des spectacles.

    Notre positionnement artistique se trouve quelque part entre le rock’n’roll et le music-hall. Depuis 35 ans, nos prestations scéniques sont également des évènements visuels, que ce soit avec ABDD ou plus encore avec Odeurs, — lors de notre premier spectacle au Théâtre d’Orsay en 1979, nous étions 38 sur scène !­ — dont une des devises était : « Nous voulerions que chaque chanson serait comme un petit film ». Pour mémoire l’autre était : « Odeurs frôle le bon goût sans jamais y sombrer ».

    Rappelons encore pour préciser notre attachement au music-hall que nous avons joué avec ABDD au Concert Mayol en 1973 et que nous allons investir la scène du Rex le 19 octobre avec 25 artistes sur scène plus décors et 1ère partie. Rien que du premier choix, madame !

    Les autres artistes s’expriment comme ils veulent, en robe noire, derrière un piano noir, ou dans des chansons noires, nous ne nous sentons pas concernés.

    Notre dernier album (live en plus) remonte à dix ans : c’est le temps qu’il nous faut pour mûrir de nouvelles chansons immortelles. La précipitation est mère de la médiocrité.

    Guy Darol : Odeurs voit passer dans ses rangs Didier Lockwood, Bernard Paganotti, Manu Katché, Klauz Blaquiz. Fallait-il oublier l’âge punk et ses boules puantes ?

    Ramon Pipin : Le jour ou les mots « punk » et « musicien » dans le sens noble du terme seront accolés n’est pas arrivé, non ? Et ce bref spasme musical n’aura fait qu’enfoncer des portes ouvertes. Les Who étaient punks dès 1964 et de grands musiciens…

    Pardonnez l’éclipse mais il me fut impossible de retenir (par les baskets) plus avant Ramon Pipin qui avait mieux à faire, assurément, que pratiquer la sophistique et le rêve éveillé au bord de la mer et de ses laminaires. Nous en resterons là, sachant que ...

    Au Bonheur des Dames

    en concert au Grand Rex

    le 19 octobre 2006

    Métal Moumoute

    Au Bonheur des Dames

    (FGL/Wagram)

    Intégrale Odeurs

    (FGL/Wagram, deux coffrets)

    sortie : courant janvier 2007

    Visiter le site dédié à Odeurs et Au Bonheur des Dames


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  • PASCAL COMELADE ❘ COLLECTOR

     

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    Pascal COMELADE, "Stranger in Paradigm"


    medium_Comelade.jpegInédits de Pascal Comelade (solo ou accompagné) gravés ici sur un collector 25 cm numéroté à 1 000 exemplaires. Les amateurs y trouveront des reprises des Ramones, Chuck Berry, Jeffrey Lee Pierce, Lords of the New Church (enregistré en live avec le Bel Canto Orchestra en 2005 au TGP de Frouard) ainsi que des pièces originales de Pascal Comelade.  La pochette a été réalisée par P.Comelade avec l'aimable autorisation de Les Krims (verso : photographie The Static Electric Effect of Minnie Mouse).

    Vandoeuvre
    vdo 0630
    LP 25 cm
    12 euros


    guitare électrique

    Dominique Répécaud

    orgue electrique

    Fakir Trémolo

    guitare

    Gat

    plastic piano

    Mark Cunningham

    plastic moog, plastic trompette

    Pep Pascual

    percussion, rythmic guitare

    Didier Banon

    piano

    Ben Bolt

    accordéon, instruments divers

    Pascal Comelade

    distant guitare

    Gérard Méloux

    basse

    Jean-Paul Daydé

    batterie

    Samy Surfer

    Metamkine
    50 passage des Ateliers
    F-38140 Rives
    Tél. 08 77 54 48 49
    info@metamkine.com
    www.metamkine.com

    Date à retenir

    La Nuit de Pascal Comelade

    Avis aux inventeurs d'épaves

    Pour Fanfares !

    Lundi 14 mai 2007

    Le Quartz

    Scène nationale de Brest

    www.lequartz.com

    lequartz@lequartz.com

    A propos de Pascal Comelade

  • LESTER BANGS ❘ JIM DEROGATIS

     

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    Parue en 2000 chez Broadway Books/Random House, la biographie de Lester Bangs (1948-1982) vient de nous arriver, traduite par Jean-Paul Mourlon. Son auteur, Jim DeRogatis, connaît bien son sujet. Non seulement il a rencontré Lester Bangs mais il a approché la plupart des témoins.

    Spécialiste des musiques psychédéliques et défricheur de la littérature rock, Jim DeRogatis possède, de surcroît, les bases utiles pour exposer une trajectoire où il est utile de maîtriser tant soit peu la culture littéraire étatsunienne du siècle dernier.

    Tout d’abord parce que Lester Bangs inscrit son nom au sein d’un nouveau courant, le gonzo journalism, genre dont Hunter S. Thompson est l’initiateur et qui inaugure, en littérature, une nouvelle méthode consistant à placer le moi au devant de toute réflexion.

    Dans l’énonciation du phénomène rock, à la fin des années 1960, Lester Bangs est le premier rock critic à exercer la pratique de la parole subjective tout en laissant aller une plume rapide, généralement caustique et nourrie d’images qui résultent autant des procédés mis au point par Brion Gysin et William Burroughs que du flux verbal introduit par Jack Kerouac. Admirateur de ce dernier, il construit un style où les analogies syncopées et les coïncidences-farces renvoient, sans qu’ils les citent jamais, aux imprécations et aux formules d’Arthur Cravan et de Francis Picabia.

    Avec lui, l’événement rock devient prétexte à des correspondances, à des glissements qui emmènent le journalisme sur le terrain de la littérature.

    Enfin cette nouvelle pratique s’appuie sur une technique jusque là ignorée des rédactions car elle privilégie l’affrontement. Lester Bangs considère, en effet, qu’il importe de secouer les statues pour faire entendre le bruit du dedans. L’épisode le plus notoire étant celui de sa rencontre avec Lou Reed dont il parvient à faire sauter la pose favorisant ainsi  l’expression de vérités aiguës.

    Jim DeRogatis ne se contente pas de narrer, dans leur succession chronologique, les faits qui aboutiront à la destruction physique de Lester Bangs à force d’alcool et de dragées multicolores, il explique la genèse d’un effondrement.

    Et c’est en explorant le pays de l’enfance que le biographe trouve tous les éléments constitutifs de la chute autant que les raisons qui poussent Bangs à écrire profusément comme s’il fallait aller vite, le plus vite possible. L’écriture nous apparaît alors comme une réflexe de survie, l’autre remède (avec les alcools, sirops et comprimés) à la souffrance native.

    Né d’une mère Témoin de Jéhovah et d’un père calciné dans un incendie, âgé de 41 ans, Lester se construit dans l’effroi et le manque d’amour. La drogue et la littérature constituent pour lui deux échappées qui dessinent la forme du chaos. Même s’il cherche éperdument un socle sentimental, il ne parvient jamais à inscrire ses élans lyriques dans une quelconque durée. Aimé des femmes, il ne peut qu’inventer ce don que l’on reçoit, en preuves constantes, tout au long de l’enfance. Lester n’a rien à offrir que son génie flambé et qui brûle lentement comme un écho démultiplié de la mort du père.

    Il devient le meilleur journaliste de Creem, sorte d’organe somptueux de la contre-culture américaine, le prosélyte punk (il en popularisa le mot) et l’agent de propagation du heavy metal. Ses articles ( dans Rolling Stone, Fusion, Village Voice…) sont une source d’inspiration pour Nick Kent et de fascination pour Richard Meltzer, Nick Tosches et Greil Marcus.

    L’ouvrage de DeRogatis est évidemment farci de rencontres et d’évocations. On y croise de bien grandes figures : Captain Beefheart, Patti Smith, David Thomas, Brian Eno, Wayne Kramer, toutes palpables et parfaitement liées au destin de Bangs.

    medium_Birdland.jpgIl contient quelques traductions de textes qui appartiennent à la période qui précède la chute, celle où le rock critic se fait chanteur tout à fait estimable. Également une bibliographie exhaustive qui témoigne qu’en 32 ans d’existence Bangs n’a cessé d’écrire pour ne pas devenir fou ou, simplement, pour ne pas hâter le crépitement du feu. Guy Darol

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    Lester Bangs

    Mégatonnique Rock Critic

    Jim DeRogatis

    tyle="color: #000000;">Éditions Tristram, septembre 2006

    377 pages, 24 €

    En librairie le 29 septembre 2006

    Psychotic Reactions & autres carburateurs flingués

    Lester Bangs

    Editions Tristram

    Fêtes sanglantes & mauvais goût

    Lester Bangs

    Editions Tristram

    Long-box anthologique 3 CD

    Bande-son de la vie et de l’œuvre de Lester Bangs

    45 titres comprenant des titres connus ou méconnus de Count Five, Iggy and the Sttoges, Richard Hell, Rocket From the Toms, Pere Ubu, Shadows Of Knight, MC5, The Byrds, Bob Dylan, Van Morrison, Rod Stewart, The Vibrators, Wet Willie, The J. Geils Band, Lester Bangs and the Delinquents, Ornette Coleman, Miles Davis, Television, Patti Smith, Toots and the Maytals, Max Romeo and the Upsetters, U Roy, Peter Tosh, The Clash, Public Image Ltd, Captain Beefheart, The Runaways, Black Sabbath, Nico, Wire, Brian no, Alice Cooper, The New York Dolls, The Velvet Underground, Lou Reed, Mott The Hopple, Elvis Presley, Suicide, Kraftwerk.

    Livret de 20 pages avec des textes de Lester Bangs et des photos extraites de sa biographie.

    SONY BMG, septembre 2006

    Turn On Your Mind

    Four Decades Of Great Psychedelic Rock

    Jim DeRogatis

    Hal Leonard, 2003

    Kill Your Idol

    A New Generation of Rock Writers

    Jim DeRogatis

    Barricade Books, 2004.

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    Almost Famous

    Film de Cameron Crowe, 2000

    Avec Philip Seymour Hoffmann dans le rôle de Lester Bangs

    Enfin, voici l’album hautement recommandé par Lester Bangs. Celui qu’il faut prévoir en cas de naufrage et d’île déserte.

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    VAN MORRISON

    Astral Weeks

    WARNER, 1968

    Cet Irlandais de Belfast rend aujourd’hui hommage à Hank Williams et Big Joe Turner. « Pay The Devil », son dernier album (mars 2006) sonne comme une dette acquittée. Van Morrison est un soulman blanc et son grain de voix unique roule les peines de Solomon Burke, les misères de Bobby Womack. En 1968, à 23 ans,  il enregistre « Astral Weeks », séminal album qui ouvre des voies aux complaintes pop. Les meilleurs (Elvis Costello, Willy Deville, Bruce Springsteen) avouent leur descendance dans le sillage de ce huit titres historique. Tant de protestataires ont adopté l’accent de cet artefact-brûlot qu’il est troublant d’écouter « Sweet Thing » et n’importe quel track de Tracy Chapman. Par exemple. Guy Darol

    Website de Jim DeRogatis

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  • MATT ELLIOTT ❘ FAILING SONGS

     

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    Dans un monde perpétuellement menacé par les nouvelles alliances de la religion et de l’hyperterrorisme, les compositions musicales de Matthew Herbert et de Matt Elliott tracent une voie en faveur de l’art au service de la conscience vive.

    The Third Eye Foundation est le pseudonyme de Matt Elliott, un compositeur originaire de Bristol qui décrivit en cinq albums une nouvelle orientation de l’electronica, résolument mélancolique et spirituelle. Depuis qu’il s’est découvert des origines slaves, Matt Elliott écrit une musique sourcière, mêlant sonorités russes et byzantines. Maître des musiques électroniques (à égalité avec Boards Of Canada), il donne forme depuis The Mess We Made (Domino, 2003) à une œuvre sans pareille dans l’univers néo-folk.

    medium_Numeriser0007.4.jpgDrinking Songs (Ici d’ailleurs, 2004) révélait un chant proche de la plainte aux accents de fées, Failing Songs est une collection de titres où les chœurs porté par un ensemble organique (guitare, claviers, cordes) traduisent la décision d’échapper au fléau de la renonciation. Car sous l’impression cotonneuse fournie par une voix épelant les nuées, cet album porte un message éminemment politique, celui d’amener l’esthétique sur un terrain aujourd’hui occupé par les forces en guerre de l’économie.

    Sans doute peut-on simplement s’énivrer de cette splendeur sonore (laquelle évoque autant medium_Numeriser0006.4.jpgPascal Comelade que Robert Wyatt) sans atteindre le cœur du propos. Mais Failing Songs est de ces œuvres qui méritent l’écoute intensive et la recherche du sens caché. C’est pourquoi cet album est bien celui qu’il faut arracher aux bacs où s’amoncelle l’insignifiant et cela sans attendre le prochain attentat.

    Enfin, Matt Elliott qui n’est pas un go-between intense des scènes parisiennes sera en concert le dimanche 8 octobre au Café de la Danse et il est tout aussi indispensable d’aller à sa rencontre. Guy Darol

    MATT ELLIOTT

    Failing Songs

    Ici d’ailleurs/Discograph

    Sortie : 23 octobre 2006

    En concert au

    Café de la Danse

    5, passage Louis-Philippe

    75011 Paris

    Dimanche 8 octobre, 19h30

    www.thirdeyefoundation.com

    www.icidailleurs.com

    Café de la danse

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